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26/05/2023 23:43

BIODIVERSITÉ : Élisabeth Borne rencontre les acteurs du parc national de forêts

Cinq membres du gouvernement, un commissaire européen et de nombreux élus ont abordé, ce vendredi 26 mai, les sujets du changement climatique, de l'érosion de la biodiversité et de l'éducation à l'environnement.
«On a un devoir de respect pour le vivant parce qu'on est les dominants», estime Allain Bougrain-Dubourg.
Ruralité et biodiversité étaient au programme de la Première ministre, ce vendredi 26 mai 2023, lors d'un déplacement en Côte-d'Or. Élisabeth Borne a conduit une large délégation dans un territoire peu fréquenté par les voyages officiels ces derniers mois : le Châtillonnais.

Plus exactement, le parc national de forêts, annoncé en 2009 par François Fillon, alors Premier ministre de Jacques Chirac, créé en 2019 par Élisabeth Borne, alors ministre de la Transition écologique et solidaire dans le gouvernement de Jean Castex.

Un mini conseil des ministres dans la forêt



Le déplacement a pris des allures de mini conseil des ministres – avec les aléas afférents comme le long cortège de véhicules et la sécurisation du site par les gendarmes – en pleine forêt.

En effet, la cheffe du gouvernement était accompagnée de Marc Fesneau, ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Sarah El Hairy, secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service national universel, Bérangère Couillard, secrétaire d'État chargée de l'Écologie, sans oublier Virginijus Sinkevicius, commissaire européen à l’environnement, aux océans et à la pêche.

Au niveau de la porte nord du cœur du parc national de forêts, dans la forêt communale de Châtillon-sur-Seine, ministres et commissaire européen ont été accueillis par Roland Lemaire, maire de la commune, les parlementaires Benoît Bordat (FP), Hubert Brigand (LR), Fadila Khattabi (REN), Didier Martin (REN), François Patriat (REN), ainsi que Michel Neugnot (PS), premier vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, François Sauvadet (UDI), président du conseil départemental de la Côte-d'Or, Franck Robine, préfet de la Côte-d'Or, et Anne Cornet, préfète de la Haute-Marne.

Étaient également présents Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux, Philippe Loison, directeur de l'Office français de la biodiversité, Régis Michon, directeur de l'agence territoriale ONF Bourgogne-est, Philippe Puydarrieux, directeur du parc national de forêts, Nicolas Schmit, maire de Villiers-le-Duc et président du parc, Ludovic Rochette, président de l'association des maires de Côte-d'Or, et Bruno Bethenod, président de l'association des maires ruraux de Côte-d'Or.

L'ampleur des retombées touristiques pour le territoire


Trois ans après la création du parc, «ça bouge», constate Nicolas Schmit en évoquant l'inauguration de cette première porte, construite grâce à des fonds européens via France relance, et la prochaine signature d'une convention avec 200 agriculteurs dont nombre d'entre eux étaient «hostiles» à la création du parc.

L'élu local met en balance les 30 millions d'euros de retombées économiques annuelles liées au tourisme sur le territoire et les 32 millions d'euros de la filière bois. «Il nous manque des couchages mais ça commence à monter.»

«Les 30 équivalents temps plein que l'on a chez nous sont très sollicités», glisse le président du parc qui sensibilise ainsi la Première ministre à l'éventualité d'une évolution du budget à la hausse pour recruter. «On est vraiment très juste.»

«L'histoire d'un parc national s'inscrit dans le long terme»


«On a un vrai sujet sur changement climatique et forêt», signale Philippe Puydarrieux au moment d'emprunter un chemin forestier. «L'ONF est en cours de révision de l'aménagement forestier de la forêt communale et du grand massif de la forêt domaniale de Châtillon-sur-Seine.»

«On a un niveau de dépérissement qui est extrêmement élevée : de 30 à 50% des hêtres par exemple. Ça affecte potentiellement la filière bois. L'histoire d'un parc national s'inscrit dans le long terme. (…) Comment on va pouvoir gérer ces choses-là en lien avec le changement climatique ? (…) C'est aussi une réflexion sur l'adaptation de la filière bois pour anticiper ces changements à moyen terme», indique le directeur du parc.

Au cours de la déambulation, Régis Michon présentera des essences particulières pour «toucher la réalité» du changement climatique dont souffrent notamment les charmes et les hêtres.

La Première ministre gardera en souvenir deux petites branches d'Alisier torminal et d’Érable champêtre.

Le chantier du biomimétisme lié à la forêt


«Dans les grands chantiers environnementaux, il y a aussi le biomimétisme. C'est à dire la nature comme source pour le développement économique, les entreprises, l'industrie. Sur Châtillon, on a engagé un travail : (…) on a souhaité pouvoir installer un pôle de réflexion, de recherche, d'expérimentation sur le biomimétisme et la forêt. (…) On est dans l'innovation, on se projette dans le futur en tenant compte de ces grands défis», évoque par ailleurs Philippe Puydarrieux.

«On est aussi un territoire de mobilisation citoyenne, évidemment très présente dans le cadre de la Fête de la Nature. Ça veut dire accueillir le public. (…) C'est aussi la mobilisation citoyenne à travers des instances. On a une instance unique, qui est la conférence des maires : on réunit deux fois par an tous les maires du parc national, ça nous permet d'échanger sur le travail du parc et les préoccupations des élus», ajoute-t-il.

«Les aires terrestres éducatives pour sensibiliser le jeune public à la protection du territoire»


En arrivant au lac du Docteur Parisot, à Recey-sur-Ource, accueillie par le maire Laurent Schembri, Élisabeth Borne découvre des écoliers qui capturent des insectes. Élèves de CM1 et de CM2 du pôle scolaire, ils participent aux ateliers d'une aire terrestre éducative s'inscrivant dans le cadre de l'éducation à l'environnement et au développement durable menée par le parc national de forêts.

Selon l'Office français de la biodiversité qui en est à l'initiative, «inspirées des aires marines éducatives, les aires terrestres éducatives confient la gestion participative à des élèves et leur enseignant d'un petit bout de zone humide, de forêt, de rivière, de parc urbain... Cette démarche a pour but de sensibiliser le jeune public à la protection du territoire mais également de découvrir ses acteurs grâce à un projet pédagogique et écocitoyen».

Alors que la délégation est rejointe par Pierre N'Gahane, recteur de l'académie de Dijon, et Pascale Coq, directrice académique des services de l’Éducation nationale en Côte-d'Or, ministres et commissaire européen s'assoient par terre sur des couvertures pour assister à la restitution des ateliers du matin concernant notamment l'identification d'insectes.

Un marais tuffeux typique du territoire


Le cortège met ensuite le cap sur le marais des Brosses, un marais tuffeux aménagé dans les années 1990 pour faciliter la découverte malgré la pente et la zone humide.

Selon l'équipe du parc national de forêts, il s'agit d'«un marais tuffeux typique que l'on ne trouve en France que sur le territoire du parc, sur le plateau de Langres et dans le Jura».

L'aménagement est en passe d'être rénové grâce à un financement de 135.000 euros via France relance avec de nouvelles passerelles de cheminement et des places de contemplation puis, dans un second temps, la pose de panneaux d'interprétation du site.

«La situation est très mauvaise», alerte Allain Bougrain-Dubourg


Le président de la LPO se félicite que la Première ministre soit présente dans le parc national de forêts pour la Fête de la Nature, d'autant plus en étant entourée des membres du gouvernement portant les thématiques de la transition écologique, de l'agriculture, de l'écologie et de la jeunesse.

En matière de biodiversité, «la situation est très mauvaise», alerte néanmoins Allain Bougrain-Dubourg, «quand il y a des bonnes volontés de l'exécutif, on les accueille avec bonheur». «Malheureusement, le plus souvent, on est obligé d'aller devant le Conseil d’État pour faire respecter le droit.»

«La Côte-d'Or est un département qui a la chance d'avoir une grande diversité», estime Allain Bougrain-Dubourg


«Quand je vois quelques gamins qui s'émerveillent devant une libellule ou un têtard, je repense à toutes les vocations qui ont été créées grâces à ça, au contact direct avec la nature», glisse-t-il.

«Ça ne doit pas voiler l'essentiel qui est la question agricole, qui est la gestion forestière, qui est le dérèglement climatique, qui est l'artificialisation [des sols]», enchaîne-t-il. «Une journée comme celle-ci va rappeler qu'au milieu des débats environnementaux, il y a le vivant qui nous entoure pour lequel on a un devoir de respect parce qu'on est les dominants. Éthiquement, à ce titre, on a le devoir de respect le plus faible d'entre nous.»

«La Côte-d'Or est un département qui a la chance d'avoir une grande diversité. Ce ne sont pas de grandes plaines céréalières. On continue à retrouver des bocages, beaucoup de forêts. Il y a donc un potentiel. La difficulté, c'est quand on voit la volonté d'implanter des éoliennes et, probablement, demain matin, du photovoltaïque n'importe où», note le président de la LPO.

Hubert Brigand sensibilise Élisabeth Borne aux «vrais problèmes du monde rural»


Au cours de ce déplacement, Hubert Brigand, député de la quatrième circonscription, ne boude pas son «plaisir», lui qui a systématiquement protesté, depuis juin 2022, quand des ministres s'orientaient vers par la métropole dijonnaise sans passer sur son territoire d'élection.

«C'est un honneur d'accueillir la Première ministre», déclare-t-il au cours des étapes, «c'est un honneur pour la quatrième circonscription et pour le monde rural».

Au bord du lac du Docteur Parisot, l'élu des Républicains a remis un courrier à la Première ministre portant non pas sur la préservation de la biodiversité mais sur la préservation des emplois dans les zones rurales côte-d'oriennes, de Châtillon-sur-Seine à Venarey-Les Laumes notamment.

Le document aborde également le sujet de la baisse de démographie médicale et le développement économique. «De vrais problèmes du monde rural», selon Hubert Brigand.

«L'écologie, c'est notre vie de tous les jours», selon Hubert Brigand


«On connaît la problématique environnementale dans le Pays châtillonnais», glisse toutefois Hubert Brigand, «la biodiversité, l'environnement, l'écologie, c'est notre vie de tous les jours, ce n'est pas la pollution dans le métro. (…) Mais, la quatrième circonscription, ce n'est pas que la biodiversité, il y a aussi d'autres filières».

Tandis que la délégation gagnait l'hôtel-restaurant La Côte d'Or à Châtillon-sur-Seine pour un déjeuner républicain permettant des échanges avec les élus du territoire, une vingtaine de syndicalistes de la CGT étaient rassemblés place de la mairie – contenus par des gendarmes mobiles – pour manifester leur opposition à la réforme des retraites.

Jean-Christophe Tardivon

«L'érosion de la biodiversité est une vraie menace pour toute notre société», déclare Élisabeth Borne en visitant le parc national de forêts


Photographies JC Tardivon sauf mention contraire


















Photographie Arthur Deballon




































Photographie Arthur Deballon



Photographie Arthur Deballon
Photographie Arthur Deballon











Photographie Arthur Deballon








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