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03/04/2023 18:33

BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ : Marc Fesneau propose un pacte pour «construire l'agriculture de demain»

Ce lundi 3 avril, à Pouilly-en-Auxois, le ministre de l'Agriculture a participé à un groupe de travail régional sur l'attractivité de l'enseignement agricole, en présence de Christian Decerle et de Christian Morel. Marc Fesneau aspire à «changer la représentation des métiers de l'agriculture».
Le ministère de l'Agriculture prépare la prochaine loi d'orientation agricole (LOA) assortie d'un «pacte d'avenir». Des concertations sont organisées dans les différentes régions afin de préparer le futur texte de loi présenté cet été pour un vote des parlementaires cet automne.

Ce lundi 3 avril 2023, le ministre Marc Fesneau a fait étape à Pouilly-en-Auxois pour participer à une réunion de travail avec des élus, des acteurs du monde agricole ainsi que des acteurs de l'enseignement et de la formation.

Étaient présents notamment Anne Coste de Champeron, secrétaire générale pour les affaires régionales de la préfecture de la région Bourgogne-franche-Comté, Éric Piesvaux, maire de Pouilly-en-Auxois, François Patriat (RE), sénateur de la Côte-d'Or, Benoît Bordat (FP), député de la Côte-d'Or, Justine Gruet (LR), députée du Jura, Didier Paris (RE), député de la Côte-d'Or, Rémy Rebeyrotte (RE), député de la Saône-et-Loire, Christian Morel (sans étiquette), vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, et Marc Frot (LCOP), vice-président du conseil départemental de la Côte-d'Or.


Coopération entre l’État, la Région et la chambre d'agriculture


«Votre présence est significative du rôle de centralité de Pouilly-en-Auxois», déclare le maire en accueillant le ministre. «Dans nos territoires, l'agriculture occupe une place prépondérante et notre rôle est de soutenir le monde agricole parfois emprunt à de lourdes difficultés.»

En ouvrant la réunion, Christian Decerle, président de la chambre régionale d'agriculture de Bourgogne-Franche-Comté, adresse «un clin d'oeil tout particulier» au sénateur François Patriat et signale avoir «une réelle habitude de coopération tant avec les services de l’État, la DRAAF notamment, et avec le conseil régional».

Le chambre régionale d'agriculture s'est appuyée sur les comités recherche d'orientation régionaux pour préparer les réunions abordant les sujets d'orientation-formation, installation-transmission et transition-adaptation au changement climatique.

La visite ministérielle s'effectue à l'occasion de la deuxième séance plénière du groupe de travail planchant sur les sujets d'orientation vers l'enseignement agricole et la formation continue.

«La richesse d'un enseignement à la fois public et privé»


La démarche nationale complète un travail préalablement entamé dans le cadre de la Stratégie régionale à 2040 «Imaginer demain – Agir maintenant», lancée en décembre dernier par le conseil régional et la chambre d'agriculture et devant se terminer cet été.

«On a une immense chance dans ce pays que la formation pour le monde agricole soit restée attachée au ministère de l'Agriculture», souligne Christian Decerle. «On la chance d'avoir la richesse d'un enseignement à la fois public et privé qui cohabite intelligemment sur les territoires», ajoute le président de la chambre d'agriculture avant d'appeler à «repenser» le sujet de «la formation tout au long de la vie».

Un pacte pour «construire l'agriculture de demain»


«Le pacte, c'est qu'est-ce qu'on noue comme relation entre la société et l'agriculture ? Ça veut dire qu'est-ce que la société souhaite et attend de l'agriculture et qu'est-ce que l'agriculture peut et doit attendre de la société ?», résume le ministre à propos du pacte et de la loi d'orientation et d’avenir agricoles.

«Une partie des sujets que nous avons devant nous nécessitent qu'on ait une forme de compréhension mutuelle du travail des uns, des contraintes des uns et des autres, des attentes des uns et des autres pour construire l'agriculture de demain», poursuit-il.

«Ce pacte doit permettre d'installer des jeunes sur un modèle dont on peut imaginer qu'il va être très différent de celui qu'on connaît aujourd'hui, qui va être sous la contrainte du dérèglement climatique», insiste Marc Fesneau.

«La loi d'orientation (…) est un texte qui donne un grand cap sur la souveraineté, sur les grandes transitions qui sont à l’œuvre, les besoins de formation», synthétise-t-il.

Construire une vision de l'agriculture en Bourgogne-Franche-Comté pour 2040


Alors qu'Arnaud Delestre, président du comité d'orientation régional, anime les échange, Anne Bronner, directrice de la chambre régionale d'agriculture, présente les résultats d'une enquête lancée auprès des 23.600 agriculteurs et des acteurs économiques. 3.600 personnes ont répondu dont 1.800 agriculteurs.

Le 27 mars dernier, s'est déroulée une réunion de travail sur la vision à court, moyen et long terme de l'agriculture en Bourgogne-Franche-Comté avec 60 acteurs sur la base du principe de consentement.

Plusieurs axes échelonnés dans le temps en sont ressortis : «en 2025, l'agriculture est rémunératrice» ; «en 2030, l'agriculture réussit son renouvellement des générations» et «en 2040, l'agriculture s'adapte aux enjeux environnementaux et climatique».

Améliorer l’attractivité de l'enseignement agricole


Arnaud Delestre revient à la déclinaison régionale de la concertation nationale en évoquant le travail de la première réunion du 10 mars dernier portant sur l'attractivité du métiers d'agriculteur, l'orientation et la formation continue. Les échanges ont été synthétisés en 11 fiches avant la réunion du jour dont sortiront 14  propositions à faire au ministère.

Ainsi, face à la problématique «Comment donner envie au public de collégiens, lycéens et étudiants en cycle supérieur court de s'inscrire dans un parcours complet de l'enseignement agricole d'au moins deux années ?» ont été établies les propositions suivantes :

- Sensibiliser l'éducation nationale et former les prescripteurs de l'orientation aux métiers et filières du vivant et de l'agriculture
- Expérimenter les parcours «Avenir» agricoles
- Développer des stages «découverte» et immersion» en agriculture et les rendre réalisables sur les plans juridique, social et financier
- Rénover les programmes du primaire et du collège pour intégrer des temps d'éducation à l'agriculture et outiller les professeurs
- Mettre en place un «binômage» entre une classe et une exploitation agricole

La seconde problématique porte sur la réorientation vers les métiers de l'agriculture et de l'alimentation et la troisième sur l'attractivité de la formation continue abordant les enjeux de transition.

Les domaines techniques pour «intéresser plein de jeunes»


Le ministre participant comme un membre du groupe de travail, les échanges se nouent avec des représentants d'établissements d'enseignement agricole comme le lycée de Mâcon Davayé ou le CFPPA de Quetigny. La FRSEA ou encore la Coordination rurale interviennent sans oublier Terre de Liens.

Marc Fesneau évoque des sujets pouvant intéresser les élèves et étudiants : «le sens du métier», «le changement climatique», «la participation à l'évolution d'un modèle» et, surtout, ce qui relève de la technique : «il y a de la robotique, du numérique, l'agriculture de précision... cela peut intéresser plein de jeunes».

La question du «regard de la société sur l'agriculteur»


Le sujet du renouvellement des agriculteurs partant prochainement à la retraite est dans toutes les têtes. D’ici dix ans, un tiers des agriculteurs – soit 166.000 exploitants ou co-exploitants agricoles - seront en âge de partir à la retraite. «On a besoin de tendre vers le renouvellement strict des générations», souligne Marc Fesneau.

«La souveraineté, c'est produire sous de nouvelles conditions climatiques, sociétales et avoir des agriculteurs pour produire ; c'est de faire en sorte qu'on ait le plus possible d'agriculteurs sur les territoires», développe le ministre. «Je suis certain qu'une grande partie de notre équation est un problème de regard de la société sur l'agriculteur.»

Marc Fesneau demande «comment on change la représentation des métiers de l'agriculture ?»


À l'issue de ce temps de travail, Marc Fesneau s'exprime sur la démarche engagée dans le cadre de la préparation de la loi d'orientation agricole et aborde les questions d'actualité que sont la contestation de la retenue d'eau de substitution à Sainte-Soline (Deux-Sèvres) et la volonté de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) d'interdire le S-métolachlore, un herbicide de synthèse.

«L'objectif est d'aller dans chacun des territoires pour assister aux travaux qui se déroulent autour de la loi d'orientation et du pacte d'avenir en agriculture. Une concertation est menée au niveau national et j'ai demandé à ce qu'il y ait une concertation menée au niveau des régions avec les chambres d'agriculture, les conseils régionaux et l’État. (…) Je vais dérouler dans les semaines qui viennent l'ensemble des régions pour essayer de sentir ce qui émerge, les consensus et les dissensus.»

«Deux choses m'ont marquées ce matin. Un, l'idée d'un accompagnement différencié. Des gens qui viennent en cours de carrière professionnelle. Comment on arrive à avoir quelque chose qui soit homogène en termes de dispositif d'accompagnement et, en même temps, comment on tient compte de quelqu'un qui a 35 ans et qui a déjà eu un métier avant ? Comment on tient compte de gens qui ne sont pas issus du milieu agricole ?»

«Le deuxième sujet, c'est comment on change la représentation des métiers de l'agriculture ? Qu'est-ce qu'on dit à l'extérieur des métiers de chef d'exploitation, de salariés, qui donnent envie à des jeunes de s'intéresser aux métiers de l'agriculture ? Dans l'orientation, dans l’Éducation nationale...»

«Le projet de Sainte-Soline, c'est une réduction de prélèvement en été de 70%»


«On ne peut pas avoir une société qui, là, se dresse contre son agriculture, qui, là, se dresse contre son industrie automobile, qui, là, se dresse contre son industrie aéronautique... (…) sans que cela ne produise des catastrophes.»

«On bien vu ce que cela a pu donner quand, tout d'un coup, quelques personnes qui étaient plutôt minoritaires sur la question nucléaire ont failli faire s'affaisser l'énergie la plus décarbonée que la France puisse produire à date et, quand on regarde ce que font les voisins, il n'y avait pas à en avoir honte.»

«On partage la même planète, on partage la même ressource sur la question de l'eau. Le dérèglement climatique n'est pas un problème pour les agriculteurs, c'est un problème pour nous tous. Si on a une agriculture qui n'arrive pas à subvenir à son objectif initial qui est celui de produire, on va avoir un problème, nous, citoyens qui consommons.»

«On a besoin d'eau en agriculture, ça n'empêche pas d'être sobre ! Quand vous regardez le projet de Sainte-Soline, c'est une réduction de prélèvement en été de 70%. De 21 millions de mètres cubes, on passe à 7. Si on n'accepte pas ces projets-là, cela veut dire qu'on propose quoi aux agriculteurs ? Zéro irrigation dans des territoires qui sont soumis à des stress hyrdiques ?»

Vers une «planification» de la «réduction des phytosanitaires»


«Quant aux herbicides, je dis une chose simple. La trajectoire est une trajectoire de réduction des phytosanitaires. Ça doit se faire en bon ordre, avec une planification.»

«On ne peut pas avoir une décision française et que 26 autres pays européens aient une décision différente. (…) Si vous interdisez une molécule qu'en France, ne croyez pas que les produits d'Allemagne, d'Italie, de Belgique, d'Espagne... ne vont pas rentrer en France ! Nous vivons dans le même marché.»

«J'ai besoin qu'on avance sur un certain nombre de sujets, peut-être plus vite en termes d'exigence de réduction des produits phytosanitaires, mais en bon ordre !»

«Dans le courrier que j'ai fait à l'ANSES, je demande qu'on regarde la chronologie avec la chronologie européenne. Il peut y avoir une chronologie dans ce chemin-là qui fasse que la décision européenne – qui manifestement est de même nature – il peut y avoir un chemin dans 24 ou 36 mois. 24 ou 36 mois, c'est la différence que l'on a eu sur la cerise et c'est ce qui a tué la filière cerise. C'est une question de timing ! Si c'était une question de santé publique immédiate, l'ANSES l'interdirait immédiatement, c'est déjà arrivé sur certaines molécules.»

Le ministre a terminé la réunion par un échange informel avec des représentants de différents syndicats agricoles – ceux-ci retrouvant ensuite l'équipe du ministère dans une salle voisine pour débattre plus longuement – avant de reprendre la route pour une séquence dans la Nièvre portant cette fois sur la médecine vétérinaire.

Jean-Christophe Tardivon







































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