
La ministre du Tourisme a effectué un déplacement officiel en côte de Nuits, ce dimanche 25 mai. «Le secteur peut rapporter tant aux vignerons qu'à l'économie française», a considéré Nathalie Delattre, mettant en avant le label Vignobles et Découvertes ainsi que les itinéraires thématisés pour attirer les visiteurs.

Un tiers des touristes étrangers disent avoir pour motivation de leur venue en France la gastronomie, y compris les vins. Si la consommation de vins se doit d'être modérée, le gouvernement vante largement les effets favorables de l'œnotourisme sur la balance commerciale française.
Ce dimanche 25 mai 2025, après avoir été intronisée, la veille, dans la confrérie des chevaliers du Tastevin, au château du clos de Vougeot, Nathalie Delattre, ministre du Tourisme, a fait étape à Chambolle-Musigny et à Marsannay-la-Côte pour faire passer des messages aux professionnels de l'œnotourisme sur l'approche du gouvernement en matière de tourisme en général et écouter leurs remarques concernant leur activité spécifique.
La ministre a été accueillie à l'hôtel Bellevigne Bourgogne par François Marquet (sans étiquette), maire de Chambolle-Musigny, ainsi que par Benoît Byrski, sous-préfet de Beaune, René Lioret (RN), député de la Côte-d'Or, François Patriat (REN), sénateur de la Côte-d'Or, Marie-Claire Bonnet-Vallet (LCOP), vice-présidente du Département de la Côte-d'Or, Charlotte Fougère (LR, NE), conseillère départementale de la Côte-d'Or, et Laurent Fayard, directeur de l'établissement.
Le vin et le foie gras parmi les «valeurs» de Nathalie Delattre
Issue des rangs du Parti radical qu'elle préside depuis septembre 2024, Nathalie Delattre a été nommée ministre chargée des Relations avec le parlement dans le gouvernement de Michel Barnier, en septembre 2024, puis ministre déléguée chargé du Tourisme dans le gouvernement de François Bayrou, le 23 décembre 2024.
Responsable des Jeunes radicaux valoisiens de Gironde dès ses 21 ans, Nathalie Delattre a candidaté deux fois à des élections législatives avant d'être élue à Bordeaux, aux côtés d'Aain Juppé. Elle a rejoint l'UDF qui est devenue l'UDI – le Parti radical étant membre fondateur – et est élue conseillère régionale de Nouvelle Aquitaine en 2015. Elle est devenue sénatrice de la Gironde en 2017 ; élue en 2020, elle accède à une vice-présidence de la chambre haute.
En 2018, Nathalie Delattre copréside l'Association nationale des élus de la vigne et du vin (ANEV) aux côtés d'un Côte-d'Orien, Didier Paris (REN), alors député. Ce mandat durera jusqu'à son entrée au gouvernement.
Nathalie Delattre assume de faire la promotion du vin et du foie gras notamment – «c'est ma culture, mon identité, ce sont mes valeurs». Elle a été, un temps, impliquée dans la gestion d'un domaine viticole dans le Bordelais, en AOC Cadillac.
410 classements Vignobles et Découvertes en Côte-d'Or
Après une visite de l'hôtel Bellevigne Bourgogne, débute une table-ronde centrée sur le label Vignobles et Découvertes, créé en 2009, pour promouvoir le tourisme sur le thème du vin et de la vigne.
Directrice de Côte-d'Or Attractivité et secrétaire générale adjointe de la Fédération nationale Vignobles et Découvertes, Isabelle Corond-Peintre anime les débats. Autour d'elle, sont présents une vingtaine d'acteurs touristiques : des viticulteurs qui ouvrent leurs caveaux, des hébergeurs, des prestataires et des restaurateurs.
On compte 410 classements Vignobles et Découvertes en Côte-d'Or. La fédération nationale prévoit de lancer des événements culturels Vignobles en scène dans toute la France. Cela se déclinera localement le week-end des 18 et 19 octobre.
Marie-Claire Bonnet-Vallet vante l'histoire millénaire de la vigne en Bourgogne
Présidente de l'agence départementale touristique, Marie-Claire Bonnet-Vallet (LCOP) ouvre les échanges en rappelant que «l'œnotourisme et la gastronomie sont des piliers de développement touristique». «Les visiteurs ont envie qu'on leur raconte l'histoire de la vigne en Côte-d'Or et en Bourgogne, (…) une histoire millénaire.»
Dix ans après l'inscription des climats du vignoble de Bourgogne au patrimoine mondial de l'UNESCO, le Département prépare la «revitalisation de la Route des grands crus» pour fêter ses 90 ans, en 2027. Il existe aussi la Route du crémant, dans le Châtillonnais.
L'élue départementale souligne «l'appétence des visiteurs autour de ces itinéraires parce qu'ils souhaitent s'appuyer sur une organisation structurées» et note que «la qualification de l'offre est un enjeu auquel nous devons nous attacher».
La politique publique du Département de la Côte-d'Or vise à proposer de l'œnotourisme de «manière décalée», en incitant les visiteurs à faire «un pas de côte» pour «prendre le temps, prendre son vélo», d'où «une structuration des véloroutes».
L'hôtel Bellevigne Bourgogne apporte «une expérience complète autour du vin»
L'hôtel-restaurant-cave-spa Bellevigne Bourgogne, établissement quatre-étoiles du groupe des Hôtels très particuliers, a ouvert ses 37 chambres en octobre 2024 dans le château du Petit Musigny, datant du XVIIIème siècle, anciennement exploité en tant que château-hôtel André Ziltener.
«Ce lieu incarne notre engagement commun pour un tourisme authentique, durable, enraciné dans nos terroirs», déclare Laurent Fayard, directeur de l'établissement qui promeut «un concept hôtelier qui rassemble autour du vin, autour du terroir bourguignon dans une destination mondialement connue, la côte de Nuits, particulièrement Chambolle-Musigny».
«Nous avons pour ambition d'apporter à nos hôtes une expérience complète autour du vin avec des ateliers dans les vignes, des dégustations pour les connaisseurs ou les novices», précise le directeur, «le but est d'ouvrir la côte de Nuits».
Le groupe Boisset relaie la demande des visiteurs concernant l'«écoconception de l'offre touristique»
«Les vins et les crémants de Bourgogne sont magnifiques, derrière il y a des hommes et des femmes qui s'engagent», s'enthousiasme Anne-Gaëlle Catinot, secrétaire générale du groupe Boisset, entreprise qui a ouvert «une des toutes premières étapes œno-divertissement, l'Imaginarium». «Le label Vignobles et Découvertes créée une dynamique pour la valorisation du territoire.
Anne-Gaëlle Catinot signale des demandes d'offres de mobilité douce – à la fois de la part des employés des différentes entreprises et des visiteurs –, de prise en compte de la valeur environnementale – en termes d'«écoconception de l'offre touristique» –, et de présentation d'une offre «encore plus lisible sur l'ensemble de la Bourgogne voire sur le territoire nationale» – pouvant se traduire par «un système de réservation en ligne».
Selon la Maison Prosper Maufoux, le label Vignobles et Découvertes n'est pas assez connu
«La clé du succès de l'œnotourisme est le rassemblement», note Léopold Half, responsable œnotourisme de la Maison Prosper Maufoux à Saint-Auboin.
«Il manque une réelle visibilité d'un point de vue client», témoigne-t-il toutefois, considérant que le label Vignoble et Découvertes est «encore très peu connu».
«Nous devons mettre en avant le label au niveau national», réagit Nathalie Delattre, «peut-être avoir une application à usage des visiteurs étrangers et de nos touristes intérieurs». «Il faut que les structures régionales et les communes sachent aussi mettre en avant l'offre des vigneronnes et vignerons.»
«Il fait bon vivre et bon boire en Bourgogne», souligne Julie Leflaive
Julie Leflaive, directrice de l'hôtel-restaurant quatre-étoiles Olivier Leflaive à Puligny-Montrachet, rappelle que son père a été considéré comme «un OVNI» par le monde du vin quand, alors qu'il était vigneron, il s'est lancé aussi dans l'hôtellerie et la restauration.
Aujourd'hui, Julie Leflaive partage son «envie d'aller vers gens» pour «montrer à quel point il fait bon vivre et bon boire en Bourgogne».
L'établissement propose le Wine Bike Experience où dix personnes peuvent pédaler pour propulser un véhicule – avec une assistance électrique – au milieu des vignes où s'arrêter pour déguster sans descendre de selle.
Nathalie Delattre souligne que le tourisme est «une pépite économique»
Prenant la parole, Nathalie Delattre ne manque pas d'excuser François Sauvadet (UDI), président du Département de la Côte-d'Or et président de l'Assemblée des Départements de France, avec qui elle échange régulièrement et qui a «toujours un mot pour la Côte-d'Or et la viticulture».
Dans la foulée, la ministre salue l'action de François Patriat, «artisan infatigable de la destination Côte-d'Or».
«Au Sénat, défendre la viticulture se fait rare maintenant», témoigne Nathalie Delattre, évoquant implicitement les démarches des hygiénistes. Toutefois, «le Sénat est un rempart pour la filière viticole».
Se félicitant d'avoir reçu le portefeuille du tourisme, secteur resté 17 ans sans ministre de plein exercice, Nathalie Delattre indique que la feuille de route stratégique est en cours de réactualisation «en co-construction avec l'ensemble de la filière».
Malgré la crise sanitaire et la guerre en Ukraine qui ont bousculé les déplacements de touristes en Europe notamment, la France reste le premier pays visité au monde avec 100 millions de visiteurs étrangers reçus en 2024, générant 71 milliards d'euros de recettes.
Le secteur touristique totalise 200 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce qui représente près de 8% du PIB. Sa balance commerciale est positive de 15 milliards d'euros. Il emploie 2 millions de personnes. C'est donc «une pépite économique».
Miser sur l'environnement, l'inclusion et l'innovation pour rester le pays le plus visité au monde
«Nous avons cru que, sans faire grand chose et sans diversifier l'offre, nous serions toujours le pays le plus visité», alerte la ministre, «dans un monde très accessible, l'Espagne et l'Italie nous mordent les talons». En 2024, l'Espagne a reçu 94 millions de visiteurs étrangers, générant 126 milliards d'euros de recettes.
«Si le secteur se porte bien, c'est parce qu'il y a eu des entrepreneurs et des collectivités très engagés», relève-t-elle, «ce ministère s'attache à retrouver une cohérence et une stratégie commune». En résumé, il s'agit que chaque acteur arrive à attirer des touristes dans son établissement et donne, dans une démarche collective, ainsi envie de revenir en France l'année suivante.
La feuille de route reposera sur trois axes : l'environnement, l'inclusion et l'innovation. Elle sera présentée lors du comité interministériel du tourisme, le 24 juillet prochain.
«Nous sommes la première destination durable du monde», assure la ministre qui revendique des travaux concernant la sobriété hydrique, la gestion des déchets, la décarbonation et l'énergie. «Nous pouvons vous accompagner sur ces différents sujets», indique-t-elle aux acteurs touristiques.
«Il faut que l'économie touristique irrigue l'ensemble des territoires», martèle-t-elle, songeant la ruralité. Et d’appeler à désaisonnaliser de façon à gérer les flux de visiteurs et éviter le sur-tourisme dans quelques sites emblématiques.
Les quelques 12 millions de personnes en situation de handicap souhaitent également «profiter de l'accessibilité pour découvrir un lieu unique». «Nous avons tous un devoir moral et la profession a bien compris que c'était aussi un levier de croissance.»
Le ministère relance le label territorial Destination pour tous et l'opérateur Atout France a repris le label Tourisme et handicap.
En matière d'innovation, Nathalie Delattre juge le secteur du tourisme «très en retard sur l'exploitation de la data» et appelle à avoir «plus de données ouvertes». «Nous allons réaliser des investissements dans cet outil dont la profession pourra bénéficier.»
Parmi les autres enjeux, la ministre souhaite «faire connaître les métiers du tourisme auprès du jeune public» pour favoriser le recrutement et relaie le vote «de lois de différenciation pour permettre aux maires d'avoir la main sur les outils de régulation» en matière de logement.
«Nous avons besoin d'investissements alors que l'argent public se fait rare», poursuit-elle, «il faut aller chercher des investissements nationaux et internationaux». «Des investisseurs sont très intéressés par notre secteur.»
Le 19 mai dernier, lors du sommet Choose France 2026, il a été annoncé que des investissements étrangers seraient orientés vers «la mise en tourisme du patrimoine». Un des huit premiers sites retenus est localisé en Bourgogne : l’Abbaye de Pontigny, près d'Auxerre.
«Nous devons rénover notre hôtellerie notamment haut-de-gamme», ajoute la ministre qui indique qu'un prêt dédié sera mis en place par la Banque publique d'investissement.
Des «itinéraires thématisés» pour attirer les œnotouristes
«Le ministère du Tourisme a vraiment cette volonté de développer cette filière particulière, (…) l'œnotourisme est une véritable économie», souligne Nathalie Delattre en notant que le chiffre d'affaires du secteur a cru de 20% en 8 ans. On recense annuellement 12 millions d'œnotouristes qui réalisent 33 millions d'actes d'achat.
«C'est une croissance qui n'est pas prête de s'arrêter. (…) Nous devons pouvoir monter en puissance sur cette offre. (…) Si nous structurons encore mieux les choses, le secteur peut rapporter tant aux vignerons qu'à l'économie française», développe-t-elle.
Pourtant, des embûches apparaissent avec une tendance mondiale à la déconsommation de vin et le développement d'une critique hygiéniste de la promotion des boissons alcoolisées.
«Vous saurez me trouver à vos côtés», réagit la ministre, «je suis très confiante». «Nous avons de plus en plus de sites labellisés Vignobles et Découvertes. (…) Nous arrivons à constituer de plus en plus de routes et d'itinéraires. Il faut que ces itinéraires soient thématisés et les touristes demandent à avoir du multi-expérientiel.»
Les investissements des établissements peuvent être soutenus au travers des dotations d'équipement versés par l’État aux collectivités locales.
Cité des vins, liaison TGV, fêtes populaires et taxe sur les logements vacants sont au menu des échanges
Durant les échanges, Laurent Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne, ne manque pas de mettre en avant le réseau des Cités de vins – implantées à Beaune, Chablis et Mâcon – vue comme «l'interface entre les visiteurs et la viticulture bourguignonne». «Ce lieu a vocation de faire partie de tout parcours œnotouristique en Bourgogne !»
La ministre note que les équipements touristiques et culturels, comme le réseau de la Cité des vins ou la Cité internationale de la gastronomie et du vin, et les acteurs locaux de l'œnotourisme sont «complémentaires» au sein du secteur. «L'essentiel est que nous puissions partager cette culture du vin.»
Parmi les enjeux d'attractivité, Marie-Claire Bonnet-Vallet appelle à rétablir la liaison TGV Dijon-Montbard-Roissy-Lille.
Au nom de l'Association des climats du vignoble de Bourgogne, Charlotte Fougère (LR, NE), insiste sur le fait que «l'appropriation par les habitants de notre sphère viticole est essentielle». L'élue beaunoise signale les différentes fêtes populaires qui rythment le calendrier dont les 10 ans de l'inscription à l'UNESCO avec un temps fort, le 4 juillet prochain.
François Marquet prône d'ajuster la taxe sur les logements vacants pour permettre de libérer des biens immobiliers. Nathalie Delattre renvoie à un chantier ouvert à ce sujet avec l'Association des maires de France.
Pour conclure les débats, le maire de Chambolle-Musigny remet à la ministre une bouteille de la Saint-Vincent tournante 2025 (lire notre article) tout en rendant hommage à Jean-Luc Rosier, défunt maire de Morey-Saint-Denis, village voisin.
Dégustation de marsannays au Caveau des vignerons
La seconde étape du déplacement se situe à Marsannay-la-Côte où le maire Jean-Michel Verpillot (sans étiquette) accueille la ministre pour lui faire visiter le Caveau des vignerons.
La délégation a été rejointe notamment par Sladana Zivkovic (PS, PP), élue dijonnaise et présidente de l'office de tourisme métropolitain, ainsi que par Jean-Philippe Morel (PR), conseiller de la Métropole de Dijon et président de la fédération départementale du Parti républicain.
À la fois caviste et bar à vins, avec terrasse durant l'été, le Caveau des vignerons est devenu un site œnotouristique incontournable pour tout membre de gouvernement intéressé par le secteur qui se respecte. En près de trois ans d'existence, l'établissement a accueilli quatre ministres.
Après la présentation du caveau par des vignerons qui font vivre le lieu et de la table numérique sur l'offre touristique du territoire par Sladana Zivkovic, la visite se termine par une dégustation de marsannays blancs.
Jean-Christophe Tardivon























































