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26/05/2023 03:47
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CHÂTILLON-SUR-SEINE : Appel au rassemblement contre le méthaniseur de Cérilly le 3 juin

Des associations environnementales, écologistes ou anticapitalistes, des partis politiques et un syndicat agricole argumentent leur contestation d'un méthaniseur prévu pour être alimenté par 5.000 hectares de seigle.
Communiqué du collectif Méga-méthaniseur ni ici ni ailleurs du 25 mai 2023 :

Le collectif "MÉGA-méthaniseur ni ici ni ailleurs" appelle à un rassemblement festif samedi 3 juin à Châtillon-sur-Seine pour protester contre la construction du méga-méthaniseur à Cérilly.

Ce collectif est composé de La Grande Côte Châtillonnaise, Bien vivre à la campagne, Association Nature équidés, la NUPES 21, la Confédération Paysanne 21, ATTAC 21, Les Amis de la Terre 21, Extinction Rébellion 21. La Ligue protectrice des oiseaux (LPO) Bourgogne-Franche-Comté et les Soulèvements de la Terre (comités locaux de Mâlain et Dijon) sont associés au mouvement.


Nous nous opposons à la création de cette usine à gaz, l'une des plus grosses de France et même d'Europe, non pas alimentée par des déchets mais quasi-exclusivement en seigle fourrager spécialement cultivé à cet effet sur plus de 5 000 ha !

Ce projet est porté par Nature Energy, récemment rachetée par Shell, et par Dijon Céréales à travers sa filiale Sécalia. Sous prétexte d'énergie renouvelable, l'entreprise va bénéficier d’aides publiques conséquentes (impossible d'en connaître le montant exact !) alors que son projet n'a pas été validé par l'ADEME, Agence de la transition écologique, en raison de l'utilisation massive de CIVEs (cultures intermédiaires à vocation énergétique), à savoir dans ce cas le seigle.

Construit très vite au détriment d'une véritable information et consultation de la société civile et de la population, porté par la galaxie agro-industrielle multinationale qui règne sans partage, ce projet fait l'objet de recours auprès du tribunal administratif. Il est encore temps de l'annuler tant il menace ce territoire et sa population.

Les risques écologiques sont nombreux :

- risques de pollution des nappes phréatiques : Sécalia a déclaré que "les jus de silos susceptibles de créer une pollution des sols seront épandus sur du parcellaire agricole" sur des terrains karstiques sensibles ! ; et qu'adviendra-t-il si les eaux usées de l'usine se déversent dans la nature, comme cela a été le cas pour de nombreux méthaniseurs aux dimensions pourtant plus modestes, privant plusieurs villages d'eau potable ?

- risques d'explosion: le site aurait dû être classé SEVESO. En effet, le seuil SEVESO de stockage de gaz est de 10 tonnes. Or 13,4 tonnes seront stockées à Cérilly !

- risques de destruction des sols : de nombreux scientifiques affirment qu'il est impossible de prévoir l'effet des digestats que Dijon Céréales présente pourtant comme un "engrais vert". Bien au contraire, on peut craindre que cet épandage massif va nuire à l'équilibre des sols avec un apport trop concentré d'azote sans carbone. Les industriels jouent aux apprentis sorciers.

- risques liés à l'utilisation de substances dangereuses : pour obtenir du digestat sec, l'usine utilise deux camions par semaine d'acide sulfurique à 96 % (vitriol) et 100 tonnes sont stockées sur place...

- risques accrus de destruction d'espèces protégées nicheuses dans les grandes cultures comme le Busard cendré, sur liste rouge des espèces protégées, avec les récoltes du seigle vert en mai bien avant l'envol des oisillons. Et nous restons pour bien des années supplémentaires dans un modèle intensif destructeur de notre environnement et de biodiversité, toute transition agroécologique étant bloquée.

Les nuisances pour la population alentour sont considérables :

- nuisances olfactives : tous les riverains de méthaniseurs sont formels : ça pue! Et Dijon Céréales répond que "les risques d'odeur sont contrôlés"! Comment empêcher que des tonnes de digestat épandus répandent une odeur nauséabonde ?

- nuisances sonores avec le ballet incessant des camions dont les riverains ont déjà un aperçu aujourd'hui: 500 camions en plus sur les routes du Châtillonnais ! Un camion toutes les 30 secondes en période de récolte ! Un enfer... Sans oublier deux torchères de 90 décibels pouvant brûler n’importe quand jour et nuit.

- nuisances visuelles : au beau milieu de la campagne, à l'orée d'un parc national, ce sont plusieurs bâtiments de la hauteur d’immeubles de 8 étages qui vont s’élever, cernés de cuves gigantesques. Le méthaniseur sera visible du Mont Lassois, un site archéologique exceptionnel bientôt inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Le lac de Marcenay est à 5 km, espace naturel sensible de Côte d'Or reconnu pour la richesse de sa faune et de sa flore. Châtillon-sur-Seine n'est qu'à quelques km de là...

Une dérive agro-industrielle inquiétante pour l'agriculture de la région et ses agriculteurs :  Les agriculteurs risquent d'être les grands perdants de l'opération: sous contrat avec Dijon Céréales dont ils sont de plus en plus dépendants, ils deviennent les ouvriers de l'agro-industrie, dépossédés de leurs terres et de leur fonction nourricière.

La méthanisation à l'échelle gigantesque n'est pas une solution énergétique valable ni agronomiquement, ni écologiquement, ni économiquement. Nous accusons les promoteurs de détourner les subventions allouées aux énergies renouvelables dans le but d'enrichir leurs actionnaires sur les dos des agriculteurs, du territoire et de sa population.

Venez nombreux samedi 3 juin à 11 heures à la source de la Douix. Venez vous informer, venez manifester contre cette usine à gaz en nous rejoignant ainsi que le grand Busard cendré qui marchera à nos côtés pour sa survie. Exigeons que la population soit consultée et non sacrifiée sur l'autel du profit privé à court terme !

Programme :
11h rassemblement citoyen à la source de la Douix à Châtillon-sur-Seine pour pique-nique, prises de parole et surprises.
14h-15h30 marche pacifique en cortège « Busard cendré » dans Châtillon-sur-Seine

Communiqué de la Confédération paysanne de Côte-d'Or du 25 mai 2023 :

Le méga-méthaniseur de Cérilly (21), symbole de la folle dérive industrielle de l'agriculture

Dans un contexte de développement de nombreux méthaniseurs un peu partout, le méga-méthaniseur de Cérilly sera l'un des plus gros de France et même d'Europe quasi-exclusivement alimenté par des produits agricoles. La Confédération paysanne ne s'oppose pas à la méthanisation pratiquée à l'échelle paysanne. Mais elle s'oppose à ce projet industriel qui entraînera par son échelle et sa nature tout un vaste territoire, ses agriculteurs et ses habitants, vers une dérive industrielle mortifère au détriment d'une transition agroécologique vertueuse pourtant nécessaire.

Nous nous concentrerons dans cet article sur la dimension agricole de ce projet, les autres dimensions seront traitées par d'autres organisations de notre collectif « Méga-Méthaniseur, ni ici ni ailleurs ».

Une folie agronomique :

Alimentée à 90% de CIVES (seigle fourrager) produits sur 5000 ha par tracteurs et camions, cette usine à gaz qui par son emprise artificialisera au passage 16 ha de terres agricoles, à quoi s'ajoutent la bétonisation des silos de stockage décentralisés, est un exemple déplorable de l'agriculture extractiviste. L'extractivisme agricole exploite et s'accapare toujours plus de ressources pour non plus produire des légumes, des céréales ou de la viande, mais du minerai, c'est à dire une matière première destinée à la production industrielle, agroalimentaire ou ici énergétique. Nous arrivons ici au bout du bout de l'industrialisation avec une agriculture de machines qui avale tout. Dans un contexte de réchauffement climatique de plus en plus concret, et comme l'admettent ses promoteurs, le seigle une fois récolté et exporté en mai, ne permettra pas de produire dans de bonnes conditions la culture principale à vocation alimentaire qui devra le succéder, participant ainsi à la fragilisation de la souveraineté alimentaire. D'ailleurs, parmi le peu de choix de cultures qui pourraient être envisagées avec des dates d'implantation aussi tardives, aucune ne s’avérera réellement intéressante faute de productivité et de débouchés. Celles-ci seront en sorte des alibis pour la PAC. Et que penser des risques de dégradation et de pollution des sols et eaux souterraines que représentera l’épandage mal-connu et mal-maîtrisé des digestats sur plus de 30 000 ha alentours ?! Ces digestats ne remplaceront pas les engrais chimiques. Il est d'ailleurs regrettable que les CIVES implantées soient mises à la place des CIPANS (Cultures Intermédiaires Piège à Nitrates) qui elles enrichissent les sols par leur incorporation sous forme d'engrais verts, au contraire des CIVES qui seront exportées.

Des agriculteurs qui rentrent dans un marché de dupes aux risques considérables et embarquent avec eux tout un territoire agricole :
En difficultés agronomiques et économiques, beaucoup d'agriculteurs de ces « zones intermédiaires à faible potentiel » ont vu dans ce projet, tel qu'il est présenté par les promoteurs, une bouée de sauvetage. C'est un mirage. Les contrats que ceux-ci ont pu signer avec Secalia les emmènent dans la voie de l'intégration : ils deviendront de simples exécutants du cahier des charges sans pour autant avoir les avantages de leurs prises de risques (crédits d'investissements, heures de travail illimitées...). Surtout, qui est derrière Sécalia ? Dijon Céréales, une énorme coopérative agricole dans notre département qui va étendre davantage encore son emprise sur les agriculteurs. Et pire encore, à travers Nature Energy, Shell et ses actionnaires, ses fonds de pension, une multinationale du pétrole dont on peut douter de la motivation écologique et aussi de sa bienveillance si les engagements de récoltes ne sont pas tenus années après années comme cela est prévisible. Et à défaut de seigle, si les sécheresses hivernales se succèdent, comment alimenter ce monstre de méthaniseur qui ne doit pas s'arrêter ? Avec ce qui pourra bien pousser de productions principales tiens ! Ou sinon avec les herbes alentours, les foins, la paille, tout ceci permis par de prévisibles dérogations à la pelle de l'Etat... Occasionnant par ailleurs une raréfaction de ces aliments et une montée de leurs prix. Il va ainsi devenir difficile d'alimenter les troupeaux dans la région, alors que par ailleurs l'élevage ovin y est plébiscité par la chambre d'agriculture (pourtant favorable au méga-méthaniseur) dans la perspective des changements climatiques qui présagent de difficultés encore plus accrues de mener des grandes cultures... Nous ne sommes plus à une contradiction près. Possible que l'Etat subventionne alors l'achat de fourrages aux éleveurs en difficulté ?... Tout cet argent public (sans parler des aides financières importantes à la création de l'usine) au bénéfice finalement de Shell et Dijon Céréales, la boucle est bouclée.

Notons au passage que Nature Energy (Shell donc) vient tout fraîchement de dévoiler ses résultats financiers, déficitaires de plusieurs millions d'euros, ce qui montre que l'activité de bio-gaz n'est pas rentable : nous pouvons émettre de sérieux doutes sur la rentabilité de ces méthaniseurs à base de CIVES et le risque, corroboré par l'expérience de la Belgique et de l'Allemagne, d'abandon de ces infrastructures. Que deviendront les « coopérateurs/trices » dans tout ça ?..

L'agriculture paysanne est la solution :
Il ne s'agit pas de nier les difficultés et la détresse des agriculteurs du territoire. Et nous comprenons que certains essaient de s'en sortir selon les opportunités qui se présentent à eux. Nous dénonçons le fait que ces agriculteurs aient été accompagnés, conseillés et peut-être même forcés de s'engager dans ce projet par la galaxie agro-industrielle qui tient tous les pans de l'agriculture : institutions, formations, banques, assurances, coopératives, industries... co-gestionnaires depuis l'après-guerre et donc dépositaires de la crise agricole généralisée que nous connaissons, les mêmes continuent dans une fuite en avant qui avale et détruit tout sur son passage. A la fin, de cette usine à gaz qui n'a rien de vert et qui ne fera que brasser beaucoup d'air sans répondre à la nécessaire transition énergétique, ni au problème paysan, il ne restera plus rien.

Pourtant, une autre voie serait possible s'il n'est pas trop tard. Celle de l'Agriculture paysanne, de l'agroécologie : 5000 ha de cultures de CIVES pourraient être plutôt 50 fermes de 100 ha, 100 fermes de 50 ha, 200 fermes de 25 ha. La Confédération paysanne souhaite 1 000 000 de fermes paysannes, toutes diversifiées, créant de la valeur ajoutée et des emplois, alimentant et faisant vivre le territoire local (et le Châtillonnais en a bien besoin!), résilientes et sobres face au changement climatique, respectueuses de leur environnement et des biens communs. Certes cette projection ne serait envisageable qu'en cas de changement structurel profond du système agricole, avec une PAC ambitieuse agroécologique favorisant l'actif humain, en redonnant accès à une alimentation de qualité à tous et toutes en mettant notamment en place la sécurité sociale de l'alimentation, avec des réglementations adaptées aux fermes paysannes ou encore avec la fin du libre échange ultra-libéral.

Ce sont des choix politiques qu'il revient à chacun d'entre nous, paysans et citoyens, de faire aboutir collectivement et rapidement, pour une autre agriculture, une autre société. A commencer ici et maintenant en se mobilisant contre ce projet de méga-méthaniseur. A très bientôt, le 3 juin prochain prochain à Châtillon-sur-Seine pour le grand rassemblement contre ce projet fou !

Plus d'infos sur le collectif ici : https://nonmegametha.noblogs.org/




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