Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Côte d'Or > Côte d'Or
30/10/2024 03:52
2434 lectures

COLLECTIVITÉS : Marina Ferrari et François Sauvadet plaident pour que les Départements conservent leur compétence sur le tourisme

La ministre chargée de l'Économie du tourisme est intervenue auprès d'élus et de directeurs d'agences de développement touristique, ce mardi 29 octobre, à Dijon. «Passer sous tutelle des Régions n'aurait pas de sens», a insisté le président de l'Assemblée de Départements de France.
«Départements et tourisme sont indissociables», selon François Sauvadet (UDI). Ce mardi 29 octobre 2024, à Dijon, le président du conseil départemental de la Côte-d'Or et président de l'Assemblée des Départements de France – association d'élus – s'est livré à un plaidoyer auprès de Marina Ferrari, ministre chargée de l'Économie du tourisme, pour que cet échelon du mille-feuilles territorial conserve la compétence tourisme.

Ministre déléguée auprès du ministre de l’Économie, Marina Ferrari effectuait un déplacement en Côte-d'Or dans le cadre d'une réunion de la commission tourisme des Départements de France, créée fin 2023.


Du gouvernement Attal au gouvernement Barnier


Nommée le 21 septembre dernier ministre déléguée chargée de l'Économie du tourisme, Marina Ferrari fait partie des rares membres du gouvernement de Gabriel Attal reconduits dans le gouvernement de Michel Barnier. Elle était précédemment secrétaire d’État chargée du Numérique.

Née en 1973, la Savoyarde a suivi des études en sciences politiques en développant un intérêt pour les relations internationales et les questions de défense. Elle a adhéré à l'UDF en 2005 puis a rejoint le Modem à sa création en 2007. En 2008, elle est élue conseillère municipale d'Aix-les-Bains. En 2015, elle a été élue conseillère départementale de la Savoie puis députée en 2022, étant réélue aux élections législatives anticipées de 2024.

80 Départements représentés en présentiel et en distanciel


Marina Ferrari a été accueillie dans les locaux du Département de la Côte-d'Or par François Sauvadet ainsi que par Paul Mourier, préfet de la Côte-d'Or, Jean-Louis Masson (LR), président du Département du Var – «département le plus touristique de France» – et président de la commission tourisme de l'Assemblée des Département de France, Marie-Claire Bonnet-Vallet (LCOP), vice-présidente du Département de la Côte-d'Or et présidente de Côte-d'Or Attractivité, et Nadjoua Belhadef (PS, FP), adjointe au maire de Dijon.

Dans la salle du site Tissot, 80 Départements étaient représentés par 150 personnes – élus et responsables d'agences de développement touristiques –, en présentiel ou en distanciel.

Selon François Sauvadet, «tous les Départements de France sont attachés à la compétence tourisme»


«La France a cette chance d'être une destination touristique reconnue dans le monde entier», se félicite François Sauvadet pour introduire les échanges de la commission tourisme. «Qu'est-ce qui marche dans ce pays ? C'est la première question qu'il faut se poser avant de vouloir réformer ou vouloir réinventer des territoires ! (…) Le Département est le fruit de notre histoire. Nous ne sommes pas un pays fédéral, nous sommes un pays qui s'est constitué à partir de sa commune.»

«Passer sous tutelle des Régions n'aurait pas de sens», insiste le président de l'Assemblée de Départements de France en faisant référence aux rapports Woerth et Ravignon sur la décentralisation (lire le communiqué), «on travaille ensemble, en interdépartemental, avec les Régions, avec les Métropoles, avec les Villes». «Chacun apporte sa contribution dans un ensemble cohérent qui est un espace vécu.»

«Tous les Départements de France sont attachés à la compétence tourisme, elle est indissociable de notre histoire», insiste le centriste, «elle est même constitutive de notre histoire parce que, à travers le tourisme, c'est la qualité de nos produits, ce sont des réseaux, c'est la qualité de l'accueil». «Je pense que la reconnaissance de la diversité à travers ses départements, c'est la meilleure chance que l'on puisse donner à la France.»

«On nous dit, le tourisme pourrait être transféré à la Région, vous vous rendez compte la perte de compétences ?» reprend Jean-Louis Masson, «c'est absurde, laissez faire les Départements ! Les coopérations interdépartementales fonctionnent !»

Jean-Louis Masson pointe «une situation d'étau» budgétaire


Les questions budgétaires étant d'actualité, François Sauvadet signale échanger avec le Premier ministre sur le sujet de la contribution des collectivités au «redressement» des comptes publics : «j'entends dire ''toutes les collectivités locales sont impactées'', non ! Elles le seront très différemment. (…) Si rien ne change dans le texte, [les Départements vont] contribuer à hauteur de 40% de l'effort collectif, c'est insoutenable !»

«Les présidents de Départements sont très attentifs à la pression qui va s'exercer sur eux», confirme Jean-Louis Masson. «On a aucune capacité de ressources supplémentaires. (…) On se retrouve dans une situation d'étau : l'obligation de contribuer au déficit de l’État et la baisse des recettes sur les droits de mutation qui n'a jamais été aussi puissante.»

«Ce serait une erreur que de retirer la compétence tourisme aux Départements», estime Marina Ferrari


«Je suis absolument convaincue du rôle déterminant que les Départements ont à jouer en matière de tourisme et de développement touristique et, également, de la plus-value de vos compétences en la matière», réagit Marina Ferrari, «je pense que ce serait une erreur que de retirer la compétence tourisme aux Départements». «Je crois que les Départements sont la bonne échelle pour travailler aux projets de développement touristique de leur territoire, comme chaque couche du mille-feuille a sa place à tenir. (…) Tous les échelons sont parfaitement complémentaires dans la politique que nous avons à mener. (…) Là où les choses fonctionnent, nous serions bien inspirés de ne pas les casser. Je souhaite donc laisser vivre l'intelligence des territoires et conduire des politiques publiques locales à la bonne échelle sans qu'on vienne, une fois de plus, plaquer une nouvelle réforme institutionnelle.»

«Il y a de la place pour tout le monde avec les Régions plutôt sur le volet promotion et attractivité à l'échelle internationale, (…) en lien avec les Départements», explicite la ministre, «les Départements, vous êtes en première ligne sur l'aménagement du territoire, (…) les communes et les intercommunalités qui sont l'échelon de grande proximité».

Les consommations touristiques progressent moins rapidement que la fréquentation


Le ministère de l’Économie du tourisme estime que le secteur représente 200 milliards d'euros de recettes, soit 7,5% du PIB, et 2 millions d'emplois directs et indirectes.

Par comparaison, en Bourgogne-Franche-Comté, les consommations touristiques représentent 4,6 milliards d'euros, soit 6,3% du PIB régional. Le secteur emploie 36.000 salariés, soit, 5,2% de l'emploi salarié régional marchand, et 8.500 emplois non-salariés.

En 2024, la France prévoit de battre un record en accueillant 100 millions de touristes étrangers, ce qui en ferait le leader mondial en termes de fréquentation. En revanche, le pays n'est que troisième en termes de chiffre d'affaires, derrière l'Espagne et les États-Unis.

Marina Ferrari incite à «développer des outils innovants»


Pour améliorer les consommations touristiques en France, Marina Ferrari note plusieurs défis à relever : l'accueil de la clientèle étrangère, l'amélioration des offres de service et la définition d'offres plus spécialisées. Au final, il s'agit d'inciter, par exemple, «un Belge à passer deux ou trois jours en France avant d'aller planter sa tente en Espagne».

Pour cela, la ministre souhaite notamment «développer des outils innovants», d'où le récent lancement de la deuxième édition de France Tourisme Tech pour s'appuyer sur les outils numériques.

Autre chantier, l'attractivité professionnelle du secteur qui passe par la promotion au travers de la Semaine des métiers du tourisme.

Les enjeux du développement durable et de la gestion du surtourisme


Enfin, le tourisme est également concerné par la transition écologique puisque «le tourisme a un impact fort sur les gaz à effet de serre», principalement en raison des mobilités.

Dans la lignée des précédents, le gouvernement de Michel Barnier se donne l'objectif de faire de la France «la première destination de tourisme durable à horizon 2030» avec, en point d'orgue, les Jeux olympiques et paralympiques d'hiver Alpes 2030 qui deviendraient «une vitrine du savoir-faire en matière d'écotourisme».

«Je me refuse à opposer écologie et développement économique», insiste Marina Ferrari qui concède toutefois devoir éviter le surtourisme : «quand on a un point d'attraction qui est très fort, ce n'est pas un fardeau, c'est une chance !» «Il faut travailler à la gestion des flux pour éviter la concentration difficile à supporter pour les visiteurs et pour les habitants.»

Fusionner et simplifier


Le Premier ministre a annoncé la fusion entre Atout France et Business France. Cependant, la ministre envisage de «garder des moyens d'agir en interne», notamment en matière d'ingénierie, d'analyse des données et d'aspects réglementaires.

Par ailleurs, Marina Ferrari compte favoriser «le développement du tourisme social et du tourisme pour les personnes en situation de handicap» car «le tourisme est un vecteur d'inclusion sociale».

De plus, le ministère prépare «un texte sur la simplification», notamment en matière d'urbanisme, de façon à «faciliter les choses» et à «stimuler l'investissement sur les territoires».

L'Assemblée des Départements de France compte poursuivre ses réflexions sur le tourisme lors de son congrès qui se tiendra, du 13 au 15 novembre prochains, à Angers.

Jean-Christophe Tardivon

«L'art de vivre à la française nous distingue d'autres destinations», relève Marina Ferrari























Votre météo à Dijon
Votre météo en Bourgogne
Infos-dijon.com - Mentions légales