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10/01/2023 03:54

CONGRÈS DU PS : «Il y a un vrai désir de socialisme aujourd'hui», relève Océane Charret-Godard

Référente de Nicolas Mayer-Rossignol en Bourgogne-Franche-Comté, portant la motion «Refondations», Océane Charret-Godard appelle à plus de clarté de la part du Parti socialiste à l'égard de La France insoumise. La Dijonnaise n'écarte pas de candidater pour prendre la tête de la fédération de Côte-d'Or.
Le 80ème congrès du Parti socialiste se tiendra à Marseille les 27, 28 et 29 janvier prochains. Trois textes d'orientation politique – les «motions» – se confronteront pour décider du nouveau cap du PS au niveau national.

«Refonder, Rassembler, Gouverner» est portée par Hélène Geoffroy, maire de Vaulx-en-Velin. «Pour Gagner» est portée par le premier secrétaire sortant Olivier Faure. «Refondations» est portée par Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen.

Celui-ci est représenté en Bourgogne-Franche-Comté par Océane Charret-Godard, conseillère municipale de Dijon et vice-présidente du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté chargée des lycées, de l’offre de formation, de l’apprentissage et de l’orientation. Au sein du PS, la Dijonnaise est secrétaire nationale déléguée à la formation professionnelle.


Après un déplacement de Nicolas Mayer-Rossignol à Dijon, le 7 janvier dernier – seul premier signataire à être venu en Côte-d'Or pour cette campagne d'avant congrès (lire notre article) – Océane Charret-Godard a répondu aux questions d'Infos Dijon, ce lundi 9 janvier 2023.

«Je pensais que le PS allait se réinscrire comme étant la force motrice de la gauche»


Comment s'est organisée votre propre implication dans le congrès du PS ?

«Il y a eu en octobre une tribune qui a été cosignée par des centaines d'élus et un collectif s'est mis en place autour de Nicolas Mayer-Rossignol, avec Claire Fita en Occitanie, Lamia El Aaraje à Paris. Les présidents de Régions de gauche soutiennent cette dynamique-là.»

«Au dernier congrès, j'ai soutenu Olivier Faure. J'ai d'ailleurs été nommée secrétaire nationale. Je suis reconnaissante du courage qu'a eu Olivier Faure et ses équipes dans un contexte extrêmement difficile.»

«J'ai fait campagne aussi pour Anne Hidalgo. (…) Au moment des législatives, j'ai soutenu la stratégie électorale avec la NUPES à un moment donné où il fallait juste survivre.»

«Je suis assez légitimiste sauf que je pensais qu'après cette période-là, le PS allait faire un petit pas de côté, allait revenir sur ses fondations et allait se réinscrire comme étant la force motrice de la gauche. C'est là que j'ai eu une première déception parce que ce n'est pas le cap décrit actuellement par Olivier Faure. Je le regrette et est intervenue cette vois plus centrale de rassemblement dont on a éperdument besoin.»

À Dijon, en Côte-d'Or, en Bourgogne-Franche-Comté, quelles autres personnalités par exemple soutiennent ce même texte ?

«Marie-Guite Dufay est signataire du texte. Nathalie Koenders à Dijon. Christine Martin, Hamid El Hassouni... De nombreux élus dijonnais, côte-d'oriens... Je pense à Céline Tonot également.»

«Dans le Doubs, Nicolas Bodin. Hicham Boujlilat, dans la Nièvre. De nombreux élus et militants dans tous les territoires en Bourgogne-Franche-Comté.»

«Mon rôle est d'organiser la mobilisation, l'information auprès des militants.»

«Il y a des priorités en dehors de l'insécurité»


Les représentants des trois textes voient tous le Rassemblement national aux portes du pouvoir. Hélène Geoffroy semble être la seule à aborder frontalement des thématiques développées par le Rassemblement national que ce soit la façon d'appréhender l'immigration irrégulière ou de lutter contre l'insécurité notamment. Souhaitez-vous occuper ce terrain régalien ?

«Je trouve Hélène Geoffroy très courageuse et compétente en tant que maire de Vaulx-en-Velin. Je pense à ce qu'elle a vécu il y a quelques semaines avec un incendie dramatique qui a coûté la vie à dix personnes. Elle sait de quoi elle parle.»

«Pour autant, pour nous, ce n'est pas la priorité. Aujourd'hui, à l'heure où on se parle, il y a quand même des priorités en dehors de l'insécurité qui fait partie des priorités mais on en voit d'autres : le pouvoir de vivre, la santé, l'énergie, l'éducation, les retraites.»

«La gauche n'est pas naïve sur ces sujets. Je voudrais juste rappeler quand même que c'est François Hollande qui a remis des policiers là où Nicolas Sarkozy en avait enlevé 13.000 en France.»

«C'est ce que l'on dit avec Nicolas Mayer-Rossignol, c'est de considérer la logique des territoires. Oui, il y a une dimension régalienne et il y a ce regard très fin de ce qui se passe dans les territoires pour avoir une réponse adaptée.»

«À Dijon, je fais écho à l'énergie qui a été déployée par le maire de Dijon et Nathalie Koenders sur ce sujet-là pour obtenir des policiers nationaux supplémentaires que le gouvernement a accordé.»

Ni «social-populisme», ni «social-libéralisme»


Le Parti socialiste s'inscrit-il toujours dans le champ de la social-démocratie ?

«Ce que l'on défend avec Refondations : on n'est pas pour le social-populisme dans lequel pourrait nous entraîner la NUPES et on n'est pas non plus pour le social-libéralisme qui tendrait à nous rendre trop proches de la politique d'Emmanuel Macron que je considère comme étant très à droite actuellement.»

«Il y a quand même un vrai désir de socialisme aujourd'hui. On le ressent dans les territoires. (…) Il y a quand même un frémissement et une certaine appétence des militants, des sympathisants au regard de ce congrès.»

Entre le social-populisme et le social-libéralisme, comment qualifier la position idéologique du PS aujourd'hui ?

«Il y a le socialisme avec nos fondamentaux, nos valeurs, nos convictions, notre passé. Je ne suis pas de celles et ceux qui nourrissent des aigreurs à l'égard du passé. On est adossé à un passé qui est fort et dont on peut être fier.»

«C'est là que se situe la candidature de Nicolas Mayer-Rossignol : c'est de recréer un nouvel élan, un nouvel espoir, une nouvelle impulsion au Parti socialiste en recréant un désir de militer.»

Olivier Faure veut montrer «que nous pouvons à nouveau changer la vie» et se revendique du «parti de Mitterrand». Le socialisme est-il compatible avec un monde post-moderne ?

«Complètement ! On l'a prouvé ! C'est là où on nous attend précisément.»

«Il y a besoin de travailler pour être audible à nouveau et avoir des marqueurs sur la société aujourd'hui. (…) Il y a un vrai sujet de clarté. Le texte 'Refondations' permet de remettre de la clarté pour pouvoir se positionner et la clarté est gage de confiance aussi. Évidemment, le socialisme, comme on l'a prouvé, est présent et va être présent pour la suite.»

«Le CDI n'est clairement plus la norme»


Nicolas Mayer-Rossignol défend «de nouvelles conquêtes sociales». Ce qu'il reste à conquérir est-il du côté de l'identité individuelle ou de l'universalisme ?

«Je n'oppose pas l'identité individuelle à l'universalisme. Je pense à l'esprit des Lumières où la tolérance, l'égalité, la liberté sont des valeurs prépondérantes.»

«Je considère qu'il n'y a pas d'épanouissement collectif s'il n'y a pas d'épanouissement individuel. Ces dimensions sont interdépendantes.»

En pensant notamment aux travailleurs en «première ligne» pendant la crise sanitaire, Hélène Geoffroy notamment considère que «le travail n'est pas valorisé comme il se doit». Quelles sont les principales mesures que vous portez pour contribuer à résoudre la problématique de la répartition de la richesse produite tout au long de la chaîne de valeur ?

«Je trouve qu'il y a un cynisme assez considérable, notamment de la part du gouvernement parce qu'on toujours la question du marché du travail qui, aujourd'hui, est structuré principalement de contrats courts, de CDD, d'intérim et le CDI n'est clairement plus la norme.»

«Très clairement, comment le Parti socialiste se positionne sur cette dimension-là avec un rapport au travail qui a considérablement évolué ? 800.000 démissions en un an. On voit bien que s'instaure une dimension où le travail n'est plus forcément une finalité pour s'épanouir mais un moyen. Les jeunes notamment, s'ils ne trouvent pas de sens à leur travail, ils vont chercher ailleurs.»

«Pour autant, sur la question de la valeur – et Nicolas Mayer-Rossignol s'est positionné en ce sens – pour limiter les écarts entre les salaires, il y a une question de la rémunération à revaloriser aussi.»

«On a applaudit les soignants plusieurs soirs d'affilée pendant les crises de la Covid. On voit le résultat aujourd'hui. Il y a eu un Ségur de la santé. Très bien ! Là, il nous faut clairement agir.»

Cela passe-t-il par une défense du statut – du CDI –, par une revalorisation des salaires ou par plus de redistribution ?

«Par plus de redistribution et limiter les écarts entre les salaires, par une revalorisation des salaires pour les travailleurs notamment qui ont le plus de pénibilité, une reconnaissance.»

«Ça passe aussi par le fait de ne pas être dans la contrainte. On le voit nettement avec la réforme de l'assurance-chômage où on pénalise les entreprises sous prétexte qu'elles seraient de 'mauvais employeurs' parce qu'elles abuseraient des CDD, on pénalise les demandeurs d'emploi sous prétexte qu'ils seraient des 'fainéants' parce qu'ils ne veulent pas travailler. Ce cynisme-là n'est pas possible !»

«Est-ce que les jeunes aujourd'hui recherchent nécessairement un CDI ? Je ne le crois pas !»

«La question de la sortie du nucléaire pourrait se faire sur les trente années à venir»


En pleine crise de l'énergie, les trois textes ne différent que par des nuances en ce qui concerne le recours à la production électro-nucléaire. Est-ce compatible avec la demande des alliés Verts de «sortir du nucléaire» ?

«Là aussi, un peu de nuance et de responsabilité : on est pour le mix énergétique avec le souhait de développer des énergies renouvelables. On le voit en Bourgogne-Franche-Comté avec les éoliennes, les panneaux photovoltaïques, l'hydrogène vert... tout ce qu'on peut développer effectivement pour diminuer l'énergie nucléaire.»

«Pour prendre l'exemple des 129 lycées en Bourgogne-Franche-Comté, c'est 2,3 millions de mètres carrés. (…) Le patrimoine est très différent d'un lycée à l'autre. Il y a un investissement massif qui se fait depuis quelques années déjà sur le sujet de l'isolation thermique pour éviter les passoires énergétiques. On voit bien qu'il y a un chantier considérable auquel on s'est attaqué.»

«Il y a une grande rénovation des centrales nucléaires, le grand carénage, qui irait sur les trente années à venir. La question de la sortie du nucléaire pourrait se faire sur ce timing-là.»

Opposition à la réforme des retraites


Allez-vous participer aux manifestations s'opposant à la réforme des retraites ?

«Je soutiens complètement les manifestations qui s'opposent à la réforme des retraites. Je suis opposée à la réforme qui est prévue.»

«Cette réforme, je la trouve très violente dans la période dans laquelle nous sommes. Violente pour les Français, à contre-courant sur la question du travail. Est-ce que le sens de l'histoire, c'est de travailler plus et plus longtemps ? Je ne le crois pas.»

«On voit l'espérance de vie chez les ouvriers, chez les femmes et les hommes qui ont eu des métiers pénibles. L'espérance de vie n'est pas celle d'un cadre ou de quelqu'un qui a pu avoir une vie professionnelle peut-être plus 'confortable'.»

L'automne dernier, localement, dans les manifestations intersyndicales demandant une augmentation des rémunérations, contestant la réforme de l'assurance-chômage et préfigurant la contestation de la réforme des retraites, on a vu quelques Insoumis mais on n'a pas vu de responsables socialistes.

«Je sais que nous sommes beaucoup de socialistes à s'opposer à cette réforme, si ce n'est tous les socialistes.»

«La clarté doit se faire vis-à-vis des Insoumis»


A posteriori, comment jugez-vous l'accord national avec la NUPES ?

«C'est une stratégie électorale à un moment donné.»

Stratégie électorale payante ou non ?

«Stratégie électorale de survie après des présidentielles extrêmement compliquées, douloureuses et par à la hauteur du Parti socialiste, très nettement. (…) Là, justement, il y a besoin de ce nouvel élan, cette impulsion, cette clarté.»

La NUPES compte de nombreuses composantes : vis-à-vis de qui doit se faire la «clarté» ? Les Verts ou les Insoumis ?

«La clarté doit se faire vis-à-vis des Insoumis. Je pense à l'Europe. Il est absolument hors de question que l'on sorte de l'OTAN. Il y a besoin de réaffirmer ces valeurs-là, ce cap-là.»

«Sur l'Europe, c'est très confus. On souhaite, au niveau du Parti socialiste et de 'Refondations' de sortir de cette confusion.»

Voyez-vous favorablement la constitution localement d'une «NUPES 21» ?

«Je suis persuadée qu'à certains moments, on pourra se retrouver.»

«Il ne faut pas confondre le résultat de la NUPES au niveau national et le résultat de la NUPES au niveau local.»

«On n'est pas contre l'union de la gauche. Il n'y a qu'à voir à Dijon. Depuis 2001, François Rebsamen est un fervent supporter du rassemblement. On l'a fait à la Région [Bourgogne-Franche-Comté], dans beaucoup de territoires. Nicolas Mayer-Rossignol l'a fait à Rouen. Le PS est souvent cette force motrice pour rassembler autour.»

«On est pour un rassemblement sur des valeurs où il n'y a aucune confusion.»

«Si je suis en position, je n'écarte pas ma candidature»


Serez-vous candidate au poste de premier secrétaire de la fédération de Côte-d'Or ?

«On va déjà y aller étape par étape. Il y a le vote des militants jeudi qui vont s'exprimer sur le texte. On va attendre ce moment démocratique au sein du Parti socialiste. Il y a un deuxième temps fort qui est jeudi prochain avec le vote des militants pour le premier ou la première secrétaire nationale du Parti socialiste. On verra après.»

Donc vous n'écartez pas une éventuelle candidature ?

«Je suis pour qu'il y ait un rassemblement, qu'il y ait du renouveau, qu'il y ait de la clarté, qu'il y ait du travail avec de l'enthousiasme dans ce parti dont on a éperdument besoin parce qu'on ne peut plus se permettre de perdre des militants.»

«Si, suite au vote, Nicolas Mayer-Rossignol et 'Refondations' font un très bon score, notamment ici à Dijon et surtout au sein de la fédération de la Côte-d'Or du Parti socialiste et qu'il y a des candidats, une candidate, qui incarnent ce rassemblement, ce renouveau, cet enthousiasme, cette envie de travailler, si je suis en position, je n'écarte pas ma candidature.»

Le calendrier du congrès du PS


Concrètement, le 12 janvier prochain, dans chaque section, les adhérents pleinement en possession de leurs droits statutaires procéderont à un vote physique dans chaque section portant sur les textes d’orientation.

Au niveau national, le congrès fédéral se déroulera du 13 au 15 janvier. Le premier secrétaire sera élu le 19 janvier. Le congrès à Marseille se déroulera du 27 au 29 janvier.

Puis, localement, du 2 au 23 février, les militants éliront les premiers secrétaires dans les fédérations départementales ainsi que les secrétaires de sections.

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon

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