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17/08/2022 14:10

CÔTE-D’OR : «Il s’agit de faire prendre conscience à l’ensemble des consommateurs que l’eau est rare», insiste Frédéric Carre

Le secrétaire général de la préfecture de la Côte-d’Or s’est rendu le 12 août sur des opérations de contrôles liées aux usages de l’eau en période de sécheresse, dans une zone en crise . La pédagogie est employée lors des visites auprès de différents usagers de la ressource.
Depuis début août, dans quatre des quatorze zones d’alerte du département, quatre sont en crise. Elles correspondent chacune à un sous-bassin et impactent les communes et leurs habitants qui s’y rattachent. Plus aucune zone n’est en vigilance et l’alerte est en ce moment le premier seuil de référence - le moins grave -, signe d’une sécheresse qui s’est nettement accentuée depuis les premières restrictions le 10 juin dernier. Des restrictions d’usage de l’eau évidemment renforcées aujourd’hui.

Vendredi 12 août 2022, c’est aux côtés d’agents de la Police de l’environnement de l’Office Français de la Biodiversité, mais aussi de la DTT et de la DREAL, que Frédéric Carre, secrétaire général de la préfecture de la Côte-d’Or, a pris part à une visite de contrôles relatifs aux mesures de restrictions des usages de l’eau en vigueur. Cela avant tout «dans un but non pas répressif mais d’abord pédagogique».


Des priorités à bien mesurer


Plutôt que de se déplacer pour procéder à des contraventions, l’objectif de la tournée était de «dire que tout le monde est responsable» et de faire comprendre que des usages sont aujourd’hui prioritaires.

Sur le ruisseau du Meuzin à Nuits-Saint-Georges, l’eau ne coule plus. Dans le département de la Côte-d’Or, bien que les sols karstiques favorisent leur perméabilité, c’est un des cours d’eau en assec depuis un mois qui illustre les conséquences de la sécheresse et ses répercussions sur un milieu naturel, de la flore terrestre (déficit hydrique des arbres et autres plantes) à la faune aquatique (manque de zones de refuge).

«Il s’agit de faire prendre conscience à l’ensemble des consommateurs que l’eau est rare. C’est une ressource qui devient quasiment non renouvelable et l’idée est de partager le fait que chacun est responsable, tous responsables par nos gestes quotidiens. C’est un appel à la citoyenneté et à la vigilance de tout instant. Les usagers doivent comprendre que le déficit structurel est tel que ça ne pourra au mieux que reverdir mais qu’on ne reverra pas couler de l’eau dans le Meuzin avant longtemps car les modèles ne sont plus prévisibles. L’écosystème est fragile. Ceux qui ne respectent pas ces règles qui conditionnent l’avenir de l’humanité seront sanctionnés», a alors insisté Frédéric Carre, en parlant de «modèles climatiques anciens» pour faire remarquer qu’un déficit de précipitations de 90 % est enregistré depuis le printemps en Côte-d’Or.

La préservation de l’eau est un impératif. «Et préserver l’eau, c’est d’abord l’économiser», a ajouté Frédéric Carre, en rappelant notamment que le lavage des voitures à domicile est interdit en seuil de crise.  Les priorités : «l’eau pour la santé humaine, pour la salubrité publique, pour les sapeurs pompiers, pour l’abreuvement du bétail et l’alimentation humaine».
L’occasion aussi pour le secrétaire général de la préfecture de noter que «sur les 352 secteurs contrôlés par l’Agence régionale de santé concernant de l’eau destinée à l’humain, une trentaine sont sous-tension».

La pédagogie d’abord


Menés par deux agents de la Police de l’environnement rattachée à l’OFB, les contrôles ont débuté dans la cour de la Maison des sociétés à Nuits-Saint-Georges, où plusieurs pots de fleurs et massifs restent bien fleuris malgré l’interdiction de les arroser.
«Nous allons nous assurer que la commune puise dans sa réserve d’eaux pluviales et qu’elle en a bien une. Sinon, nous lui rappellerons que c’est interdit en période de crise», a prévenu Gilles Marache, adjoint au chef de service départemental de l’OFB.

Après la pédagogie, «engagée ou non suivant le degré de l’infraction», la sanction peut aller jusqu’à 1.500 euros pour une personne physique, l’amende pouvant être plus importante pour une personne morale.

En crise, l’arrosage des pelouses et des massifs est effectivement interdit, celui du potager reste possible avant 9 heures le matin ou après 20 heures le soir. Grazia Vincenzi, habitante de Nuits-Saint-Georges ne le savait pas mais est au courant de toutes les mesures de restrictions. Les raisons de son jardin «flamboyant» en comparaison des autres parcelles de la même rue ? Deux cuves de récupération d’eaux de pluie, de 1.000 litres chacune.

Devant toutefois faire l’impasse cet été sur le nettoyage de son petit bassin, le retraitée a commis une infraction à l’interdiction : utiliser l’eau hors réserve pour arroser ses fleurs sur le balcon. «Je n’arrose qu’une fois par semaine. Je n’ai plus 18 ans pour monter des arrosoirs», s’est-elle justifiée. «Vous respectez les mesures, c’est très bien. En revanche, pour vos fleurs sur le balcon, ce n’est pas possible, attendez que la situation s’améliore», lui a répondu Philippe Loison, chef départemental de l’OFB.

Les échanges ont été cordiaux, ceux avec un agriculteur dont l’exploitation se situe à Ouges également, même s’il s’est montré méfiant au premier abord de la stigmatisation pouvant être faite sur les usages de l’eau par les exploitants de grande culture.

Adapter l’activité économique


Pour tous les types de cultures dans une zone en crise, l’interdiction d’arrosage est fixée entre 11 heures et 18 heures. En dehors de cette amplitude horaire, chaque engin d’arrosage doit comporter un numéro de matricule et un quota de consommation d’eau pouvant être puisée dans la nappe phréatique est accordé suivant le type de culture.

Depuis la mi-juin, une soixantaine de contrôles ont été effectués en Côte-d’Or, pour seulement deux contraventions adressées à des agriculteurs. «Cela montre surtout que l’agriculture est vertueuse et respecte les règles. La part d’infractions est minime», a apprécié Frédéric Carre en qualifiant d’inévitable le besoin d’adapter le monde économique à ces mesures restrictives via aussi des dérogations étudiées «au cas par cas».

C’est selon le secrétaire général de la préfecture de la Côte-d’Or «un moyen de se préparer à une gestion de l’eau qui deviendra de plus en plus compliquée». Cela en faisant en sorte d’assurer une certaine continuité de l’activité économique, «pour l’agriculture et le bétail, pour la viticulture, en pensant aussi au sapeurs pompiers pour qui des réserves pour lutter contre les incendies peuvent être financées via la DETR».

Concernant les industries, «la DREAL contrôle et règlemente pour fixer les modalités de fonctionnement des sites. Les restrictions forfaitaires d’usage de l’eau peuvent aller jusqu’à 25% de la consommation totale, adaptées en fonction de l’activité et au regard des techniques à utiliser pour les économies. La Côte-d’Or est épargnée par les activités très consommatrices d’eau. Dans le domaine de l’agroalimentaire, des dérogations sont accordées pour des questions de santé publique», a assuré Pierre Chrisment, responsable des installations classées à la DREAL Bourgogne-Franche-Comté.

«C’est plus le futur qui nous inquiète»


C’est la Direction départementale des territoires qui prépare le cadre d’application des mesures. «On bascule vers une carte de plus en plus rouge», a signifié la directrice de la DDT, Danièle Loubier.

Les franchissements de seuils et restrictions sont établies notamment selon des mesures hydrométriques effectuées par la DREAL sur différentes stations, suivies de bulletins de sécheresse hebdomadaires. Alors que le débit de crise est fixé à 145 litres par seconde, celui de la Cent-Fonts a été mesuré, sur la commune de Saulon-la-Rue vendredi 12 août 2022, à 140 litres par seconde.

Si les records de sécheresse «ne sont pas atteints dans la région», Erwan Le Barbu, chef adjoint du département Hydrométrie et gestion quantitative à la DREAL, a quand même tiré une sonnette d’alarme : «Les records pour cette période ne sont pas battus certes, mais les niveaux connus actuellement le sont habituellement plus tard dans la saison. C’est plus le futur qui nous inquiète. Les orages ne suffisent pas à améliorer la situation, ils sont trop intenses et trop rapides et le ruissellement de la pluie est évacué des rivières ou provoque des inondations. Toute l’eau qu’on peut récupérer est bonne, la végétation en a vraiment besoin, mais ça ne comblera pas du tout le déficit. Pour sortir de la sécheresse, il faudrait une à deux semaines de pluie, voire plus, en continu. Les pluies d’hiver suffisent pour l’instant à reconstituer les stocks mais c’est inquiétant».

En Côte-d’Or, 30 stations ont été établies par l’Office français de la biodiversité pour récolter les données sur les étiages, dans le cadre d’un observatoire national. «11 sont en assec», a relevé Marie Renne, directrice régionale de l’OFB, en confirmant que les contrôles sont «faits pour s’assurer que les arrêtés sont correctement appliqués, pour s’assurer de l’équité d’accès aux usages de l’eau».

Dans cette optique, Frédéric Carre a souligné un travail partenarial de plusieurs acteurs, allant des usagers à différentes échelles jusqu’aux décideurs. Une douzaine d’agents de l’OFB sont opérationnels pour ces contrôles dans le département.

Alix Berthier
Photos : Alix Berthier











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