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19/09/2022 20:21

CÔTE-D’OR : «J'entends faire de la lutte contre les stupéfiants la priorité absolue de mon action», assure le préfet Fabien Sudry

Ce lundi 19 septembre, le préfet de la Côte-d'Or a passé en revue les sujets d'actualité en insistant sur les questions de sécurité. En matière d'énergie, le représentant de l’État a mis en avant «la sobriété assumée pour éviter des coupures subies».
Après l'effervescence des Journées européennes du Patrimoine où l'hôtel Bouhier de Lantenay a accueilli près de 2.000 visiteurs en deux après-midis, le siège de la préfecture de la Côte-d'Or avait retrouvé un calme feutré ce lundi 19 septembre 2022.

Cependant, lors d'une conférence de presse de rentrée, le préfet Fabien Sudry a tenu à rappeler que, malgré le calme apparent, dans les bureaux, les services de l’État était mobilisés sur tous les fronts. Le préfet a ainsi proposé un bilan de l'été et passé en revue les sujets d'actualité au travers du prisme de la communication du gouvernement.

«Un contexte d'instabilité»


En prenant la parole, Fabien Sudry entend souligner «les dossiers prioritaires dans un contexte d'instabilité pour notre pays, pour l'Europe, pour le monde avec en particulier cette transition écologique qui s’accélère».

Une instabilité liée notamment à la guerre en Ukraine qui est venue perturber la reprise économique qui s'annonçait post-crise sanitaire et qui a jeté sur les routes de l'exil des millions de personnes dont une partie sont accueillies par la France et la Côte-d'Or en particulier (lire notre article).

Incendies et sécheresse


Deux jours avant la fin de l'été, le préfet salue «l'engagement et l'implication» des agents de l’État, sapeurs-pompiers, soignants, policiers et gendarmes qui – en dehors des sujets du quotidien – ont été mobilisés face aux incendies, à la poursuite de l'épidémie de la Covid-19 ou encore aux violences urbaines.

Durant l'été, les vagues de chaleurs successives ont conduit la préfecture à actionner le dispositif ORSEC Canicule pour «protéger les plus fragiles». La sécheresse était telle que, pour la première fois dans l'histoire du département, le préfet a interdit la fréquentation de certains massifs forestiers.

De juin à août, les agents du Service départemental de secours et d'incendie ont conduit 347 interventions. L'incendie le plus important a eu lieu à Selongey où 320 sapeurs-pompiers ont été engagés. Les agents du SDIS sont partis en renforts dans plusieurs départements dont la Nièvre, le Jura, la Gironde... (lire notre article)

À la suite de réunions du comité départemental de la ressource en eau, jusqu'à neuf sous-bassins hydrologiques ont été déclaré en crise, avant de revenir à sept actuellement (lire le communiqué). Selon le préfet, il s'agit de trouver «l'équilibre entre la préservation de la ressource en eau et la continuité des activités économiques».

«Nous avons pu éviter les ruptures d'accès aux soins»


«Des difficultés de recrutement des professionnels de santé ont généré des tensions sur le système de soins», rappelle Fabien Sudry. Ont eu lieu des réunions de l'ensemble des acteurs médicaux et médico-sociaux autour de l'agence régionale de santé pour assurer un suivi des capacités de soins. «Nous avons pu éviter les ruptures d'accès aux soins», assure le préfet.

Événement marquant de la première partie de l'été, l'incendie criminel du centre communal d'action sociale de Chenôve constitue «un acte odieux contre un lieu dédié à l'accueil de nos concitoyens les plus fragiles». L'enquête judiciaire est en cours.

Sur place, Olivier Klein, ministre de la Ville et du Logement, a confirmé que l’État soutiendra financièrement la rénovation du CCAS (lire notre article) et a effectué un point sur les opérations de rénovation urbaine du quartier du Mail. «L’État tiendra ses engagements», relaie le préfet.

Moins de voitures brûlées, moins de rodéos urbains


En réaction à ces violences urbaines, le déploiement d'un dispositif policier a mené à une augmentation de 30% des gardes à vue sur le secteur. «Cela a garanti une situation plus calme et un été plus paisible, les faits de violences urbaines ont été nettement moins nombreux à partir du 14 juillet», indique-t-il.

À Dijon et Chenôve, les incendies de véhicules sont passés de 39 en août 2021 à 7 en août 2022.

Dans le prolongement des instructions du ministre de l'Intérieur, à partir du 8 août, cinq opérations de contrôles des rodéos motorisés ont été menées chaque jour par les policiers et les gendarmes (lire notre article). Cela a abouti à 214 opérations et  1.184 personnes contrôlées suivies de 172 verbalisations, 12 interpellations et 14 véhicules saisis.

«Nous avons constaté un nombre de rodéos nettement moins important que les étés précédents ; nous allons poursuivre l'action pour combattre ces phénomènes qui portent atteinte à la tranquillité publique», insiste le préfet.

Une «amélioration continue du taux d'encadrement» à l'école


«Depuis cinq ans, l’État dégage sur le premier degré des moyens considérables», assure le préfet au chapitre de l'éducation. Là où le nombre d'élèves diminue de 2.700, le nombre de postes d'enseignants augmente de 33. «Il y a une amélioration continue du taux d'encadrement.» (lire notre article)

Des moyens qui permettent de «poursuivre le dédoublement des classes en réseau d'éducation prioritaire, de maintenir un réseau dense d'écoles en milieu rural et de poursuivre l'accueil des personnes en situation de handicap». 99% des écoles sont sous le plafonnement de 24 élèves par classe.

«Des mesures massives» pour le pouvoir d'achat


La rentrée des services de l’État s'effectue avec trois mots d'ordre fixé par le gouvernement : «protéger les concitoyens, accompagner dans les transitions écologiques et démocratiques et anticiper pour montrer le chemin à l'ensemble des acteurs de la société».

La dimension de protection concerne les effets de l'inflation et de la hausse des coûts de l'énergie. «Des mesures massives ont été prises pour soutenir le pouvoir d'achat des Français», souligne Fabien Sudry, «la France l'a fait plus tôt avec des moyens considérables par rapport à d'autres pays».

Et de citer la remise à la pompe, le bouclier tarifaire des prix de l'énergie, le futur chèque énergie renouvelé, l'aide pour le chauffage au fioul.

Une «grande fermeté» face à la délinquance


La protection concerne aussi les questions de sécurité alors que, après les confinements lors de la crise sanitaire, les faits de délinquance et de troubles à l'ordre public ont connu une reprise.

Avec un ton grave, Fabien Sudry assure une «grande fermeté» en réponse : ««notre action va s'amplifier pour lutter contre les trafics de toute nature, (...) j'entends faire de la lutte contre les stupéfiants la priorité absolue de mon action et des forces de l'ordre». Ce qui passera par «un harcèlement continu des points de deals pour perturber les dealers et verbaliser les consommateurs». Sans oublier de «contrôler les commerces qui sont suspectés de blanchir l'argent».

Notamment, le 16 septembre dernier, la CRS 8 a été dépêchée à Chenôve. Un guetteur a été interpellé, écroué et condamné à six mois de prison.«Une action immédiate de la justice», commente le préfet qui indique que, depuis le début de l'année 987 opérations de lutte contre les trafics de sutpéfiants ont été conduites (soit +30% en deux ans), aboutissant à l'équivalent de 19,2 millions d'euros de saisies. «Cela n'avait jamais été fait dans le département de la Côte-d'Or, (…) cela de l'intensité des trafics et de l'action résolue de nos forces de l'ordre.»

Deux points de deals auraient été démantelés à l'échelle de l'agglomération.

Durant la semaine en cours, 60 policiers sont venus temporairement en renfort pour intervenir à Dijon et Chenôve. Cela pour «assurer une présence plus visible sur l'espace public» et répondre à l'objectif gouvernemental de «doubler la présence [des policiers] en 5 ans».

Augmentation des effectifs de policiers et de gendarmes


«Les effectifs de police et de gendarmerie se renforcent», appuie le préfet avec, au niveau départemental, des effectifs de police passant 448 en 2017 à 541 aujourd'hui (soit +14% en cinq ans). D'autres arrivée de personnels pourraient être annoncées prochainement.

En Côte-d'Or, les gendarme comptent gendarmes 748 militaires d'active et 347 réservistes. Ces derniers mois, ont été créés un nouveau peloton de gendarmerie spécialisé sur le site de Valduc avec 85 gendarmes et une brigade spécialisée sur la protection des familles avec 5 gendarmes (lire notre article).

Récemment, a été annoncée l'arrivée d'un nouvel escadron de gendarmerie mobile à Dijon (soit 120 militaires). De plus, la Côte-d'Or sera concernée par les nouvelles brigades déployées sur tout le territoire. La concertation avec les élus locaux est en cours pour définir les communes concernées.

Dijon compte nombre d'institutions de sécurité publique et de justice


«Dijon devient un pôle majeur d'implantation pour le ministère de l'Intérieur avec trois unités de forces mobiles ainsi qu'une unité à Beaune», résume le préfet, «peu de départements ont un telle implantation sur leur sol». Par ailleurs, l'école de gendarmerie à Longvic est en passe de devenir «la plus importante du pays».

Avec la fusion des régions de gendarmerie de Bourgogne et de Franche-Comté, l'état-major est installé à Dijon (lire notre article).

Parallèlement, la justice compte notamment, à Dijon, l’École nationale des greffes, la cour d'appel et la direction interrégionale de l'administration pénitentiaire.

«Les offres d'emploi sont désormais supérieures à la demande d'emploi»


Dans le champ de l'emploi, la préfecture compte «accompagner les acteurs de la société» et «soutenir les entreprises qui créent de l'activité». «La croissance résiste», indique le préfet avec un taux de chômage en Côte-d'Or s'établissant à 5,5% au premier trimestre 2022.

«On n'a jamais connu une situation de chômage aussi faible», commente-t-il, «les offres d'emploi sont désormais supérieures à la demande d'emploi» car «il y a une dynamique de création d'activité», ce qui «génère des tensions de recrutement».

Dans ce contexte, l'exécutif réagit par la mobilisation des acteurs de l'emploi et le déploiement de l'apprentissage ou encore du contrat engagement jeunes. (1.222 jeunes impliqués en Côte-d'Or). Pôle Emploi proposera prochainement un nouveau parcours de remobilisation aux chômeurs de longue durée.

«Accélérer les projets d'énergies renouvelables»


En matière d'énergie, au-delà de la crise en cours, l'objectif de l'exécutif est «d'accélérer les projets d'énergies renouvelables afin de tendre vers une économie bas carbone».

Actuellement, 22,3% de la consommation d'électricité en Côte-d'Or est fournie par des installations d'énergies renouvelables (contre 17% en Bourgogne-Franche-Comté). Avec 32 éoliennes, la Côte-d'Or compte un tiers de la capacité de la région.

L'exécutif misant sur le développement de l'éolien offshore, les déploiements de parcs éoliens devraient être peu nombre. Le préfet voit plutôt «une dynamique à encourager» du côté du solaire photovoltaïque, de l'hydraulique, de la méthanisation, la biomasse et l'hydrogène. Ainsi, 22 projets de fermes solaires sont en cours d'instruction – «sans concurrence avec les terres agricoles» –, ainsi que 16 projets de méthaniseurs et 150 de chaufferies bois-énergie.

Le représentant de l’État assure que «les projets seront conduits en concertation avec les collectivités en associant la population». Pour cela, sera installé un comité départemental énergie résilience : «l’État accompagnera les dynamiques locales».

Au niveau national, sera créé en 2023 un fonds soutien aux transitions doté de 1,5 milliard d'euros pour soutenir les investissements des collectivités.

En Côte-d'Or, 30 millions d'euros ont déjà été attribués aux collectivités dans le cadre de France relance.

Il n'y a plus d'attaque imputée aux loups en Côte-d'Or depuis plusieurs mois


Parent pauvre de la transition écologique, la préfet aborde le sujet de la biodiversité en évoquant les grands prédateurs tout en se félicitant que le département n'ait pas connu depuis 18 mois d'attaque de troupeau imputée à des loups. Fabien Sudry indique s'être rendu dans un élevage attaqué en 2021 où il avait «ressenti la détresse de cet éleveur».

En revanche, les éleveurs du Doubs, du Jura et de la Saône-et-Loire ont connu des prédations ces derniers mois.

«La politique du gouvernement sur cette question est de trouver l'équilibre entre la préservation de cette espèce et la protection de nos éleveurs», rappelle le préfet. «Il y a un plan national loup qui s'attache à mieux connaître le nombre de loup pour définir l'équilibre de reproduction et les comptages font apparaître qu'il devrait y avoir de l'ordre de mille loups, principalement concentrés dans les zones montagneuses, notamment dans les Alpes».

Cet «équilibre» passe par des tirs de défense pour «protéger les élevages». Des tirs sont autorisés, uniquement en cas d'attaque, par le préfet de département sous l'autorité d'un préfet coordonnateur (actuellement Pascal Mailhos, ancien préfet de la Côte-d'Or).

Les tirs sont encadrés, les éleveurs sont indemnisés et l’État participe financièrement à l'installation de dispositifs de protection. Un statut du chien protecteur de troupeaux devrait être prochainement instauré.

Des lynx sont présents en Côte-d'Or


Le préfet de Bourgogne-Franche-Comté est préfet coordonnateur national lynx puisque le grand prédateur est majoritairement présent dans le Jura, même s'il se déplace vers les Vosges et la Côte-d'Or (lire le communiqué). On estime la population à 250 individus.

«Le rapport aux animaux domestique est très différent, il y a très peu d'attaques», souligne le préfet pour qui l'animal est «un signe de biodiversité». Il n'y a d'ailleurs pas d'attaque de troupeau recensée à ce jour en Côte-d'Or.

«Développer la culture de la prévention du risque incendie»


Le préfet l'assure, l’État va «anticiper» sur les sujets qui se sont révélés prégnants durant l'été.

La prévention des incendies passera, au niveau national, par «une adaptation des moyens de sécurité civile» et par une sensibilisation pour «développer la culture de la prévention du risque incendie».

Avec le SDIS 21, l'AMF 21 et les gestionnaires d'espaces forestier, un groupe de travail sera créé pour mieux définir le risque incendie en pointant les accès aux massifs, la ressources en eau disponible et espèces adaptées à planter. Il s'agit de «gérer la situation en préservant nos capacités opérationnelles». Pour cela, «la mobilisation des volontaires est une clé de l'engagement». d'où le schéma du volontariat adopté par le SDIS 21.

En ce qui concerne la sécheresse, le bilan de l'été incite le préfet à poursuivre les actions consistant à interconnecter les réseaux d'eau : «nous avons pu éviter des ruptures d'approvisionnement en eau potable grâce au travail régulier de partage d'information et d'ajustement».

«La sobriété assumée pour éviter des coupures subies»


En matière d'énergie, alors que la communication du gouvernement oscille entre annonces alarmistes et mises au point nuancées. Le préfet résume : «c'est la sobriété assumée pour éviter des coupures subies».

La ministre de la Transition énergétique l'a rappelé lors de sa venue à Dijon, il s'agit de diminuer la consommation d'énergie de 10% d'ici fin 2023 (lire le communiqué).

Au niveau départemental, en fonction de différents scénarios, les services de l’État travaillent à des plans de délestage pour l'électricité qui consistent à définir les usagers prioritaires, généralement la santé et les secours. Idem pour le gaz.

En Bourgogne-Franche-Comté, ont été identifiés 250 sites qui sont au-dessus de 5 GW de conso annuelles en gaz. Ils ont reçu un questionnaire de GRT Gaz et de GDRF pour indiquer leur contrainte de production.

«Nous avons les capacités pour surmonter les difficultés»


Dans ce contexte, «l’État doit être exemplaire». Cela passe par le chauffage des bureaux à 19°, la maîtrise des outils informatiques et l'éclairage avec des LEDs.

Un programme de rénovation énergétique des bâtiments de l’État est déjà engagé. Il concerne notamment à Dijon la cité Porte Neuve, le centre des impôts, et, à Beaune, la sous-préfecture. Il sera également décliné au niveau de la caserne de gendarmerie Deflandre.

«Nous avons les capacités dans notre pays, dans notre peuple, pour surmonter les difficultés», souligne le préfet qui mentionne pour cela les valeurs de «l'engagement, du travail, de la solidarité et du dialogue».

Jean-Christophe Tardivon


Drapeau en berne à la préfecture de la Côte-d'Or, ce lundi 19 septembre 2022, suite au décès d'Elizabeth II