Le déjeuner commence par une assiette de jambon persillé. Pas de doute, Joël Giraud est en Côte-d'Or. L'approvisionnement est local : le secrétaire d’État chargé de la Ruralité est à Baigneux-les-Juifs, au nord-ouest de Dijon, dans le Châtillonnais.

Le restaurant Le Calmagne accueille la délégation qui participe au voyage officiel. Il s'agit d'un café multiservices, labellisé «1.000 cafés», qui a ouvert en octobre 2020 pour redynamiser le village.

Le secrétaire d’État auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ruralité, est accompagné par Isabelle Bourion, sous-préfète de l'arrondissement de Montbard, et accueilli par le maire de la commune Didier Robin (sans étiquette).


Parmi la délégation sont présents notamment les parlementaires de la Côte-d'Or Yolaine de Courson (apparentée Modem), Fadila Khattabi (LREM) et François Patriat (LREM) ainsi que le vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté Patrick Molinoz (PRG-Centre gauche), les conseillers départementaux de la Côte-d'Or Hubert Brigand (divers droite) et Valérie Bouchard (divers droite), le président de la communauté de communes du Pays Châtillonnais Jérémie Brigand (divers droite), le président de l'AMF 21 Ludovic Rochette (divers droite) et le président de l'Association des Maires Ruraux de la Côte-d'Or Bruno Bethenod (sans étiquette).

«La Côte-d'Or sans bistrot, ce ne serait plus la Côte-d'Or»

«S'il n'y a plus de lieu de rencontre, plus de lieu de convivialité, les villages disparaissent», analyse Joël Giraud. «Quelques fois certains commerces disparaissent mais c'est quand le bistrot du village disparaît que le village lui-même n'a plus aucune âme.»

«La Côte-d'Or sans bistrot, ce ne serait plus la Côte-d'Or. Dans un pays avec une telle réputation vitivinicole, ne plus avoir de café, ce serait complètement impossible», s'esclaffe le secrétaire d’État en prenant place en bout de table.

Aider les derniers cafés des villages de moins de 3.500 habitants

Depuis l'automne 2019, le programme 1.000 cafés, porté par le Groupe SOS et soutenu par le ministère de la Cohésion des territoires, a pour but d'«aider les cafés ruraux à rebondir et à innover». Auparavant dédié à la création de café, le dispositif a évolué.

En septembre 2021, en lien avec les maires volontaires, le ministère a lancé un dispositif complémentaire pour accompagner la transformation de cent cafés existants en café multiservices. La condition est d'être le dernier café d'un village de moins de 3.500 habitants.

À la suite d'un conventionnement, le gérant bénéficie alors d'expertises, de formations collectives et des outils du programme 1.000 cafés. Actuellement, une centaine de cafés sont déjà entrés dans le programme qui vise donc à atteindre le millier d'établissements en zone rurale.

«Faire en sorte que certains cafés ne disparaissent pas»

«C'est la deuxième vague de 1.000 cafés», s'enthousiasme Joël Giraud, «c'est à dire faire en sorte que certains cafés ne disparaissent pas». «Quand le café du village revit, les gens reviennent, il y a une convivialité, les associations peuvent se réunir et, tout de suite, on est sur une autre logique en termes d'animation d'un village. (…) C'est aussi le lieu aussi où l'on fait ce qui maintenant est quand même important, c'est à dire de la proximité en termes d'alimentation.»

«Le Covid, c'est la revanche de la ruralité»

Après plusieurs faillites survenues dans l'établissement précédent, la municipalité de l'ancien chef lieu de canton a pris à bras le corps le dossier et recherché une solution pour pérenniser le café.

Accompagnée par le Pôle d'économie solidaire de l'agglomération dijonnaise (PESAD), elle a eu connaissance du programme 1.000 cafés et a candidaté au point d'être un des tout premiers dossiers retenus. Las, à l'automne 2020, la crise sanitaire n'a pas permis d'inauguration en grandes pompes.

En revanche, l'épidémie de la Covid-19 a induit quelques effets positifs au niveau de Baigneux-les-Juifs. Là, «où il n'y a pas eu de ventes en dix ans, dix-huit maisons se sont vendues depuis le Covid», signale François Patriat pour qui «le Covid, c'est la revanche de la ruralité».

Une nouvelle crèche pour le village

Une association a été créée pour «intégrer» les nouveaux arrivants et un établissement d'accueil de jeunes enfants a été cofinancée par la communauté de communes du Pays Châtillonnais. «C'est du service public», ponctue Jérémie Brigand.

En plus de l'offre de restauration, le nouveau café mutliservices géré par Pauline Bergeret propose un point presse, un stand de la Française des Jeux, des produits locaux, des produits du commerce équitable, un dépôt de gaz ou encore la collecte de stylos et de piles pour recyclage.