Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Côte d'Or > Côte d'Or
06/04/2022 17:12

CÔTE-D’OR : Le collectif «Plus jamais ça !» appelle à la rupture pour un avenir conjuguant emploi et écologie

À l’approche de l’élection présidentielle, le collectif côte-d’orien s’est présenté mardi 5 avril telle la déclinaison du collectif national portant un plan de rupture écologique et social. Localement, l’implantation d’Amazon à Longvic est fustigée.
Au niveau national, le collectif «Plus jamais ça !» a été créé en janvier 2020 par huit organisations : Attac, la CGT, la FSU, Solidaires, Oxfam, Greenpeace, les Amis de la Terre et la Confédération Paysanne. Il est né «de la volonté de changer les termes du débat et de défendre une vision profondément sociale et environnementale de notre société», en n’opposant pas l’écologie à l’emploi mais en souhaitant les faire se converger. Le collectif se compose désormais d’une trentaine d’organisations.

Un plan de sortie de crise avait été publié en mai 2020. Un an plus tard, le collectif a produit un nouveau rapport intitulé «Pas d’emploi sur une planète morte». Aujourd’hui, un plan de rupture écologique et social est présenté.


À l’échelle de la Côte-d’Or - le Confédération Paysanne étant «occupée par d’autres dossiers actuellement» -, sept des huit organisations citées sont porteuses de la déclinaison du collectif, dont elles ont expliqué la raison d’être mardi 5 avril 2022 à la Bourse du travail à Dijon.
À quelques jours du premier tour de l’élection présidentielle, la date de cette conférence de presse inaugurale ne fut «pas choisie par hasard», a d’abord tenu à préciser Agnès Salomon, porte parole d’Attac 21 avec Michel Manuélian. Les membres du collectif ont d’ailleurs appelé à un «rejet dans les urnes des politiques néo-libérales et des idées d’extrême-droite».
Le nom du collectif est une sorte de «contrepied» aux expressions prononcées par Emmanuel Macron durant la crise sanitaire et la guerre contre l’épidémie.

Concernant leurs revendications, les intervenants ont souligné que le plan de rupture est fort de 36 propositions. D’autant plus que, selon eux, «Emmanuel Macron n’a pas retenu les leçons de la pandémie» et les orientations prises depuis «ont accéléré l’impasse économique et écologique dans laquelle nous nous trouvons».

Pour «des droits rattachés à l’humain et non au contrat de travail»


«Si les salaires avaient augmenté autant que les dividendes durant la crise, le smic serait à 2.740 euros bruts», a fait remarquer Jean Phulpin de l’Union départementale CGT de Côte-d’Or, en plaidant pour un temps de travail hebdomadaire à 32 heures «sans perte de salaire», une garantie du statut salarié «basée sur une sécurité sociale professionnelle qui permettrait un maintien des droits en cas de perte d’emploi», la reconnaissance du Covid long «comme maladie professionnelle».

Sur le volet de l’emploi, le collectif «Plus jamais ça !» veut que l’on redonne du sens au travail et «que les droits soient rattachés à l’humain et non au contrat de travail».

En s’appuyant sur plusieurs propositions du plan de rupture, Agnès Salomon a ajouté qu’«il faudrait 100.000 recrutements pour l’hôpital» et même «un million d’emploi dans l’agriculture, en disant non à l’agriculture numérique».

Co-secrétaire du syndicat FSU 21, Françoise Lyon a alerté sur «le risque de perte du statut de fonctionnaire» tout en fustigeant, sur la question des services publics, «une décentralisation pour mieux masquer le désengagement de l’État» ou encore «une dématérialisation, source d’inégalités aux services».
«Le service public ne coûte pas cher, c’est un choix de financement», s’est-elle indignée. «Et s’il est privatisé, il coûte plus cher», a ajoute Michel Manuélian.

Nouvelles tranches d’impôt et rétablissement de l’ISF


Quant au financement des propositions, Jean Dupraz et Dominique Lalire, membres d’Oxfam, ont étayé de chiffres plusieurs mesures : «Avec la progressivité de l’impôt sur le revenu en créant de nouvelles tranches, on pourrait récolter 10 à 20 milliards d’euros de plus. Il faut également supprimer la flat-tax».
La progressivité de la CSG est également préconisée sans oublier le rétablissement de l’ISF, «avec la création d’un ISF climatique qui serait évalué en fonction des pratiques des uns et des autres, écologiques ou non».

Oxfam est aussi «pour le respect de critères sociaux et environnementaux dans l’attribution d’aides publiques». Parmi les autres mesures à instaurer : «la hausse de la taxe de 0,3 % à 0,5 % sur toutes les transactions financières, y compris intra-journées ; la révision de la liste des paradis fiscaux et du reporting pays par pays».

Quand bien même l’élection présidentielle approche, le collectif côte-d’orien reste lucide sur son poids, n’éludant pas non plus le fait qu’il serait utopique que les propositions, toutes connotées à gauche et même plus, s’adressent à tout l’électorat. Mais la mobilisation compte quand même.
«Le but est d’éveiller les consciences, que les gens s’approprient ces problématiques. On ne pense pas qu’à demain ou dimanche, on voit plus loin», a affirmé Dominique Lalire. «Il s’agit d’éducation populaire et citoyenne», a souligné Frédéric Pissot, convaincu de la convergence des luttes.

«Se mobiliser pour la question du bien commun en général»


Dans les dossiers locaux à enjeu, le secrétaire général de l’UD CGT 21 a pointé du doigt Amazon à Longvic, site devant lequel le collectif a organisé un rassemblement. Derrière le «tout beau tout rose de la cinquantaine d’emplois», Frédéric Pissot a retenu «des cadences minutées et une ubérisation des livreurs, 250 emplois périphériques précaires». En dénonçant «la spéculation d’Amazon sur le papier».
Dans un autre domaine, industriel, des inquiétudes ont été exprimées sur la reprise de Vallourec à Montbard par le groupe Mutares, «le Bernard Tapie allemand et le risque de voir l’argent public disparaître».

Selon Frédéric Pissot, les luttes ne sont pas vaines, en témoigne le sauvetage de la Chapelle Darblay en Seine-Maritime, dernier site français fabricant de papier 100 % recyclé : «Quand la mobilisation et le projet de survie sont montés par les salariés, on trouve une utilité publique. Notre collectif, c’est se mobiliser pour la question du bien commun en général». La remunicipalisation de la Chocolaterie de Bourgogne a été évoquée tel «un projet solide».

En Côte-d’Or, le collectif «Plus jamais ça !» a été rejoint depuis sa création par d’autres organisations telles que la Ligue des Droits de l’Homme, la CNT et les Amis des jardins de l’Engrenage.
Parmi les autres actions mises en place, la journée du 8 mars a donné l’occasion de débattre sur la place des femmes dans la société.

Alix Berthier
Photo : Alix Berthier



Infos-dijon.com - Mentions légales