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28/06/2022 19:54

CÔTE-D’OR : «Mon objectif est de faire entendre la voix du monde rural», déclare Hubert Brigand

À l'approche de la séance d'installation de l'Assemblée nationale, le nouveau député LR de la quatrième circonscription a incité l'exécutif national à «penser au monde rural». «J'attends des propositions concrètes dans ce domaine du président de la République et du gouvernement», a-t-il déclaré ce lundi 27 juin.
Élu local depuis des décennies, Hubert Brigand est devenu élu national au soir du second tour les législatives, le 19 juin dernier. Le maire de Châtillon-sur-Seine avait été investi par Les Républicains et l'UDI et a d'ailleurs adhéré à LR pour l'occasion, après avoir été encarté au RPR par le passé puis étiqueté divers droite ces dernières années.

Dans les urnes, Hubert Brigand (LR-UDI) l'a donc emporté par 60,68% des voix face à Jean-Marc Ponelle (RN) et ses 39,32% des voix, cela dans un contexte de large «front républicain» et d'un très bon report des voix divers droite, centre et divers gauche. À l'Assemblée nationale, le nouveau député siégera dans les rangs des Républicains.

Applications du non cumul des mandats


Du fait de la loi sur le non cumul des mandats, Hubert Brigand a démissionné de l'assemblée départementale où il siégeait depuis 1988 et était dernièrement vice-président. Il sera remplacé par Christophe Verdot (LR), agriculteur et conseiller municipal de Villaines-en-Duesmois.

À Châtillon-sur-Seine, Hubert Brigand conserve son mandat de conseiller municipal mais ne peut plus être maire. Si le conseil vote en ce sens courant juillet, Roland Lemaire (LR), actuel adjoint aux finances, lui succédera.

Ce lundi 27 juin 2022, à l'issue de sa dernière participation à une session du conseil départemental de la Côte-d'Or, Hubert Brigand a répondu aux questions d'Infos Dijon.

«C'est une reconnaissance du contenu de ma campagne»


Quelle a été votre première réaction le 19 juin au soir ?

«Ma première réaction a été un sentiment de fierté. C'est une reconnaissance par les électeurs, je pense du travail et aussi du contenu de ma campagne. Restons modeste parce que le plus dur reste à faire. On a vu qu'il n'y a pas de majorité à l'assemblée donc il va y faire des décisions lourdes à prendre.»

«J'ai souhaité être candidat pour représenter le monde rural qui a quand même été mis de côté depuis très longtemps. On n'a pas du tout les mêmes avantages qu'en ville et on n'est pas du tout considéré comme les grosses métropoles ou la région parisienne donc mon objectif est de faire entendre la voix du monde rural et je serai vigilant sur des lois qui tendraient encore à nous affaiblir comme il y en a déjà eues pas mal dans le passé.»

Vous avez bénéficié d'un front républicain pour votre élection...

«J'ai bénéficié déjà, pour être au deuxième tour, d'une bonne campagne sur le terrain puisque j'ai fait en gros 350 réunions. (…) Au deuxième tour, il y a un certain nombre de candidats et d'électeurs qui se sont rassemblés sur mon nom/ Je dirais : pourquoi pas !? Je les remercie et maintenant au travail !»

Il y a eu des tensions lors de ces élections législatives entre Les Républicains et la fédération départementale de Côte-d'Or de l'UDI. Tendrez-vous la main à l'UDI de Côte-d'Or ?

«Il y a très longtemps que j'ai tendu la main à l'UDI et à tout le monde d'ailleurs. Je ne suis pas un élu de tension, je suis un élu qui essaie d'être dans la clarté et de rassembler au maximum.»

«Au niveau national, j'ai été reconnu comme étant en 2022 le meilleur candidat par les LR et par l'UDI. J'en suis très fier et je les remercie. Les tensions locales se régleront en interne et je n'ai pas à y participer».

Pourquoi ce choix de conserver votre mandat de conseiller municipal plutôt que conseiller départemental ?

«J'ai à [Châtillon-sur-Seine] un certain nombre de dossiers qui viennent de s'ouvrir et, en accord et en partenariat avec le premier adjoint qui va me remplacer, je continuerai, en tant que conseiller municipal, de suivre ces dossiers qui vont, pour la plupart encore durer deux ou trois ans.»

«Je veux rester actif pour ma ville et présent.»

«J'ai basé ma campagne sur le désespoir de la ruralité»


Serez-vous un député «LR constructif» voire «Macron-compatible» ?

«Pour être Macron-compatible, il faudrait que le président de la République donne des signes forts aux habitants du monde rural, ce qui n'a jamais été le cas, ni quand il est dans son mandat de président, ni quand il était ministre du président Hollande, socialiste.»

«J'ai basé ma campagne sur le désespoir de la ruralité et le fait, après avoir pensé aux villes et aux banlieues et aux métropoles, il fallait enfin que l'on pense un petit peu au monde rural. J'attends des propositions concrètes dans ce domaine du président de la République et du gouvernement.»

La quatrième circonscription, territoire sans ville de plus de 10.000 habitants


Sur les deuxième et troisième circonscriptions, qui englobent en partie Dijon, on a analysé qu'il y avait eu un fort report des voix des électeurs ruraux en direction des candidats soutenant l'action d'Emmanuel Macron. On peut supposer que ces électeurs ont préféré un candidat Ensemble à un candidat de la NUPES. Qu'est-ce qui a manqué au niveau de la quatrième circonscription en matière de ruralité pour trouver satisfaisante l'action du président sortant et maintenant réélu ?

«On ne peut pas comparer le milieu rural des deuxième et troisième circonscriptions, qui est un milieu de grande banlieue finalement – ce sont des habitants urbains qui sont venus habiter dans ces endroits-là – avec la vraie ruralité de la quatrième circonscription, avec des communes très petites, très éloignées de la métropole. Il n'y a donc pas du tout les mêmes problèmes dans le milieu rural proche de Dijon et le milieu rural de la quatrième circonscription.»

«C'est une des rares circonscriptions, peut-être même la seule en France, qui n'a pas de ville de plus de 10.000 habitants. Je ne manquerai pas de mettre cette particularité en avant pour justifier mon combat pour la défense du monde rural.»

«Nous sommes Français comme tout le monde»


Quel projet allez-vous porté particulièrement qui puisse être entendable par la majorité relative ?

«Est-ce que l'on continue de fermer des classes avec les mêmes critères du côté de Grancey-le-Château qu'à Paris ? Est-ce qu'on continue de déshabiller nos hôpitaux ruraux ?»

«Est-ce que l'on continue de dire que l'on va dématérialiser toute la France au 31 décembre alors que la moitié des habitants de a quatrième circonscription n'ont pas un accès correct à Internet à la date d'aujourd'hui ?»

«La France, ce n'est pas que Paris. C'est aussi Courlon, Savigny-sous-Mâlain, etc. Il ne faut pas l'oublier. Nous sommes Français comme tout le monde.»

Une nouvelle demande pour accueillir un établissement pénitentiaire


Allez-vous réactiver votre projet proposant d'installer un établissement pénitentiaire dans les environs de Châtillon-sur-Seine ?

«Bien sûr puisque l'on s'aperçoit qu'il y a une surpopulation carcérale depuis vingt ans. Plus on en parle, plus le problème perdure. (…) On est encore à 120 ou 130% de taux d'occupation [NDLR : au 1er janvier 2022, selon le ministère de la Justice, le taux d'occupation des établissements pénitentiaires français s'établissait à 135% ; une moyenne régulièrement contestée par l'Observatoire international des prisons qui estime que des quartiers masculins de certains lieux de détention sont bien au-delà de ce taux].»

«On veut imposer des établissements pénitentiaires à des villes qui n'en veulent pas (…) et le gouvernement persiste. J'ai fait une vraie demande il y a une vingtaine d'années, tout le monde a fait la sourde oreille, tous gouvernements confondus.»

«[Dans le Châtillonnais], c'est une attente pour des raisons diverses. Entre autres, cela générerait de la vraie activité économique. (…) Il n'y a pas besoin d'une prison soit au milieu d'une grande ville. Elle peut être à proximité d'une ville de 6.000 habitants qui a tous les services à offrir non seulement aux prisonniers mais aussi aux salariés pénitentiaires.»

«J'ai pris connaissance des rouages de l'Assemblée»


Comment se sont passés vos premiers pas à l'Assemblée nationale ?

«J'avais eu plaisir déjà à aller visiter l'Assemblée nationale. Quand on est élu, on voit le palais Bourbon d'une autre façon. Ça s'est bien passé. J'ai pris connaissance des services administratifs, un peu des rouages de l'Assemblée. Je vais peaufiner la suite cette semaine.»

Les recrutements des futurs collaborateurs parlementaires de Hubert Brigand sont en cours et seront finalisés dans les prochaines semaines. Sa toute première séance publique de la XVIème législature s'est déroulée ce mardi 28 juin.

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon

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