
La Côte-d'Or compte un nouveau député, passé par le Parti socialiste avant de soutenir Emmanuel Macron. «J'ai ressenti un sentiment de fierté de pouvoir œuvrer pour l'intérêt des citoyens comme quand j'étais adjoint au maire», a déclaré Philippe Frei, ce vendredi 21 juillet.
Tout député devenant ministre est suppléé à l'Assemblée nationale le temps que dure sa fonction. Ainsi, la Côte-d'Or compte un nouveau député en la personne de Philippe Frei (REN), suppléant de Fadila Khattabi (REN) sur la troisième circonscription.
En effet, ce jeudi 20 juillet 2023 Fadila Khattabi a été nommée ministre déléguée chargée des Personnes handicapées auprès de la nouvelle ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé (
lire notre article). Au lendemain de cette nomination, Philippe Frei a répondu aux questions d'
Infos Dijon.
De l'électrotechnique aux projets immobiliers d'Enedis
Né en 1968, Philippe Frei est pacsé et père de deux enfants de 17 et 13 ans. Professionnellement, de profil bac pro et BTS électrotechnique, il a gravi les échelons chez Enedis, où il est entré en 1996, passant progressivement des travaux d'exécution à des fonctions d'encadrement.
Aujourd'hui, il est responsable de projets de travaux immobiliers en Alsace et en Bourgogne-Franche-Comté au sein du gestionnaire du réseau de distribution d'électricité.
Philippe Frei revendique une «sensibilité de centre-gauche»
Politiquement, Philippe Frei revendique une «sensibilité de centre-gauche». Dans les années 2000, il a milité au PS de Genlis, puis participé à la campagne de Kheira Bouziane (PS) – élue députée de la troisième circonscription de 2012 à 2017 – mais a rendu sa carte en 2014 : «je n'étais plus tellement en accord avec ce que je rencontrais dans le parti».
En 2008, Philippe Frei a été élu conseiller municipal de Collonge-et-Premières, sur une liste sans étiquette et est devenu adjoint au maire et conseiller communautaire de la Plaine dijonnaise. Cela jusqu'en 2014.
«Hors du champ politique» jusqu'en 2017, Philippe Frei a fait la connaissance de Fadila Khattabi, alors conseillère municipale de Varois-et-Chaignot après avoir été vice-présidente du conseil régional de Bourgogne durant la présidence de François Patriat.
Celle-ci lui propose d'être son suppléant aux législatives : «on avait une harmonie sur les idées». Philippe Frei avait suivi l'émergence d'Emmanuel Macron et avait noté avec intérêt «cette idée de faire de la politique autrement en allant chercher les bonnes volontés, les idées qu'elle soient de droite ou de gauche, ça ressemblait à ce que j’avais connu quand j’étais adjoint au maire d'un village». Réélu en 2022, Fadila Khattabi a reconduit son suppléant.
«Je suis loyal et fidèle à Fadila Khattabi depuis 2017»
Devenue présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, Fadila Khattabi avait dû progressivement espacer les appels à Philippe Frei. Aussi, quand, ce jeudi midi, le nom de la députée s'est affiché sur l'écran du téléphone, il s'est douté d'une annonce importante. Matignon venait de proposer, le matin même, à Fadila Khattabi de porter la thématique du handicap.
«Elle voulait s'assurer si j'acceptais de la suppléer à l'Assemblée nationale», explique Philippe Frei. «Je suis loyal et fidèle à Fadila Khattabi depuis 2017. Quoiqu'il arrive, je m'inscrirai dans la continuité de ce qu'elle a fait au plan local et au plan national et je serai un vrai soutien de notre président de la République.»
«J'ai ressenti un sentiment de fierté de pouvoir servir mon pays»
«Ma première réaction ? J'ai été très heureux pour elle, c'est mérité au regard du travail qu'elle effectue et de son implication. C'est un honneur pour moi de la suppléer temporairement à l'Assemblée nationale. J'ai ressenti un sentiment de fierté de pouvoir servir mon pays et de pouvoir œuvrer pour l'intérêt des citoyens comme quand j'étais adjoint au maire», poursuit-il.
Conscient qu'il s'agit d'«un bouleversement professionnellement», le nouveau député a informé sa hiérarchie pour envisager une nouvelle organisation.
Les services de l'Assemblée nationale doivent également le contacter pour procéder à son entrée en fonction. Les vacances parlementaires approchant, les premiers pas à l'Assemblée nationale ne se feront probablement pas avant septembre.
«J'ai découvert ce que c'est que l'activité d'un député sur le territoire en circonscription»
De quelles façons avez-vous travaillé aux côtés de la députée depuis 2017 ?
«Depuis 2017, j'ai eu à la représenter lors de certains événements en circonscription. C'est arrivé assez souvent. C'est une chance au premier mandat comme au début du deuxième d'être considéré par la député et sollicité.»
«J'ai découvert ce que c'est que l'activité d'un député sur le territoire en circonscription, à l'occasion d'un déplacement ministériel, des rencontres avec des élus locaux ou des dirigeants d'entreprises. Ça m'a permis de faire la connaissance d'élus. C'est enrichissant d'être confronté aux réalités du territoire et aux problématiques.»
«On a fonctionné en binôme. Le fait de m'impliquer, j'ai été sollicité pour certaines problématiques pour être le relais auprès de la cheffe de cabinet.»
«On a échangé régulièrement sur les dossiers, sur les propositions de loi, en fonction de l'activité parlementaire. (…) Notamment, Fadila Khattabi m'a parlé du contenu de sa loi renforçant l'encadrement des centres de santé (
lire le communiqué).»
«Je serai accompagné par les collaborateurs»
Quel commentaire faites-vous à la suite de la condamnation prud'homale sanctionnant la députée (lire le communiqué) ?
«Il y a eu un litige entre Fadila Khattabi et Corinne Royer [NDLR : ancienne collaboratrice parlementaire de 2017 à 2019]. Une décision a été rendue par le tribunal, je n'ai pas à le commenter. Je ne suis pas concerné.»
Vous étiez-vous préparé à devenir député ?
«J'ai toujours eu une oreille attentive à l'actualité politique. Un peu plus cette année du fait de la réforme des retraites.»
«Je serai accompagné par les collaborateurs : deux à Dijon et deux à Paris.»
Avez-vous déjà travaillé avec les autres parlementaires de la Côte-d'Or ?
«On avait des réunions dans nos instances politiques, on se rencontrait régulièrement notamment lors des échéances électorales pour discuter de la stratégie du mouvement.»
Philippe Frei «assume» la réforme des retraites
La réforme du système de retraites a marqué l'ensemble de la majorité présidentielle. Comment allez-vous assumer cette réforme auprès des citoyens ?
«Je l'assume parfaitement. C'était une réforme nécessaire pour pérenniser notre système de retraite par répartition. C'est une réforme qui apporte des améliorations au système qu existait : pénibilité, carrières longues...»
«Je continuerai à faire de la pédagogie chaque fois que nécessaire sans fuir le débat. Ça prendra sans doute du temps.»
«J'ai une prédilection pour l'énergie et l'environnement»
Avez-vous des sujets de prédilection qui diffèrent de ceux de Fadila Khattabi ?
«De part mon parcours professionnel, j'ai une prédilection pour l'énergie et l'environnement. Ce sont des sujets qui me tiendront à cœur. D'autres sujets m'intéressent : la loi France Travail, l'immigration.»
«Plus généralement, je m'inscrirai dans la continuité de Fadila Khattabi concernant les problématiques de la troisième circonscription. Dans la même veine de ce que Fadila Khattabi avait mis en place : de l'écoute, du partage et de l’implication locale pour œuvrer pour l'intérêt général.»
«La circonscription est indivisible, il y a un milieu rural et un milieu urbain et il faudra que je travaille avec les deux.»
Propos recueillis par
Jean-Christophe Tardivon
Philippe Frei lors d'un meeting à Dijon, le 16 juin 2022 (image d'archives JC Tardivon)