
Un bloc opératoire et une salle de réanimation avaient été installés sous tentes dans un stade de Mamoudzou. Médecin et sapeur-pompier côte-d'orien, Sébastien Mirek a participé à la mise en route du dispositif en décembre puis à son démantèlement en janvier, aux côtés du Docteur François Ansart.

Une nouvelle mission à Mayotte pour un soignant et sapeur-pompier du Service départemental d'incendie et de secours de la Côte-d'Or (SDIS 21). Le 14 décembre dernier, les îles de Mayotte étaient dévastées par le cyclone tropical Chido. Depuis, des renforts sont régulièrement envoyés depuis la métropole afin de prendre en charge des victimes.
Ainsi, le Docteur Sébastien Mirek, médecin anesthésiste-réanimateur, chef du service d'anesthésie-réanimation des Hospices civils de Beaune, et sapeur-pompier volontaire en tant que médecin-capitaine rattaché à la caserne de Bligny-sur-Ouche, a effectué une mission du 16 décembre au 2 janvier puis une nouvelle du 24 au 31 janvier.
Dans le premier cas, il s'agissait de contribuer au déploiement d'une infrastructure d'urgence dans un stade de l'île de Grande-Terre, l’Élément de sécurité civile rapide d'intervention médicale (
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«Finaliser le suivi des patients pris en charge au sein de l'ESCRIM»
À la suite d'une demande nationale du Centre opérationnel de gestion interministérielle des crises (COGIC), le Docteur Sébastien Mirek s'est porté volontaire et a été retenu de façon à «finaliser le suivi des patients pris en charge au sein de l'ESCRIM» aux côtés du Docteur François Ansart, chirurgien viscéral de l'Hôpital Pitié-Salpêtrière, à Paris. Ce suivi s'est effectué en lien avec le centre hospitalier de Mayotte afin de transmettre des patients.
Durant cette semaine de mission, le médecin anesthésiste-réanimateur a participé à 40 opérations. Cinq patients ont été confiés au centre hospitalier de Mayotte pour une prise en charge ambulatoire.
En tout, du 24 décembre au 30 janvier, 300 patients ont été opérés au sein de l'ESCRIM. «Durant la phase initiale après le cyclone, ça permis de soulager le centre hospitalier de Mayotte et faire le relais», analyse le Docteur Sébastien Mirek, «quand on est parti, tout était géré par le centre hospitalier de Mayotte».
«On retrouve une situation sensiblement identique à celle pré-cyclone», estime le soignant qui était déjà intervenu à Mayotte en 2023, «tous les dispensaires ont rouvert».
Malgré les circonstances, des patients reconnaissants
Le Docteur Sébastien Mirek a revu le premier patient amputé au niveau du tibia en raison cause d’abcès importants au pied, le 29 décembre. Malgré les circonstances dramatiques, un «lien particulier» s'est établi entre le patient et le soignant.
«Nous avons été émus tous les deux», confie le Côte-d'Orien, «le patient s'est montré très reconnaissant de sa prise en charge, vis à vis de nous et de l’État : ''vous êtes avec nous, pas avec vos familles''».
«Il avait mis sa photo avec le Premier ministre [NDLR : en déplacement à Mayotte, le 30 décembre dernier] en fond d'écran de son smartphone», indique également le soignant à propos de ce patient qui pouvait rentrer tous les deux jours dans un bidonville et revenait à l'ESCRIM pour nettoyer la plaie.
«C'est une belle aventure humaine et professionnelle», considère à présent le Docteur Sébastien Mirek qui envisage de rédiger des publications scientifiques et de participer à des conférences pour «faire connaître et expliquer le déroulement d'une intervention dans un département ultra-marin».
Secouristes sans frontières prend le relais
Concernant l'ESCRIM, le bloc opératoire et la salle de réveil ont été démantelés. Le SDIS du Gard a prévu de finaliser le démontage de l'ESCRIM dans le courant du mois de février.
L'équipe médicale d'urgence (EMT) de niveau 2 va laisser la place à une équipe de niveau 1. Ainsi, une structure de Secouristes sans frontières va prendre le relais, toujours dans le stade de Cavani, à Mamoudzou.
Le dispositif prévu est composé une vingtaine de personnes : cinq médecins et cinq infirmiers ainsi que dix logisticiens et personnels administratifs. Il comprendra de la médecine d'urgence et un dispensaire. L'équipe sera encadrée par le Docteur Hervé Roy, président de la «Medical Team» de Secouristes sans frontières et Dijonnais.
Le SDIS 21 continue de mobiliser pour Mayotte
Parallèlement, le SDIS 21 continue de solliciter les personnels pour effectuer des missions à Mayotte. Le 26 janvier, l'infirmier sapeur-pompier professionnel Julien Vannier est parti durant trois semaines.
Le 4 février dernier, la commandante Jessica Lehnhof, les sergents-chefs Nicolas Soldatenkoff et Jordan Pascal ainsi que le lieutenant Florian Massenot ont pris le départ pour Mayotte où, durant trois semaines également, ils mettront en œuvre leurs compétences en matière de logistique et de transmissions.
Jean-Christophe Tardivon
Entrée de l'ESCRIM
L'ESCRIM dans le stade de Cavani, à Mamoudzou
Le bloc opératoire de l'ESCRIM
Le Docteur Sébastien Mirek, medecin pompier volontaire du SDIS21, médecin anesthésiste-réanimateur aux Hospices civils de Beaune, et le Docteur Francois Ansart, chirurgien viscéral de l'AP-HP
De gauche à droite : le Docteur Francois Ansart, chirurgien viscéral de l'AP-HP, le Docteur Da Costa Valinkini, chirurgienne viscérale du centre hospitalier de Mayotte, le Docteur Sébastien Mirek, médecin sapeur-pompier du SDIS21, médecin anesthésiste-réanimateur, le Docteur Andriamahakajy David, chirurgien viscéral du centre hospitalier de Mayotte, et le Docteur Sorin Zavoianu, chirurgien orthopédiste du centre hospitalier de Mayotte
Le détachement du bloc opératoire de l'ESCRIM (photographies Sébastien Mirek)