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12/11/2022 08:53

CÔTE-D’OR : Témoignages autour de la restauration scolaire dans les collèges

Ce mercredi 9 novembre, les élus juniors ont apporté leurs témoignages sur les cantines des collèges gérées par le conseil départemental de la Côte-d'Or. Face à une demande de plus de plats végétariens, François Sauvadet a dû défendre les repas comprenant de la viande.
«Qui mange au collège ?» La question anodine de François Sauvadet (LCOP) a lancé un copieux débat sur la restauration scolaire alors que se déroulait la séance d'installation du Conseil départemental des Jeunes, ce mercredi 9 novembre 2022, à Dijon.

Le président du Département entendait introduire un propos sur le repas à deux euros à la cantine mais les collégiens se sont emparés rapidement du sujet puisque la très grande majorité des présents ont indiqué déjeuner à la cantine.

Le collège Paul Fort, champion des produits locaux


«Est-ce que c'est bon ?» enchaîne François Sauvadet. Les réponses sont partagées, un «pas terrible» fuse hors micro. Pourtant au collège dijonnais de Saint-François de Sales notamment, un sondage annuel est effectué à propos de la cantine : «les résultats sont plutôt positifs».

«La cantine, j'aime beaucoup», commente un élève d'Is-sur-Tille, «on a des systèmes de tri, de quantité de repas, on a plusieurs propositions de plats, le personnel est assez aimable, c'est un plaisir de manger à la cantine chaque midi».

Le collège Paul Fort à Is-sur-Tille a récemment reçu le trophée Agrilocal 21 pour intégrer plus de 70% de produits locaux dans la composition des menus (lire notre article).

Si le prix du repas est facturé 2 euros aux familles, le coût des produits est de près de 9 euros pour la collectivité.

«On veille à ce qu'il y ait de la qualité d'approvisionnement, c'est à dire que les aliments fournis soient de bonne qualité et que l'on se fournisse au maximum en local parce qu'à chaque fois qu'on achète à quelqu'un du coin, on renforce l'activité, le travail, l'emploi. C'est ce que l'on appelle les circuits locaux», explique le président du Département.

«Je vais aller déjeuner à Selongey à l'improviste»


Concernant les points négatifs, un élève de Fontaine-Française critique les recettes qui ont recours à des produits gras comme l'huile ou la mayonnaise.

Un élève de Pontailler-sur-Saône explique qu'un maraîcher local pré-cuit le samedi des légumes finalement servis le lundi. Une méthode que le collégien ne semble guère approuver. En réponse, le président du Département l'incite à faire «un sondage» dans l'établissement pour savoir ce que ses camarades «pensent du repas».

Une collégienne de Selongey signale de nombreuses «plaintes» de la part de ses camarades comme quoi «le riz est trop dur, il n'y a pas de pain, il n'y a pas d'entrée au dernier service» sans oublier des plats oscillant entre «cramés» et «pas cuits». «Il y a un problème», concède François Sauvadet, «je vais aller déjeuner à Selongey à l'improviste».

Les témoignages portent également sur l'organisation des repas. Ainsi, un élève de Longvic signale la problématique de l'articulation des activités extra-scolaires organisées à la pause méridienne avec les repas décalés alors servis aux élèves, les menus ne correspondant plus à ce qui est annoncé pour l'ensemble de leurs camarades.

Une demande de plus de plats végétariens


Une élève de Brochon met sur la table le sujet attendu des plats végétariens : «je trouve ça bon mais on a la possibilité d'avoir un plat végétarien seulement une fois dans la semaine, je pense qu'il serait bon d'avoir l'alternative plus souvent dans la semaine d'un plat végétarien et d'un plat avec de la viande»

En réponse, François Sauvadet évoque «la découverte du goût» : «on a envie que le temps du repas soit aussi un temps d'éducation au goût, que l'on puisse découvrir tous les arômes, les goûts, les produits».

Puis l'élus de l'Auxois élargit aux questions agricoles et environnementales :«je me méfie des courants qui visent à dire 'on pourrait ne plus manger de viande demain' : quelle conséquence sur les paysages s'il n'y a plus d'élevage ? Dans les coteaux, dans l'Auxois, ce sont les agriculteurs qui font de l'élevage bovin ou ovin qui assurent l'entretien des coteaux. Si plus personnes ne mange de viande – c'est un choix, cela se respecte – comment est-ce que l'on va entretenir tous nos paysages, est-ce que l'on va assurer l'avenir dans nos secteurs ruraux ?»

Actuellement, dans les collèges de la Côte-d'Or, une fois par semaine est servi un repas végétarien avec, ce jour-là, le maintien d'un plat avec des produits carnés.

«Il faut combattre les usines de viande»


«C'est un choix personnel», explique la collégienne, «j'ai décidé de réduire ma consommation de viande pour des raisons écologiques ou des fabrications de viande».

«C'est un choix, tu l'expliques, tu l'assumes», constate François Sauvadet. «Il faut combattre les usines de viande», poursuit-il, «chez nous, l'élevage bovin contribue à la préservation de l'écologie et de la biodiversité. Sur un hectare, on met une vache et un veau. Ce n'est pas ça qui pollue la planète. (…) Il faut éviter ce qui est intensif mais tout ce qui est la diversité, ce doit être respecté et encourager».

Le président du Département incite alors la collégienne végétarienne à échanger sa camarade de Mirebeau-sur-Bèze siégeant dans l'assemblée et dont les parents sont éleveurs bovins.

Mobilisation contre le gaspillage alimentaire


La lutte contre le gaspillage alimentaire mobilise les élèves. Un collégien des Lentillères signale un dispositif anti-gaspillage instauré en début d'année scolaire : «il y a beaucoup moins de déchets alimentaires jetés».

Le collège d'Auxonne lancera prochainement une semaine «sans gaspillage alimentaire» pour sensibiliser les élèves.

Le collège Montbard recommande une entrée par personne et «deux bouts de pain» mais, selon un élève, «certains ne respectent pas les consignes, ils prennent sept-huit bouts de pain, il n'y en a plus pour les autres et, en plus, ils en jettent la moitié, ils gaspillent».

Dans les cantines, en règle générale les personnes qui servent sont incitées à servir des portions adaptées en laissant la possibilité aux élèves de revenir se servir.

À Brochon, il existe des tailles «S, M et L» de repas, chaque élève demandant la taille en fonction de son appétit.

À Chenôve, il y a «énormément d'élèves qui ne mangent pas de viande», en conséquence, l'élu junior incite à proposer davantage de «repas végétarien» ou «avec du poisson».

À Seurre, un bac récolte les déchets alimentaires permettant de nourrir des poules dont les œufs sont servis à la cantine ; un potager pédagogique produit des pommes de terre et des petits pois inclus dans la préparation des repas. «Ce ce qu'on appelle l'économie circulaire», s'enthousiasme François Sauvadet.

Au collège Le Parc, à Dijon, un potager pédagogique produit notamment des framboises, des courgettes et des carottes : «on peut les manger à la cantine si on en a envie». Idem au collège des Lentillères avec le «club Jardin».

Prochaine visite des élus juniors dans un élevage


«Je continuerai à proposer de la viande dans les collèges», martèle finalement François Sauvadet qui semble toutefois quelque peu surpris de la récurrence de la demande de plats végétariens. «Après chacun fait le choix qui veut.»

Le président de la collectivité suggère alors une idée aux équipes de l'assemblée junior : «je souhaite que le Conseil départemental Jeunes aille dans une ferme d'élevage (…) rencontrer un éleveur qui explique son métier, (…) qu'ils voient que les éleveurs entretiennent notre paysage (…) et la biodiversité, (…) sont des personnes formidables qui préservent le bien-être animal.»

Jean-Christophe Tardivon

Le «devoir citoyen» des élus du Conseil départemental des Jeunes de la Côte-d'Or