
Sévère, très sévère, extrême... Un prévisionniste des sapeurs-pompiers va catégoriser quotidiennement le risque de feu de forêt pour améliorer la prévention et favoriser une gestion différenciée parmi cinq secteurs. «Les effets du dérèglement climatique rendent nos forêts beaucoup plus vulnérables au risque d'incendie», a remarqué la représentante du préfet, ce jeudi 12 juin, à Chenôve.

L'incendie du plateau de Chenôve a provoqué un sursaut de sécurité civile en Côte-d'Or. Le 20 juillet 2015, 20.000 hectares partaient en fumée aux portes de l'agglomération dijonnaise. Des habitations ainsi qu'un centre équestre avaient dû être protégés par les sapeurs-pompiers.
Ce jeudi 12 juin 2025, la préfecture de la Côte-d'Or a présenté, au niveau de la Maison du plateau, un nouveau dispositif de prévention différenciée du risque de feu de forêt assorti de mesures réglementaires comme l'interdiction de circuler dans un massif forestier en cas de risque extrême.
Simulation d'une attaque de feu avec quatre CCFF
La présentation a été effectuée par Aurélie Contrecivile, directrice de cabinet du préfet de la Côte-d’Or, accueillie par Thierry Falconnet (PS), maire de Chenôve, en présence d'Hubert Poullot (LR), vice président du Département de la Côte-d'Or et président du Service départemental d'incendie et de secours (SDIS 21), du colonel Bertrand Lepoutère, directeur par intérim du SDIS 21, et d'Olivier Béné, référent de l'Office national des forêts concernant la défense des forêts contre l'incendie pour la Côte-d'Or et la Saône-et-Loire.
En amont, une vingtaine de sapeurs-pompiers ont simulé une attaque de feu se propageant dans la forêt du plateau. Les agents du SDIS 21 étaient commandés par le commandant Jérôme Theurel, référent départemental du groupe incendie feux de forêts.
Le dispositif de simulation comprend un véhicule de commandement, une voiture tout-terrain, quatre camions-citernes équipés pour les feux de forêt (CCFF) et un autre véhicule du même type en version Super (CCFFS), c'est à dire doté d'une réserve d'eau de 13.000 litres destinée à alimenter d'autres engins. Cet engin permet d'économiser la ressource en eau potable puisqu'il est à même de puiser dans des étangs, lacs et canaux.
Des moyens propres à la Côte-d'Or et des renforts extérieurs potentiels
En Côte-d'Or, 650 sapeurs-pompiers ont été formés à la lutte contre les feux de forêt. L'objectif est d'atteindre 800 agents formés d'ici 2027. Le SDIS compte 26 CCFF – permettant de traiter simultanément six feux de forêt importants –, 15 camions-citernes ruraux et 6 CCFS. L'équipement est complété par des drones.
Deux CCFF peuvent être mobilisés pour fournir rapidement un appui aux départements limitrophes, deux autres peuvent être mis à disposition des renforts nationaux. «Ça permet de contribuer à la solidarité nationale et à la motivation des personnels», explique le colonel Bertrand Lepoutère.
Hubert Poullot salue les financements attribués par le Département de la Côte-d'Or et l’État dont une enveloppe spécifique abondée respectivement à hauteur de 5 et 2,5 millions d'euros en 2023.
«La réponse aux feux de forêt est organisée à l'échelon départemental, zonal [NDLR : la zone de défense et de sécurité est] et national», précise le directeur du SDIS, «dès que l'on dépasse la capacité des moyens du SDIS de la Côte-d'Or, on a des moyens déjà prévus qui vont venir tout de suite des départements voisins, après des moyens de la zone est, voire nationaux».
En cas de nécessité, des moyens aériens – de type Pélican et Dash – sont en mesure d'écoper de l'eau au niveau du lac de Vouglans notamment. Un drone Pélican, basé à Dole, peut répandre des produits retardants.
«Quand on a l'appui des départements voisins ou au niveau national, la situation est traitée différemment», souligne le président du SDIS.
«90% des départs de feu sont d'origine humaine»
«Les effets du dérèglement climatique rendent nos forêts beaucoup plus vulnérables au risque d'incendie», remarque Aurélie Contrecivile. «La surface boisée du département est de 40%. C'est une ressource et un patrimoine extrêmement important pour notre département, qui nécessite qu'on le préserve. Donc, on se prépare.»
Cela prend la forme d'une carte des risques, travaillée depuis 2022 avec les services de l’État et différents partenaires dont l'Office national des forêts. «L'objectif est de limiter le risque de départ de feu car 90% des départs de feu sont d'origine humaine.»
Une carte à deux jours, cinq secteurs, trois niveaux de risque
Du 6 juin au 28 septembre, un officier prévisionniste a prévu d'analyser tous les indicateurs fournis par Météo France pour établir un bulletin quotidien du risque de feux d'espaces naturels à deux jours (
carte à consulter ici).
La carte qui l'accompagne partage la Côte-d'Or en cinq secteurs (Auxois-Morvan, Côte-arrière Côte, Montagne bourguignonne, Plaine de Saône et Plateau bourguignon), ce qui favorisera une réponse différenciée. Les secteurs prennent en compte le découpage géographique des massifs forestiers et le maillage territorial des 44 centres de secours.
Le niveau de risque est défini selon les spécifications ORSEC : sévère, très sévère et extrême.
En fonction des prévisions, une astreinte peut être déclenchée au niveau de la préfecture de la Côte-d'Or qui réunira un comité de vigilance pouvant prendre des mesures de restriction ou d'interdiction des activités professionnelles ou de loisirs dans les secteurs en alerte. Les maires concernés seront informés prioritairement.
L'accès au massif forestier concerné (hors agglomération et dans une bande de 200 mètres autour du massif), la circulation ou le stationnement pourront être limités, voire interdits, de même que les activités agricoles ou forestières.
Exemples de restrictions en cas de risque
Un arrêté cadre, pris ce jour par la préfecture de la Côte-d'Or, permet que ces mesures soient automatiques en cas de déclenchement d'une alerte.
En risque sévère, la circulation sur les chemins forestiers reste autorisée ; en risque très sévère, la circulation n'est autorisée qu'entre 6 et 13 heures ; en risque extrême, la circulation est interdite.
En risque sévère, la récolte de céréales reste autorisée à condition d'avoir des moyens de réduction de risque de départ de feu (tonne à eau, déchaumeur...) ; en risque très sévère, la récolte est interdite entre 11 et 20 heures ; en risque extrême, la récolte est complètement interdite.
Des contraventions de la gendarmerie ou de l'Office français de la biodiversité pourront sanctionner «avec discernement» les personnes qui enfreindraient les consignes.
Rappel : du 15 juin au 15 octobre, il est interdit d'allumer un feu ou de fumer en forêt, dans l'ensemble du département.
Jean-Christophe Tardivon




































