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31/08/2021 13:06

DÉFENSE DE L'ANIMAL : Le refuge de Jouvence donne leur chance aux chiens et aux chats

À quelques kilomètres de Dijon, le refuge de Jouvence accueille quelques 200 animaux abandonnés ou sauvés de la fourrière. Ce lundi 30 août, Sylvie Boillot et Muriel Simon ont témoigné des situations périlleuses et des belles histoires que les bénévoles ont vécu ces derniers mois.
Au cœur du Val Suzon, entre la rivière et la D7, se niche le refuge de Jouvence. Juste au bord également de la forêt qui permet aux amis des bêtes d'aller promener les chiens accueillis ici.

Progressivement, l'association retrouve le cours normal de son activité en direction du public, au gré des évolutions de la crise sanitaire. Un temps suspendues, les adoptions sont de nouveau possibles, sur rendez-vous après un entretien téléphonique.

Pour autant, les bénévoles n'ont pas chômé ces derniers mois ainsi que l'expliquent, ce lundi 30 août, la présidente Sylvie Boillot et la secrétaire Muriel Simon en évoquant des souvenirs dramatiques, des anecdotes touchantes et des adoptions heureuses. Il se passe toujours quelque chose au refuge de Jouvence.


Une centaine de chiens et une centaine de chats


L'association a été fondée en 1957 avec le nom «S.P.A. Amis des bêtes» sur la commune de Messigny-et-Vantoux, à quelques kilomètres de Dijon. La structure est maintenue connue sous le nom de «refuge de Jouvence». L'association est indépendante, reconnue d'utilité publique et adhère non pas à la Société Protectrice des Animaux, dont le siège est à Paris, mais à la Confédération Nationale Défense de l'Animal, dont le siège est à Lyon.

L'association compte 10 salariés, 1.300 adhérents dont une quarantaine impliqués activement. Le budget annuel est d'environ 500.000 euros, financé par les adhésions et les dons. De plus, des conventions sont passées avec des communes pour recueillir des animaux errants (Châtillon-sur-Seine, Montbard, Ahuy...).

La capacité d'accueil est de 150 chiens et de 150 chats mais la présidence préfère rester en deçà en accueillant actuellement une centaine de chiens et une centaine de chats. Certains animaux sont adoptés après quelques semaines et d'autres passent plusieurs années au refuge.

Pour ceux-ci, 30 Millions d'Amis a mis en place une dispositif d'accompagnement financier pour aider les adoptants à faire face aux éventuels frais de vétérinaire.

De plus, parmi les activités du refuge, une douzaine de box sont disponibles pour les chiens en pension.

«Je me suis tout de suite occupée d'animaux un peu particuliers»


Présidente du refuge de Jouvence depuis 2016, Sylvie Boillot est engagée dans l'association depuis 2013. «Je me suis dit 'ta place est la, si tu dois donner du temps, de l'amour, il faut venir ici', j'ai commencé ici», se souvient Sylvie Boillot. Et d'ajouter aujourd'hui : «on est bien à Jouvence».

«Je me suis tout de suite occupée d'animaux un peu particuliers, un peu méchants, pas tout à fait comme les autres ; j'ai remarqué qu'il se passait de belles choses avec ces animaux», indique-t-elle.

«Quand je suis arrivé ici, il y avait un gros berger allemand dans la cour, qui montrait les dents. Je suis restée vingt minutes avec lui, c'est devenu mon meilleur ami. (…) Depuis toute petite, je suis assez à l'aise avec les bêtes. (…) On peut leur laisser une chance», développe-t-elle.

Tranquillement installé aux pieds de sa propriétaire, Oural en est un exemple. Ayant mordu des personnes sept fois, il était menacé d'euthanasie. Pour autant, Oural a rejoint la «meute» de Sylvie Boillot qui comportait déjà trois chiens ayant mordu quelqu'un.

«Ce sont des chiens qui ont eu généralement des soucis, de la maltraitance, de la privation de nourriture, du dressage pour attaquer... Ce sont des chiens à ne pas mettre entre toutes les mains mais on est quelques-uns ici à prendre des animaux comme ça. (...) Il y en a quelques-uns que l'on garde et que l'on sauve», explique Sylvie Boillot.

«L'amour que l'on a pour les bêtes est plus fort»


Secrétaire au sein du conseil d'administration de l'association depuis 2016, Muriel Simon s'est engagée comme bénévole en 2015 après la mort de son petit chien, un shiba inu. «Ça m'a fait un peu de thérapie, il me manquait trop», se souvient-elle. Muriel Simon a alors été formée par Sylvie Boillot.

Travaillant dans le secteur de la photographie, Muriel Simon allie son métier et sa passion pour les animaux en réalisant les portraits des chiens et des chats proposés à l'adoption, généralement après l'étape du toilettage.

Quelques cicatrices ornent les bras de Muriel Simon qui a plusieurs fois été mordu sans gravité. «Là, c'était un geste que je n'aurais pas dû faire», explique-t-elle en évoquant la blessure reçue après avoir pressé les joues de l'animal en question dans ses mains. «Les autres fois où j'ai été mordue, ce n'était pas  contre moi spécialement. (…) Tant que ce n'est pas une attaque contre moi spécialement, ça ne me perturbe pas plus que ça», ajoute-elle. «Chaque fois, je reviens. Même ceux qui m'ont mordue, j'y retourne quand même. (…) L'amour que l'on a pour les bêtes est plus fort», revendique Muriel Simon.

La dérive de Bull


Pendant les confinements de l'année 2020, les adoptions étaient suspendues, les visites étaient interdites aussi «le refuge a été très calme, les animaux étaient très calmes», indique Sylvie Boillot. Cependant, les animaux abandonnés ont été recueillis, en nombre équivalent aux années précédentes, et les quelques bénévoles autorisés à venir ont renforcé les actions de sociabilisation des occupants du refuge.

Au printemps 2020, une famille est venue apporter un Bull terrier soi-disant trouvé au bord de la route mais semblant pourtant appartenir à cette famille. «Un abandon déguisé», selon Sylvie Boillot qui a été touchée par le parcours de cet animal, âgé d'environ un an, simplement appelé «Bull» puisque la famille n'a pas donné d'informations sur lui.

«Je m'en suis beaucoup occupé quand il était en fourrière et que j'ai commencé à le sortir. Il ne connaissait rien à rien. (…) C'est un chien qui a développé un mal être ici. Il s'ennuyait véritablement derrière ses barreaux. Il aurait fallu pour ce chien être 100% avec lui tout le temps», analyse Sylvie Boillot.

Avec le temps, Bull a développé de l'agressivité au point de s'attaquer à une bénévole et de la mordre grièvement aux jambes. Elle a été sauvée par deux animaliers, des salariés du refuge, intervenus à temps, puis prise en charge par les sapeurs-pompiers du SDIS 21. La personne en question est aujourd'hui rétablie et a maintenu son engagement au sein du refuge de Jouvence.

Un protocole pour chien mordeur a été appliqué à Bull qui a été retiré des propositions d'adoption. Il a de nouveau mordu, un salarié cette fois. Malgré le recours à un éducateur canin, son comportement continuait de se dégrader.

Pour lui éviter l'euthanasie, Sylvie Bouillot a multiplié les contacts et trouvé une piste auprès d'une Allemande ayant transformé sa grande maison en refuge. «Il n'y a plus de box, elle fait un gros travail d'éducation. (…) Aujourd'hui, Bull va drôlement mieux, c'est une belle victoire pour cette animal ! (…) Il peut y avoir une chance, on s'est bougé», relate-t-elle à propos de cette situation périlleuse qui se termine bien.

Trente spitz sauvés d'un élevage qui périclitait


Derrière les histoires des animaux se cachent parfois des drames humains. «Il faut faire preuve d'empathie et être à l'écoute», insiste la présidente. Il y a quelques temps, le refuge de Jouvence a été contacté pour récupérer une trentaine de spitz.

Une septuagénaire, veuve, dont la maison avait été en partie détruite par un incendie, n'arrivait plus à gérer un élevage de spitz. «C'étaient des chiens difficiles, très sauvages, à sociabiliser vraiment», explique Sylvie Boillot. La plupart ont été adoptés.

Les chats, victimes d'humains touchés par un syndrome de Noé


Récemment, les secours ont dû intervenir chez une dame touchée par un syndrome de Noé (accumulation des animaux) et un syndrome de Diogène (accumulation de déchets). Trente-trois chats et cinq chiens vivaient auprès d'elle dans des conditions sanitaires déplorables.

Le temps de l'instruction judiciaire, les chats et chiens ont été confiés au refuge de Jouvence qui attend que la propriété des animaux lui soit transférée afin de les proposer à l'adoption. Aujourd'hui accueillis dans la chatterie, les survivants ont repris du poil de la bête et montrent déjà une grande sociabilité avec une appétence pour les caresses.

Sauvé après le décès d'un homme lui aussi touché par le syndrome de Noé, Hametaro, un chat de quatre ans a été adopté quatre mois après. «Il était dans un état catastrophique, on pensait qu'il allait mourir», se souvient Diliana, salariée du refuge.

Censé être à poils longs, Hametaro n'avait presque plus de pelage. Hépatique, il a été soigné. «Il a repris du poids, il a repris du poil, il est vraiment beau», témoigne Diliana qui se félicite de cette adoption.

«La petite Louna cherche de la drogue et elle s'éclate»


Les bénévoles constatent la survenue de modes autour de certains chiens. Les abandons suivent les engouements. Border collies, Jack Russel terriers et bergers d'Anatolie se sont succédé ces dernières années. Actuellement, le refuge accueille plusieurs malinois suite à la mise en avant de l'action de cette race de chien auprès des forces de sécurité intérieure.

«Le malinois, c'est gentil, petit, mignon mais c'est un chien très particulier avec un caractère exceptionnel mais un caractère fort. Il a des besoins, c'est un chien de travail donc les gens ne se rendent pas compte», signale Sylvie Boillot.

Le refuge de Jouvence travaille en collaboration avec la police et la gendarmerie qui s'intéressent notamment aux malinois recueillis. L'objectif est d'évaluer les malinois de moins de deux ans à même d'effectuer un travail en vue de détecter de la drogue ou des explosifs.

«La petite Louna cherche de la drogue et elle s'éclate. Quand je retourne la voir à la police, elle me reconnaît, elle n'a pas changé de caractère», se félicite Sylvie Bouillot. Très joueur, Parker participe, lui, aux démonstration des actions de la gendarmerie.

Récemment, Leiko n'a pas passé les tests car «il veut jouer, il veut toujours être avec l'humain». Il est donc revenu au refuge. Pour sa part, Leno est toujours en phase d'évaluation par la gendarmerie. «Tout fou, puissant, à cadrer c'était une catastrophe», indique Muriel Simon qui espère qu'il sera déclaré apte au service afin de poursuivre son parcours en dehors du refuge.

Jean-Christophe Tardivon









































Muriel Simon, secrétaire, et Sylvie Boillot, présidente, membres du conseil d'administration du refuge de Jouvence


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