Avec Christophe Avena en arbitre, Catherine Hervieu et Benoît Bordat ont affiché des positions antagonistes au regard de la politique du gouvernement, cela en pleine assemblée départementale, le vendredi 21 octobre.
Ironie de l'histoire, alors que le groupe d'opposition au sein du conseil départemental de la Côte-d'Or a changé d'appellation, passant des «Forces de progrès» à «Côte-d'Or Terre d'avenir» avec cette nouvelle mandature, un de ses membres a rejoint la Fédération progressiste.
Un progressiste devenu problématique puisqu'il soutient la politique d'Emmanuel Macron quand certains autres participants au groupe d'opposition ont rejoint la NUPES 21, coalition hostile au président de la République.
Le vendredi 21 octobre 2022, lors des débats de politique générale en début de session plénière de l'assemblée départementale présidée par François Sauvadet (LCOP), le groupe d'opposition a affiché au grand jour ses nuances, voire ses divergences.
Les anciens concurrents de la législative sont voisins dans l'assemblée
Jusque là conseiller départemental du canton Dijon IV, en binôme avec Nuray Akpinar-Istiquam (PS), Benoît Bordat a été élu en juin dernier député de la deuxième circonscription de la Côte-d'Or à la suite d'un duel qui l'opposait à Catherine Hervieu (EELV) (
lire notre article).
Aujourd'hui, Catherine Hervieu n'est rien moins que la voisine de groupe de Benoît Bordat et elle aimerait bien procéder à l'exfiltration du progressiste.
En attendant, dans les rangs de la salle des séances, elle joue épaule contre épaule avec son autre voisin, son binôme Hamid El Hassouni (PS) qui, lui, a parrainé Jean-Luc Mélenchon (LFI) à la présidentielle. L'écologiste entend instaurer ainsi une distance symbolique – à défaut d'être géographique – avec son premier voisin.
Un groupe politique présidé par un proche de François Rebsamen
Benoît Bordat pourrait apparaître isolé au sein d'un groupe accordant une belle place aux soutiens de la NUPES sauf que le président, Christophe Avena (PS), est un proche de François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon, qui a fondé la Fédération progressiste afin de créer un lien avec la majorité présidentielle. En revanche, au sein du conseil municipal de Dijon, Catherine Hervieu siège dans l'opposition.
Parmi Côte-d'Or Terre d'Avenir, les autres soutiens affichés de la NUPES 21 sont Billy Chrétien (EELV) et Caroline Carlier (Génération.s).
Le 49-3 en débat dans l'assemblée départementale
Lors des débats du matin, Catherine Hervieu a rapidement dégainé les critiques du gouvernement sur l'usage de l'article 49-3 de la Constitution, ce qui a obligé Benoît Bordat à justifier l'engagement de la responsabilité de l'exécutif.
Pour sa part, le socialiste Christophe Avena a fait preuve d'une opposition constructive en allant dans le sens du centriste François Sauvadet notamment à propos de l'autonomie des établissements hospitaliers du nord et du sud du département au regard du poids du CHU Dijon Bourgogne dans le groupe hospitalier de territoire.
Patrick Audard prend la suite de Christophe Avena
L'après-midi, Christophe Avena parti, Patrick Audard (PS) a endossé le rôle de porte-parole du groupe. Patrick Audard est également conseiller municipal de Chenôve, commune dont le maire est un soutien de la NUPES 21. Pourtant, ce vendredi le conseiller départemental s'est placé dans une démarche de recherche de compromis avec la majorité plutôt que dans une posture d'opposant.
Ainsi, lors du vote de la seconde décision modificative de budget 2022, Patrick Audard a expliqué l'abstention du groupe Côte-d'Or Terre d'Avenir. En effet, s'il est aisé pour une opposition de voter contre une stratégie budgétaire en début d'année, il devient plus difficile de se dire hostile à des investissements utiles aux services d'incendie et de secours après un été émaillé de feux de forêt.
Le vote du budget où l'heure des braves
On voit donc des lignes de fissure – pas encore de fracture – se dessiner au sein du groupe Côte-d'Or Terre d'avenir entre les Bordat-compatibles – en particulier les proches de François Rebsamen – et les stricts opposants à Emmanuel Macron.
Deux options se présentent principalement au groupe d'opposition. Soit une exfiltration en douceur de Benoît Bordat : la «clarification» demandée par Catherine Hervieu le soir même du second tour des législatives (
lire notre article). Cela peut se révéler dangereux puisque François Sauvadet – jubilant devant le spectacle offert par l'opposition – a bien compris l'intérêt d'avoir un parlementaire dans son assemblée.
Soit les soutiens de la NUPES 21 fondent leur propre groupe d'opposition pour retrouver ainsi une liberté de parole. Ce que Catherine Hervieu appelait «prendre ses responsabilités» tout en ayant en tête l'exemple relativement limité de la tribune donnée par le groupe d'opposition au sein du conseil municipal de Dijon.
L'heure des braves pourrait venir au moment du vote prochain du budget 2023 du Département, véritable ligne de partage entre soutiens et opposants à la politique de l'exécutif en place.
Jean-Christophe Tardivon
> Côte d'Or > Côte d'Or
