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15/06/2021 19:16
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DÉPARTEMENTALES : «Les défis du XXIème siècle se feront à la campagne» selon Étienne Jobard et Patricia Lasnier-Bina, candidats sur le canton de Semur-en-Auxois

Le binôme se revendiquant de «valeurs de gauche» se présente sur le canton d'élection du président sortant du conseil départemental de la Côte-d'Or. Étienne Jobard est le suppléant de la députée Yolaine de Courson. Les candidats sont soutenus par Patrick Molinoz.
Tout comme la députée Yolaine de Courson (lire notre article), Étienne Jobard fait partie des Marcheurs qui prennent soin de leur jambe gauche. Pour ces élections départementales, l'ancien radical de gauche s'est associée avec une ancienne socialiste, Patricia Lasnier-Bina. Les candidats ont rejoint l'accord politique des Forces de progrès social et écologique.


À la suite du redécoupage de 2014, le canton de Semur-en-Auxois rassemble 88 communes constituant la communauté de communes des Terres d'Auxois et la communauté de communes de Saulieu. Parmi les principales communes, on compte Précy-sous-Thil, Saulieu ou encore Vitteaux. Le canton comprend 21.000 habitants.

Lors des élections de 2015, le binôme présenté par le Parti Socialiste a réalisé 21,88% des voix, n'accédant pas au second tour. Martine Eap-Dupin et François Sauvadet ont été élus au second tour avec 69,66% des suffrages contre 30,34% accordés au binôme présenté par le Front National.

«Depuis 2017, on veut que ce quinquennat réussisse»


Âgé de 33 ans, Étienne Jobard est fils d'agriculteurs, il a reçu une formation d'ingénieur agronome. Depuis, les législatives de 2017, Étienne Jobard est suppléant de la député de la quatrième circonscription de la Côte-d'Or. Une éventuelle candidature aux législatives de 2022 n'est pas à l'ordre du jour.

Étienne Jobard a été élu conseiller municipal de Vitteaux en 2014, siégeant dans l'opposition. Un mandat renouvelé en 2020. Il a un temps adhéré au Parti Radical de Gauche avant de s'inscrire au mouvement En Marche. Pour ces élections départementales, il se présente avec l'étiquette divers gauche.

Étienne Jobard assume son soutien à la politique d'Emmanuel Macron : «depuis 2017, on veut que ce quinquennat réussisse», explique-t-il à Infos Dijon ce lundi 7 juin 2021. «Ce qui nous a fait nous engager en 2017, c'est un programme, le fait de renouveler la pratique politique, c'est ce que l'on a porté avec Yolaine de Courson sur le territoire. C'était aussi le progressisme, la défense de l'idéal européen, le discours et de gauche et de droite. (…) Les alliances ne doivent pas se faire que d'un côté», indique-t-il pour signifier une attente d'alliances à gauche et un travail pour le «corpus idéologique» à proposer au territoire. Ce qui amène le suppléant à ressentir un «inconfort» avec la seconde moitié du quinquennat du président de la République.

«On a discuté, on s'est retrouvé sur des valeurs communes»


Âgée de 64 ans, Patricia Lasnier-Bina habite Semur-en-Auxois, est mère de quatre enfants et de six petits-enfants. À présent à la retraite, elle a été institutrice en maternelle, sa dernière affectation ayant été à Pouillenay. Avec son époux, elle poursuit un engagement auprès des enfants en étant famille d'accueil.

Patricia Lasnier-Bina est conseillère municipale de Semur-en-Auxois depuis 1995, un temps dans la majorité, un temps dans l'opposition comme actuellement. Elle a été un temps adhérente du Parti Socialiste mais n'est plus encartée tout en revendiquant des «valeurs de gauche». «On a discuté, on s'est retrouvé sur des valeurs communes», glisse-t-elle à propos de son binôme.

Les remplaçants sont Lionel Julienne (sans étiquette), 68 ans, a été travailleur social, engagé dans l'éducation populaire. A été plusieurs fois maire d'Aisy-sous-Thil. Brigitte Siros (sans étiquette), 63 ans, habite à Saulieu a été éducatrice dans le secteur médico-social.

La candidature du quatuor est soutenue par Yolaine de Courson (apparentée Modem), Patrick Molinoz (PRG-Centre gauche), Véronique Illig (vice-présidente de la communauté de communes des Terres d'Auxois)

«Les défis du XXIème siècle se feront à la campagne»


Le quatuor se présente sous la bannière Côte-d'Or Terres d'avenir instaurée par les forces de progrès social et écologique pour ces élections départementales (lire le communiqué).

«Si on doit déplorer aujourd'hui l'état de certains territoires ruraux, je pense que c'est en grande dû aux responsables politiques que l'on a au pouvoir depuis vingt-cinq ans. C'est contre ça que je m'inscris, à la fois sur Vitteaux et aux départementales pour pouvoir porter une autre politique», indique-t-il pour expliquer sa candidature.

À ses yeux, l'exécutif sortant «instrumentalise l'opposition ville/campagne» alors que l'«on a besoin de la ville et, inversement, la ville a besoin de la campagne». «Pour moi, François Sauvadet ne développe pas de vision d'avenir pour les territoires ruraux», glisse-t-il en ajoutant que «les défis du XXIème siècle – production d'énergie renouvelable, lutte contre le réchauffement climatique, la transition agroécologique – se feront à la campagne. C'est à la campagne que l'on a les solutions. Il faut que les acteurs dans les territoires ruraux s'en saisissent et soient promoteurs de ces solutions».

Le candidat prend l'exemple de la Mission locale des marches de Bourgogne, œuvrant à l'insertion des jeunes sur un territoire allant de Châtillon-su-Seine jusqu'à Saulieu. «C'est l'une des rares missions locales qui n'est pas soutenue par un Département», dénonce Étienne Jobard.

«Il faut construire une gestion durable de l'eau avec les élus locaux»


La question de la gestion de la ressource en eau est d'emblée posée par  Étienne Jobard : «il y eu une préemption d'une compétence qui n'est pas forcément [celle du département] sur une question sensible pour laquelle il doit y avoir du débat, de la démocratie».

Un précédent est dans les têtes du quatuor : «sur la communauté de communes des Terres d'Auxois, il y a eu transfert de cette compétence vers la com'com' puis vers un syndicat en 2018, le CESAM, présidé par la candidate Martine Eap-Dupin, ce n'est pas anodin. Dans certains cas, on a eu une explosion du prix de l'eau et tout ça a manqué de concertation». Dans ce contexte, le projet de syndicat départemental de l'eau provoque des réactions dont celle du groupe d'opposition sortant, les Forces de progrès, qui a déposé un recours devant le tribunal administratif de Dijon.

«Il ne faut pas que le Département fasse à la place des communes. (…) Il faut construire une gestion durable de l'eau et notamment avec les élus locaux et les collectivités qui ont aujourd'hui cette compétence», insiste le candidate qui demande à établir «une vision claire de l'état de la ressource, son évolution avec le changement climatique et l'état des besoins» pour anticiper «des investissements qui vont être très coûteux, c'est ça qui fait exploser le prix de l'eau sur le territoire». Sur cet enjeu de l'eau, «laissons décanter les choses», lance le candidat favorable à plus de concertation.

La marque départementale en ligne de mire


Les candidats critiquent le «battage» et la «communication» autour de la marque départementale Savoir-faire 100% Côte-d'Or : «on crée un label de plus alors qu'aujourd'hui, le consommateur a déjà une inflation de label. (…) Quel est le sens de ce label ? Est-ce qu'il apporte une meilleure valorisation des produits pour les agriculteurs ? Est-ce que ça n'aurait pas été plus utile d'accompagner les agriculteurs dans des démarches reconnues au niveau national, qui ont une vraie valeur ? Label rouge, HV, agriculture biologique par exemple. Avec la loi Egalim, ils permettent d'accéder à la commande publique. 100% Côte-d'Or ne rentrera pas dedans. (…) Autant faire avec ce qui existe».

«Un petit sandwich préparé par la famille» pour ne pas payer le repas du collège


Comme leurs camarades de l'opposition sortante, les candidats vitupèrent contre le prix du repas à deux euros pour les élèves des collèges publics et privés. «On estime que, pour plus de justice sociale, il faudrait des repas calculés selon les revenus des parents», martèle Patricia Lasnier-Bina. «Il y a des enfants qui ne restent pas manger au collège, qui sortent et qui ont un petit sandwich préparé par la famille. Pour certains, je pense que c'est quand même trop cher alors que d'autres ont les moyens de payer 3 euros 50», ajoute-t-elle.

«Dans la façon de communiquer du Département, souvent, on annonce des millions dans des investissements. C'est bien mais, derrière, la question, c'est d'investir dans les moyens humains. C'est le cas de l'Institut de Vignes. On a des annonces de rénovation, on investit beaucoup dans les murs mais il faut investir dans les moyens humains pour que cela fonctionne», développe Étienne Jobard.

Les candidats proposent l'expérimentation du revenu minimum jeunes


Les candidats soutenus par les Forces de progrès social et écologique reprennent la majorité des propositions définies dans le cadre de l'accord programmatique.

Parmi les propositions, les candidats insistent sur le thème de l'eau en demandant à «rester à une échelle intercommunale et pas départementale».

La création de «Maisons des artisans» leur tient à cœur sur le modèle des maisons pluridisciplinaires de santé pour mutualiser des moyens de comptabilité et de secrétariat.

Le binôme alerte sur les classes «menacées» sur le canton et envisage de mobiliser le dispositif Internat du XXIème siècle pour «renforcer les effectifs du collège de Vitteaux» et «proposer un projet pédagogique qui rendrait plus attractif le collège».

Comme leurs camarades des autres cantons, Étienne Jobard et Patricia Lasnier-Bina souhaitent expérimenter le «revenu minimum jeunes» venant étendre le RSA aux moins de 25 ans. «Entre la fin des études et le début de la vie active, on est particulièrement vulnérable, il y a un problème de solidarité», souligne Étienne Jobard.

Patricia Lasnier-Bina propose une autre expérimentation avec le concept canadien du «baluchonnage», c'est à dire une solution de répit pour les aidants de personnes âgées. «L'atout d'une collectivité est de pouvoir expérimenter rapidement sur le terrain», signale Étienne Jobard.

Pour «une bonne articulation» entre Métropole, Département et Région


«Nous sommes complémentaires», déclare Patricia Lasnier-Bina en abordant le chapitre des relations entre le Département et la Métropole. Prenant l'exemple du projet alimentaire territorial de Dijon Métropole, Étienne Jobard rappelle que l'autonomie alimentaire se fera sur une échelle plus large que celles des communes composant la collectivité : «il lui faut des territoires alliées pour mener à bien ce projet, ce canton pourrait entrer en concertation avec un contrat de réciprocité».

«Le Département a [un plan alimentaire territorial], le Pays en a un... chacun prend son initiative de façon isolée, ça n'a pas de sens», déplore le candidat. «Il faut que ce soit coordonné», ajoute la candidate qui inclut la Région dans les collectivités concernées pour «une bonne articulation».

«On défend le mandat unique», signale Patricia Lasnier-Bina, «si on est élu conseillers départementaux, on se consacrera à ce mandat exclusivement». «On veut garder ce lien de proximité, d'ouverture pour laisser la parole libre ; on veut vraiment construire avec les élus locaux et les associations», complète Étienne Jobard.

Jusqu'au vendredi 18 juin au soir, la campagne du quatuor sera rythmée par des actions de porte à porte et des visites auprès des maires des communes du canton.

Jean-Christophe Tardivon






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