«Une légende va naître», a envisagé Jean Lassalle, tête de liste de l'Alliance rurale, lors d'un meeting régional à Créancey, ce mardi 28 mai. Numéro trois, Willy Schraen a mis sa démission de la Fédération nationale des chasseurs dans la balance.
«La grande gueule du sud» et «la grande gueule du nord» ont associé leur voix durant une réunion publique de l'Alliance rurale, ce mardi 28 mai 2024, à Créancey, en périphérie de Pouilly-en-Auxois. Il s'agissait d'un des très rares meetings régionaux de cette campagne des élections européennes à prendre pour cadre la Côte-d'Or.
La liste de l'Alliance rurale est la conjonction des réseaux de Jean Lassalle, ancien député Modem des Pyrénées-Atlantiques, ancien candidat indépendant à la présidentielle et désormais président du micro-parti Résistons, de Denise Leiboff, présidente de la Fédération nationale des communes pastorales, et de Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs, respectivement colistiers numéro un, deux et trois.
Un engouement pour l'Alliance rurale
Les organisateurs côte-d'oriens – les chasseurs Pascal Sécula et Dominique Rigaud en tête – ont revendiqué la présence de quelques 500 personnes au pôle agricole mis à disposition par la communauté de communes de Pouilly-en-Auxois-Bligny-sur-Ouche.
Signe de l'engouement pour la liste, de nombreuses personnes étaient sur place bien avant le début du meeting – les conversations tournant autour de la chasse et de la pêche tandis que résonnait la «musique de la ruralité» dans les enceintes – et sont restées, après trois heures d'interventions – dont 80 minutes de discours de Willy Schraen –, pour prolonger les échanges durant un mâchon.
«Les autres partis ne sont jamais venus nous voir», cingle Pascal Sécula
Pascal Sécula, président de la fédération de chasseurs de la Côte-d'Or, soutient la liste à titre personnel : «elle correspond à nos idées, à nos valeurs». «Au-delà de la chasse, c'est la défense de nos modes de vie dans nos campagnes», explique-t-il en marge du meeting, «cela concerne les agriculteurs, les forestiers, les gens qui aiment vivre dans la nature, faire du sport dans la nature... toute une société qui tourne autour de la ruralité».
«S'ils sont à Bruxelles, nous sommes persuadés qu'ils amèneront un peu de bon sens de terrain. Les autres partis ne sont jamais venus nous voir», cingle Pascal Sécula.
«Si je prends l'exemple que je connais le mieux, la chasse, on a souvent des arrêtés-ministériels cadres attaqués et cassés par le Conseil d'État puisque les directives européennes sont contraires aux arrêtés ministériels», développe-t-il, «tous ces députés européens qui siègent à Bruxelles depuis maintenant des années, qui sont censés nous représenter et nous défendre, laissent passer ces directives européennes et ensuite, elles s'imposent à l’État français». «Petit à petit, on perd des libertés, on a des normes qui sont imposées, de plus en plus, par Bruxelles ; on sent bien qu'il y a une volonté d'uniformiser toute l'Europe sur un mode de vie, ce n'est pas ce qu'on souhaite.»
«L'objectif est d'essayer de créer un groupe parlementaire, au niveau européen, avec une vingtaine de députés», résume Pascal Sécula.
Évelyne Guillon présente Jean Lassalle et Willy Schraen
Après les honneurs des sonneurs, les intervenant s'installent à la tribune et le micro échoit à Évelyne Guillon, présidente de la fédération de chasseurs de la Saône-et-Loire, représentante des chasseurs au CESER et colistière en position non-éligible, qui salue une «belle mobilisation» dans la salle.
L'oratrice présente Jean Lassale en citant un exemple datant de quelques années : son soutien aux opposants à un projet de parc national de zones humides dans la basse vallée du Doubs.
Rappelant que le «fort tempérament» de Willy Schraen s'exprime à la tête de la Fédération national des chasseurs depuis 2016, Évelyne Guillon expose un rapide bilan : permis de chasse à 200 euros [NDLR : inclus dans une réforme de la chasse voulue par Emmanuel Macron], le financement par l’État d'actions de chasseurs favorisant la biodiversité, et l'accord global avec l’Office national des forêts portant sur l'équilibre forêt-gibier.
La chasseresse refuse «une vision déconstructrice de la société»
Revenant aux sujets du meeting, Évelyne Guillon considère qu'«une élite intellectuelle gère la haute administration européenne et la haute administration française et est complètement déconnectée de la réalité du terrain».
«Parmi cette élite se sont infiltrés des animalistes, des antispécistes, les wokistes, les écologistes radicaux qui, eux, veulent nous imposer une vision déconstructrice de la société, une décroissance et nous enlever nos racines patrimoniales auxquelles on tient», développe la chasseresse, «on ne veut pas de cette société».
L'oratrice conclut son propos – ponctué par une fanfare de sonneurs – en appelant à la mobilisation des abstentionnistes pour «créer une immense surprise» au soir du scrutin.
Jean-Baptiste Pierre fustige le «détricotage des services publics»
Venu du Morvan voisin, le colistier Jean-Baptiste Pierre, maire de Sommant, commune au nord d'Autun, critique la révision générale des politiques publiques, lancée en son temps par Nicolas Sarkozy, qu'il considère comme un «détricotage des services publics». Depuis, «aucun parti n'a été en mesure de nous apporter des solutions pour essayer de remettre en place des dynamiques territoriales».
L'élu local fustige les multiples schémas qui aménagent le territoire aux différents échelons des collectivités, voyant là une raison du «délitement» démographique en zone rurale.
Le maire morvandiau cible le Rassemblement national
Sur un plan plus politique, le maire morvandiau choisit de cibler particulièrement le Rassemblement national et sa tête de liste Jordan Bardella qui «en cinq ans a proposé 21 amendements» et va «se retrouver devant les tribunaux» en raison de soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen pesant sur le parti de Marine Le Pen. Les débats du procès se dérouleront de septembre à novembre prochain.
«Que font les gens qui évoluent dans ce parti pour le territoire rural», demande en écho Jean-Baptiste Pierre, «que font les autres partis, dont le parti présidentielle, pour les territoires ruraux si ce n'est faire avancer la révision générale des politiques publiques ?»
«J'ai fait le choix de rejoindre l'Alliance rurale», déclare-t-il sous les applaudissements, car «on a vrai besoin d'un mouvement qui défende nos territoires, qui mette en place des politiques au plus haut niveau pour soutenir nos agriculteurs, nos artisans et nos commerçant , pour maintenir les services publics, pour développer au niveau supra-national l'ensemble des services et des projets d'aménagement du territoire qui tendent à se déliter dans notre France».
L'Alliance rurale entend «changer des choses pour le bien de l'Europe»
«Jean Lassale a une vraie vision pour le territoire rural», lance Willy Schraen, prenant la parole d'une voix qui porte dans le hall du pôle agricole, «c'est une liste pro-Europe, ce n'est pas pour autant qu'on est content de ce qu'ils y font actuellement». L'Alliance rurale entend donc «changer des choses pour le bien de l'Europe».
Le chasseur se lance alors dans un discours-fleuve passant en revue la construction européenne, la ruralité, les divergences avec le Rassemblement national, les directives européennes basées sur l'«écologie punitive», la fiscalité, la politique migratoire, la pression des loups sur l'élevage et les conséquences de la prise en compte du bien-être animal.
«Les gens veulent retrouver beaucoup plus de liberté dans cette Europe»
«On voudrait revenir aux fondamentaux de l'Europe», indique Willy Schraen, c'est à dire le traité de Rome de 1957 qui a «rassemblé des peuples pour la paix et la liberté» alors que depuis «on a dérivé, très fortement depuis 15-20 ans». «On a transformé cette Europe en un espèce de
diktat très difficile à assimiler avec des gens très en colère aujourd'hui».
Le tribun rappelle le vote négatif des Français à 54,67% sur le Traité constitutionnel européen, en 2005, avant finalement la ratification par voie parlementaire de la France du Traité de Lisbonne, en 2007.
«Ce jour-là, on a perdu 50% des électeurs, (…) on a humilié les gens qui allaient voter», analyse-t-il en appelant à «revoter», supposant que «les trois quarts de pays européens se sentiraient tout de suite mieux». «Les gens veulent retrouver beaucoup plus de liberté dans cette Europe.»
«Nous sommes des conservateurs mais nous ne sommes pas des extrémistes»
«La ruralité n'est pas un point géographique, sinon ça s'appelle la campagne, c'est un état d'esprit et des valeurs, c'est ce que nous portons au niveau du monde rural ; c'est une façon d'appréhender les choses avec du bon sens», explique le chasseur qui assure ainsi participer à «une liste apolitique».
«En Europe, il y a des gens qui sont en train de positionner des listes très similaires à la nôtre, (...) ce prisme rural intéresse de plus en plus de monde. Si nous sommes élus, nous arriverons à construire le premier groupe du bon sens et de la ruralité au niveau de l'Europe et pouvoir influencer», ajoute-t-il. «Quand on joue avec une majorité relative, il n'y a pas de petit groupe, il faut être au bon endroit, au bon moment.»
«Nous sommes des conservateurs mais nous ne sommes pas des extrémistes», précise Willy Schraen, «on a le droit de vouloir conserver les choses pour progresser et ancrer parfois ces choses dans la modernité de leur temps, c'est un autre débat». «Nous ne sommes pas liés à un extrême !»
«Vous passez 8 heures par mois rien que pour la paperasserie européenne»
«Chaque norme environnementale, chaque nouvel interdit impacte fortement le portefeuille des Français et sont autant d'humiliations qui fracturent une société qui est déjà totalement en surchauffe», poursuit Willy Schraen qui fait rapidement le lien avec un sujet plus général, celui de la «surchage administrative» française qui représente 84 milliards d'euros par an, selon le Sénat.
«Vous passez 8 heures par mois rien que pour la paperasserie européenne et ce sera quatre fois plus dans 20 ans», anticipe-t-il. «Toutes ces normes sont gérées en Europe par 313 commissions, (…) on doit arrêter immédiatement d'en faire des nouvelles, (…) la France doit retrouver cette souveraineté législative.»
«On nous propose un acte de contrition écologique permanent»
«Au nom de la planète, on a tous les droits dans cette Europe», estime le chasseur, «On nous fait porter systématiquement, à nous, les ruraux, la responsabilité de tout ce qui ne va pas sur la planète». «On nous propose un acte de contrition écologique permanent.»
Véhicule à moteur thermique, voyage en avion, feu de cheminée, feu de barbecue, consommation de viande, entretien d'un jardin, pratique de l'équitation, installation d'un sapin de Noël... «c'est de ma faute», raille Willy Schraen, empruntant parfois à Coluche ou encore à Louis de Funès, tout en insistant sur «l'écologie punitive».
«On est en train de créer le principe du kolkhoze écologique»
«On a un problème de spoliation de nos territoires même privés avec comme étendard l'écologie et en porte-drapeaux les fonctionnaires européens», déclare Willy Schraen au sujet du champ d'application des réglementations environnementales. «On est en train de créer le principe du
kolkhoze écologique qui est en train de réduire à néant la notion de propriété privée.»
La Fédération nationale des chasseurs et l’Alliance nationale des sports et loisirs de nature tendent à se fédérer avec les principales fédérations nationales d’activités de plein air et de pleine nature. Chasseurs, VTTistes, cavaliers, randonneurs ou encore cyclotouristes ayant des arguments à faire valoir face aux réglementations environnementales.
Les propositions fiscales de l'Alliance rurale
Originaire du Pas-de-Calais, Willy Schraen enchaîne avec une problématique ayant émergé durant les inondations que le département a connu cet hiver : l'absence de curage des fossés qui facilite l'évacuation de l'eau, en raison de la nécessité d'une étude d'impact, étude qui grève les budgets des communes rurales.
Après les inondations, les maires ont reçu un courrier du préfet : «vous curez tout ce qui bouge», résume celui qui est également conseiller municipal de Bayenghem-lès-Éperlecques. «Faut-il ce genre de choses pour enfin prendre conscience de cette dérive de l'écologie punitive qui, à un moment, menace même la vie des gens ?»
Dans ce contexte, l'Alliance préconise «la suppression de la TVA sur tous les hydrocarbures», «la suppression des taxes environnementales» et l'instauration de «statuts fiscaux et environnementaux incitatifs et non punitifs» pour favoriser des relocalisations d'entreprises en zones rurales.
L'Alliance rurale propose de «sacraliser toutes nos identités culturelles»
«Plus on m'accuse d'être un mauvais Européen, à cause de ma ruralité, voire un salaud de chasseur à cause de ma passion, plus, je me dis que j'ai raison, que nous avons raison de résister à ce que l'on veut nous imposer», réagit l'orateur en ironisant sur «le tribunal inquisiteur de l'écologie populaire».
Le président de la Fédération nationale des chasseurs prend alors un temps pour défendre avec ferveur «les chasses traditionnelles» – ce n'est même pas de la chasse, c'est de l'art» –, mettant en perspective le nombre d'animaux prélevés au regard de la population de leur espèce respective : par exemple, «52 personnes pratiquent la tenderie aux grives dans les Ardennes, (…) ils ont attrapé 400 grives la dernière année où ils ont pu le faire, sur une population de plus de 800 millions d'individus».
«Si ces traditions sont dorénavant barbares et qu'elles sont interdites, alors il faudra se préparer à beaucoup d'interdiction», envisage-t-il car «on a une explosion de l'intolérance».
En cas d'élection, l'Alliance rurale compte proposer un texte pour «protéger toutes les traditions françaises et européennes» et ainsi «sacraliser toutes nos identités culturelles».
La politique migratoire de l'Alliance rurale
Après le sujet des traditions, Willy Schraen enchaîne avec l'enjeu de la politique migratoire.
Le candidat aux européennes déplore la signature du traité du Touquet entre la France et le Royaume-Uni, entré en vigueur en 2004, qui demande aux autorités françaises de considérer que la frontière britannique se situe sur le trait de côte français, là où partent les bateaux de migrants.
«Vous avez des pauvres gens qui veulent aller en Angleterre, nous, on les tient sur la plage. Quand ça va mal, il y en a 20.000 qui attendent. Là, vous rendez ces gens complètement fous», analyse l'orateur qui appelle à «laisser passer ces gens» vers le Royaume-Uni.
Willy Schraen poursuit avec «une autre immigration», celle qui «provoque des problèmes», déplorant le faible taux d'expulsion des déboutés de l'asile considérant que «l'Europe a toutes les lois à faire appliquer» et que «Frontex n'a qu'à faire son travail».
Refusant d'«amalgamer», le candidat aborde plus favorablement une «troisième immigration», liée aux métiers en tension, notamment dans les filières agricoles. «Quelle meilleure valeur d'intégration et d'assimilation que le travail ?»
«Dans les accords internationaux, l'agriculture française est trop souvent une valeur d'ajustement»
Au bout d'une heure de discours, après quelques digressions, le tribun se penche sur le sujet de l'agriculture et dénonce d'emblée le
Green Deal de l'Union européenne : «c'est 15% de décroissance agricole».
Pointant le fait que «la France refuse, pour des raisons écologiques d'extraire son lithium», métal entrant dans la fabrication de batteries pour véhicules électrique, Willy Schraen souligne le fait que les entreprises françaises se retrouvent à importer du lithium depuis le Chili et articule cela avec le traité de libre-échange au travers duquel le Chili conditionne la possibilité d'acheter son métal à la nécessité d'acheter sa viande de bœuf ou encore ses vins.
«C'est dans ces accords internationaux que l'agriculture française est trop souvent une valeur d'ajustement», dénonce-t-il.
Plutôt que la «souveraineté alimentaire» prônée par le gouvernement, le candidat met en avant «autonomie alimentaire» : «je veux manger de tout, à profusion, mais fran-çais !»
«Le loup ne doit plus bénéficier du statut d'espèce protégée»
Concernant l'élevage en particulier, Willy Schraen considère que «ça fait des années qu'on préfère sacrifier les brebis plutôt que les loups». «Le loup ne doit plus bénéficier du statut d'espèce protégée», martèle-t-il (
lire notre article), souhaitant étendre cette l'éventuelle possibilité de réguler à d'autres prédateurs ainsi qu'aux cormorans, friands de poissons d'étangs ou de piscicultures.
Willy Schraen décrypte le bien-être animal vu par la Commission européenne
Alors que la directive européenne sur le bien-être animal sera examinée par les parlementaire en septembre prochain, Willy Schraen livre son analyse du texte en sortie de commissions : «pour détenir un animal de compagnie, vous aurez besoin d'un examen de compétences, vous allez passer des tests psychotechniques pour vérifier que vous n'avez pas de problème relationnel avec le chien, le chat ou le lapin ; (…) pour les chattes et les chiennes, dorénavant l'âge minimum d'accouplement est de 18 mois, si jamais il y a accouplement, on utilise le terme de viol et vous êtes pénalement responsables de votre chienne ou de votre chatte ; le chenil de demain [devra proposer] des températures qui ne pourront plus être inférieures à 10 degrés ni supérieures à 25 degrés ; (…) [pour les chiens de compagnie], il faudra mettre une lampe allumée entre 17 heures et 9 heures du matin pour pas que l'animal soit stressé quand il se réveille ; les meutes de chiens sont directement menacées, pour ceux qui ont des courants, vous êtes dorénavant personnellement responsable au niveau corporel pour vos chiens, si votre chien a un coup, vous serez jugés».
En résumé, «avoir un animal de compagnie sera un luxe pour les années qui viennent» «C'est ce que veulent clairement les animalistes : rompre avec cette ''mise en esclavage du monde animal pour notre simple plaisir de compagnie''.»
«On va s'opposer à cette nouvelle directive totalement liberticide pour les êtres humains», revendique le candidat.
«Le vivre-ensemble est inscrit dans notre ADN»
«Nous devons nous battre pour le retour du bon sens, c'est une urgence absolue», scande Willy Schraen qui valorise «le partage, la passion, la convivialité, la transmission, les gens heureux». «Le vivre-ensemble est inscrit dans notre ADN.»
«Nous devons entrer en résistance contre cette Europe qui ne respecte presque plus rien de ce que nous sommes, au niveau de nos traditions et de nos identités culturelles», assène le candidat, sous les applaudissements. «Je veux une France en Europe mais une France heureuse, comme elle l'a longtemps été par le passé. (…) Il n'est jamais trop tard pour bien faire, pour l'Alliance rurale, pour redresser la barre européenne.»
«Le déficit d'écoute se transforme partout en amertume» pointe Jean Lassalle
Avec toute sa faconde, Jean Lassalle se lève pour défendre les agriculteurs qui exercent «les métiers tout droit venus de l'Antiquité» afin de domestiquer les animaux et produire des nourritures.
Parmi les étapes civilisationnelles, le tribun insiste sur la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen – «ici, le peuple est souverain» – au regard de sa «dimension universaliste», contribuant ainsi au rayonnement de la France.
«Mais que tout cela est-il devenu ?» demande-t-il en faisant un saut dans le temps. En fonction de quoi, il a placé ses «espoirs» dans l'initiative de Willy Schraen de constituer l'Alliance rurale.
Le candidat regrette que l'Union européenne ne «corresponde» pas aux espoirs placée en elle après «tant de sang versé» en raison notamment de référendums, en 1992 et 2005, ayant tourné aux «plébiscites».
L'homme politique voit là la raison fondamentale de la défiance envers les partis politiques historiques et de l'émergence de mouvements comme celui des Gilets jaunes ou encore comme les manifestations d'agriculteurs : «le déficit d'écoute se transforme partout en amertume».
Les années 1960 en référence
En réponse, le candidat propose d'ouvrir l'accès à l'apprentissage à partir de 14 ans, de «relancer» les lycées agricoles, d'instaurer «des facilitateurs là où il n'y a plus que des contrôleurs», à soutenir les chambres d'agricultures. Et d'imaginer décliner de telles mesures à l'artisanat, ayant les années 1960 en guise de référence.
Dans la même veine, sur le plan institutionnel, Jean Lassalle fait référence à «l'Europe des nations» envisagée par le général de Gaulle et ironise sur «la mondialisation prétendument heureuse» sur le plan économique.
«Ces sondages, c'est de la merde !»
«Sachez que cette élection est archi-biaisée», proteste néanmoins l'orateur en critiquant les sondages au regard de son nombre de suffrages à la présidentielle de 2022. Déjà, à l'époque, crédité de 1% d'intentions de vote, Jean Lassalle avait rassemblé 3,13% des suffrages, soit 1,1 million de voix.
«Ces sondages, c'est de la merde !» s'exclame-t-il, «c'est une arme massive d'orientation inexcusable dans une démocratie qui se veut aussi exemplaire que la France». «Cette fois-ci, ça ne marchera pas parce que vous êtes là tous les soirs.»
«Une légende va naître»
En fonction de participation attendue, le candidat estime à 900.000 le nombre de voix pour atteindre 5% et ainsi avoir des élus au Parlement européen en sachant que la France compte près d'un million de titulaires d'un permis de chasse.
«Il y a une liste qui va dire ce que vous n'avez plus dit depuis des années, emparez-vous en, au-delà du vote, au-delà de notre représentation à Bruxelles, c'est à nouveau le début d'une légende pour nos territoires qui va naître», clame le tribun sous un tonnerre d'applaudissements.
Willy Schraen met son mandat de président des chasseurs dans la balance
Après une intervention enthousiaste du référent alsacien de l'Alliance rurale, un participant attentif interroge Willy Schraen sur son avenir de militant associatif.
En cas d'élection, Willy Schraen restera «président national des chasseurs» de façon à «établir un tremplin entre les problématiques européennes et la chasse française».
En revanche, si la liste n'atteint pas la barre des 5% alors Willy Schraen explique que «le 10 juin, [il] démissionnera de ses mandats de la chasse française» en adoubant Pascal Sécula pour lui succéder le cas échéant. «On va faire plus de 5% et on va battre les écolos», préfère envisager ce dernier.
«On m'a tout proposé, à ces élections-là comme à celles d'avant, (..) je n'ai pas voulu ça, j'ai dit ''je le ferai avec Jean Lassalle où je ne le ferai pas'', parce qu'on est des hommes libres, lui un peu la grande gueule du sud, moi un peu la grande gueule du nord, (…) je veux pouvoir être libre de parler», développe Willy Schraen.
Un ban bourguignon pour «se faire entendre jusqu'à Bruxelles»
Intervient alors un vendeur de volailles sur les marchés, costumé en poulet, qui, pacifiquement, fustige les interdictions municipales de commercialisation qui s'accumulent «au nom d'une idéologie politique».
Le meeting tirant à sa fin, Pascal Sécula lance un tonitruant ban bourguignon pensé pour «se faire entendre jusqu'à Bruxelles» puis Jean Lassalle entonne l'hymne du Béarn, «Se Canta», fredonne les yeux fermés le «Chant des partisans» puis chante à pleine voix «La Marseillaise».
Jean-Christophe Tardivon