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21/02/2022 19:28

INNOVATION : Les projets numériques d'Atol CD s'inscrivent dans la relance de la recherche et développement

Des employés jeunes qui aspirent à travailler à Gevrey-Chambertin avec des niveaux de salaires parisiens pour mettre au point les solutions numériques du futur : c'est la problématique découverte ce vendredi 18 février par la sous-préfète de Beaune et la sous-préfète à la relance en Bourgogne-Franche-Comté en visitant l'entreprise Atol CD soutenue par France Relance.
Entreprise de services numériques créée en 2000, Atol Conseils et Développements est spécialisée dans la conception des applications métier pour le web ou les smartphones. Elle compte quatre sites à Paris, Lyon, Dijon et Gevrey-Chambertin et envisage d'ouvrir prochainement une agence supplémentaire à Dijon et une nouvelle agence à Besançon. Des recrutements sont également dans les tuyaux.

Deux projets de recherche d'Atol CD ont bénéficié du soutien de France Relance, financé par l'Union européenne à hauteur de 375.000 euros, l'un portant sur le développement d’une application utilisant une méthode photographique de relevé alimentaire avec analyse nutritionnelle automatisée pour éviter la dénutrition chez la personne âgée ou le patient hospitalisé, l'autre concernant la création d’un observatoire des signaux dans les discours du domaine alimentaire.

Ce vendredi 18 février 2022, Myriel Porteous, sous-préfète de Beaune et Natacha Vieille, sous-préfète à la relance, sont allées à la rencontre des équipes d'Atol CD à l'agence gibriaçoise. Les deux représentantes de l’État étaient accompagnées de Christophe Lucand (PS), maire de Gevrey-Chambertin, et ont été accueillies par Jean-Philippe Porcherot, directeur général d’Atol CD.

Une croissance de 15% par an


À l'heure de la transition numérique, Atol CD apporte des compétences aux entreprises soit en mode projet avec de petites équipes autonomes, soit par de la délégation de personnel : solutions métier, gestion des documents, analyse de grandes quantités de données... «On est là pour ouvrir le champ des possibles à nos clients», revendique le directeur général.

La croissance est régulière, entre 15 et 20% par an. Le chiffre d'affaire s'établit à 12,6 millions d'euros en 2021 avec un objectif de 15 millions d'euros en 2022. Historiquement, une part important du chiffre d'affaire est réalisé sur le secteur agroalimentaire, d'où une adhésion au pôle de compétitivité Vitagora. La Bourgogne-Franche-Comté représente 15% de l'activité.

Intervenant dans le secteur de la blockchain, de la signature électronique décentralisée et du big data, l'entreprise entend mener des projets d'innovation en collaboration avec des laboratoires universitaires ou industriels d'où des partenariats également avec l'université de Bourgogne, l'ESIREM ou encore Agronov. Elle a reçu les labels BPIfrance excellence, Foodtech, Frenchtech, Planet Tech'care et Entreprise innovante.

«Les personnes veulent travailler ici et avoir des salaires parisiens»


Atol CD emploi près de 190 personnes à ce jour – quasiment toutes en CDI – et continue de se développer avec une trentaine de nouveaux recrutements prévus en 2022. Chaque année, l'entreprise contractualise avec une petite dizaine d'alternants, ce qui constitue souvent «un pré-recrutement».

Le secteur étant en tension, «on doit s'adapter, on s'organise pour proposer une offre pour faire venir les personnes, on propose des projets qui donnent envie de venir», signale Jean-Philippe Porcherot. «On n'a pas forcément besoin d'aller à Paris pour avoir des emplois de très haut niveau», réagit Myriel Porteous.

«Le Covid a un peu bousculé les frontières», analyse le directeur général, «à Paris, le télétravail s'est largement démocratisé ; les personnes veulent travailler ici et avoir des salaires parisiens». Les négociations salariales 2022 s'ouvrent avec une augmentation minimale de 5%.

«Ça amène une population jeune qui va avoir des besoins particuliers»


Le maire de Gevrey-Chambertin revendique l'accompagnement effectué dans l'environnement de cette entreprise en particulier et de celles implantées sur le territoire gibriaçois en général. «On est associé pour faciliter les modes de déplacement, sécuriser la voirie, travailler l'urbanisme et travailler aussi les aspects paysagers et écologiques», explique Christophe Lucand.

L'élu prend pour exemple la voie «potentiellement verte» devant relier la gare jusqu'à l'extrémité de la zone d'activité économique des Terres d'or. La zone d'activité rassemble 2.000 emplois. De façon globale, en périphérie de la métropole dijonnaise, environ 3.000 emplois sont localisés à Gevrey-Chambertin qui compte 3.100 habitants.

«Ça amène une population jeune qui va avoir des besoins particuliers pour les enfants, les commerces, les services, les logements», complète Nelly Schutz, chargée de mission à la délégation régionale académique à la recherche et à l'innovation (DRARI).

Christophe Lucand signale même des possibilités d'extension sur la troisième partie des Terres d'or tout en regrettant l'absence d'installation de la fibre optique jusqu'au zones d'activité de la communauté de commune de Gevrey-Chambertin et Nuits-Saint-Georges.

Foodintech pour améliorer la nutrition des patients du CHU


Contacté par le CHU Dijon Bourgogne via Vitagora, Atol CD a développé le projet Foodintech en partenariat avec Yumain, entreprise dijonnaise proposant un système d'intelligence artificielle. Il s'agit d'une analyse automatisée de la prise alimentaire en établissement afin de lutter à la fois contre la dénutrition et le gaspillage alimentaire.

Pratiquement, un smartphone photographie avant le service et après le repas le plateau puis une intelligence artificielle calcule automatiquement ce que la personne a ingéré, l'identité du patient étant codée et associée au plateau en question, le prestataire chargé de la restauration ayant renseigné le menu défini avec les équipes du CHU.

«Cela permet de proposer un suivi personnalisé afin de faire des choix de menus qui soient le plus adaptés aux besoins des patients», souligne Virginie Vanwymelbeke-Delannoy, chercheur hospitalier en nutrition au CHU Dijon Bourgogne.

«La nutrition contribue à la guérison et au bien-être des patients», abonde Florence Martel, directrice de la recherche au CHU Dijon Bourgogne, «sans compter le coût du gaspillage alimentaire».

Les solutions numériques, un «plus» dans la pratique des soignants


Les personnels chargés de la distribution des repas aux patients ont été formés  l'utilisation de cette solution numérique. L'étude de validation indique que la Foodintech apporte plus d'efficacité que la technique précédente, «c'est bénéfique pour le patient», souligne Virginie Vanwymelbeke-Delannoy. Un point-clé pour l'acceptation des personnels dans le changement des pratiques.

«Dès que l'on parle systèmes d'information, il y a une problématique de conduite du changement», constate Jean-Philippe Porcherot, «le CHU a réussi à mobiliser l'ensemble acteurs des services pilotes, à faire des démonstrations, à beaucoup accompagner».

«Il y a encore pas mal d'effort à mener sur l'accompagnement au changement», concède Florence Martel. «Ce sont des professionnels qui n'ont pas forcément l'habitude de travailler avec l'outil numérique, (…) introduire de la technologie dans des pratiques qu'ils font depuis plusieurs années sans technologie. Ce sont quand même des gens qui sont très attentifs aux besoins des patients, s'ils voient qu'il y a un changement assez rapide des menus et que les patient mangent mieux, finissent leur assiette... C'est une façon aussi de les valoriser et d'apporter un plus dans leur pratique», développe-t-elle.

Deux recrutements financés par France Relance


Foodintech est en expérimentation en gériatrie et en endocrinologie avec l'objectif d'être élargi à d'autres services du CHU Dijon Bourgogne – voire à des EHPAD – puis à d'autres établissements de santé en France ou en Europe.

Quatre personnes d'Atol CD travaillent exclusivement sur Foodintech. Les recrutements ont été financés par la BPI, la Région Bourgogne-Franche-Comté et l'Agence Nationale de la Recherche. Le financement de France Relance a permis un recrutement au sein d'Atol CD ainsi qu'un recrutement au sein du CHU Dijon Bourgogne dédiés à ce projet pour les années 2022-2023.

Cocktail pour étudier les discours émergents sur l'alimentation


Le projet Cocktail recouvre un observatoire en temps réel des tendances dans le champ de l'alimentation en analysant des signaux faibles circulant dans les propos tenus sur le média social Twitter afin d'étudier les discours émergents dans le domaine agroalimentaire.

Un tel projet associe les technologies du big data, des outils d'analyse en temps réel et de l'intelligence artificielle. Il permet de proposer des services à des institutionnels ou à des industries.

Par exemple, Cocktail repère les mots clés associé au veganisme et suit l'activité des influenceurs. «Cela permet d'anticiper des crises quand un bruit de fond se constitue», indique Jean-Philippe Porcherot.

«On mobilise des chercheur en sciences de l'information et de la communication qui étudient les faits et mécanisme qui font que le discours circule et qui font que le discours émerge», précise Gilles Brachotte, enseignant-chercheur en sciences de l'information et de la communication à l'université de Bourgogne. Un poste a été financé par l'ANR et France Relance pour les années 2022 et 2023.

«On va voir les communautés s'agréger, se mobiliser et voir des leaders d'influence prendre position», signale Gilles Brachotte. Cela offre aux entreprises la possibilité de détecter en amont des thématiques qui les concernent pour anticiper des évolutions industriels.

Actuellement, Cocktail est appliqué à la politique de santé, en étant mis à l'épreuve sur le thème de la vaccination contre la Covid-19. Des articles sont en cours de préparation portant sur la position des professionnels de santé.

«La R&D une priorité du plan de relance européen»


Les subventions ou avances remboursables, «ça fait des accélérateurs, ça nous permet d'aller souvent plus vite en termes d'investissements», glisse Jean-Philippe Porcherot.

Natacha Vieille précise que l'aide à la recherche et au développement de France Relance a été rouverte pour l'année 2022 : «la recherche et développement est une priorité du plan de relance européen (...) parmi l'écologie et le numérique». Les dossiers sont à déposer à la DRARI avant le 1er juin.

Par ailleurs, le quatrième programme des investissements d'avenir (PIA4) court jusqu'en 2025. Il a été renforcé par les fonds de France 2030 pour totaliser 54 milliards d'euros au niveau national pour financer des stratégies d'accélération en matière de R&D.

Certaines thématiques concernent tout particulièrement la Bourgogne-Franche-Comté : l'hydrogène, le numérique, la santé et l'agroalimentaire dont l'alimentation favorable à la santé et l'alimentation durable.

Dans ce cadre, Vitagora et Agronov notamment vont détecter les projets d'entreprises des différents acteurs du monde agricole à exploiter dans les prochaines années.

Jean-Christophe Tardivon