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16/05/2022 03:29

LÉGISLATIVES : «C'est le peuple français qui va faire en sorte que Jean-Luc Mélenchon devienne Premier ministre», revendique Antoine Peillon

Ce vendredi 13 mai, le candidat de la NUPES sur la première circonscription s'est défendu de tout parachutage à Dijon et a revendiqué une attention pour «l'état d'urgence sociale» dans le pays. Antoine Peillon considère les députés LREM sortants comme des «Playmobils» et les socialistes dissidents comme des «séditieux».
Parachuté or not parachuté ? Telle est la première question qui s'est posée quand s'est développée la rumeur précédant l’officialisation de la candidature d'Antoine Peillon (LFI, NUPES) sur la première circonscription de la Côte-d'Or pour les prochaines élections législatives.

À l'heure où la crise sanitaire a entraîné quelques changements de résidence en France, notamment des grandes métropoles vers des villes de taille moyenne et vers des communes rurales, à l'heure où chaque aire urbaine rivalise d'attractivité pour voir s'implanter des entreprises nouvelles, doit-on s'étonner que Dijon attire de nouveaux talents, y compris politiques ?

Militant et journaliste


Par son travail de journaliste, d'essayiste, de réalisateur de documentaire, Antoine Peillon a conquis une notoriété nationale. Il s'est spécialisé sur les questions d'évasion fiscale, de sécurité et d'extrême-droite. Il est également syndicaliste, étant délégué syndical de la CGT durant sept ans, engagé auprès des travailleurs de la presse. Au chapitre biographique, le nouveau Dijonnais de 63 ans est le frère aîné de Vincent Peillon, ancien ministre socialiste.

En décembre 2021, le militant a rejoint la première Union populaire, véhicule de campagne de Jean-Luc Mélenchon pour fédérer en vue de la présidentielle au-delà de La France Insoumise en accueillant des acteurs de la société civile, notamment des syndicalistes, puis la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES), associant dans une coalition en vue des législatives une quinzaine de mouvements dont les principaux sont La France Insoumise, Europe Écologie Les Verts, le Parti communiste français, le Parti socialiste et Génération.s.

Dans le cadre de cette campagne, le candidat investi le 10 mai dernier a accordé sa toute première interview à Infos Dijon ce vendredi 13 mai 2022.

«Nous nous sommes installés familialement en septembre à Dijon»


Vous avez été parachuté sur la première circonscription depuis Paris, comment se passe l'atterrissage ?

«Non, je ne suis pas parachuté. Mon arrivée à Dijon, en septembre dernier, est un projet de vie personnel qui date de nombreuses années. Les choses se sont précipitées du fait de la crise, notamment celle du Covid. (…) Nous nous sommes installés familialement en septembre à Dijon aussi pour un motif : ma belle-famille est bourguignonne, originaire de Givry, mon beau-père et ma belle-sœur vivent à Dijon, Dijon où je me suis marié il y a vingt ans. (…) J'ai des attaches profondes à Dijon, j'y suis venu très souvent.»

«Je vais faire mes courses à l'Intermarché de la Fontaine-d'Ouche»


Avez-vous des liens particuliers avec la Côte-d'Or ?

«La Côte-d'Or, c'est un département que je connais, que j'ai parcouru en long, en large et en travers pour des raisons touristiques, pour des raisons professionnelles.»

«J'avais les images de Fixey, de la petite église, du commencement des vignes. Du fait de la sensibilité naturaliste, le goût du terrain, l'amour du patrimoine et de l'historien – je suis de formation historien –, la Bourgogne est un des grands centres de notre pays dans lequel je me sens bien. Je suis venu et j'ai récolté des choses magnifiques.»

«Je connais très bien les quatre départements de la Bourgogne, je connais beaucoup moins ceux de Franche-Comté même si j'ai été beaucoup dans le Jura.»

«J'habite dans la première circonscription. Je suis habitant, citoyen et électeur, tenant le bureau de vote, dès la présidentielle d'un quartier qui est juste contigu à celui de la Fontaine-d'Ouche.»

«Je vais faire mes courses à l'Intermarché de la Fontaine-d'Ouche, au marché central de Dijon. J'ai une très grande familiarité avec tout ça en tant qu'habitant.»

Participation à des groupes d'action locaux de La France Insoumise


Avez-vous échangé avec les militants locaux des partis constituant la NUPES ?

«Dès que je suis arrivé, parce que je suis militant, de différentes sortes, associatif, syndicaliste mais aussi politique depuis quelques mois, je n'ai pas tardé à m'inscrire dans les groupes d'action ex-France Insoumise devenue Union populaire, ne serait-ce que parce que j'ai été dès son origine membre du parlement de l'Union populaire au niveau national, appelé par Jean-Luc Mélenchon et ses amis, du fait de mes activités professionnelles et d'une certaine notoriété sur certains, dont l'évasion fiscale mais pas que, les questions de sécurité, de police, de renseignement.»

«J'ai pris contact dans deux lieux différents : le groupe d'action Dijon sud qui est animé par Patricia Marc et qui a ses lieux de réunion à Marsannay-la-Côte et le groupe Dijon nord, qui couvre les première et deuxième circonscriptions. (…) J'ai été en tant que militant à ces réunions, je crois depuis le mois de décembre dernier.»

«Rapidement, j'ai ressenti qu'il y avait des difficultés dans ces groupes, les deux, et ils m'ont assez vite adopté, très bien accueilli et ils ont osé me faire part de ces difficultés et je les ai encouragés à partager leurs difficultés au niveau national à travers un correspondant régional, Anthony Brondel [NDLR : candidat sur la première circonscription du Jura], qui s'est occupé y compris des différentes désignations pour les candidatures.»

«Ça a conduit au bout d'un moment, l'idée, dans les groupes locaux, et, in fine, au niveau national du mouvement à une proposition éventuelle qui m'a été faite de participer aux législatives en tant que candidat. Je n'ai rien demandé.»

«Depuis de très nombreuses années, j'ai une relation, plutôt du registre personnel que politique, avec Jean-Luc Mélenchon, avec Sophia Chikirou, avec tous les députés de La France Insoumise de la présente législature. Il n'y en a pas un que j'ai contacté pour parler de Dijon. Je suis à Dijon, militant de Dijon, citoyen de Dijon et il y a des procédures qui sont des procédures locales qui sont arrivées jusqu'à Anthony comme correspondant de l'Union populaire dans notre région au contact de tous les groupes locaux.»

«Cette semaine, on a eu une réunion très importante du groupe nord où ma candidature a été validée, encouragée, alors qu'elle devenait officielle dans la nuit.»

«J'ai milité par des distributions de tract à différents endroits, Fontaine d'Ouche beaucoup parce que j'ai une affection particulière pour ce quartier et sa population, marché central de Dijon où j'ai rencontré Catherine Hervieu au moment de la présidentielle. C'était un peu délicat mais ma façon de faire, qui est sincère, d'aller vers les autres a fait qu'on a eu deux premières vraies discussion sur le fond.»

«J'ai distribué des tracts, j'ai participé à des réunions d'idées, d'agenda d'action dans ces deux groupes. Maintenant, je m'investis principalement sur le groupe d'action Dijon nord.»

«Le groupe Dijon nord, il n'y a aucun secret, on s'est compté mardi soir, c'est 45 personnes. Il y a des Gilets jaunes, des profs y compris de l'université d'ici. Deux choses ont amené de nouveaux militants : la campagne de Jean-Luc Mélenchon très puissamment et le parlement de l'Union populaire, l'ouverture à la société civile.»

«Vous allez voir que tous ces groupes, et avec nos autres camarades d'EELV, du Parti communiste, de Génération.s – on aurait bien aimé que ce soit aussi avec les socialistes -, vont faire beaucoup de choses ensemble et peut-être certaines choses assez spectaculaires.»

En dehors de La France Insoumise et de l'Union populaire, avez-vous rencontré les militants d'EELV, de Génération.s, des autres partis qui forment à présent la NUPES ?

«Je les ai rencontrés sur distribution de tracts, on s'est rencontré à la manifestation du 1er-Mai.»

«[Avec Catherine Hervieu, candidate EELV-NUPES sur la deuxième circonscription], depuis quelques jours, c'est plusieurs coups de téléphone par jour dans un enthousiasme qui a une sorte de part d'enfance parce qu'il y a une sorte de joie, de bonne surprise, à pouvoir se retrouver sans mauvaise pensée.»

«Nous ne sommes pas des Playmobil»


Le député est un élu national qui avait un fort ancrage local jusqu'au vote du non-cumul des mandats. Comment voyez-vous le député à présent : relais du territoire à l'Assemblée national ou relais du parti dans le territoire ?

«Ni l'un, ni l'autre. Sur ces sujets-là, il est toujours très important d'en revenir à ce que nous dit la Constitution, à ce que nous disent les lois. En gros, depuis la Révolution française, qui est une référence importante pour moi mais je crois pour tous mes camarades, le député est représentant de la nation française toute entière et du peuple. Il doit mener son mandat dans l'intérêt général de la nation et du peuple. Il peut même le faire, selon nos institutions, de façon libre par rapport au parti qui l'a investi.»

«Nous avons une œuvre premièrement nationale urgente à réaliser, des enjeux qui vont être des enjeux de gouvernement, des enjeux de changement des lois, des abrogations de certaines lois iniques, les lois qu'il faut voter en urgence en faveur du peuple et de la nation font que l'on va se consacrer à ces motifs généraux qui ne sont pas des motifs locaux.»

«En revanche, les motifs généraux, les motifs nationaux sont des motifs locaux, ils ne sont jamais détachés de ce que vivent les gens dans les quartiers dans lesquels nous vivons, nous habitons.»

«Il y a un double aspect des choses. Il y a l'aspect descendant : tout ce qui est de l'intérêt général de la nation et du peuple est un intérêt du peuple là où il habite, dans son quartier, dans sa ville, dans son département et sa région. Il y a une communauté de problématiques, de difficultés, et, aussi, éventuellement, d'expériences positives qui font que 80-90% des thématiques législatives concernent tout le monde, y compris dans le détail.»

«L'aspect ascendant, auquel on tient aussi beaucoup : comment peut-on être un élu de la nation et du peuple si l'on ne fait pas partie soi-même de la nation et du peuple. Or, nous ne sommes pas des êtres doués d'omniprésence partout à Montauban, à Aix, à Paris, à Lille et à Dijon. Comment je me suis nourri toute ma vie, et en plus en tant que journaliste, de ce qu'est la réalité de la vie de mes concitoyennes et de mes concitoyens ? En étant au contact de celles et ceux qui sont autour de moi, que je peux aller voir loin de chez moi mais que je peux rencontrer tous les jours.»

«[le quartier de la Fontaine d'Ouche], c'est un quartier où la sociologie ne correspond pas au milieu dont je suis issu, ne correspond pas à la vie que j'ai menée mais, en revanche, correspond au milieu, et à la vie, dans lequel e me suis toujours plongé et en tant que journaliste et en tant que syndicaliste. J'ai toujours été au contact de ces personnes qui ont beaucoup de choses à m'apprendre et qui donc peuvent m'inspirer, m'enrichir, me rappeler à l'ordre sans avoir besoin d'aucune brutalité mais parce qu'ils vont avoir une expression qui va me surprendre en bien, comme je suis toujours un apprenant, et qui remontera forcément dans mes motifs voire dans mes formulations quand je participerai au travail législatif.»

«Non, ça n'est pas une élection municipale, ça n'est pas une élection cantonale, ça n'est pas une élection locale. C'est une élection qui concerne tous les citoyens de France. En revanche, les citoyens de France sont citoyens de Dijon, de Montauban, de Lille, de Marseille.»

«Ni relais du territoire, ni relais du parti. Indépendance même vis à vis du parti. (…) Nous ne sommes pas des Playmobil ; je n'en veux pas chez nous.»

«Pas touche aux plus faibles, pas touche à celui qui vient de loin, pas touche aux enfants et aux jeunes !»


L'appel de Jean-Luc Mélenchon à le faire «élire» Premier ministre apparaît comme une contorsion des articulations de la Vème République. Comment défendez-vous cela ?

«Ça ne sera pas une contorsion, ça sera une rectification de la Vème République. Ça sera une rectification de la déviance de la Vème République parce que la Vème République n'avait pas prévu au départ la règle du quinquennat, qui a été établi pour la première fois à l'élection présidentielle de 2002, mais surtout, qui ajoutée d'un passage du quinquennat renforcé par une inversion de calendrier électoral où on a placé les élections législatives en juin, un tout petit peu après une élection présidentielle avec, à l'esprit, ce que Marine Le Pen a exprimé au JT de 20 heures de TF1 le 10 mai dernier 'la logique des institutions veut que le président de la République ait une majorité'. Marine Le Pen, qui nous dit que c'est dans l'opposition qu'elle trouvera son rôle et donc, où elle squeeze les électeurs français de la possibilité d'élire une majorité à la législative qui ne soit pas une bénédiction d'un président de la République qui a été parmi les plus mal élus de l'histoire de la Vème République et qui représente, en gros, un quart de l'électorat potentiel français.»

Et les autres candidats encore moins que ce quart...

«C'est pour ça qu'un seul autre candidat dit 'il y a à nouveau des élections'. Ce que nous avons loupé, de très peu, au premier tour de la présidentielle, on peut le refaire, si c'est la volonté populaire, dans ce qu'on appelle un troisième tour.»

«[Le peuple français] a l'air de dire à travers de multiples sondages qu'il ne veut pas laisser les pleins pouvoirs à Emmanuel Macron. Si le peuple français prend conscience qu'une autre politique, et un autre monde, est possible et que la seule méthode est d'établir une majorité de gauche et écologiste à l'Assemblée nationale afin que ces députés ne soient pas les électeurs du Premier ministre mais imposent par le jeu constitutionnel l'obligation pour le président de la République de nommer le Premier ministre de leur choix. Si ce n'est pas le cas, on va vers la crise constitutionnelle grave et le président de la République va se trouver sans aucune majorité et même sans Assemblée nationale s'il va jusqu'à la dissolution pour réessayer un coup de force de ne pas accepter le Premier ministre que nous voudrons mettre à Matignon.»

«Donc, oui, Jean-Luc Mélenchon, dans une formule lapidaire n'a pas tort, contrairement à ce que disent certains – Marine Le Pen en complicité avec La République En Marche – qu'il sera élu Premier ministre puisque c'est le peuple français qui, à travers les élections de ces députés, va faire en sorte que Jean-Luc Mélenchon devienne Premier ministre.»

«Jean-Luc Mélenchon, malgré tout ce que disent des médias d'invraisemblable sur son mauvais caractère, ses colères, son côté insupportable à titre personnel, des gens qui, aujourd'hui dans ce pays, veulent un changement de politique, eh bien, ils ont été convaincus par Jean-Luc Mélenchon.»

«Ils ont été convaincus par des choses fondamentales. Première chose, le respect. Il a été le seuls à parler d'eux, à parler des plus pauvres, des plus jeunes, à avoir parlé avec respect et même avec une envie de protection au bon sens du terme des populations issues de l'immigration qui, toutes, nous témoignent, avec une douceur incroyable, une douleur aussi incroyable, de comment ils se sentent injuriés en permanence et, maintenant, bien pire menacés en permanence.»

«C'est un motif qui, chez moi mais aussi chez tous mes camarades, est devenu un motif incandescent d'engagement, de lutte et voir de résistance parce qu'on n'a plus peur de ce mot. Pas touche aux plus faibles, pas touche à celui qui vient de loin, pas touche aux enfants et aux jeunes !»

«Il y a une figure de ça qui est apparue à l'occasion de la campagne électorale présidentielle, c'est Jean-Luc Mélenchon. C'est comme ça !»

Vous vous dites rétif à la personnalisation de la politique. En 2017, on a largement raillé les candidats à la députation Marcheurs qui, sur les affiches, plaçaient leur portrait à côté du portrait d'Emmanuel Macron. Là, à l'approche de ces législatives en 2022, on ne voit même pas les candidats. Pour l'instant, on ne voit que la personne de Jean-Luc Mélenchon.

«Non, on n'a pas que sa figure ! Il y a le tract de remerciements |après la présidentielle]. Sur les tracts électoraux pour les législatives, peut-être pas chez tous les mouvements, en tous cas dans le nôtre, il y aura le visage de Jean-Luc Mélenchon et les visages des candidats aux législatives dans chaque circonscription !»

«La personnalisation, ça n'est pas la même ! D'abord, 2017, ça n'est pas 2022 ! Depuis 2017, il y a eu un quinquennat de destruction de la société française. La jolie figure d'Emmanuel Macron en 2017, ça n'est pas la figure de combat d'un monsieur beaucoup moins sexy qu'Emmanuel Macron, qui est un monsieur qui a 70 ans mais qui porte sur lui sa générosité et sa combativité.»

«Oui, nous avons besoin de cette figure. Non pas comme d'un leader, comme on le dit toujours, mais comme quelqu'un qui incarne et nous représente dans un libre choix de représentation.»

Les dissidents socialistes, des «séditieux»


Craignez-vous un «front républicain» contre la NUPES dans la circonscription ?

«Non seulement, je ne le crains pas mais il n'existe pas. Le front républicain, c'est nous ! Le front républicain, ce sont des mouvements politiques qui sont véritablement à gauche, véritablement écologistes, et donc la tradition historique est justement la république une et indivisible.»

«Nous sommes les seuls, Union populaire, EELV, Parti socialiste – avec lequel il y a un accord national dont nous nous réjouissons -, Génération.s, Parti communiste... toutes les composantes de la Nouvelle Union sont ce qui ressemble à ce qu'a été le Front populaire où des gens de sensibilité très différentes s'étaient rassemblées pour sauver le pays.»

«Quand on dit 'sauver le pays', ça fait un écho à une certaine période de la Révolution française quand des pays européens royalistes et soutenant le roi français ont voulu faire la guerre à la France. Nous, nous sommes ce Front républicain qui ne lâchera rien sur la laïcité, ne lâchera rien sur liberté, égalité et fraternité qui est, quelque part, notre idéal presque métaphysique.»

«Le front républicain ? Je me marre ! En face de nous, une bande de gens qui se dissidents. Qui sont d'ailleurs dans le plus grand embarras pour se trouver une étiquette républicaine.»

«Quand on en parle entre nous, ce sont pour nous des séditieux. Les responsables socialistes de Dijon et de la Côte-d'Or qui vont à l'encontre d'une décision démocratique de leur propre parti et se livrent à provocations inouïes, samedi dernier, dans leur conseil fédéral, pour dire qu'ils vont soutenir, (…) les candidats dissidents qui vont s'opposer à la Nouvelle Union populaire écologistes et socialiste dans laquelle le Parti socialiste au niveau national est partie prenant et de quelle importance !»

«Ceux qui, en Côte-d'Or, se disent encore socialistes et appellent à la sédition contre leur propre parti mais surtout contre toute la société, contre ceux qu'ils devraient défendre, les plus pauvres, les plus désorientés, tous ceux qui aspirent simplement à liberté-égalité-fraternité en quoi pourraient-ils constituer un front républicain au sens véritable de la république ?»

«Nous allons les combattre sans merci parce que c'est sur le fond que nous nous opposons. Ils nous font honte dans la politique qu'ils mènent depuis cinq ans dans des complicités complexes, incompréhensibles et tellement obscures.'

«Comment peut-on continuer de se réclamer du socialisme et dire 'la retraite à 65 ans, il n'y a pas de problème', 'vingt heures de travail pour ceux qui touchent le RSA, il n'y a pas de problème', 'les violences policières – dont j'ai été le témoin tout le long de ces dernières années en tant que journaliste – c'est l'ordre'. Non ! C'est le désordre, c'est la zizanie, c'est la haine des uns contre les autres. C'est ça le front républicain ?»

«Je vais le dire très gravement : nous avons déjà connu ces époques historiques où la bêtise, où la méchanceté essaient de régner. Elles nous trouverons comme résistants, au minimum, en face d'eux. Elles nous trouveront comme gouvernants pour rétablir les choses dans le bon sens. Le front républicain, c'est nous ! La république, c'est nous !»

«François Hollande a trahit lui-même le contrat qu'il avait établi en 2012»


Ne font-ils pas ce que les frondeurs ont fait en leur temps face à François Hollande ?

«La Fronde, ça a été quand même un moment historique un peu particulier donc, déjà, le terme de frondeurs, on a un peu de difficultés avec ça. François Hollande a trahit lui-même le contrat qu'il avait établi en 2012. 'Mon ennemi, c'est la finance'. J'ai été à Bercy. J'ai voté pour lui. Je m'en suis tellement mordu les doigts qu'en 2017, j'ai commis un livre que je ne renie absolument pas mais qui était d'une telle révolte que c'était une révolte anarchiste pour dire 'moi, je ne vote plus'.»

«François Hollande a mérité non pas une fronde, une réaction d'honneur de certains qui ont dit 'c'est toi qui nous trompes, on ne peut plus faire partie de ton groupe parlementaire, on ne peut plus te soutenir avec tes gouvernements parce que tu fais l'inverse de ce pour quoi on a été élu'. Ils ont eu ce courage-là, ils l'ont payé très cher.»

«Ce ne sont pas des frondeurs, ce sont des séditieux parce que le Parti socialiste d'aujourd'hui, ce qu' a fait Olivier Faure et tous ses amis, et le conseil national du Parti socialiste, c'est rétablir le Parti socialiste dans la véritable identité du Parti socialiste. Je suis très heureux, très fier même, de voir que nous avons à nouveau un Parti socialiste. C'était inespéré.»

«La chasse interdit à tout le monde de se promener sans avoir peur d'être flingué»


Quels éléments programmatiques allez-vous mettre en avant dans cette circonscription plutôt libérale en ville et conservatrice à la campagne ?

«Cette circonscription n'est ni l'un ni l'autre, elle est beaucoup plus que ça. Bien sûr qu'il y a des coins ruraux dont on me dit qu'ils votent parfois très fortement à gauche. Il y a des parties centrales de Dijon plutôt bourgeoise, de personnes qui n'ont pas trop à souffrir de la situation actuelle, mais qui, pourtant, certes sont peut-être libéraux mais ont, parfois, une conscience aussi politique de fond sur les sujets fondamentaux et qui peuvent très nous rejoindre et, en tous cas, certains d'entre eux nous font des signes sur le fait que, en termes de morale républicaine justement, ils trouvent que notre union, parce que c'est ça l'élément nouveau, est un motif d'espoir pour eux.»

«Des gens qui, quand on était à la présidentielle, nous traitaient un peu de haut, aujourd'hui, viennent vers nous avec un message très simple : 'on en marre de Macron, on en a marre de ses tricheries, on en a marre de son spectacle'. Des gens qui ont été ces électeurs et parfois compagnons qui sont arrivés visiblement à un niveau de saturation de la manière de faire de la politique d'Emmanuel Macron.»

«Il y a une troisième composante dans cette circonscription, (…) c'est la composante populaire. On a beaucoup parlé déjà de la Fontaine d'Ouche mais je crois qu'à Talant aussi il y a des quartiers que l'on peut qualifié de populaire. C'est vers eux que l'on va se tourner en premier, pas exclusivement.»

«Il y a un état d'urgence sociale. Je vais souffrir un tout petit peu parce que, quand je serai élu avec mes camarades, les questions écologiques ne seront pas au premier rang de ce sur quoi nous allons nous battre. Nous allons nous battre sur la question des retraites – pas seulement l'âge des retraites, le niveau des retraites –. Nous allons nous battre sur le SMIC à 1.400 euros nets. Nous allons nous battre sur la question des salaires parce qu'il y a eu comme un décrochage en douce des grilles salariales imposées par le patronat dans combien de secteurs par rapport ne serait-ce qu'au SMIC. Nous allons nous battre sur les produits vitaux et de l'encadrement des prix, voire du gel des prix, sur l'énergie, sur la nourriture, sur l'hygiène.»

«Je suis porteur d'une sensibilité particulière qui est la protection de la nature. Certes, la première circonscription, ce n'est pas de la nature seulement, ou en premier, mais il y a de la nature. J'entends autour de moi des gens qui habitent dans cette circonscription et qui veulent simplement randonner dans nos belles forêts. Flavignerot, Corcelles-les-Monts, le Mont Affrique...»

«Qu'est-ce que j'entends partout ? Deux choses. La destruction de la forêt pour des intérêts inouïs, y compris chinois. Et puis la chasse qui interdit aujourd'hui à tout le monde de se promener sans avoir peur d'être flingué. On a d'ailleurs un soutien majeur d'Emmanuel Macron qu'on appelle le 'patron des chasseurs', président de la fédération nationale de chasse, qui ose aujourd'hui dire, après avoir proposé à faire lui-même la police dans les campagnes, que les randonneurs aillent randonner chez eux et que, sans ça, ils courent sciemment le risque, et les chasseurs n'en seraient pas responsables, de recevoir un coup de fusil.»

«Nous serons le pouvoir législatif qui discutera toutes les lois»


Comment jugez-vous le bilan du député sortant ?

«Je pense qu'il a participé à une œuvre de destruction du bien commun, de destruction de ce qui fait qu'un peuple se réunit dans une œuvre commune de progrès économique mais surtout de progrès humain et qu'il a fait partie de ce qu'on appelle les Playmobils qui, sous une autorité de fer des gouvernements d'Emmanuel Macron mais aussi du président de l'Assemblée nationale, ont voté systématiquement sans avoir à en discuter, parfois même sans en être informés, la politique décidée à l’Élysée entre Monsieur Kohler et Monsieur Macron |NDLR : depuis mai 2017, Alexis Kohler est secrétaire général de la présidence de la République française].»

«Il fait donc partie de ces députés qui se sont systématiquement soumis au pouvoir exécutif alors qu'ils représentaient le pouvoir législatif. Nous, nous ferons l'inverse. Nous serons le pouvoir législatif qui, en accord ou en harmonie avec le pouvoir exécutif, discutera vraiment et n'acceptera pas de ne pas discuter de toutes les lois. Si nécessaire, nous les modifierons, nous les amenderons, nous les corrigerons, nous les améliorerons pour le bien commun de la nation et du peuple français.»

«Nous allons remobiliser l'électorat de Jean-Luc Mélenchon»


Quelle va être votre stratégie de campagne ?

«Notre stratégie va être simple parce qu'elle a été définie nationalement.. Le premier enjeu, c'est l'abstention. Nous allons retourner vers celles et ceux qui se sont abstenus à la présidentielle en leur disant 'mesurez bien les enjeux' parce qu'on sait qui sont les abstentionnistes, ce sont souvent les plus découragés.»

«On va aller voir celles et ceux qui ont voté pour Mélenchon et qui risquent de s'abstenir, peut-être plus que ceux qui ont des facilités dans la vie. Nous allons remobiliser l'électorat de Jean-Luc Mélenchon et c'est d'ailleurs un des motifs de la figure de Jean-Luc Mélenchon sur nos tracts.»

«Nous allons nous tourner vers tous les autres, vers toutes celles et tous ceux qui ont déjà fait signe de bonne volonté politique au sens de la république.»

«J'ai même eu des contacts informels avec des LR. (…) Ils viennent me voir en me disant 'la république, c'est nous aussi parce que nous, c'est De Gaulle'. (…) Quelque part, je me sens beaucoup plus proches d'eux et ils seront beaucoup moins mes adversaires que les macronistes, qu'ils s'avouent macronistes parce qu'ils ont un minimum de franchise ou qu'ils soient des macronistes de l'ombre.»

Prochaines venues de soutiens nationaux


Quel est votre agenda de campagne pour les prochains jours ?

«[Ce vendredi soir], nous allons avoir ensemble une réunion que l'on qualifie de stratégique où l'on va cristalliser notre Nouvelle Union populaire écologique et sociale pour de l'action tous ensemble sur les trois circonscriptions [NDLR : première, deuxième et troisième].»

«On va parler d'une voix. (…) On a envie d'être en harmonie, pour prendre un concept-clé du programme de Jean-Luc Mélenchon, les uns avec les autres.»

«Pour la suite, nous avons convenu que les événements que nous allons créer serons des événements conviviaux. On voit partout se développer des piques-niques ou des apéros républicains, populaires.»

«Et peut-être un événement majeur avec des amis de notoriété nationale qui peuvent venir d'assez loi et qui viendront dire que, oui, ce que nous avons fait à Dijon, et qui n'était pas évident, est véritablement cette Nouvelle Union populaire.»

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon

L'Insoumis Antoine Peillon répond à la socialiste Sladana Zivkovic


Récapitulatif des candidats en Côte-d'Or