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17/05/2022 18:19

LÉGISLATIVES : Catherine Hervieu souhaite «convaincre l'ensemble des électeurs de voter pour le climat, la justice sociale, les solidarités»

Avec le sapeur-pompier David Camus pour suppléant, Catherine Hervieu a lancé sa campagne ce mardi 17 mai. L'écologiste est la candidate de la NUPES sur la deuxième circonscription en ayant pour but de représenter le secteur urbain et les zones rurales. Par ailleurs, elle fustige le «retournement de veste» de Benoît Bordat.
Après d'âpres négociations avec La France Insoumise, le pôle écologiste qui soutenait Yannick Jadot à la présidentielle a décroché 100 circonscriptions dans toute la France – dont 80 pour Europe Écologie Les Verts – dans le cadre de l'accord de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) en vue des élections législatives des 12 et 19 juin prochains.

En Côte-d'Or, une seule circonscription a été réservée aux Verts, la deuxième, allant du centre de Dijon à l'est du département, incluant Fontaine-Française et Pontailler-sur-Saône. Déjà candidate en 2017, Catherine Hervieu a été investie par EELV. Elle a choisit David Camus (sans étiquette) comme suppléant.

Additionner les reports de voix


En 2017, Catherine Hervieu avait réuni 4,36% des suffrages exprimés au premier tour. Rémi Delatte (LR) avait été réélu au second tour face à François Deseille (Modem). Aucun des deux ne se présente.

Au premier tour de l'élection présidentielle de 2022, dans cette circonscription, Emmanuel Macron est arrivé en tête avec 28,03% des voix, suivi notamment de Marine Le Pen (23,27%), Jean-Luc Mélenchon (21,31%), Éric Zemmour (7,38%) et Yannick Jadot (5,21%).

En additionnant les résultats de Jean-Luc Mélenchon, de Yannick Jadot, de Fabien Roussel et d'Anne Hidalgo, l'équipe de campagne nourrit pour le moins des espoirs d'accéder au second tour.

Candidats sur les cantons avant de viser la circonscription


Âgée de 64 ans, résidant à Dijon, Catherine Hervieu a été psychologue scolaire, à présent à la retraite, ayant intervenue notamment au sein d'établissements scolaires de la circonscription.

En 2020, elle a été élue conseillère municipale à Dijon, siégeant de l'opposition à François Rebsamen (PS). En 2021, elle a été élue conseillère départementale sur le canton Dijon 3, elle siège dans l'opposition à François Sauvadet (LCOP).

Elle préside d'Atmo Bourgogne-Franche-Comté et participe au bureau d'Atmo France. Toujours au niveau national, elle est présidente de la Fédération des Élus Verts et Écologistes.

Âgé de 41 ans, résidant à Villers-les-Pots, David Camus est sapeur-pompier professionnel en Côte-d'Or. Pour le syndicat SPP-PATS, il est représentant du personnel aux niveaux local et national et a été élu aux instances du SDIS 21. Il a également présidé durant plusieurs années l'amicale des sapeurs-pompiers.

En 2021, il a été candidat aux départementales avec Corine Roussel sur le canton d'Auxonne, un binôme soutenu par les Forces de progrès social et écologique. «Je suis attaché à la justice sociale et très attaché à l'équité», indique celui qui n'adhère pas à un parti politique mais se reconnaît cependant dans des valeurs «de gauche».

Un autre élu départemental, Billy Chrétien (EELV), est le directeur de campagne de la candidate.

«Le but est de représenter l'ensemble de la circonscription»


«En moins d'un mois, il va falloir qu'on arrive à convaincre l'ensemble des électeurs de la seconde circonscription de voter pour le climat, la justice sociale, les solidarités parce que cela a été quand même plutôt attendu lors du premier tour de la présidentielle», indique Catherine Hervieu ce mardi 17 mai 2022 depuis le quartier de la Fleuriée à Saint-Apollinaire.

La candidate compte sur la dynamique créée par la NUPES pour susciter l'adhésion : «on a réussi à faire en l'espace de quelques jours le travail qui n'a pas été fait pendant plusieurs années, cet accord est le fruit d'un compromis et, nous, on va jouer la traduction de cet accord de façon très déterminée, très motivées, pour remporter cette élection».

«Je connais plutôt bien le monde rural et l'attente de ses habitants», souligne David Camus, «le but est de représenter l'ensemble de la circonscription, aussi bien la métropole que le territoire rural». «En termes d'écologie, avec les maraîchers sur le bassin, il y a de quoi faire. On veut développer les circuits courts.»

«Arrêter de jouer les concurrences entre les territoires»


«On voit tout ce qui se passe autour de la fragilisation de la ressource en eau», constate Catherine Hervieu, «la volonté est d'arrêter de jouer les concurrences entre les gens, entre les territoires, c'est vraiment tous ensemble que l'on pourra y faire face».

La candidate aspire à la députation pour mettre en place la transition écologique et la transition énergétique : «il y a des solutions pour réduire cette fracture et cette facture énergétique».

«On ne le fera pas les uns contre les autres, il faut travailler en même temps à la réduction des inégalités qui nourrissent ce sentiment d'être des laissés pour compte, notamment dans les territoires ruraux», souligne-t-elle.

Les conséquences du changement climatique


Les sapeurs-pompiers de la Côte-d'Or sont désormais en première ligne face aux effets du changement climatique ainsi que le signale David Camus : «on s'aperçoit que ce qui se passait dans le sud de la France remonte géographiquement sur nos territoires».

«Les recharges de nappes [phréatiques] se font très très difficilement», alerte à son tour Catherine Hervieu, «on voit dès avril-mail des niveaux d'étiage des rivières qu'on observait en août il y a quelques années, cela impacte forcément l'agriculture, l'élevage».

«Il y a des signaux forts pour engager une mutation au niveau des cultures, du modèle agricole. On connaît les solutions. La question est le changement de braquet et la lutte contre les lobbies. Cela avait été porté de façon très forte par Yannick Jadot pendant la campagne présidentielle», insiste-t-elle.

«On ne veut pas faire peur aux gens»


«On sait qu'il y a de la résistance au changement pour des raisons économiques, pour des raisons de rentabilité à court terme. Clairement, c'est une question de civilisation. On le dit un peu solennellement. On ne veut pas jouer les Cassandre, on ne veut pas faire peur aux gens mais on veut prendre nos responsabilités pour faire autrement sur les process industriels, agricoles et travailler sur le volet de la lutte contre le gaspillage à tous les niveaux : gaspillage de la ressource en eau, gaspillage alimentaire, gaspillage énergétique», argumente la candidate.

En termes de pouvoir d'achat, Catherine Hervieu prend l'exemple de la préparation des repas : «cela fait plusieurs décennies que les gens sont habitués à manger des produits transformés et ne savent plus forcément cuisiner. Acheter des légumes bio et savoir les cuisiner, cela revient moins cher que d'acheter des produits transformés et qui ne sont pas forcément très sains dans la durée pour votre santé».

«'Jean-Luc Mélenchon Premier ministre', c'est un beau truc de communication»


«Je ne fais pas la campagne pour Jean-Luc Mélenchon», assure Catherine Hervieu, «c'est la campagne pour la Nouvelle Union populaire écologique et sociale». «L'objectif est de faire élire un maximum de députés issus du rassemblement et de constituer des groupes suffisamment forts et qui travailleront en inter-groupes pour peser sur le débat national. Jean-Luc Mélenchon aura toute sa place en tant que leader. Après, le truc de 'Jean-Luc Mélenchon Premier ministre', c'est un beau truc de communication.»

En cas de majorité de la NUPES à l'Assemblée nationale, La France Insoumise assume de hiérarchiser les priorités en faisant passer «l'urgence sociale» avant «l'urgence climatique» dans les premières lois.

L'écologiste récuse cette hiérarchie : «on sait que les pollutions et les conséquences du changement climatiques impactent déjà les plus pauvres ; c'est à nous de démontrer qu'[urgence sociale et urgence climatique] sont liées». La problématique faisant partie des «débats» au sein de la NUPES.

«On a la volonté d'avoir un groupe écolo fort à l'Assemblée nationale. Non pas pour jouer la concurrence avec les partenaires. On est rassemblé dans une diversité de solutions, d'approches. Cela fait partie de la vitalité démocratique», souligne la candidate qui assume le programme «l'Avenir en commun» comme matrice de la coalition avec des nuances apportées par chaque composante. Entre défaites et défections, après dix-huit élus à l'Assemblée nationale en 2012, EELV ne comptait plus qu'un seul député en 2017.

Catherine Hervieu fustige le «retournement de veste» de Benoît Bordat


«Si on veut faire gagner l'écologie, c'est en étant rassemblé et non pas en jouant la division», glisse Catherine Hervieu alors que Benoît Bordat, un ancien membre du comité de soutien de Yannick Jadot, se lance sur la même circonscription avec cette fois l'étiquette Fédération progressiste, le mouvement fondé par François Rebsamen.

«Je ne comprends pas bien ce retournement de veste», poursuit-elle, «soutenir officiellement la candidature de Yannick Jadot qui a beaucoup dénoncé le bilan d'Emmanuel Macron par rapport à l'inaction climatique de l'ensemble du quinquennat précédent et, en l'espace de quelques jours, (…) c'est une valse à contre-temps».

La proportionnelle, «une réponse à la colère des gens»


Concernant le bilan du député sortant, la candidate regrette tout d'abord qu'il n'ait pas voté en vue d'obtenir une «abolition des pesticides».

«Le fait que les élections législatives arrivent juste après l'élection présidentielle fait qu'il y a un parlement qui ne peut plus exercer son rôle avec des débats démocratiques à la hauteur de la représentation de l'ensemble de la population. Je n'ai pas entendu les Républicains, et notamment Monsieur Delatte, se battre pour la question de la représentation à la proportionnelle. (…) Cela aurait été aussi une réponse vis à vis de la colère des gens de ne pas se sentir dignement représentés au niveau national», estime-t-elle.

Alors qu'ils font campagne pour faire basculer la circonscription, Catherine Hervieu et David Camus entendent rassurer les électeurs en évitant toute «guerre de clochers» en cas d'élection.

«Jeu de chaises musicales» au gouvernement


Élisabeth Borne nommée Première ministre ? «Un jeu de chaises musicales», pour l'opposante au président de la République qui fustige le «retard» pris en France en matière de rénovation énergétique des logements.

«Sur les mobilités, on a plutôt assisté à des fermetures de lignes ferroviaires. Localement, cela se traduit par les fermetures de haltes ferroviaires comme à Villers-les-Pots. (…) Dans certains territoires, les gens restent captifs de leur voiture alors qu'ils auraient pu avoir un projet de vie à côté d'une infrastructure qui leur permettait de faire autrement», analyse la candidate.

Des réunions publiques à partir du 24 mai


Catherine Hervieu a rencontré les militants Insoumis notamment afin de les mobiliser en vue de sa campagne dans le cadre de la coalition : «tous les sympathisant qui souhaitent rejoindre notre campagne sont les bienvenus».

L'équipe de campagne a sécurisé les impressions des documents de campagne, certains imprimeurs manquant de papier. Des opérations de porte à porte sont prévues pour distribuer les tracts ainsi que des réunions publiques à partir du 24 mai prochain.

Si la météo le permet des piques niques seront proposés aux potentiels électeurs. Une réunion conviviale et commune aux cinq candidats NUPES de la Côte-d'Or est en cours d'organisation.

Jean-Christophe Tardivon

Récapitulatif des candidats en Côte-d'Or


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