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01/06/2022 18:04

LÉGISLATIVES : Des candidats s'engagent auprès des agriculteurs de la FDSEA 21

Ce mercredi 1er juin, à Hauteville-lès-Dijon, s'est déroulée la première des réunions proposées par le syndicat agricole à ses adhérents pour échanger avec les candidats notamment sur la thématique de la souveraineté alimentaire. François-Xavier Dugourd, Grâce Jourdier et Didier Martin ont répondu présents pour signer une charte d'engagement.
Dans le cadre de la campagne des élections législatives, la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles de la Côte-d'Or (FDSEA 21), affiliée à la FNSEA, a prévu d'organiser du 1er au 3 juin des «rencontres agricoles» dans les cinq circonscriptions du département en partenariat avec les Jeunes Agriculteurs.

L'objectif est de favoriser les échanges entre les adhérents de la FDSEA 21 et les candidats afin de voir qui s'engage à signer la charte résumant les revendications du syndicat agricole, majoritaire dans le département. Tous les candidats de toutes les circonscriptions ont été invités.


Trois candidats côte-à-côte


Ce mercredi 1er juin 2022, la série de réunions débute avec la première circonscription, se déroulant quasiment en bout de champ, dans la cour de la ferme Franet, à Hauteville-lès-Dijon. Vice-président de la FDSEA 21 et maire de la commune, Jacques Carrelet de Loisy anime les débats et rappelle que le secteur agricole rassemble 4.700 exploitations en Côte-d'Or, sur près de 470.000 hectares, et représente 66.000 emplois directs et indirects.

Sont présents quelques agriculteurs et trois candidats : François-Xavier Dugourd (LR-UDI), Grâce Jourdier (RN) et Didier Martin (Ensemble). Entre eux, étant côte à côte, la courtoisie est de rigueur, ce qui limitera les postures médiatiques destinées à souligner les différences et à accentuer la rivalité.

Pas d'attaque directe donc mais une tendance positive à appuyer les points forts. Didier Martin mettra en avant son bilan de député sortant et l'action de l'exécutif durant le quinquennat précédent sans oublier de mentionner la venue d'Emmanuel Macron dans une ferme voisine à Étaules. François-Xavier Dugourd insistera sur l'action du Département. Grâce Jourdier évoquera son père agriculteur en Saône-et-Loire, «précurseur du bio» avant «d'en revenir».

Souveraineté alimentaire et gestion de l'eau


«L'objectif est que chacun puisse s'exprimer sur sa vision de l'agriculture et, surtout, sur deux enjeux aujourd'hui : l'importance de la souveraineté alimentaire et la gestion de l'eau», indique Jacques Carrelet de Loisy en introduction.

Pour lancer les échanges, Bertrand Franet présente son exploitation en polyculture-élevage de 520 hectares s'étendant sur les communes de Longvic, Daix ou encore Fontaine-lès-Dijon. La ferme produit notamment de la moutarde.

L'exploitation récupère les eaux de pluie hivernales ruisselant de 5.000 m² de toitures, ce qui permet, dans une saison normale, de quasiment faire la jonction avec les orages d'été. Pour cette année 2022, la réserve de 350 mètres cubes est déjà à sec en mai. «C'est la première année depuis 1986», alerte Bertrand Franet.

Un projet de méthaniseur en suspend


En dehors des aléas climatiques, la principale actualité de la ferme concerne un projet de méthaniseur commun à six exploitations «bien avancé administrativement» mais qui n'est pas encore réalisé du fait de la hausse récente des coûts de construction. L'investissement estimé à 7 millions d'euros avait été calculé sans subvention régionale initialement mais pourrait devenir tributaire d'un soutien de la part de la collectivité.

Didier Martin glisse alors que «la Région Grand-Est soutient les projets de méthaniseur dans leur ensemble» quand «la Région Bourgogne-Franche-Comté a mis des critères sélectifs sur certains méthaniseurs qui ont des apports en fumier». Le député sortant indique avoir signalé le sujet à la présidente de Région et compte sur François-Xavier Dugourd, conseiller régional d'opposition, pour appuyer la demande de révision des critères afin de s'aligner sur la Région Grand-Est.

Grâce Jourdier a une vision «très patriotique» de l'agriculture


«J'ai une vision très patriotique et ancienne France de l'agriculture», lance Grâce Jourdier en prenant la parole. «Les phytosanitaires, je suis bien évidemment pour, c'est obligé. Le problème, c'est qu'il faut qu'il y ait une solution proposée à côté, on ne peut pas tout enlever», ajoute la candidate en référence aux produits de substitution.

Moratoire sur les zones de non-traitement aux abords des habitations, encadrement des marges de la grande distribution, relocalisation complète en France des filières de production et de transformation des produits agroalimentaires, restauration scolaire approvisionnée à «80% en produits français», revalorisation des retraites de conjoints d'agriculteurs, plan de financement «d'urgence» pour l'irrigation et le stockage de l'eau... font partie des propositions du Rassemblement National en matière d'agriculture.

Didier Martin rappelle que «la ferme France produit à l'export»


Aléas climatiques, aléas économiques, aléas politiques... Didier Martin enchaîne en listant les menaces pesant sur le monde agricole, intégrant ainsi implicitement l'éventualité d'une cohabitions à l'issue des législatives comme une «aventure politique».

«La ferme France produit à l'export, il faut défendre les parts de marché à l'export et vous permettre d'être compétitifs par rapport à un marché international et par rapport aussi à une consommation intérieure», poursuit le député sortant en vantant les négociations de la PAC, la loi Egalim 2 ou encore la revalorisation des retraites agricoles.

Rappelant qu'il a organisé des Assises locales de l'eau à Ahuy, Didier Martin appelle à une concertation au niveau départemental des différents acteurs de l'eau pour aborder les questions d'abreuvement, d'irrigation et de stockage de l'eau dans «le respect des principes de biodiversité». «L'eau est une ressource précieuse à protéger, qu'il faut partager équitablement, au meilleur prix», déclare-t-il.

François-Xavier Dugourd propose de «simplifier» les normes


«On l'oublie un peu mais cette circonscription, elle est aussi bien rurale. Il y a 60% de ville et 40% de campagne», signale à son tour François-Xavier Dugourd. «Ce lien entre le monde urbain et le monde rural est essentiel, il mérite d'être renforcé».

Pour sa part, l'élu des Républicains choisit de souligner la dimension entrepreneuriale de l'activité agricole : «on sait que vous rencontrez toute une série de problématiques de valorisation de votre travail mais également d'attirer des jeunes vers vos professions et la question des transmissions d'entreprise, (…) nous avons des propositions très concrètes». Le «nous» faisant référence au candidat et à sa suppléante, Catherine Renosi (LR).

Le candidat envisage de «développer tous les moyens de la production agricole française» tout en égratignant au passage l'Union européenne et sa «réglementation». «Il y a un vrai besoin de simplification de vos activités, (…) il y a plus de 500 normes qui pèsent sur les entreprises et, en particulier, le monde agricole.»

Contrairement au député sortant, François-Xavier Dugourd considère que la région Bourgogne-Franche-Comté «n'est pas très favorisée» : «il y a un vrai travail de renégociation de la PAC». «La loi sur l'eau mérite d'être revue», rebondit le candidat, reprenant ainsi une revendication récurrente de la FNSEA.

Didier Martin anticipe un essor de la génétique et de la robotique


«Comment voyez-vous l'agriculture dans dix ans ?» demande Guillaume Moyot, secrétaire général des Jeunes Agriculteurs de Côte-d'Or.

«Avec des agricultrices et des agriculteurs qui vivent de leur travail dans des exploitations rentables», répond d'emblée Didier Martin qui entend «essayer d'endiguer la chute continue du nombre d'exploitants dans la région» pour «laisser un territoire vivant grâce, entre autres, aux agriculteurs».

«Il y a une question fondamentale : la recherche qui doit être génétique, (…) c'est grâce à des variétés plus résistantes que l'on diminuera l'apport de pesticides, c'est nécessaire parce que c'est demandé. Le glyphosate, les néonicotinoïdes, le fipronil, tous ces éléments-là, la société les a dans les viseur, c'est devenu un mot-valise, glyphosate=pollution», développe Didier Martin avant de vanter «l'agriculture de conservation». Sans surprise, il ne sera guère question d'agriculture biologique durant les échanges.

Une recherche en biotechnologie qui doit se doubler d'innovations en matière de robotique selon le député sortant : «c'est quelque chose d'important pour des traitements ciblés sur la plante, peut-être aussi, bien sûr, pour l'irrigation».

François-Xavier Dugourd entend «remplacer le principe de précaution par le principe d'innovation»


«Vos exploitations sont très importantes pour l'animation de nos territoires», enchaîne rapidement François-Xavier Dugourd qui a perdu du temps au chronomètre des interventions.  Le candidat insiste sur «l'orientation des jeunes» pour «casser» l'image des métiers agricoles et favoriser «la reprise» des exploitations.

«Il faut remplacer le principe de précaution par le principe d'innovation», lance tout de go l'élu des Républicains alors que c'est l'ancien président de la République Jacques Chirac, issu de la même famille politique, qui a constitutionnalisé le principe de précaution en 2005.

«Le monde agricole se construira avec vous et avec l'appui des collectivités», poursuit le vice-président du Département. Selon lui, le rôle des collectivités est de «concevoir un environnement général qui soit favorable [au développement des entreprises]».

«Un modèle qui ne soit imposé ni par l'Europe, ni par le gouvernement français», tempête François-Xavier Dugourd avant d'aborder «le poids des dépenses publiques» vues comme «la clé de tout» expliquant «les coûts de production».

Une charge qui fera bondir Didier Martin, défendant la politique d'intervention économique menée par Emmanuel Macron durant la crise sanitaire.

Grâce Jourdier vise «le lobby des graines»


«Vous avez toutes les clés en main», répond à son tour Grâce Jourdier au JA. «Vous souffrez d'une trop grosse réglementation, (…) il vous faut aujourd'hui de la reconnaissance», poursuit-elle en évoquant la formation, notamment dans les CFA.

La candidate de la droite nationale s'en prend ensuite au «lobby des graines» qui «nous bassinent avec des assiettes healthy même aux bas âges». «C'est une mode, (…) ça enlève du marché dans nos assiettes.»

Les enjeux de l'exportation et de l'autonomie alimentaire


La FDSEA 21 se revendique «force de propositions». «On a toujours été pour une agriculture de production, qu'elle soit d'élevage ou de céréales, conventionnelle ou biologique, (…) et complémentaire avec des énergies renouvelables», assure Jacques Carrelet de Loisy qui élargit alors le spectre.

«Si la France est devenu exportatrice, c'est aussi un bien pour une relative stabilité dans le bassin méditerranéen», ajoute-t-il puisque les coopératives de la région exportent quand les récoltes de céréales sont suffisantes.

Signature de la charte de la FNSEA


«On souhaite attirer votre attention sur l'autonomie alimentaire», reprend le syndicaliste agricole en présentant la «Charte d'engagement de défense de notre souveraineté alimentaire» et les «Trente propositions pour un projet agricole ambitieux» (voir ci-dessous).

Les trois candidats signent alors volontiers la charte en question qui contient des engagements comme «garantir un dialogue permanent et ouvert», «défendre l'attractivité du métier d'agriculteur», «lutter contre les distorsions de concurrence» ou encore «valoriser et promouvoir l'origine France».

Une autre réunion avait lieu simultanément à Genlis (troisième circonscription), les réunions étant prévues le 2 juin à Arceau (deuxième), le 3 juin à Gissey-sous-Flavigny (quatrième) et à Montmain (cinquième). Selon la FDSEA 21, 16 candidats ont prévu de participer sur les 52 engagés dans ces élections législatives en Côte-d'Or.

Jean-Christophe Tardivon

Les candidats font leurs jeux pour les élections législatives en Côte-d'Or


Les candidats de la première circonscription (par panneau électoral)

1- Didier Martin (Ensemble)
2- Antoine Peillon (La France Insoumise, NUPES)
3- Grâce Jourdier (Rassemblement National)
4- Ambrine Mohamed (Reconquête)
5- Sladana Zivkovic (divers gauche)
6- Amar Titraoui (divers centre)
7- Dominique Gros (Parti ouvrier indépendant démocratique)
8- Julien Thévenin (Lutte ouvrière)
9- François-Xavier Dugourd (LR-UDI)
10- Franck Ayache (divers centre)
11- Manon Bourguignon (Patriotes)





































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