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18/06/2024 16:00
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LÉGISLATIVES : Les enjeux du premier tour en Côte-d'Or

La dissolution de l'Assemblée nationale permet aux électeurs de participer pleinement à la recomposition politique à l’œuvre depuis 2005 en se prononçant au regard des enjeux européens, nationaux et territoriaux. En Côte-d'Or, trente candidats de plus de dix partis se présentent dans cinq circonscriptions.
La recomposition politique s'accélère avec la dissolution de l'Assemblée nationale. Le traditionnel clivage gauche-droite tend à faire place à un clivage eurosceptiques-européistes, vu par Emmanuel Macron notamment comme une confrontation entre «populistes» et «progressistes».

Les enjeux européens et nationaux se déclinent dans les territoires, a fortiori en Côte-d'Or, «petite France» où le découpage des circonscriptions équilibre zones rurales et zones urbaines, en particulier sur les trois circonscriptions qui pointent vers Dijon ; une ruralité elle-même contrastée avec l'apport économique de la viticulture le long de la côte allant de Chenôve à Santenay et l'apport de l'industrie dans le Montbardois.


Dans le département, 18 hommes (60%) et 12 femmes (40%) ont déposé une candidature à ces élections législatives anticipées. Plus de dix partis politiques sont représentés, marquant ainsi la vitalité du débat démocratique. Le premier tour aura lieu le 30 juin prochain, le second tour le 7 juillet.

L'enjeu de la construction européenne


La recomposition politique est en germe depuis le référendum sur le traité de Maastricht, en 1992. Les Français sont alors divisés à parts quasiment égales (51,04% pour le oui, 48,96% pour le non avec une participation de plus de 69%) tandis que la gauche et la droite sont traversées par des fractures séparant les eurosceptiques et les pro-européens.

Cette recomposition s'accentue en 2005 avec le référendum sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe (TCE). Quelques mois après un résultat pourtant plus net qu'en 1992 (54,67% pour le non, 45,33% pour le oui avec, là encore, une participation de 69%), Nicolas Sarkozy choisit de ratifier un nouveau texte, le traité de Lisbonne, par voie parlementaire, en 2008, ce qui apparaît, pour les opposants au TCE, comme un contournement de la volonté populaire.

Rétrospectivement, en 2012, Nicolas Sarkozy apparaît comme la première victime du dégagisme qui monte parmi la population française, François Hollande le suivra en 2017, empêché par les frondeurs et devancé dans la candidature à la présidentielle par Emmanuel Macron.

Aux élections européennes de 2019, en France, les formations eurosceptiques totalisent près de 36% des suffrages – autant qu'en 2014 – contre 25% en 2009.

Le 9 juin dernier, le camp eurosceptique – le Rassemblement national et La France insoumise en tête – cumule près de 49% des suffrages. Dans la foulée, Emmanuel Macron dissout l'Assemblée nationale et donne un coup d'accélérateur à la recomposition.

L'enjeu du gouvernement


Les résultats économiques nationaux relativement favorables depuis 2016 – et la fameuse «inversion de la courbe du chômage» tant attendue par François Hollande – sont masqués par les nuages noirs qui se succèdent depuis 2020 – crise sanitaire, guerre en Ukraine, intensification des effets du changement climatique... – dont les conséquences – l'inflation en particulier – mettent à l'épreuve les catégories populaires et les classes moyennes ainsi que certains secteurs d'activité tributaires des coûts de l'énergie comme le bâtiment et l'agriculture.

Les crises demandent soit un cadre ouvert permettant des réactions souples, soit des réponses rapides dans un cadre contraint. Entre l'organisation jacobine et une majorité relative à l'Assemblée nationale limitant les marges de manœuvre du gouvernement, la pesanteur marque le second quinquennat d'Emmanuel Macron d'où son appel à une «clarification» au soir du scrutin des européennes.

L'enjeu du Premier ministre choisi par les électeurs


Dans un contexte de propension au dégagisme et de pouvoir d'achat en berne, Emmanuel Macron cristallise le mécontentement en raison d'une «hyperprésidentialisation», pourtant initiée par Nicolas Sarkozy. Là où, sous François Mitterrand et Jacques Chirac, les ministres bénéficiaient d'une large notoriété, voire de popularité, désormais seuls quelques-uns sont identifiés par les Français, à commencer par le chef du gouvernement.

En 2022, après la présidentielle, La France insoumise a fait campagne sur le thème d'«élire» Jean-Luc Mélenchon Premier ministre. Une incongruité institutionnelle mais une trouvaille de communication qui lui a permis d'accentuer médiatiquement le rapport de forces favorable à La France insoumise au sein de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES).

L'artifice de communication a été repris par Jordan Bardella au point que les élections législatives anticipées se résument médiatiquement, au niveau national, à un choix de Premier ministre : Jordan Bardella pour le Rassemblement national, Gabriel Attal pour la majorité présidentielle et Jean-Luc Mélenchon pour le Nouveau Front populaire.

L'enjeu de la majorité à l'Assemblée nationale


Ce qui apparaissait comme une préfiguration de la «clarification» au soir du 9 juin, est désormais contrebalancé par les premiers sondages indiquant des intentions de vote le 30 juin prochain en ligne avec les intentions de vote aux européennes.

Le 16 juin dernier, Jean-Luc Mélenchon mettait un bémol à ses ambitions concernant Matignon : «Je ne serai jamais le problème». Même si le Nouveau Front populaire, évolution de la NUPES, est dominé par La France insoumise, disposer d'une majorité absolue apparaît bien incertain.

De la même façon, le 17 juin, Jordan Bardella rétropédalait en conditionnant clairement son acceptation d'une nomination à Matignon au fait de disposer d'une majorité absolue à l'Assemblée nationale, ce qui peut apparaître comme un signe de faiblesse puisque la problématique du leadership est différente des Insoumis, Marine Le Pen étant la candidate incontestée du RN à la présidentielle.

Reste Gabriel Attal qui n'a pas d'autre choix que d'encaisser les récriminations des électeurs en faisant campagne dans une circonscription pourtant favorable, dans les Hauts-de-Seine, en comptant sur un «sursaut démocratique» et une réactivation du «front républicain» pour rester à Matignon après le 7 juillet.

Les enjeux en Côte-d'Or


Depuis la fin du cumul des mandats – disposition sur laquelle Éric Woerth propose de revenir en partie dans son rapport sur l'évolution de la décentralisation –, les députés sont censés être plus préoccupés des contingences nationales que locales.

Bien qu'élus de la nation et non d'un territoire, ils doivent cependant faire avec les aspirations des citoyens à avoir une représentation locale dans les centres du pouvoir, le modèle du député-maire ayant la vie dure.

Les députés sortants se présentent donc devant les électeurs en étant à la fois comptables du bilan de leur formation politique à l'Assemblée nationale et de leur propre bilan d'actions perçues comme participant au développement des territoires constituant leur circonscription. Bien sûr, ils se doivent également de porter les actualisations des propositions de leur parti en vue de la future législature. Néanmoins, pour les tenants de la majorité présidentielle, leur plus lourd fardeau sera de soutenir Emmanuel Macron même s'il est invisibilisé sur leurs affiches de campagne.

Les candidats qui concurrencent les sortants ont, eux aussi, un programme à porter ainsi que, pour ceux qui sont des élus locaux, un bilan territorial à défendre au regard de l'aspiration à rejoindre les législateurs.

Dans le cadre du Nouveau Front populaire, la difficulté sera de faire entendre les amendements au programme de la NUPES, lui-même un amendement au programme de La France insoumise «l'Avenir en commun».

Les candidats devront de surcroît composer avec les tiraillements entre les leaders de La France Insoumise et du Parti socialiste principalement – qui résultent, idéologiquement, pour une bonne part, de divergences sur la construction européenne –, sans oublier les polémiques qui émaillent les candidatures dans telle ou telle circonscription.

Si certains candidats du RN révèlent un passé sulfureux, le parti national-populiste échappe pour l'heure à ces effets médiatiques. N'ayant pas de bilan à défendre – à part quelques votes incohérents au palais Bourbon et au Parlement européen – et disposant d'un cadre idéologique bien identifié par les électeurs – même si certains éléments programmatiques ne cessent de varier –, les candidats du Rassemblement national surnagent donc dans ce contexte.

Sauf qu'ils doivent, eux, composer avec une faible notoriété, au point d'envisager de ne faire figurer que les portraits de Marine Le Pen et Jordan Bardella sur leurs affiches de campagne.

«Petite France» donc, la Côte-d'Or attend des candidats de répondre aux problématiques nationales en ajoutant la prise en compte de spécificités fortes comme la préservation des forêts, la ressource en eau, l'élevage, la viticulture, les industries de la santé, les industries de l'agroalimentaire et la lutte contre le trafic de drogue.

Les candidats de la première circonscription


NB : EPR : Ensemble pour la République ; NFP : Nouveau Front populaire

1- Océane Godard (PS, NFP)
Suppléant Stéphane Woynaroski (PS)
2- Julien Thévenin (LO)
Suppléante Sylvie Riboulet (LO)
3- Sladana Zivkovic (divers gauche)
Suppléant Bruno Domenichini (divers gauche)
4- Didier Martin (REN, EPR)
Suppléant Catherine Refait-Alexandre (REN)
5- Cyline Humblot-Cornille (RN)
Suppléant Frédéric Degrave (RN)
6- François-Xavier Dugourd (LR, NE)
Suppléante Catherine Renosi (NE)

Les résultats aux européennes de 2024
Participation : 58,98%
Jordan Bardella : 22,98%
Valérie Hayer : 18,13%
Raphaël Glucksmann : 17,33%
François-Xavier Bellamy : 9,33%
Manon Aubry : 9,12%
Marie Toussaint : 6,63%
Marion Maréchal : 5,94%
Parti animaliste : 2,18%
Léon Deffontaines : 1,63%

Les résultats aux législatives de 2022
Participation au premier tour : 53,80%
Didier Martin (REN/ENS) : 31,16%
Antoine Peillon (LFI/NUPES) : 25,63%
François-Xavier Dugourd (LR) : 14,80%
Grâce Jourdier (RN) : 12,22%
Sladana Zivkovic (PS diss.) : 7,93%

Pas de sororité chez les candidates socialistes


La configuration est relativement similaire à celle de 2022. La sociologie de la circonscription étant peu favorable au RN et la candidate n'étant pas implantée sur le territoire, le député sortant de la majorité présidentielle va surveiller de près la candidate du Nouveau Front populaire, le candidat des Républicains et une dissidente socialiste.

Cependant, l'avance acquise par Didier Martin (REN, EPR) en 2022 pourrait être tempérée par l'impopularité d'Emmanuel Macron même si le social-libéral est soutenu officiellement par François Rebsamen (PS, FP), maire de Dijon et président de la Fédération progressiste.

Élue régionale et métropolitaine, Océane Godard (PS, NFP) est également proche de François Rebsamen. Elle devra composer avec la candidature dissidente de Sladana Zivkovic (PS, Place publique).

La sororité étant mise de côté, les deux socialistes ont bataillé par communiqués interposés avant que la fédération de la Côte-d'Or ne tranche en rappelant l'avis du conseil national du PS : seule Océane Godard peut se prévaloir de l'investiture du Nouveau Front populaire. Dans ce duel, elles devront prendre garde à moucheter leurs fleurets pour arriver à pactiser éventuellement au second tour.

Actualisé le 21 juin 2024 :
«Sommée» par le premier secrétaire fédéral du PS en Côte-d'Or, Michel Neugnot, de retirer sa candidature, Sladana Zivkovic contre-attaque et met en doute l'investiture d'Océane Godard (lire le communiqué).

Actualisé le 25 juin 2024 :
Le feuilleton de la dissidence continue. Après avoir été alimenté par la fédération du PS et les Jeunes Socialistes, l'échelon national de Place publique, le mouvement fondé par Raphaël Glucksmann, apporte du grain à moudre. Place publique menace d'agir en justice si Sladana Zivkovic continue d'utiliser le logo du mouvement (lire le communiqué). En réponse, la candidate met en cause la validité de la procédure d'investiture du mouvement (lire le communiqué).

Bien implanté dans la circonscription, François-Xavier Dugourd (LR, NE) devra pourtant convaincre les électeurs traditionnels des Républicains qui se sont tournés vers Jordan Bardella aux européennes de revenir au bercail.

Dans ces temps troublés pour le parti héritier du gaullisme, le président de la fédération départementale des Républicains a tenu une ligne claire anti-Éric Ciotti, ce qui lui vaut le soutien de François Sauvadet (UDI) et même de David Lisnard (NE).

Les candidats de la deuxième circonscription


1- Tatiana Guyenot (RN)
Suppléant Jérémy Dameron (RN)
2- Catherine Hervieu (EELV, NFP)
Suppléant David Camus (sans étiquette)
3- Laurent Bourguignat (LR, NE)
Suppléante Corinne Spellat
4- Julien Gonzalez (EAC)
Suppléante Renata Manega (EAC)
5- Benoît Bordat (FP, EPR)
Suppléant Pascal Théron (sans étiquette)
6- Élisabeth Bertrand (droite souverainiste)
Suppléant Philippe Jaillet (droite souverainiste)
7- Claire Rocher (LO)
Suppléant Geoffroy Lamy (LO)
8- Franck Gaillard (REC)
Suppléant Laurent Meneault

Les résultats aux européennes de 2024
Participation : 55,98%
Jordan Bardella : 32,05%
Valérie Hayer : 14,39%
Raphaël Glucksmann : 13,67%
Manon Aubry : 9,36%
François-Xavier Bellamy : 7,58%
Marie Toussaint : 5,59%
Marion Maréchal : 5,41%
Parti animaliste : 2,43%
Alliance rurale : 1,88%

Les résultats aux législatives de 2022
Participation : 49,43%
Catherine Hervieu (EELV/NUPES) : 29,26%
Benoît Bordat (FP/ENS) : 27,04%
Mélanie Fortier (RN) : 20,69%
Adrien Huguet (LR) : 11,43%
Franck Gaillard (REC) : 4,81%
Bruno David (LR diss.) : 3,52%

Le vote déterminant des agriculteurs


Mélanie Fortier (RN) a dû passer le relais du parti à la flamme à une candidate qui n'est pas implantée, Tatiana Guyenot (RN), en raison d'un «heureux événement» en attente.

Cela pourrait limiter l'essor du RN d'autant plus que Franck Gaillard (REC) est le seul candidat de Reconquête en Côte-d'Or, il aura à cœur de mobiliser ses électeurs après le clash entre Éric Zemmour, président du parti identitaire, et Marion Maréchal, désormais exclue.

Plus dramatique, le décès d'Adrien Huguet (LR) a également conduit les Républicains à revoir leur stratégie : Laurent Bourguignat (LR, NE) s'élance en comptant sur son implantation dans la partie dijonnaise et l'absence, cette fois, de candidature dissidente.

L'enjeu de Benoît Bordat (FP, EPR), soutenu par François Rebsamen (PS, FP), sera d'accéder au second tour en mettant en avant ses connaissances en matière d'agriculture pour convaincre les électeurs de la partie rurale de la circonscription.

Conseiller départemental siégeant un temps dans le groupe d'opposition, Benoît Bordat est désormais non-inscrit, ce qui lui permet de recevoir le soutien de François Sauvadet (UDI), président du Département de la Côte-d'Or qui, lui aussi, a soutenu Valérie Hayer (REN) aux européennes, et même de Louis de Broissia, ancien sénateur de la Côte-d'Or qui a rendu sa carte des Républicains.

Actualisé le 20 juin 2024 :
Le 13 juin dernier, Benoît Bordat indiquait avoir le soutien de Louis de Broissia. Ce jeudi 20 juin, l'ancien sénateur de la Côte-d'Or, qui a quitté les Républicains en 2023, précise que cela vaut pour le second tour en cas de confrontation «face aux extrêmes» (lire le communiqué).

Également conseillère départementale, siégeant bel et bien dans l'opposition, Catherine Hervieu (EELV-Les Écologistes) pourrait pâtir d'une contestation de l'écologie politique qui s'est fortement exprimée lors du mouvement social des agriculteurs.

L'écologiste devra mobiliser toutes les forces du Nouveau Front populaire pour rallier sur son nom les électeurs de Manon Aubry et de Raphaël Glucksmann.

Les candidats de la troisième circonscription


1- Fadila Khattabi (REN, EPR)
Suppléant François Deseille (Modem)
2- Georges Mezui (divers gauche)
Suppléante Nora Mostaine (divers gauche)
3- Charle Bourgadel (LR)
Suppléant Samuel Lonchampt (LR)
4- Pierre Pribetich (PS, NFP)
Suppléante Gaëlle Thomas (divers gauche)
5- Thierry Coudert (divers extrême-droite)
Suppléant Antoine Camus (divers extrême-droite)
6- Fabienne Delorme (LO)
Suppléant Philippe Charbonnel (LO)

Les résultats aux européennes de 2024
Participation : 55,08%
Jordan Bardella : 33,97%
Raphaël Glucksmann : 13,61%
Valérie Hayer : 13,48%
Manon Aubry : 11,21%
François-Xavier Bellamy : 6,41%
Marie Toussaint : 5,02%
Marion Maréchal : 4,42%
Parti animaliste : 2,29%
Léon Deffontaines : 2,25%

Les résultats aux législatives de 2022
Participation : 47,79%
Fadila Khattabi (REN/ENS) : 25,65%
Patricia Marc (LFI/NUPES) : 25,38%
Dominique-Alexandre Bourgois (RN) : 22,71%
Valérie Grandet (LR) : 8,41%
Xavier Richard (PS diss.) : 4,54%
Solène Lacroix-Samper (REC) : 4,18%

Une circonscription tiraillée entre la ruralité et l'urbanité


Élue députée en 2017, proche du sénateur François Patriat (REN), Fadila Khattabi (REN, EPR) est devenue présidente de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale en 2020 puis ministre des Personnes âgées et des Personnes handicapées en 2023. Autant dire qu'elle sera particulièrement ciblée par les opposants à la politique d'Emmanuel Macron.

La ministre-candidate a reçu le soutien de François Rebsamen (PS, FP), de François Sauvadet (UDI) et même de Laurent Grandguillaume, ancien député socialiste de la Côte-d'Or. De plus, l'élue social-libérale compte sur l'effet d'une tribune nationale appelant à la mobilisation des sociaux-démocrates auprès de la coalition Ensemble pour la République.

En 2022, la NUPES était représentée par une Insoumise ; en 2024, le Nouveau Front populaire est représenté par un socialiste. Proche de François Rebsamen, Pierre Pribetich (PS) a rapidement mis en avant le soutien de Thierry Falconnet (PS), soutien de la NUPES en 2022, pour inciter les Insoumis à faire comme Jean-Luc Mélenchon (LFI) avec François Hollande (PS) et «jeter la rancune à la rivière».

Georges Mezui, conseiller municipal délégué aux sports à Dijon, se lance en candidat dissident. Avec sa binôme Nora El Mesdadi, après l'échec aux élections internes de Renaissance en Côte-d'Or, il avait rejoint Territoires de progrès. Selon nos informations, ils sont tous les deux sous le coup de procédures d'exclusion lancées par Renaissance et Territoires de progrès.

Membre des Jeunes Républicains de la Côte-d'Or, Charle Bourgadel se lance sur une terre de mission pour les gaullistes.

Une mission d'autant plus compliquée que, depuis Paris, Éric Ciotti a investi le préfet Thierry Coudert (LR) qui entend, lui, «apporter toute [son] expérience» en étant soutenu par le Rassemblement national et Marion Maréchal, représentée par Antoine Camus qui est suppléant bien qu'exclu de Reconquête.

Si l'«union des droites» opérée autour de Thierry Coudert séduit les électeurs de la partie rurale de la circonscription et que la participation est élevée, une triangulaire pourrait se dessiner entre le camp national, le bloc central et le Nouveau Front populaire.

Actualisé le 21 juin 2024 :
Le ministère de l'Intérieur a classé les candidats soutenus par Éric Ciotti et le Rassemblement national en «divers extrême-droite».

Les candidats de la quatrième circonscription


1- Hubert Brigand (LR)
Suppléante Éliane Lepine (sans étiquette)
2- Sophie Dumont (RN)
Suppléant Mathieu Joly (RN)
3- Michel Denizot (LO)
Suppléante Christine Ballandras (LO)
4- Valérie Jacq (LFI, NFP)
Pierre-Marc Dominique

Les résultats aux européennes de 2024
Participation : 59,43%
Jordan Bardella : 39,31%
Valérie Hayer : 12,86%
Raphaël Glucksmann : 10,68%
François-Xavier Bellamy : 7,32%
Marion Maréchal : 5,88%
Manon Aubry : 4,99%
Alliance rurale : 4,35%
Marie Toussaint : 4,20%
Parti animaliste : 2,33%
Léon Deffontaines : 2,04%

Les résultats aux législatives de 2022
Participation : 54,55%
Jean-Marc Ponelle (RN) : 21,14%
Hubert Brigand (LR) : 18,21%
Stéphane Guinot (LFI/NUPES) : 17,63%
Yolaine de Courson (Modem) : 16,04%
Laurence Porte (UDI) : 11,95%
Patrick Molinoz (PRG) : 6,94%
Loup Bommier (REC) : 4,75%

Pas de candidat de la majorité présidentielle


Le camp national a totalisé plus de 45% aux européennes. Parisienne ayant une résidence secondaire à Saulieu, Sophie Dumont (RN) s'engage donc dans ces législatives avec un socle confortable. Elle bénéficiera notamment des «vents de colère» que font souffler les électeurs vers Emmanuel Macron, en particulier les anti-éoliens.

La candidate national-populiste pourra également compter sur un report de voix venant de Reconquête qui soutient «tous ceux et celles qui pourront faire barrage à [Emmanuel] Macron».

À noter que l'Alliance rurale a connu là son meilleur score des européennes mais le mouvement porté par Jean Lassalle (RES), qui a souligné sa différence avec le Rassemblement national, n'apporte aucun soutien à qui que ce soit.

En 2022, Hubert Brigand (LR) a accédé au second tour avec seulement 200 voix d'avance sur le candidat Insoumis et il a emporté la députation au second tour largement devant le candidat du RN d'alors. Il sera donc le premier bénéficiaire de l'absence d'un candidat de la majorité présidentielle.

Même si la fédération des Républicains se défend de tout accord, au niveau national, les échanges de bons procédés entre majorité présidentielle et Républicains – y compris ceux de la tendance d'Éric Ciotti – ont conduit à une multiplication de désistements dans les circonscriptions où des candidats du RN apparaissaient très bien placés.

Contrairement à 2022 toujours, l'UDI n'envoie pas de candidate et François Sauvadet soutient Hubert Brigand. Le chantre de la ruralité devra toutefois ne pas insulter les électeurs du Nouveau Front populaire pour préserver l'avenir en cas de «front républicain» à constituer dans un éventuel second tour face à Sophie Dumont.

Installée récemment en Côte-d'Or, Valérie Jacq (LFI, NFP) devra batailler ferme pour égaler les 22% cumulés aux européennes par les partis désormais rassemblés au sein du Nouveau Front populaire.

Actualisé le 23 juin 2024 :
Le 21 juin dernier, dans une interview au journal «Le Châtillonnais et l'Auxois», Sophie Dumont a déclaré que «Valérie Jacques a été entendue au mois d'avril pour apologie du terrorisme» (retrouver l'interview). Ce samedi 22 juin, l'Insoumise s'est inscrite en faux et a annoncé déposer une plainte en diffamation contre la candidate du Rassemblement national (lire le communiqué).

Les candidats de la cinquième circonscription


1- Didier Paris (REN, EPR)
Suppléante Marie-Line Duparc (REN)
2- Jérôme Flache (PCF, NFP)
Suppléante Carole Bernhard (EELV)
3- Françoise Petet (LO)
Suppléante Abdennour El Kamel (LO)
4- Nicolas Baudot (divers centre)
Suppléant Victor Sarter (divers centre)
5- Arnaud Chéront (divers droite)
Suppléante Laure Van Canneyt (divers droite)
6- René Lioret (RN)
Suppléante Honorine Dubief (RN)

Les résultats aux européennes de 2024
Participation : 57,04%
Jordan Bardella : 38,11%
Valérie Hayer : 15,14%
Raphaël Glucksmann : 11,01%
François-Xavier Bellamy : 8,34%
Marion Maréchal : 5,64%
Manon Aubry : 4,57%
Marie Toussaint : 4,23%
Alliance rurale : 3,56%
Parti animaliste : 2,38%
Léon Deffontaines : 1,77%

Les résultats aux législatives de 2022
Participation : 50,33%
Didier Paris (REN/ENS) : 26,83%
René Lioret (RN) : 23,70%
Isabelle de Almeida (PCF/NUPES) : 19,66%
Charlotte Fougère (LR) : 13,31%
Hervé Moreau (divers droite) : 6,93%
Denis Jordan (REC) : 4,37%
Clélia Robert (EAC) : 3,39%

Les Républicains en arbitres


Pas de candidat de la majorité présidentielle dans la quatrième circonscription, pas de candidat des Républicains dans la cinquième, au grand dam des militants de ces derniers. Reste que la discipline du «front républicain» a été mise à mal par la démarche d'Éric Ciotti réalisant un accord avec le Rassemblement national.

Autre proche de François Patriat (REN), Didier Paris (REN, EPR) devra donc labourer la côte viticole pour faire le plein des voix de son socle électoral et convaincre les électeurs des Républicains de lui apporter leurs suffrages. À noter que le social-libéral a reçu le soutien de François Sauvadet (UDI).

En face, René Lioret (RN) s'engage pour la troisième fois. Depuis 2017, son poids politique s'est renforcé en étant élu à la Région Bourgogne-Franche-Comté, siégeant dans l'opposition.

Autres atouts : l'ancien capitaine de gendarmerie Hervé Moreau (RN) a rejoint les rangs du Rassemblement national et Reconquête apporte son soutien. Bien des électeurs des Républicains pourraient donc se retrouver tentés de pratiquer une «union des droites» informelle.

Ancien socialiste, ayant adhéré au PCF pour la circonstance, Jérôme Flache (PCF, NFP) aura, lui aussi, en ligne de mire les quelques 22% aux européennes des partis ayant réalisé ensuite l'accord du Nouveau Front populaire.

Actualisé le 19 juin 2024 :

La fédération de la Côte-d'Or du Parti communiste français signale que Jérôme Flache a adhéré en mai 2022.

Âgé de 21 ans, Nicolas Baudot se lance dans une candidature de témoignage en faveur des «jeunesses de campagne».

De son côté, Arnaud Chéront, ancien militant beaunois de La République en marche, prend date pour de futures échéances.

L'enjeu de la participation


Aux législatives de 2022, la participation en Côte-d'Or a oscillé entre 47,79% et 54,55%. Aux dernières européennes, entre 55,08% et 59,43%. Sans doute faut-il voir là un puissant effet du dégagisme.

Reste à savoir si les électeurs se mobiliseront de nouveau à trois semaines d'intervalle alors que débutent les vacances scolaires et que se déroulent des compétitions sportives internationales. La vague de procurations laisse penser que l'on se dirige vers une participation digne d'une présidentielle,

Rappelons que les candidats doivent rassembler sur leur nom 12,5% des inscrits pour accéder au second tour (soit un score de 25% en cas de participation à hauteur de 50%).

Par ailleurs, les lois sur le financement de la vie politique font que le résultat des législatives contribue à doter les caisses des partis pour peu que les formations obtiennent au moins 1% dans 50 circonscriptions.

En 2024, l'élection d'un parlementaire apporte plus de 37.000 euros à l'association de financement auquel il est rattaché – ce qui peut avoir son importance en cas de dissidence, de micro-parti ou de divergences entre des instances – et une voix environ 1,60 euro.

Ce financement est modéré par le respect de la loi sur la parité hommes-femmes. Ainsi, en 2024, les Républicains se sont vus retirer 1,3 million d'euros pour avoir présenté proportionnellement trop d'hommes et les Verts 78.000 euros pour avoir investi un peu trop de candidates aux dernières législatives.

Jean-Christophe Tardivon

Comment ont voté les quartiers dijonnais aux élections européennes



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