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15/03/2022 19:22

LÉGISLATIVES : Présentation des candidats du Rassemblement National en Côte-d'Or

Ce mardi 15 mars, les cinq candidats investis aux législatives ont affiché leur volonté de mener une double campagne autour de Marine Le Pen. «Si la paix est signée, il restera les problèmes des Français», a souligné René Lioret, délégué pour la Côte-d'Or du parti de la droite nationale.
«Rendre aux Français leur pays et leur argent», tel est le mot d'ordre que martèle René Lioret, délégué départemental du Rassemblement National en Côte-d'Or, en présentant ce mardi 15 mars 2022 les candidats aux prochaines élections législatives dans le département.

«Tous nos efforts sont encore tournés vers la campagne présidentielle à 26 jours du premier tour», prend-il soin d'ajouter. Le RN a effectivement coutume de mutualiser les campagnes afin de capitaliser les démarches auprès des électeurs.

Le car de campagne sera de retour en Côte-d'Or en cette fin de semaine (lire notre article). Brazey-en-Plaine, Saint-Jean-de-Losne, Seurre, Genlis, Auxonne, Saulieu sont au programme ainsi que les villages de la Saint-Vincent tournante.

«L'objectif est de se présenter comme une femme d'état»


L'évolution des sondages d'intentions de vote redonnent du baume au cœur aux équipes du parti de la droite nationale après une période difficile liée à l'entrée en campagne d’Éric Zemmour.

Même si Emmanuel Macron bénéficie de l'effet «drapeau» dans le contexte du conflit en Ukraine, Marine Le Pen apparaît en mesure d'accéder au second tour. «L'objectif est de se présenter comme une femme d'état capable de prendre en mains les rênes de la France pour que la France puisse peser à nouveau sur la scène internationale en assumant sa souveraineté», indique René Lioret.

Sur cette thématique, le délégué départemental minimise la tentative passée de rapprochement avec le président de la Fédération de Russie : «Marine Le Pen voulait rencontrer Donald Trump, elle voulait rencontrer Poutine ; en 2017, elle voulait montrer qu'elle pouvait rencontrer des grands de la politique. (…) Elle l'a dit. Les grandes puissances peuvent être nos alliés, nos adversaires ou des gens neutres, on se doit parler avec tout le monde».

«Si la paix est signée, il restera les problèmes des Français»


D'abord préinvestis, aujourd'hui investis, formulaires en poche, les candidats du Rassemblement National sont «prêts à appuyer sur le bouton» de la candidature. «On est trois femmes, deux hommes», souligne le délégué départemental, «ce qui démarquera peut-être notre équipe par rapport à nos adversaires des autres partis politiques».

«Si la paix est signée, il restera les problèmes des Français. Il faudra bien que Macron en reparle. On aura l'occasion de reparler des taxes sur les carburants, les problèmes d'immigration n'ont jamais été réglés et les problèmes du terrorisme non plus», déclare-t-il.

En cas de victoire de Marine Le Pen à la présidentielle, le RN s'attend à une majorité à l'Assemblée Nationale. «Si c'est Macron qui est réélu, il sera mal réélu avec un score forcément beaucoup plus restreint qu'en 2017 et avec une forte abstention donc tout sera ouvert pour les législatives», envisage néanmoins René Lioret. «On a la possibilité de faire un troisième tour de la présidentielle», glisse Dominique Alexandre Bourgois.

Les candidats en Côte-d'Or


Première circonscription : Frédéricka Desaubliaux (suppléant : Chafic El Sibai), 66 ans, retraitée des secteurs du commerce et de la communication. A été conseillère municipale d'opposition à Dijon durant la mandature 2014-2020. A été candidate aux élections départementales et régionales en 2021.

Deuxième circonscription : Mélanie Fortier (suppléant : Jérémy Dameron), 24 ans, indique s'intéresser à Marine Le Pen depuis ses années collège. Diplômée de langues étrangères appliquée aux affaires, future étudiante en master de communication internationale à l'université de Bourgogne après une année consacrée aux élections. Conseillère régionale d'opposition en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2021. Elle est coordinatrice des Jeunes avec Marine Le Pen dans la région.

Troisième circonscription : Dominique Alexandre Bourgois, 66 ans, retraité, ex-président d'Action Logement en Bourgogne-Franche-Comté, ex-président d'Opcalia, ex-juge au tribunal de commerce. Conseiller régional d'opposition en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2021.

Quatrième circonscription : Myriam Péronne (suppléant : Martial Strauss), 59 ans, commerçante à Montbard. A été conseillère municipale d'opposition à Courcelles-lès-Montbard durant la mandature 2014-2020. A été candidate aux élections européennes sur la liste des Oubliés de l'Europe en 2019. A été candidate RN aux départementales et aux régionales en 2021.

Cinquième circonscription : René Lioret (suppléante pressentie : Stéphanie Bornet), 70 ans, retraité de l'industrie pharmaceutique dont 35 ans chez Urgo en tant que directeur des opérations de vente aux pharmaciens. Investi au Front National depuis 1986. Candidat dans les années 1990 puis aux départementales en 2015. Candidat en 2017 dans cette même circonscription. Candidat aux municipales à Beaune en 2020. Conseiller régional d'opposition en Bourgogne-Franche-Comté depuis 2021.

Actualisé le 13 mai 2022 :

Sur la première circonscription, la candidate est désormais Grâce Jourdier (suppléant : Chafic El Sibai) : 29 ans, habitante de Velars-sur-Ouche, musicienne, adhérente au RN depuis 2019, candidate aux départementales en 2021 sur le canton de Semur-en-Auxois et figurant sur la liste des régionales.

Sur la quatrième circonscription, le candidat est dorénavant Jean-Marc Ponelle (suppléant : Éric Guénichot) : 59 ans, habitant, Dijon, avocat, adhérent au RN depuis 2020.

Mélanie Fortier (suppléant : Jérémy Dameron) est candidate sur la deuxième circonscription, Dominique Alexandre Bourgois (suppléante : Fabienne Zibetti) sur la troisième et René Lioret (suppléante : Caroline Faltot) sur la cinquième.

«On a laissé en France s'installer des communautés»


Puisque les deux campagnes se trouvent associées, les candidats entendent défendre les 22 mesures portées par Marine Le Pen durant la présidentielle et, en premier lieu, la proposition de référendum pour «arrêter l'immigration en donnant la parole aux Français».

«On a laissé en France s'installer des communautés», déclare René Lioret. «Cela pose problème à deux niveaux : d'abord pour l'identité puisqu'on est passé d'un système assimiliationniste à un système intégrationnisme puis ensuite on est passé d'une intégration à un certain vivre-ensemble. (…) On a glissé vers une sorte de communautarisme avec une identité française qui est diluée.»

Le référendum en question pourrait regrouper plusieurs questions sur la priorité nationale, le droit du sol ou le droit du sang, le sort des délinquants étrangers ou encore l'attribution des prestations sociales.

Marine Le Pen propose ainsi de réserver les allocations familiales aux ménages dont «au moins un des deux parents est Français». Quid des familles monoparentales, souvent prises en charge par une femme en situation précaire ? «Si la mère de famille est étrangère, elle ne les percevra pas», rétorque René Lioret qui concède «une situation problématique» quand les enfants ont la nationalité française.

Pour bénéficier d'allocations de solidarité, Marine Le Pen propose que le candidat puisse justifier d'une activité professionnelle durant cinq ans. Les ressortissants étrangers n'ayant pas d'emploi durant un an «ont vocation à retourner dans leur pays d'origine», selon René Lioret. Ce qui vaut pour «toute nationalité».

Une disposition qui pourrait être problématique au regard du droit de l'Union européenne à s'installer dans un des pays membres. «Le référendum prendra le pas sur le droit européen puisqu'il sera inscrit dans la Constitution», assure René Lioret.

«Grâce à ces économies, elle va pouvoir financer ses autres mesures», ajoute-t-il. L'ensemble des réductions de prestations sociales est estimée à 80 milliards d'euros sur cinq ans.

Dans le contexte du conflit entre l'Ukraine et la Russie, les réfugiés ne seraient pas concernés par de telles mesures du fait du «droit d'asile pour les personnes dont la vie est mise en péril dans leur pays d'origine», explique René Lioret.

«Les choses ne sont pas comparables», réagit Dominique Alexandre Bourgois, «on remplit une des grandeurs de la France qui est d'accueillir ceux qui sont persécutés, ces étrangers qu'on accueille chez nous massivement puisqu'on parle de 100.000 ont vocation à repartir dans leur pays contrairement à l'immigration ou économique ou incontrôlée qui est celle des sans-papiers qui peuvent se maintenir durablement dans le pays».

Sécurité, économie, jeunesse, éducation, industrie, retraites...


Autre priorité de Marine Le Pen, «la sécurité partout et pour tous» avec le rétablissement des peines planchers avec de courtes peines de prison pour les petits délits assorties d'un plan de construction de 40.000 places de prison y compris dans «les casernes de gendarmerie qui ont été abandonnées», la suppression des remises ou aménagements automatiques de peine, l'instauration d'une présomption de légitime défense pour les agents des forces de sécurité intérieure, l'inscription au fichier des délinquants sexuels les harceleurs de rue et l'établissement d'une «perpétuité réelle» pour «les crimes atroces».

Rappelant que le pays compte 15 millions de retraités pour 24 millions d'actifs, Dominique Alexandre Bourgois alerte sur les «pensions dégradées de l'inflation» et relaie la proposition de réduction de la TVA sur les produits énergétiques pour en faire «des biens de première nécessités». Le coût de la mesure est estimée à 5 milliards d'euros.

Autre mesure : une exonération des cotisations patronales les salariés du secteur privé gagnant moins de trois fois le SMIC, ce qui représente un coût de 10 milliards d'euros dont la compensation pourrait se faire au travers d'un «droit à consommer».

«Marine Le Pen donne du pouvoir d'achat aux gens», assure le candidat qui fustige la mesure gouvernementale de baisse de 15 centimes d'euros par litre de carburant. Les préconisations de la candidate à la présidentielle correspondraient à une baisse de 30 centimes d'euros pour l'essence et de 45 centimes d'euros pour le gasoil.

Les propositions des chapitres jeunesse, éducation et handicap sont réservées à Mélanie Fortier qui met en avant un chèque-formation de 200 à 300 euros mensuels pour les apprentis et alternants, l'exonération d'impôt des jeunes actifs jusqu'à trente ans, la suppression d'impôt sur les société pour les entrepreneurs de moins de trente ans, l'instauration d'une part fiscale complète au deuxième enfant, la construction de 100.000 logements étudiants, la suppression des impôts sur l'héritage direct au sein des familles modestes, l'exonération des donations de parents et de grands-parents jusqu'à 100.000 euros tous les dix ans et la suppression des droits de succession sur les maisons jusqu'à 300.000 euros, la déconjugalisation et revalorisation de l'allocation adulte handicapé pour atteindre au minimum1.000 euros par mois, le lancement d'un grand plan d'accès sur la scolarité pour les enfants en situation de handicap, la revalorisation des aides destinées aux proches aidants, l'instauration d'un uniforme en primaire et collège, la refonte de la formation des enseignants et l'augmentation des heures d'enseignement de français, mathématiques et d'histoire.

Souhaitant «assurer l'indépendance énergétique pour baisser la facture des Français», Frédéricka Desaubliaux a la charge de présenter les mesures économiques.

La candidate reprend à son compte les propositions anti-éoliennes et pro-nucléaires, en évoquant la «réouverture» de la centrale de Fessenheim, ou encore en faveur du développement de l'hydrogène. Frédéricka Desaubliaux appelle à «relancer le patriotisme économique» avec la priorité accordée aux PME pour les marchés publics, la suppression de la CFE, la suspension du travail détaché ou encore le soutien à la recherche et au développement.

Pour sa part, Myriam Péronne défend la réindexation des retraites sur l'inflation  avec un minium de 1.000 euros. Les cotisants ayant atteint 40 annuités en ayant commencé de travailler avec 20 ans pourraient partir en retraite à 60 ans. Les autres cotisants auraient à atteindre 42 annuités pour une retraite à partir de 62 ans.

René Lioret signale tout particulièrement la proposition de porter le budget de la Défense de 42 milliards d'euros à 55 milliards d'euros (de 2 à 3% du PIB).

«Un rapport de forces» avec l'Union européenne


Plusieurs mesures pouvant entrer en contradiction avec le droit de l'Union européenne, René Lioret entend «faire le forcing avec l'Europe» quitte à envisager de ne plus verser la participation française au budget européen.

«Marine Le Pen ne veut pas sortir de l'Union européenne», précise le délégué départemental alors que la position de la candidate a évolué avec le temps quitte à semer une certaine confusion parmi son électorat. «Elle veut réformer l'Union européenne de l'intérieur, il y aura des concessions, (…) c'est un rapport de forces.»

«L'intérêt du référendum est de faire passer la constitution au-dessus des lois de l'Union européenne», lance alors Mélanie Fortier. René Lioret rappelant finalement que «Marine Le Pen souhaite d'abord le pouvoir d'achat des Français, (…) ça ne veut pas dire égoïsme (…) mais ça ne veut pas dire tout céder comme ça a été le cas jusqu'à présent».

Jean-Christophe Tardivon

René Lioret relaie les mesures que Marine Le Pen propose pour l'hôpital public


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