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09/05/2022 05:56

LÉGISLATIVES : Série de duels fratricides en Côte-d'Or

L'annonce finale des investitures de la majorité présidentielle ce dimanche 8 mai contribue à dégager le paysage électoral qui s'offrira aux Côte-d'Oriens lors des législatives. Au premier tour, les rivalités pourraient se jouer avant tout à l'intérieur de chaque bloc, soulignant les nuances idéologiques.
La recomposition de la vie politique française s'accélère avec cette campagne des élections législatives. Le clivage droite-gauche de la modernité se désagrégeant progressivement depuis la chute du mur de Berlin, l'agrandissement de l'Union européenne, la prise de conscience du changement climatique, le surgissement du terrorisme islamiste et l'essor des médias sociaux.

À gauche, les frondeurs ont empêché François Hollande de pouvoir candidater à nouveau en 2017. Emmanuel Macron a alors émergé en additionnant respectivement des partisans de la social-démocratie, du radicalisme, du libéralisme, de l'écologie politique et de la démocratie chrétienne.

Élu une première fois à la faveur d'un duel théorisé dans un clivage progressistes/réformateurs versus populistes/extrémistes, le président de la République a été réélu dans un contexte d'effondrement des partis historiques de la droite et de la gauche ainsi qu'un recul du parti de l'écologie politique, renforçant ainsi la lecture initiée en 2017.

La recomposition ravive les compétitions


Le glissement de l'ancien clivage vers cette recomposition engendre des compétitions parmi les nouveaux arrivants dans le bloc central de la majorité présidentielle, des frictions entre élus sortants des partis traditionnels et nouveaux entrants de la coalition créée pour fédérer des forces anticapitalistes et néoprogressistes, à savoir la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (NUPES) de Jean-Luc Mélenchon présentée comme «l'union de la gauche», sans oublier des rivalités autour du parti Reconquête d’Éric Zemmour, aspirant à une coalition inverse à la précédente, dans le camp nationaliste cette fois, en vue de «l'union des droites».

L'enjeu des 12,5% des inscrits


Bien loin de clarifier une élection présidentielle semblant dégager trois blocs, les élections législatives voient ainsi apparaître une myriades de pré-candidatures déclinant localement la recomposition politique nationale auxquelles s'ajoutent immanquablement les aventures personnelles.

Les urnes des 12 et 19 juin trancheront en deux temps. Tout d'abord la participation sanctionnera celles et ceux qui ne seront pas à même de fédérer sur leur nom et leur positionnement politique au moins 12,5% des inscrits pour accéder au second tour. Le critère devrait donc limiter le nombre de triangulaires. Ensuite, les électeurs auront à choisir parmi les candidats à la fois implantés localement et porteurs d'une dynamique nationale.

Duels révélateurs de nuances idéologiques


Dans ce contexte, les duels fratricides se multiplient tout particulièrement en Côte-d'Or parmi les candidatures annoncées à ce jour. Rassemblement National versus Reconquête, les historiques des Républicains contre les nouveaux soutiens de La République En Marche (devenue Renaissance) et les dissidents du PS opposés aux labellisés NUPES. Chacun de ses duels est révélateur de nuances idéologiques apparues ces dernières années dans les anciennes familles politiques au gré des évolutions de la société et des aspirations des électeurs.

La publication des investitures de la majorité présidentielle survenue en fin de semaine dernière (lire le communiqué) apporte de la visibilité, y compris aux forces concurrentes encore non déclarées.

Actualisé le 11 mai 2022 : le Rassemblement National a fait évoluer les investitures sur les première et quatrième circonscriptions (lire notre article). Sur la première : Grâce Jourdier est investie au lieu de Frédéricka Desaubliaux. Sur la quatrième : Jean-Marc Ponelle est investi au lieu de Myriam Péronne.

Actualisé le 11 mai 2022 : La France Insoumise a confirmé les investitures d'Antoine Peillon (première circonscription), Patricia Marc (troisième) et Stéphane Guinot (quatrième) (lire notre article).

Première circonscription


Ambrine Mohamed (ancienne LR passée chez Reconquête) bataillera tout à la fois contre Grâce Jourdier (RN) et François-Xavier Dugourd (LR).

La rumeur des médias sociaux évoque un parachutage d'Antoine Peillon (LFI, NUPES) qui aura probablement à faire face à un dissident PS qui ne se reconnaît pas dans l'accord passé notamment entre Olivier Faure et Jean-Luc Mélenchon.

Le député sortant, Didier Martin (Renaissance, majorité présidentielle) pourra se délecter de ces conflits.

Deuxième circonscription


Franck Gaillard et Mélanie Fortier symboliseront le duel Reconquête versus Rassemblement National, d'autant plus que le premier est un ancien du FN ayant rejoint Éric Zemmour pour coordonner son parti en Bourgogne-Franche-Comté quand la seconde est référente départementale des jeunes du RN en Côte-d'Or.

Le député sortant Rémi Delatte (LR-Libres) ayant annoncé en catimini qu'il ne se représentait pas, le champ des possibles pour sa succession est ouvert dans sa famille politique. Bruno David (LR) et Ludovic Rochette (ancien LR, puis divers droite passé chez Horizons) s'engouffrent dans l'espace ainsi créé.

Un duel d'écologistes s'annonce entre Benoît Bordat (Cap 21, majorité présidentielle) et Catherine Hervieu (EELV, NUPES). Ils étaient tous les deux membre du comité de soutien à Yannick Jadot (EELV), candidat écologiste devenu muet depuis le premier tour de la présidentielle après avoir appelé sans ambage à voter pour Emmanuel Macron au second tour.

Ils sont tous les deux membres du même groupe d'opposition au sein du conseil départemental, Côte-d'Or Terre d'Avenir, formé à partir d'une coalition locale PS-EELV-Cap 21-Génération.s.

Ils étaient tous les deux membres de la majorité municipale conduite par François Rebsamen (PS), maire de Dijon, dans la mandature précédente avant que Catherine Hervieu ne rejoigne le groupe d'opposition écologiste depuis 2020.

À noter qu'en 2017, François Deseille (Modem) avait été investi par la majorité présidentielle. Dans le cadre de la coalition Ensemble (associant notamment Renaissance, Horizons et le Modem) une seule circonscription de Côte-d'Or était réservée cette fois-ci pour le Modem.

En recandidatant sur la quatrième circonscription, la rurale Yolaine de Courson (apparentée Modem, majorité présidentielle) est venue couper l'herbe sous le pied de l'urbain François Deseille pour qui l'investiture, voire la députation, aurait constitué un tremplin intéressant en vue des municipales de 2026 à Dijon.

Actualisé le 12 mai 2022 : Ancien collaborateur parlementaire de Rémi Delatte, adjoint au maire de Saint-Apollinaire, Adrien Huguet (LR) se lance dans la bataille avec l'investiture de son parti (lire le communiqué).

Troisième circonscription


Solène Lacroix-Samper (Reconquête) et Dominique Alexandre Bourgois (RN) rejoueront le duel du camp national.

Valérie Grandet (LR) défiera Fadila Khattabi, députée sortante (Renaissance, majorité présidentielle).

Selon nos informations, un soutien d'Arnaud Montebourg, Clément Van Melckebeke (L'Engagement), devrait être candidat, épaulé par l'ancienne députée PS Kheira Bouziane, pour, cette fois, rejouer le duel entre frondeurs et partisans de François Hollande, c'est à dire, à l'époque, François Rebsamen notamment.

De son côté, Patricia Marc (LFI) a sollicité l'investiture de la NUPES.

Quatrième circonscription


Loup Bommier (Reconquête) et Jean-Marc Ponelle (RN) rivaliseront sur territoire où Éric Zemmour et Marine Le Pen ont réalisé des scores à la présidentielle relativement importants.

Collègues au Département, Hubert Brigand (divers droite, investi par LR) et Laurence Porte (Horizons) ferrailleront pour la députation.

Yolaine de Courson, députée sortante (apparentée Modem, majorité présidentielle) est donc candidate à sa réélection.

Un dissident du PS pourrait bien rivaliser avec Stéphane Guinot (LFI) qui a sollicité l'investiture de la NUPES.

Cinquième circonscription


Fondateur de Génération Z en Bourgogne-Franche-Comté, Denis Jordan (Reconquête) défiera le délégué départemental du parti de Marine Le Pen, René Lioret (RN).

Charlotte Fougère (LR) a été investie par les Républicains. Didier Paris, député sortant (Renaissance, majorité présidentielle) est candidat à sa réélection.

Dans cette circonscription fléchée pour un candidat communiste dans le cadre de l'accord de la NUPES, le PS local ne présentera pas de candidat dissident, comme sur la deuxième.

Actualisé le 12 mai 2022 : sur la cinquième circonscription, le capitaine Hervé Moreau (divers droite) s'est lancé en candidat indépendant soutenu par l'ancien conseiller départemental Jean-Pierre Rebourgeon (LR) (lire notre article).

La campagne des législatives ne fait que commencer. La confusion idéologique aidant, sans parler des déçus des investitures, d'autres candidatures pourraient apparaître dans les prochains jours dans le département. La date limite pour ce faire est fixée au 20 mai.

Jean-Christophe Tardivon

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