Se présentant en «femme de gauche» sur la première circonscription, sans être soutenue par un parti politique, Sladana Zivkovic ne veut «ni majorité pour Macron, ni Matignon pour Mélenchon». Le lancement de campagne s'est déroulé ce vendredi 20 mai à Plombières-lès-Dijon.
Une candidate en dissidence ? Sladana Zivkovic réfute le terme. Pourtant, l'adhérente du Parti socialiste à Dijon se lance aux législatives sur la première circonscription en dehors de l'accord de la Nouvelle Union populaire écologique et social (NUPES) regroupée autour de Jean-Luc Mélenchon (LFI).
Une double dissidence même puisque l'adjointe au maire de Dijon se présente face au député sortant Didier Martin, investi par la majorité présidentielle à laquelle participe désormais François Rebsamen (PS, Fédération progressiste).
«Femme de gauche, européenne, sociale, écologique»
Dans ce contexte, la candidate entend proposer une offre politique correspondant à l'aile gauche du PS, celle d'avant la ligne d'Olivier Faure, teintée de préoccupation environnementale, pour intéresser les électeurs qui ne se reconnaissent pas dans la NUPES sans pour autant adhérer à la politique d'Emmanuel Macron.
La socialiste revendique ainsi «des convictions de femme de gauche, européenne, sociale, écologique» avec pour mot d'ordre «Ni majorité pour Macron, ni Matignon pour Mélenchon». Aucun logo ne figure sur ses documents de campagne mais une grande rose rouge apparaît sur l'affiche.
Un acteur culturel pour suppléant
En 2017, Sladana Zivkovic était déjà candidate, investie par le PS, et avait rassemblé 8,38% des suffrages au premier tour. Olivier Muller, le candidat des Verts, avait récolté 4,12% des voix.
En 2022, au premier tour de l'élection présidentielle, sur la circonscription, en dehors du trio de tête Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, Anne Hidalgo (PS) a reçu 1,99% des voix et Yannick Jadot (EELV) 6,30%.
Âgée de 48 ans, résidant à Dijon sur la première circonscription, Sladana Zivkovic a une formation de juriste et a travaillé dans la fonction publique territoriale avant de se consacrer à ses mandats électifs. Elle est conseillère municipale à Dijon, siégeant dans le groupe majoritaire Socialiste, radical, citoyen et apparenté. Elle est adjointe au maire de Dijon déléguée à l'Europe, aux relations internationales, au tourisme et aux congrès ainsi que vice-présidente de Dijon Métropole délégué au tourisme (exclusion faite du tourisme sportif et du tourisme fluvial), aux relations internationales et à l'export.
Âgé de 77 ans, résidant à Dijon sur la première circonscription, le comédien et metteur en scène Pierre Lambert est suppléant. Il a fondé la compagne Le Théâtre de l'Espoir et anime chaque année au festival d'Avignon le lieu d'expression Présence Pasteur (comme le lycée du même nom). Il a également créé en 2018 le festival Scènes en Vert centré sur les problématiques environnementales. Par ailleurs, il est coprésident du Cercle Laïc Dijonnais.
«Il faut maintenir agir vis à vis des personnes les plus éloignées de l'emploi»
Ce vendredi 20 mai 2022, Sladana Zivkovic a lancé sa campagne au restaurant Le Plaisancia à Plombières-lès-Dijon entourée d'une vingtaine de soutiens. Parmi eux, Marcel Tomaselli, acteur associatif et sportif bien connu à Dijon, Gilles Paccaud, remplaçant du conseiller départemental Massar N'Diaye (sans étiquette), lui-même soutien et excusé ce soir-là, ainsi que Céline Maglica (PS), conseillère départementale de la Côte-d'Or et conseillère municipale de Plombières-lès-Dijon.
«Le premier tour de l'élection présidentielle s'est achevé avec l'élimination de la gauche, nous laissant, comme en 2017, face à la politique de droite, très largement représentée, assumée par Emmanuel Macron d'un côté, et, de l'autre, l'extrême-droite», résume Sladana Zivkovic en prenant la parole.
Le ton est donné. La candidate entend témoigner que la gauche compte encore dans le paysage politique.
Mesures «inapplicables» pour les plus précaires durant la crise sanitaire, suppression de l'ISF, réforme des retraites, réforme du lycée, «stigmatisation des chômeurs et des personnes percevant le RSA»... Sladana Zivkovic étrille le bilan social du premier quinquennat d'Emmanuel Macron, estimant que «les inégalités se sont creusées».
«Il faut maintenir agir vis à vis des personnes les plus éloignées de l'emploi, innover dans le domaine social et ne pas favoriser uniquement les plus aisées», revendique l'oratrice.
«Attachée à la justice sociale, sans aucun dogmatisme, je ne peux me résigner à voir les extrêmes prospérer. Mon engagement depuis plus de 20 ans est fondé sur le progrès social, la lutte contre les inégalités, les discriminations et le défi climatique», indique-t-elle.
Sladana Zivkovic met ainsi largement en avant son bilan d'adjointe au maire de Dijon concernant les relations internationales notamment.
Créer «un impôt climatique juste»
En matière environnementale, la candidate préconise d'«agir ici et maintenant» : promotion des produits locaux, développement des circuits courts, accompagnement de l'économie social et solidaire, sortie des énergies fossiles, soutien à la conversion en bio des agriculteurs, favoriser «les emplois durables non délocalisables» comme dans les secteurs du tourisme et de la culture.
«En tant que députée, je m'engagerai pour une croissance soutenable en proposant un impôt climatique juste sans impacter les classes moyennes et les plus précaires», déclare Sladana Zivkovic en référent à la taxe sur les «super profits» instaurée en Italie.
Dans son programme, la candidate indique également s'opposer à la réforme des retraites, vouloir créer un «minimum jeunesse de 600 euros par mois» sous condition de ressource, augmenter le SMIC de 200 euros net par mois et rattraper «la perte de pouvoir d'achat» des agents de la fonction publique.
«Le candidat LFI est parachuté du Vème arrondissement de Paris»
Au chapitre politique, Sladana Zivkovic regrette «l'incapacité de s'accorder sur un projet commun crédible de gauche» de la part des multiples candidats à la présidentielle et fustige «une course vers la défaite».
«J'ai refusé de laisser tomber à nouveau nos concitoyens qui croient à l'Europe sociale et à l'écologie. J'ai refusé que cette première circonscription tombe dans la radicalité de La France Insoumise», déclare celle qui qualifie Jean-Luc Mélenchon de «candidat populiste».
«Le candidat LFI [NDLR : Antoine Peillon] est parachuté du Vème arrondissement de Paris. Il passe plus de temps à regarder son plan qu'à rencontrer les 'vrais gens' comme dit son mentor. Je comprends la déception des militants LFI du terrain, cette investiture parisienne qui est tout sauf populaire, dans tous les sens du terme», ajoute-t-elle.
«Le député sortant a négligé les citoyens»
Poursuivant sa stratégie de cibler autant le camp de Jean-Luc Mélenchon que celui d'Emmanuel Macron, l'oratrice décoche quelques flèches en direction de Didier Martin : «à droite, le député sortant a négligé les citoyens de se circonscription pendant cinq ans».
«Il a esquivé le débat sur le glyphosate, a refusé de voter la prolongation du délai légal pour l'IVG et il a également subi une lourde défaite aux élections départementales. De ce point de vue, il rejoint les positions de la droite conservatrice représentée sur la première circonscription par Monsieur Dugourd», poursuit-elle.
«La candidature de la fiabilité, de l'ancrage local et de l'engagement»
«Ma candidature porte la responsabilité de rassembler les électeurs de gauche dès le premier tour pour offrir un vote d'espoir, un vote humaniste et responsable, un vote d'écologie réelle et pour l'Europe. Avec mon suppléant Pierre Lambert, nous incarnons la candidature de la fiabilité, de l'ancrage local et de l'engagement», insiste Sladana Zivkovic.
«C'est l'alliance du social et de l'écologie», résume-t-elle. «Je souhaite m'investir pour tous les habitants, pour les quartiers, pour les communes et pour tous les acteurs qui font vivre notre belle circonscription.»
«Une élue de terrain, une élue de conviction»
«On est là pour te soutenir», rebondit Marcel Tomaselli après les applaudissements de l'assistance. «Par rapport à notre philosophie, par rapport à ce que l'on a défendu pendant des années, il y a encore un vrai combat à mener. (…) Tu es véritablement la bouée du socialisme sur ce secteur.»
«C'est tout naturellement que je soutiens la candidature de Sladana», glisse à son tour Céline Maglica, «on milite ensemble depuis longtemps au Parti socialiste». «C'est une circonscription que je connais bien puisque j'ai été moi-même la suppléante de Laurent Grandguillaume pendant son mandat, je sais le travail qu'il y a à mener, qui n'est pas forcément très bien mener actuellement. On ne sent pas beaucoup représenté par le député actuel qui n'est pas très présent sur le terrain alors qu'on avait un Laurent Grandguillaume qui était extrêmement présent, qui connaissait tout le monde et tout ce qu'il y avait à mener comme combat. (…) Sladana est une élue de terrain, une élue de conviction, une élue de gauche.»
Gilles Paccaud soutient la candidate pour «ses valeurs humanistes» et «sa constance dans son engagement» et une «droiture que l'on souhaite voir au sein de la politique en général». Après avoir rappelé l'aide apportée par Sladana Zivkovic durant la campagne des départementales en 2021, le militant espère la voir contribuer au «socialisme de demain».
Jean-Christophe Tardivon
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