Malgré la contestation de nombreux cadres des Républicains, Éric Ciotti reste président du parti portant l'héritage du gaullisme. Le 14 juin dernier, le tribunal judiciaire de Paris a suspendu l'exclusion du parti prononcée par le bureau politique qui refusait de valider l'accord électoral conclu entre Éric Ciotti et le Rassemblement national.

Dans le cadre de cet accord, parmi les 577 circonscriptions, le parti de Marine Le Pen envisage de soutenir environ 70 candidats investis par Éric Ciotti. Ils ont jusqu'à dimanche soir pour formaliser leur engagement.

Ce samedi 15 juin 2024, à Dijon, Thierry Coudert (LR) a déposé sa candidature auprès de la préfecture de la Côte-d'Or, entouré de son suppléant Antoine Camus (sans étiquette, ex-Reconquête), conseiller municipal de Saint-Apollinaire, et de René Lioret (RN), délégué départemental du Rassemblement national en Côte-d'Or.

Une carrière dans le corps préfectoral

Âgé de 65 ans, résidant à Paris, adhérent de l'UMP puis des Républicains, Thierry Coudert a fait carrière dans le corps préfectoral – il a été préfet de l'Eure de 2016 à 2020 et préfet de la Seine-Maritime de 2020 à 2021 –, a travaillé dans des cabinets ministériels durant le quinquennat de Nicolas Sarkozy et a été élu au conseil de Paris de 2008 à 2014.

«C'est, pour moi, l'aboutissement de cette carrière que de vouloir d'être député d'un territoire comme celui-ci pour lui apporter toute l'expérience que j'ai pu avoir», confie Thierry Coudert, «j'ai une très grande expérience avec les élus».

«Je pense que je peux apporter aux élus pour développer un certain nombre de projets et monter des dossiers pour qu'ils aboutissent», déclare le candidat, ce qui apparaît comme une façon d'assumer le principe du parachutage même s'il a effectué «beaucoup de séjours privés» en Côte-d'Or. «La Bourgogne est une très belle région», souligne-t-il.

«Le Rassemblement national ne me paraît en aucun cas être un parti d'extrême-droite»

L'engagement du candidat vise à «donner une majorité d'union nationale à Jordan Bardella», celui-ci envisageant d'être nommé Premier ministre si son camp obtenait une majorité à l'Assemblée national au soir du 7 juillet prochain. «Nous souhaitons, au plan national, derrière la candidature de Jordan Bardella pour être Premier ministre, rassembler toutes les composantes de la droite.»

«On s'allie en fonction de ce que sont les gens au moment où on s'allie avec eux», justifie le militant des Républicains, «sans doute qu'il y a pu y avoir une histoire du Front national ou du Rassemblement national, je n'y ai pas participé, je ne porte pas de jugement». «Aujourd'hui, il n'y a pas de problème, pour nous, à nous allier avec le Rassemblement national qui ne me paraît en aucun cas être un parti d'extrême-droite et dont les valeurs sont des valeurs fondamentalement républicaines. (…) Il n'y a, dans cette circonscription, dans les alliances qui ont été passées, aucune ambiguïté, c'est une équipe profondément républicaine qui se présente. Mon passé est plutôt modéré politiquement.»

Le candidat souhaite rencontrer les acteurs socio-économiques

Thierry Coudert fait part de «[sa] volonté de rencontrer tous les acteurs» économiques et sociaux de la troisième circonscription dont «les élus qui peuvent se reconnaître dans cette future majorité» de façon à «être à leur écoute» mais aussi d'exposer les priorités partagées avec le Rassemblement national : «les problèmes de sécurité, les problèmes de pouvoir d'achat et les questions d'une immigration maîtrisée».

«J'ai une sensibilité sur l'éolien», ajoute le candidat, «j'ai toujours été assez réticent à l'égard du développement de l'éolien».

Une «vraie chance» de gagner

«Quand on analyse les résultats des européennes sur cette circonscription, il y a une vraie chance que cette union des droites remporte la circonscription», estime Thierry Coudert, conscient de son «déficit de notoriété» mais comptant sur la dynamique créée par la campagne précédente de Jordan Bardella.

Le militant des Républicains ne compte pas seulement s'appuyer sur les électeurs du Rassemblement national mais envisage d'élargir aux citoyens concernés par les priorités définies comme thèmes de campagne : «je m'intéresse, à titre personnel, aussi bien aux questions de ruralité qu'aux questions urbaines et aux questions de politique de la ville sur lesquelles j'ai beaucoup travaillé dans ma carrière».

«L'union des droites en Côte-d'Or va exister sur une circonscription»

«Je me réjouis véritablement du fait que Monsieur Coudert soit notre candidat», réagit René Lioret. «Cette union des droites, nous, en Côte-d'Or, elle n'est pas que sur le papier, elle va exister sur une circonscription ; elle aura un retentissement sur l'ensemble du département, c'est attendu de nos électeurs.»

«Nous allons nous retrouver face à l'ancienne NUPES», relève le délégué départemental du Rassemblement national, «ce sont des candidats dangereux pour notre pays, dangereux pour l'ordre, le pouvoir d'achat, la sécurité, en termes d'immigration». «Nous ferons tout pour lutter contre eux et arriver au pouvoir et former un gouvernement d'union», assène l'élu national-populiste.

«Avec Marion Maréchal, on a pris position très clairement», ajoute Antoine Camus qui s'est refusé à présenter des candidats «partout en France». «L'extrême-gauche peut arriver au pouvoir, aujourd'hui, en France. (…) C'est pourquoi Marion [Maréchal] a pris la décision, avec son équipe de rejoindre cette grande coalition des droites. J'apporterai mon expérience d'élu local.»

Le souhait de mener campagne «avec dignité»

Les détails de la campagne express ne sont pas fixés, les trois principaux protagonistes devant encore échanger à ce sujet, notamment sur l'affichage éventuels de logos de formations politiques sur les affiches.

En revanche, Thierry Coudert manifeste «beaucoup de force et de détermination pour l'emporter» ainsi que son souhait de «ne pas créer de polémiques inutiles dans une période extraordinairement troublée par un certains nombres de chicayas» et de mener «une campagne avec sérieux, dignité et gravité parce que la situation de la France est vraiment très grave».

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