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04/06/2022 11:56
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LÉGISLATIVES : Yolaine de Courson entend «faire valoir la puissance de la ruralité»

Députée sortante, investie par la majorité présidentielle sur la quatrième circonscription, Yolaine de Courson souhaite que le futur chèque alimentaire soit fléché «vers des pratiques vertueuses qui encouragent les agriculteurs à progresser», ainsi qu'elle l'a déclaré ce vendredi 3 juin.
La députée sortante est rentrée au bercail. Ayant un temps pris ses distances avec la majorité présidentielle en rejoignant l'éphémère groupe Écologie Démocratie Solidarité à l'Assemblée nationale, Yolaine de Courson a fait ses preuves en tant qu'apparentée Modem avant d'adhérer pour de bon au parti de François Bayrou au début de l'année.

Une circonscription étant réservée au Modem en Côte-d'Or, dans le cadre de la coalition Ensemble de la majorité présidentielle pour ces élections législatives, celle-ci est revenue à Yolaine de Courson, au bénéfice de son bilan et de son retour dans les rangs de la maison commune.


Positionnement entre écologie politique et centre-gauche


En 2017, Yolaine de Courson (alors LREM) a été élue avec 51,29% des voix face à Charles Barrière (LR) avec 48,71%.

La présidentielle d'avril 2022 a été favorable à Marine Le Pen sur cette circonscription avec 30,17% des voix au premier tour et 52,08% au second, la positionnant en tête devant Emmanuel Macron (24,60% au premier tour, 47,92% au second) et distançant Jean-Luc Mélenchon (16,02% au premier tour).

Sur la quatrième circonscription, cette fois, la députée sortante a à faire valoir son positionnement particulier entre écologie politique et centre-gauche dans un contexte local oscillant entre conservatisme et extrême-droite avec, ça et là, quelques bastions socialisants, regardant vers le centre-gauche ou la gauche radicale.

Son suppléant est Niels Planel (sans étiquette), 40 ans, conseiller municipal à Semur-en-Auxois, portant le projet Territoires zéro chômeur de longue durée.

La candidate est soutenue par Marc Fesneau, vice-président du Modem et nouveau ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, par François Rebsamen, fondateur de la Fédération progressiste et maire de Dijon, par l'avocat Jean-Pierre Mignard, ou encore par l'entrepreneur Frédéric Guichard.

Ce vendredi 3 juin, Yolaine de Courson a répondu aux questions d'Infos Dijon en marge du déplacement de Bruno Le Maire à Dijon.

«Un grand travail de fait en ce qui concerne la ruralité»


Yolaine de Courson, pourquoi recandidatez-vous ?

«Il y a eu un grand travail de fait pendant les cinq années de ce mandat en ce qui concerne la ruralité – j'étais présidente du groupe Enjeux de la ruralité à l'Assemblée nationale -, il y a encore énormément de choses à faire. J'avais envie de poursuivre ce travail-là et le reste du travail que nous avions commencé dans tous les autres domaines avec le président de la République.»

«Avec François Rebsamen, nous avons entamé, il y a cinq ans, un travail de collaboration ville-campagne et pas du tout d'opposition ville-campagne parce que, parfois, d'autres souhaitent le faire en s'enferment dans un château. Avec Philippe Lemanceau, vice-président de Dijon Métropole, nous avons entamé un travail sur l'alimentation. C'est très important de donner des débouchés pour nos agriculteurs de la ruralité aux marchés que représente la métropole.»

«Produire en quantité suffisante et protéger l'environnement»


Vous évoquez Marc Fesneau. La polémique autour de son ancienne cheffe de cabinet recrutée par l'association professionnelle des producteurs de produits phytosanitaires conduit notamment Yannick Jadot à évoquer un gouvernement «inféodé au lobby des pesticides» (lire notre article). Comment réagissez-vous à cela ?

«Emmanuel Macron va maintenant s'occuper de la planification écologique. (…) C'est un enjeu majeur, c'est dit, c'est fait [NDLR : un poste de secrétaire général à la Planification écologique a été créé et confié à Antoine Pellion].»

«Ce que nous voulons que cette agriculture fasse – surtout au regard de ce qui se passe aujourd'hui en Ukraine –, c'est qu'elle produise et, en même temps, qu'elle protège. Ça va être le défi. Produire en quantité suffisante pour avoir notre autonomie alimentaire, (…) et, en même temps, protéger l'environnement. Pour la ruralité, c'est une super opportunité. C'est en même temps développer des productions saines et durable, développer des énergies renouvelables et protéger la biodiversité en étant payer pour le faire.»

Mais comment résister à l'influence des lobbies ?

«On résiste ! Il faut aussi, à un moment donné, dire 'non', 'stop'. Je pense que les citoyens sont aussi un levier pour résister à l'influence des lobbies. Les citoyens veulent manger sain et durable. Ils veulent avoir confiance dans l'alimentation qu'on leur donne. Ils veulent avoir des labels, des origines, des façons de faire.»

«À mon actif, il y a cette ruralité conquérante»


Que souhaitez-vous mettre en avant dans votre bilan de la législature qui s'achève ?

«On a été le premier contrat de transition écologique à être signé en France, dans le petit village d'Étornay qui a mis en place beaucoup d'initiatives, notamment une filière de sarrasin. (…) On a aujourd'hui quarante producteurs qui fournissent l'Atelier sarrasin avec un moulin qui est en Saône-et-Loire.»

«Le lycée de Montbard a créé une formation unique en France qui est la maintenance pour des fournisseurs d'énergies renouvelables, que ce soit la méthanisation ou le solaire photovoltaïque.»

«À mon actif, il y a cette ruralité conquérante, cette fierté que je contribue à mettre en place. (…) On fait valoir la puissance de la ruralité. C'est chez nous qu'est l'alimentation, l'énergie, l'eau, la biodiversité. Notre place en France est énorme. (…) J'ai contribué à dynamiser et à fédérer les énergies des gens qui ont envie de faire des choses.»

Flécher le chèque alimentaire vers «des pratiques vertueuses»


Nationalement, où en est le chèque alimentaire ?

«C'était une proposition de loi que j'avais faite et qui s'appelait 'chèque bien manger'.»

Quelle est la différence ?

«Quand le président était venu à côté de Dijon, je lui avais posé la question sur le chèque alimentaire : est-ce que vous préférez un chèque qui soit de l'aide alimentaire, ce que l'on a déjà, ou est-ce que ce chèque peut être un coup de main et un levier pour que les gens se dirigent vers des productions saines et vertueuses ?»

«J'avais rencontré les plus grands distributeurs, les organismes de types Ticket Restaurant qui peuvent mettre la logistique en place. Aujourd'hui, on parle du chèque alimentaire mais ce dont on ne parle pas, c'est qu'il soit fléché vers des pratiques vertueuses qui encouragent les agriculteurs à progresser et sont un outil anti-agribashing parce que la consommation des uns aident la production des autres donc on peut être fier.»

Au moment des débats parlementaires, si vous êtes élue, vous demanderez donc à votre groupe de peser sur le périmètre du chèque alimentaire qui reprendrait le chèque bien manger ?

«De peser pour que que ce soit en même temps une aide et un levier d'amélioration des productions.»

Le rachat de VBT, «ça peut bien se passer»


Comment réagissez-vous au rachat de VBT à Montbard par le fonds allemand Mutares (lire le communiqué) ?

«Vallourec Bearing Tubes vient d'être racheter par un fond de pension allemand. Cela veut dire que les décisions ne vont pas être prises chez nous. Ça a été souvent comme ça, sauf pour Valti dont le siège social était là.»

«Tant mieux si cela reste en Europe. Pour les fonds d'investissement, il faut être super-vigilant. On sait très bien que pour un fonds de pension, il faut que ça crache du cash. Si ça ne crache pas, ça sera revendu.»

«Pour le moment, les salariés sont maintenus. J'ai rencontré les salariés la semaine dernière encore. Je les rencontre régulièrement. Cette semaine, les gens de Mutares venaient faire le premier diagnostic. (…) Ça peut se passer bien.»

«Il y a de plus en plus de grands établissement et, en même temps, des petites entreprises très résilientes qui sont là parfois depuis 1862 – j'ai vu cela sur le fronton d'une –, donc il y a un travail à faire de développer les PME, les entreprises de taille intermédiaire.»

«Il faut des maires animateurs qui pensent à la cohésion»


Dans le cadre de la campagne, quelles sont les principales propositions que vous portez auprès des électeurs de la quatrième circonscription ?

«La première des propositions, c'est tout ce qui concerne le pouvoir d'achat. (…) Au niveau de l'énergie et des carburants, il y a vraiment un enjeu. (…) C'est la première loi que l'on va voter. (…) Je serai là pour appuyer et augmenter le plus possible la protection des Français pendant le temps que cela va être dur.»

«Le second sujet, c'est de nous organiser au niveau santé. C'est une préoccupation de tout le monde. Ce n'est pas qu'une question de la campagne car les plus grands déserts médicaux sont en région parisienne. (…) Le président de la République a pris la mesure du problème que l'on va avoir pour les urgences cet été donc il va falloir travailler là-dessus.»

«Le troisième chantier, c'est la cohésion sociale. Cela me soucie beaucoup quand je vois le vote que l'on a eu en campagne par rapport à la ville. On a eu beaucoup de votes extrêmes qui porte des valeurs qui ne sont absolument pas les miennes.»

«Ce qui est très important, c'est la participation des gens. Je prendrai modèle sur la Convention citoyenne pour le climat pour faire des mini-conventions citoyens très bien organisées avec des professionnels pour embarquer les gens et les faire s'exprimer. Je vois que c'est dans les villages où il y a le plus d'animation que ça vote le moins Le Pen. Les maires bâtisseurs, ça a été un temps, maintenant, il faut des maires animateurs qui pensent à la cohésion, à la convivialité, au partage, aux fêtes. (…) C'est pour ça que je m'étais engagée en 2017.»

Meeting le 9 juin avec Marie-Pierre Vedrenne


Dans une des plus grandes circonscriptions de France, puisque très peu densément peuplée, la candidate base sa stratégie de campagne sur le porte-à-porte plutôt que sur les réunions publiques avec, pour objectif de «voir au moins vingt personnes dans chaque village».

Yolaine de Courson organisera néanmoins un meeting de fin de campagne de premier tour, le 9 juin prochain à Semur-en-Auxois, avec la participation de la députée européenne Marie-Pierre Vedrenne, coprésidente du groupe Renew au Parlement européen.

Propos recueillis par Jean-Christophe Tardivon

Les candidats de la quatrième circonscription (par panneau électoral)

1- Jean-Marc Ponelle (Rassemblement National)
2- Patrick Molinoz (PRG-Centre gauche)
3- Loup Bommier (Reconquête)
4- Michel Guillet (Parti animaliste)
5- Yolaine de Courson (Ensemble)
6- Isabelle Marchal (Lutte ouvrière)
7- Hubert Brigand (LR-UDI)
8- Julien Beudet (Les Patriotes)
9- Stéphane Guinot (La France Insoumise, NUPES)
10- Laurence Porte (divers centre)

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