
Dans le cadre de la Semaine de la cohabitation intergénérationnelle, l'élue municipale dijonnaise Marie-Odile Chollet et la directrice de Binôme 21 Céline Vialet ont présenté, ce mercredi 7 mai, à Dijon, les actions favorisant l'hébergement d'un jeune chez une personne âgée mettant une chambre à disposition.
Une association œuvre à développer la cohésion sociale entre les générations et à maintenir l'autonomie des personnes âgées en permettant à des jeunes de trouver un logement à un coût abordable. Binôme 21 fait se rencontrer une personne âgée de plus de 60 ans qui dispose d'une chambre à proposer et un jeune de moins de 30 ans qui cherche un hébergement.
Ce mercredi 7 mai 2025, à Dijon, Marie-Odile Chollet (PS), conseillère municipale déléguée notamment à l'Observatoire de l'âge, et Céline Vialet, directrice de Binôme 21 – par ailleurs vice-présidente du conseil départemental de la Côte-d'Or –, ont présenté les actions de l'association alors que se profile la Semaine de la cohabitation intergénérationnelle. Conseiller métropolitain délégué à la vie étudiante, Hamid El Hassouni (PS) était excusé.
Programme de la Semaine de la cohabitation intergénérationnelle
Depuis 2021, en France, le réseau Cohabilis qui fédère les structures proposant des solutions d'habitat partagés organise une Semaine de la cohabitation intergénérationnelle destinée à «valoriser la solidarité entre les générations et l’entraide par l’habitat». Cette année, elle se déroulera du 12 au 18 mai prochains.
Le 13 mai 2025, à 9 heures 30 : représentation de la pièce de théâtre «Viens chez moi, j'habite chez une mamie», au complexe O Palais, 10 rue Léon-Mauris à Dijon. La représentation sera suivie d'un temps d'échanges.
Le 14 mai 2025, à 16 heures : réunion d'information sur les actions de Binôme 21 en présence de bénéficiaires et de bénévoles, salle Lucie Aubrac, 8 place centrale de la Fontaine d'Ouche, à Dijon.
Cinq binômes actuellement constitués
Créée à l'initiative d'un médecin, en 2010, Binôme 21 a pour objectif de «déployer la relation intergénérationnelle personnes âgées-jeunes» avec une action tournée vers la cohabitation. Le territoire potentiel inclut toute la Côte-d'Or avec, à ce jour, un focus sur la métropole dijonnaise et Beaune.
À ce jour, cinq binômes sont constitués. L'objectif est d'atteindre dix binômes d'ici la fin 2025. La moyenne d'âge des hébergeurs est supérieure à 75 ans. Le nombre d'hommes est sensiblement supérieur au nombre de femmes. Les hébergés ont principalement entre 18 et 20 ans. L'association s'adresse aux étudiants, aux apprentis et même aux travailleurs.
Un budget annuel de 110.000 euros
Binôme 21 est présidée par Bernadette Florentin, ancienne professionnelle du réseau de l'Aide à domicile en milieu rural (ADMR), désormais à la retraite. La structure est animée par une quinzaine de bénévoles. Chaque année, sont accueillis une trentaine de volontaires en service civique.
Ayant connu un trou d'air après la crise sanitaire, l'association souhaite dynamiser ses actions en s'appuyant sur le renouvellement d'un partenariat avec la Métropole de Dijon qui, au travers d'une convention pluriannuelle d'objectifs et de moyens, a augmenté sa subvention.
Le budget 2025 de l'association atteint environ 110.000 euros. Il est financé notamment par la participation des usagers (30.000 euros), Qualivie (30.000 euros), l’État (24.000 euros en lien avec le service civique), la Métropole de Dijon (13.150 euros), la Caisse d'allocation familiale de la Côte-d'Or (10.000 euros) et le Département de la Côte-d'Or (4.350 euros).
Conjuguer la politique de l'âge et la politique en faveur de la jeunesse
«Ce projet répond vraiment à des besoins de part et d'autres», remarque Marie-Odile Chollet, «c'est un bénéfice partagé». «C'est une bonne alliance pour répondre à des besoins importants qui concernent les aînés pour maintenir l'autonomie. Ça va contribuer énormément au maintien en santé physique et mentale.»
«Ça correspond bien à la politique de l'âge [de la Ville de Dijon]», appuie l'élue municipale qui rappelle que la commune est labellisée Ville amie des aînés au niveau platine. «On a des valeurs en commun. Du côté politique de l'âge et du côté politique en faveur de la jeunesse, on est en phase.»
«Parmi les bénéfices, il y a la lutte contre la fracture numérique», glisse la socialiste, «il y a une vraie transmission croisée».
Lutter contre la perte d'autonomie et contre la précarité étudiante
«Le but est vraiment de créer du lien, de créer du sens à cette cohabitation», explique Céline Vialet, «que le jeune puisse passer du temps avec la personne âgée durant les soirées ou les week-ends». «Pour la personne âgée, cela permet d'avoir une présence à la maison, notamment la nuit, ça permet de sécuriser, de rassurer les aidants, de lutter contre la perte d'autonomie. Cela peut retarder une entrée en résidence seniors ou en établissement pour personnes âgées dépendantes.»
«Le jeune a un intérêt intergénérationnel dans un environnement qui reste familial», souligne la directrice, «le fait de se retrouver dans un petit appartement, seul, à Dijon, ça peut être source d'appréhension». «Se retrouver dans un milieu familial avec une personne âgée, ça peut être rassurant pour les parents et il y a cet intérêt financier. Ça lutte contre la précarité étudiante.»
«On a une cohabitation qui dure depuis trois ans»
«Le but de la présence n'est pas de se substituer à un auxiliaire de vie», précise Céline Vialet, «c'est vraiment de passer du temps de convivialité avec la personne». «C'est une cohabitation donc le jeune a pour mission d'entretenir les lieux qu'il utilise, notamment sa chambre. On fait un repas partagé, on prépare ensemble, on fait la vaisselle ensemble. À cela peut s'ajouter une auxiliaire de vie s'il y a des tâches qui sont vraiment liées à la personne âgée.»
«On a une cohabitation qui dure depuis trois ans», témoigne la directrice. «Il y a une vraie relation qui s'est créée. La personne âgée a sur renforcer son estime de soi, ça lui a permis de reprendre goût à aller sur l'extérieur, à l'ouverture d'esprit. Il n'y a pas d'âge pour apprendre, pour échanger, pour se sociabiliser avec de nouvelles personnes. Ça fait aussi tomber des idées préconçues des deux côtés.»
«J'ai connu une dame qui avait des difficultés de mobilité importantes, qui ne pouvait plus sortir de sa maison, ne serait-ce qu'aller jusqu'à sa boîte aux lettres», ajoute-t-elle, «elle avait des difficultés au niveau cognitif dans le sens où elle supportait mal la solitude, elle avait peur chez elle et ne se sentait pas en sécurité». «Du jour où il y a eu une cohabitation qui s'est mise en place, le fait d'avoir quelqu'un chez elle, de pouvoir discuter, elle a repris de la confiance en elle, ça allait beaucoup mieux au niveau du moral et elle a pu rester chez elle encore plusieurs années.»
«Le jeune doit avoir son espace à lui»
Le principe est de mettre à disposition au moins une chambre en contrepartie d'une indemnité oscillant entre 50 et 250 euros, en fonction du cadre de logement. Il ne s'agit pas d'un loyer entrant dans les revenus de la personne âgée mais d'une somme, définie en accord avec Binôme 21, qui comprend la participation à l'eau et l'énergie. L'hébergé peut bénéficier d'une aide personnalisée au logement.
En amont, l'association aura rencontré l'hébergeur, souvent plusieurs fois, et échangé avec l'hébergé pour «évaluer le caractère, les attentes, les besoins de chacun». Un contrat, assortie d'une charte, est mis en place entre les deux parties qui conservent un contact avec un référent, appelé tuteur. Une formation est proposée au jeune.
Si l'hébergeur est locataire, il doit prévenir le bailleur mais n'a pas d'autorisation à obtenir. L'hébergé doit souscrire une assurance en responsabilité civile et provisionner une caution de 150 euros. Un état des lieux est fait lors de l'entrée dans le logement.
La plupart des hébergeurs sont propriétaires d'une maison dont ils mettent une chambre à disposition.
«Le jeune doit avoir son espace à lui», souligne Céline Vialet, «avec un lit, un bureau, une armoire». «La cuisine, la salle de bains, les sanitaires peuvent être partagés. Le jeune s'achète sa nourriture et la met dans le frigo. S'ils veulent faire des repas partagés, ils s'organisent entre eux.»
Des activités en commun pour tous les bénéficiaires
Binôme 21 organise également des «visites de convivialité» qui mettent en lien des volontaires en service civique et des seniors, vivant à domicile ou dans une structure. Ces volontaires ont une formation de cinq jours sur les spécificités du vieillissement, ravivée tous les mois.
Des temps d'animation sont organisés pour l'ensemble des bénéficiaires de l'association. Ils comprennent des sorties et des activités en commun qui sont particulièrement appréciés des jeunes qui peuvent rester en contact.
«Tout au long, cohabitation ou visites de convivialité, Binôme 21 est présent», assure Céline Vialet, «on a des tuteurs».
Jean-Christophe Tardivon





