Depuis 2015, un collectif citoyen achète des terres agricoles pour enclencher une dynamique articulant production locale et vente directe. Une boulangerie, une épicerie et un café associatif ont vu le jour. Ce vendredi 4 juin, Léo Coutellec se fait le porte-parole pour présenter la démarche.
Cogérant du groupement foncier agricole Champs libres, Léo Coutellec est également membre du collège solidaire qui administre l'association Risomes. Créé en 2015, le GFA vise à «racheter collectivement, entre citoyens habitant un territoire, du foncier agricole pour réinstaller des paysans».
Sur la commune de Mâlain, à 20 km à l'ouest de Dijon, 40 hectares de terres agricoles ont ainsi été acquis, permettant de créer six emplois sur trois fermes.
«Le problème écologique se résout en partie par la production agricole»
«Le principal défi à venir dans les campagnes passera principalement par l'agriculture», considère Léo Coutellec. Champs libres contribue à la dynamique instaurée à Mâlain afin de «renverser la tendance dominante depuis 40 ans qui est de détruire le monde paysan à petits feux et avoir pour conséquence de désertifier les campagnes de leurs énergies pour en faire des dortoirs».
«On pense que le problème écologique se résout en partie par la production agricole qui a pour conséquence d'avoir une alimentation de qualité et locale. Notre activité principale, c'est de promouvoir une alliance vertueuse entre des habitants d'un territoire et des agriculteurs pour redynamiser l'agriculture et relocaliser l'alimentation», développe le gérant.
Les activités liées à l'agriculture sont toutes en bio et en vente directe, sur place ou en AMAP à Dijon (comme par exemple celles des Bourroches, de la Chouette). On retrouve :
- paysan-boulanger (trois emplois) pour cultiver des céréales, produire des farines et faire du pain (200 kg chaque semaine)
- production d’œufs (une paysanne, 500 poules, 128.000 œufs par an)
- microbrasserie (une artisane, gamme de quatre bières, 10.000 litres par an)
- production de miel (deux apicultrices)
- maraîchage de petite surface
De futurs projets sont en réflexion comme un élevage de brebis doublée d'une production de fromages et une extension du maraîchage.
«Une pépinière de projets de la transition écologique et sociale»
En parallèle de Champs libres, depuis 2016 l'association Risomes porte les aspects citoyens avec ses 540 adhérents : «c'est une pépinière de projets de la transition écologique et sociale». En effet, des paysans qui s'installent dans un village entraînent souvent la création de café associatif et d'épicerie.
«C'est la vie dans les villages et sortir de la standardisation de la grande distribution», signale à son tour Myriam Gassilloud, membre de la Confédération paysanne.
Ainsi ont été créés le café associatif le Chauff' Savate et l'épicerie la Tourniquette. Cette dernière a inaugurée en septembre 2020, elle compte 220 coopérateurs et ouvre 18 heures par semaine (du mardi au vendredi de 13 à 19h, le samedi de 9h à 12h et de 14h à 16h).
Comme le dit Léo Coutellec, «il faut que les paysans puissent vendre à des prix rémunérateurs et que les personnes puissent accéder à une alimentation de qualité à des prix corrects. Cette adéquation est souvent difficile à trouver. Risomes a réduit tous les intermédiaires. C'est bénévole, c'est associatif. Il y a des marques très faibles qui sont faites sur les produits».
«Risomes n'est pas partisan mais Risomes n'est pas apolitique»
Ce vendredi 4 juin 2021, le site sert d'étape à une randonnée de campagne de Bastien Faudot, tête de liste du Temps des cerises soutenue par plusieurs formations de la gauche radicale, dans le cadre des élections régionales.
Si Léo Coutellec évoque une «compatibilité» avec les propositions de la liste, il ne s'agit pourtant pas d'un soutien au Temps des cerises. «Risomes n'est pas partisan mais Risomes n'est pas apolitique», précise le militant associatif, «on est politisé et on a des pratiques politiques dans le sens où on essaie de changer structurellement la vie des gens».
Inspiré par la philosophie de Gilles Deleuze et Félix Guattari, le nom de l'association renvoie au rhizome et signifie Réseau d'Initiatives Solidaires Mutuelles et Écologiques. «C'est une référence à cette idée qu'il n'y a pas de centre et pas de périphérie. En botanique, un rhizome est un milieu qui se nourrit par lui-même, qui est décentré et qui agit avec des ramifications», s'enthousiasme Léo Coutellec.
À noter que les 28 et 29 août 2021, aura lieu à Mâlain la troisième édition d'Atout bout d'champ, festival des alternatives agricoles, alimentaires et écologiques.
Jean-Christophe Tardivon
> Côte d'Or > Côte d'Or
