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14/10/2022 03:54

POLITIQUE : Catherine Hervieu et Antoine Peillon présentent la coordination NUPES 21

Ce jeudi 13 octobre, les deux représentants de la toute nouvelle coordination de la NUPES en Côte-d'Or ont passé en revue des sujets d'actualité : les affaires Quatennens et Rousseau, la relation avec la fédération départementale du Parti socialiste ou encore la «bienveillance» vis à vis de la politique conduite par François Rebsamen à Dijon.
En Côte-d'Or, la toute première réunion conjointe de la NUPES s'est tenue le 15 juin, à Dijon, entre les deux tours des élections législatives (lire notre article). Elle était le germe de ce qui allait devenir, au cours de l'été, au gré de plusieurs autres réunions, la coordination départementale en Côte-d'Or de la NUPES, ou NUPES 21.

Les acteurs côte-d'oriens sont précurseurs pour avoir débuté leur déclinaison locale avant même la fin des législatives. À présent, des démarches similaires sont en cours dans différents territoires de France, dont la Saône-et-Loire avec une NUPES 71 qui appelle également à participer à la Marche du 16 octobre (lire le communiqué).


Une trentaine de personnes animent la coordination NUPES 21


Au niveau national, en vue des législatives de juin dernier, l'accord de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale a été porté par 20 formations politiques. Toutes n'ont pas nécessairement ds adhérents en Côte-d'Or.

La coordination de la NUPES 21 regroupe donc une trentaine de personnes venant des mouvements ayant des représentants suffisamment nombreux en Côte-d'Or.

À noter que, contrairement à la Saône-et-Loire, en Côte-d'Or, la fédération départementale du Parti socialiste ne participe pas à la NUPES 21 qui intègre cependant six adhérents du PS à titre individuel. C'est ainsi le cas de l'ancienne conseillère municipale de Dijon et conseillère départementale de la Côte-d'Or Colette Popard. À noter que deux de ces socialistes sont maires.

Les autres formations ont formellement désigné des représentants par des votes internes. La France insoumise en compte six (dont Dominique Guidoni-Stolz, Patricia Marc et Antoine Peillon), Europe Écologie Les Verts quatre (dont Catherine Hervieu et Stéphanie Modde), Génération.s quatre (dont Christine Renaudin-Jacques), le Parti communiste français trois, le Parti ouvrier indépendant un. Quelques autres participants se revendiquent «de la société civile».

Un «comité de communication» de six personnes


Issu de cette coordination, un plus petit groupe de six personnes constitue le «comité de rédaction et de communication» afin d'organiser l'expression publique de la NUPES 21 sur des comptes de médias sociaux, déjà existants, et sur un site web prochainement mis en place. La règle est la recherche du consensus parmi les composantes, ce qui n'empêche pas les formations de conserver leur propre communication par ailleurs.

Tous les deux membres de la coordination NUPES 21 et anciens candidats aux élections législatives en Côte-d'Or, Catherine Hervieu et Antoine Peillon ont répondu aux questions d'Infos Dijon ce jeudi 13 octobre 2022.

La première est également conseillère municipale d'opposition à Dijon, présidente de la Fédération nationale des élus Verts et écologistes et membre du bureau exécutif d'EELV. Pour La France insoumise, le second est membre du parlement national de la NUPES.

«Bruno Latour n'a cessé, par inspiration catholique, de critiquer la science»


Avez-vous une réaction suite au décès du philosophe Bruno Latour ?

Catherine Hervieu : «C'est un philosophe, anthropologue, sociologue qui a bien fait évoluer les concepts autour de l'écologie dans la pensée philosophique. Il a mis en avant la nécessité de la grande mutation écologique à l'échelle planétaire dans toutes les composantes de la vie et de nos vies.»

«Ces dernières années, il avait développé cette idée de nouvelle classe écologique en termes non pas purement partidaire mais de pensée autour des enjeux climatiques et que l'on met en mouvement l'ensemble de celles et de ceux qui s'y retrouvent à l'échelle planétaire et dans les territoires où l'on est implantés.»

«Quand on a préparé les élections européennes de 2019, il avait été sollicité notamment par Yannick Jadot pour qu'on puisse avoir un échange entre lui et les futurs candidats de la liste.»

Antoine Peillon : «Je m'interroge sur qui a lu quoi. Je me demandais si vous avez lu Nous n'avons jamais été modernes, Face à Gaïa... parce que l'obligation de s'interroger sur Bruno Latour m'intrigue. J'ai bien vu que, depuis le 9 octobre, jour de son décès, on a eu droit à une avalanche médiatique de louanges, d'hommages, sans nuances.»

«J'ai lu tous ses livres et aussi ceux qui l'ont critiqué. De mon point de vue, Bruno Latour, c'est une œuvre secondaire, souvent de seconde main, sauf sa première recherche scientifique sur les conditions de la recherche dans les laboratoires. C'est une œuvre qui en philosophie politique, donc écologiste dans les dernières années, est une œuvre réactionnaire. C'est une œuvre qui n'a cessé, par inspiration catholique de critiquer la science, y compris dans ses procédures fondamentales comme la raison.»

«Il a d'ailleurs souscrit – avant de, heureusement, soutenir les candidats écologistes, Piolle d'abord puis Jadot – aux réformes de l'université lancées par Nicolas Sarkozy. C'était quelqu'un qui, dans le milieu universitaire, dans le milieu de la recherche, a toujours été regardé quand même avec beaucoup d'inquiétude parce qu'il a participé – il s'est réclamé lui-même d'être anti-moderne – à une critique presque obscurantiste de la science moderne, mélangeant – il l'assumait – la question de la science et de la foi. Donc je suis très réservé sur son œuvre. Le personnage était extrêmement sympathique, j'ai eu la chance de le rencontrer.»

«Son livre sur Gaïa est tout simplement une sorte de rappel de la pensée de Lovelock qui a lancé l'hypothèse Gaïa, de façon géniale, aux débuts des années 1970.»

«Le sens même du succès médiatique de son décès m'interroge sur l'esprit de l'époque où on critique la Révolution française, en l’occurrence où les procédures rationnelles sont relativisées, où l'on voit que le buzz l'emporte sur la discussion rationnelle. Je pense que le succès tout récent de Bruno Latour participe à cette bulle d’irrationalité.»

«Bruno Latour a permis une appropriation des enjeux»


La question de la foi, la foi chrétienne en particulier, traverse plusieurs courants de l'écologie politique.

Antoine Peillon : «Il est vrai que, beaucoup de militants – pas seulement écologistes, ça a été le cas dans le monde social et solidaire aussi – sont d'inspiration chrétienne. C'est absolument indéniable, c'est d'ailleurs tout à fait remarquable.»

«En écologie politique, il y a quand même des œuvres nettement plus importantes. Jacques Ellul et Bernard Charbonneau – textes pionniers sur l'écologie politique –, ça date de 1930, avant-guerre. André Gorz, c'est les années 90 pour ses premiers textes les plus importants. Michael Löwy, l'écosocialisme, qui est une pensée très forte, c'est le début des années 2000. Ne parlons même pas de Hans Jonas, le principe de responsabilité qui structure toute la philosophie de l'écologie, l'édition française c'est 1979.»

Catherine Hervieu : «Pour compléter sur la construction de la pensée, on sait très bien que dans toute une vie la pensée évolue. Le chemin qu'a conduit Bruno Latour a effectivement avoir une exposition médiatique ces derniers temps, ça vient aussi percuter avec les préoccupations du grand public. De ce point de vue, il a permis une appropriation des enjeux.»

«Si on se rappelle Théodore Monod, au début de sa carrière, il était à fond pour le productivisme. C'est à l'épreuve des faits qu'il a effectivement réajusté la façon de repenser le système agricole en lien avec les questions alimentaire et de biodiversité. L'évolution de la pensée toute au long d'une vie, je trouve ça plutôt intéressant. On arrive à une décennie critique, c'est le moment où jamais. Qu'on ait des leviers, grâce à lui et bien d'autres, pour distiller les mutations sociales, sociétales, politiques, économiques, etc. tant mieux !»

La dégradation de la permanence des Républicains est «stupide»


Quelle réaction avez-vous suite à la dégradation de la permanence dijonnaise des Républicains dans la nuit du 11 au 12 octobre avec des tags injurieux (lire le communiqué) ?

Antoine Peillon : «La dégradation est stupide, condamnable. Il ne m'a pas semblé qu'elle était très grave autrement qu'un peu de peinture. (…) On va laisser la police enquêter, la justice éventuellement agir.»

«Là aussi, je m'interroge beaucoup sur comment on peut monter des micro-faits divers en actualité essentielle au point de venir en question sur l'entretien que nous avons.»

«Vous me posez cette question alors que vous ne me posez aucune question sur le mouvement de grève dans les raffineries. Les questions que j'attends en premier mais je ne dicterai jamais de question à une journaliste, dans la période actuelle, c'est : qu'est-ce qu'il en est de nos positions sur la grève dans les raffineries qui est en train de s'étendre à tout le secteur de l'énergie, qui concerne tous les Français. C'est les questions qui portent sur l'explosion de l'inflation totalement incontrôlée par les pouvoirs publics. C'est la question de la remise en cause des indemnisations du chômage. C'est la question d'une soi-disant réforme des retraites qui fait que certains en sont à demander que l'on puisse prendre sa retraite à l'âge de 69 ans... c'est la surenchère à ne jamais partir à la retraite du côté de la droite et du grand macronisme. Et les services publics, et la question du climat, et la question de la biodiversité.»

Catherine Hervieu : «Ce n'est pas la première fois que la permanence des LR se fait tagguer. C'est l'illustration de ce qui se passe dans le pays avec toutes ces tensions. (…)  Il y a une forme d'expression que je juge pas productive et qui n'apporte rien au débat à travers des tags et, en plus, des choses assez dures, qui ne sont absolument notre façon, chez les écologistes, d'engager le débat public.»

Antoine Peillon : «Ces formes d'expression-là n'apportent rien et sont même contre-productives».

Antoine Peillon défend l'expression de Jean-Luc Mélenchon au sujet du couple Quatennens


Antoine Peillon : Adrien Quatennens a reconnu avoir «donné une gifle» à sa compagne. Jean-Luc Mélenchon persiste à le soutenir et évoque même des «gifles politiques» au regard des critiques à présent adressées au député. Que pensez-vous de cette étonnante stratégie de Jean-Luc Mélenchon ?

Antoine Peillon :«Votre question enquille des propos et des faits très éloignés les uns des autres sans aucun respect de leur contexte respectif et donc de leur véritable sens. Sur un sujet aussi sensible, ne comptez pas sur moi pour nourrir le buzz, la polémique politicienne et le caniveau des commentaires irresponsables.»

«De quelle 'stratégie' parlez-vous à propos de Jean-Luc Mélenchon qui a témoigné – et ces à de nombreux jours de distance – d'une part de son affection pour le couple Quatennens, lequel avait alors exprimé publiquement son désarroi devant la divulgation publique de ce qu'il considérait, épouse et mari ensemble, comme une affaire privée, et, d'autre part, de sa colère face à l'exploitation politicienne outrancière de la même affaire par la Macronie, Première ministre en tête, alors que celle-ci protège et maintient au pouvoir d'indiscutables délinquants, y compris sexuels.»

«Une plainte a été finalement déposée par Céline Quatennens, c'est sont entière liberté et responsabilité. Nous verrons à quelle peine son mari sera éventuellement condamné.»

«Pour moi, toute autre attitude, pour ne pas dire posture, participe de l'indécence extraordinaire de la propagande contre la seule opposition politique à l'extrême macronisme, à l'extrême-centre macroniste allié à la droite non républicaine et à l'extrême-droite.»

«J'ajouterai que tout acte de violence, toute main levée sur qui que ce soit, mais particulièrement, quand même sur les femmes, est quelque chose qui me révolte. J'ai au la chance de n'avoir jamais vécu cette situation, de ne jamais avoir eu un tel geste mais je mesure toute la difficulté que certains couples peuvent vivre et toute la complexité qu'il y a à démêler la gravité ou non, l'aspect délinquant ou non dans des contextes privés, familiaux, amoureux.»

Sur l'aspect politicien, il n'y a pas que le camp du président de la République qui a réagi. Il y a aussi eu des critiques en interne. Clémentine Autain a été une des premières à contester la façon de réagir de Jean-Luc Mélenchon.

«Dans ce camp qui est le mien, il peut y avoir, comme dans d'autres camp, des luttes politiciennes. Il peut y avoir – nous l'avons eu aussi parmi nos militantes – des sensibilités très vives à ce type d'événement – que je partage – mais qui peuvent amener les unes et les autres à des expressions voire des actes qui dépassent peut-être le raisonnable. Cela peut se comprendre mais j'alerte sur le fait que cela comprend de graves risques politiques.»

Catherine Hervieu «déplore la méthode» de Sandrine Rousseau concernant l'ancienne compagne de Julien Bayou


Catherine Hervieu : a contrario, l'ancienne compagne de Julien Bayou s'est tournée vers Sandrine Rousseau pour évoquer des griefs liés à leur rupture. Que pensez-vous de cette «affaire Rousseau» où l'opinion publique est convoquée pour faire chuter un responsable politique dans une situation où il n'y a ni plainte formelle ni enquête judiciaire ?

Catherine Hervieu : «Je ne suis pas dans la tête de Sandrine Rousseau. De toutes façons, je ne suis pas d'accord avec ce qu'elle a posé comme parole lors de cette fameuse émission de télé. C'est une mauvaise manière par rapport à l'enjeu énorme de la lutte contre les violences sexuelles et sexistes. C'est des choses qui ont émergé comme faits sociétaux et comme faits sociaux dans le débat depuis plusieurs années. Poser les termes de cette façon n'aide pas à appréhender le rôle de la justice et les moyens qu'elle a de conduire justement  l'instruction des affaires concernant les violences sexuelles et sexistes, idem pour la police, les moyens pour les policiers, les enquêteurs, quand il y a des dépôts de plainte, des mains courantes, de faire correctement leur travail.»

«Avec ce type de buzz, on n'aborde pas ce type de question. On sait qu'en France, on est plutôt en retard par rapport à d'autres pays européens comparable.»

«Je déplore la méthode, la façon dont s'est traité où on fait plutôt appel au cerveau émotionnel, aux tripes, alors qu'il convient vraiment pour toutes ces questions de prendre vraiment les choses à bras le corps et de mettre au débat public les priorités et les arbitrages financiers. On est en train de discuter du projet de loi de finances 2023. Ça débat à l'Assemblée nationale et au Sénat. L'entrée par le buzz vient plutôt confuser les débats. (…) Ça n'aide pas à penser les choses correctement.»

Antoine Peillon : «C'est une excellente nouvelle quand, dans une société, une révolte se lève pour que les femmes et les hommes politiques ne soient plus à l'abri de la justice. En revanche, quand l'opinion publique est appelée pour devenir juge à la place de la véritable justice, on va vers le dérapage démagogique, politicien et qui peut aboutir à des lynchages, qu'ils soient des lynchages moraux voire, ; un jour, parce que ça a existé dans l'histoire, des lynchages physiques.»

«Je me permets de dire que sur le cas de Julien Bayou, je suis horrifié de voir qu'un responsable politique de son niveau et de sa qualité puisse être obligé de se démettre des fonctions essentielles qu'il assume pour nous tous parce qu'un propos (…) est relayé par une de ses camarades avec un tam-tam médiatique maximum. C'est le dévoiement absolu de la presse – parce qu'elle est complice – mais aussi de la politique.»

«Je ne vois qu'un renforcement de la NUPES»


Ces deux polémiques fragilisent la NUPES. Est-ce un effet boomerang lié à la stratégie du buzz mise en place à l'Assemblée nationale ?

Antoine Peillon : «De quelle fragilisation parlez-vous ? Je ne la connais pas. Je ne vois qu'un renforcement de la NUPES. Cette notion que la NUPES pourrait être fragilisée par une instrumentalisation d'affaires privées par un camp politique qui n'a plus que ça en magasin. Non, désolé.»

«Il s'agit de l'expression libre à l'Assemblée nationale de 151 députés NUPES qui sont, effectivement, en résistance très vive à un chef d’État et à un gouvernement qui dirige la France dans le secret d'un conseil de défense et entrave comme jamais depuis cinquante ans le débat parlementaire. Ça ne fait pas du buzz, ça fait du bruit.»

«Les Insoumis sont les héritiers de toutes les insoumissions dont celle d'un certain Étienne de la Boétie [NDLR : 1530-1563, écrivain humaniste français auteur du Discours de la servitude volontaire, 1576] ou George Orwell [NDLR : 1903-1950, écrivain britannique auteur de 1984, 1949].»

«Avez-vous le souvenir des discours de Jean Jaurès, député de Carmaux, à l'Assemblée nationale, qui est pour nous une figure tutélaire ? Pensons aussi aux orateurs de la Révolution française.»

Catherine Hervieu : «Je vais être plus prosaïque. Du côté d'Europe Écologie Les Verts, nous avons pris les choses en main au niveau du bureau exécutif. (…) On a une équipe qui continue à travailler, qui a co-préparé la Marche du 16 octobre, qui a préparé le congrès, qui continue à faire émerger l'expression du parti politique pour appuyer le travail de nos parlementaires qui sont aussi à l'Assemblée et au Sénat, je le souligne. On est aussi en lien avec les eurodéputés écolos.»

«À l'Assemblée nationale, le groupe est en ordre de marche dans le cadre du projet de loi de finances 2023. Il y a eu une fenêtre pendant quinze jours sur ces sujets-là [NDLR : il se trouve que cela correspond à la période dite de niche parlementaire cette fois dévolue à EELV].»

«Il y a des enjeux démocratiques et c'est là-dessus qu'on est en train de bosser dans le cadre de la NUPES. On essaie de relayer les débats dans nos territoires pour intéresser les gens sur quelle qualité de vie ils vont avoir cet hiver, quels qu'ils soient et, surtout, pour les plus précaires. C'est ça le vrai sujet. On a fait face au buzz médiatique tout en se disant que notre rôle de politique, c'est celui que je viens de décrire.»

La NUPES 21 ambitionne d'«accroître l'efficacité politique lors des prochaines élections»


Pendant ce temps-là, localement, vous avancez. Vous avez en partie décliné au niveau de la Côte-d'Or, l'accord national de formations politiques ayant constitué la NUPES pour les législatives. Quel est l'objectif ?

Catherine Hervieu : «Par rapport à nos organisations propres et par rapport à ce qu'on essaie de construire dans le cadre de la NUPES pour être un espace de débat, d'échanges sur des choses sur lesquelles il y a consensus même s'il y a des entrées différentes.»

«C'est hyper important pour éviter les malentendus et accroître l'efficacité politique lors des prochaines élections. On fait de la politique, on a vocation à gagner des élections et à changer les politiques publiques. On n'est pas que dans les luttes, pas que dans la rue. Il y a aussi la traduction en termes de politiques publiques.»

«Il s'agit d'organiser des actions et des événements qu'on construirait ensemble et de grands rendez-vous pour aller au-devant de la population. Au niveau d'Europe Ecologie Les Verts, on est très insistant là-dessus, il ne faut pas que se soit dédié qu'aux rencontres entre militants où on ne voit que des gens convaincus.»

«L'idée est d'aller convaincre la société. Un, de renouer avec le débat public, le débat politique par rapport aux abstentionnistes, par rapport à la désaffection qui est quand même dangereuse pour la démocratie. Deux, chacun peut s'impliquer à sa façon sur une sujet thématique ou organisationnel pour faire bouger dans le sens que l'on propose.»

Antoine Peillon : «Pour l'instant, les discussions que nous avons, c'est sur des actions concrètes sur le terrain, l'appui d'initiatives locales qui auront une importance suffisante et un sens suffisant par rapport à notre programme partagé pour qu'on mobilise le département. Ce qui s'est fait de façon très exemplaire à Cérilly sur le méthaniseur XXL avec plus d'une centaine de personnes présentes.»

«J'entends parler entre nous de débats que nous souhaitons lancer parce que sur les grandes questions qui concernent la métropole et sur lesquelles il y a aussi des polémiques, par exemple la 'bétonnisation' ou l'urbanisation, la question des ressources, l'eau, l'énergie, on a le devoir d'organiser des débats publics, ouverts à tous, pas seulement des militants, en invitant d'ailleurs très largement des personnes qui, parfois éloignées de nous, sont en responsabilité sur des dossiers, de sorte à ce que dans la vie politique de la métropole, on aille, très sérieusement, très rationnellement, de façon documentée, sur des sujets qui concerne tous les citoyens.»

Catherine Hervieu : «Il y a le congrès d'Europe Écologie Les Verts au mois de décembre, congrès du PS au mois de janvier, congrès du PC au mois d'avril. Effectivement, les modalités d'organisation autour de la NUPES, ça va faire partie, en tous cas chez EELV, des débats. Les motions vont apporter des façons de se positionner. Pareil chez le Parti socialiste. Idem pour le PC. Ces débats-là doivent être rendus publics parce que ça fait partie de la façon dont on peut intéresser les gens à la vie politique.»

«Se rassembler pour quelle politique, pour quelle priorité, c'est quelque chose que l'on n'avait pas su faire au préalable. On a perdu du temps. Maintenant que l'on a cette séquence de 2022 un petit peu derrière nous, il est plus que temps de continuer ce travail de pensée et de voir les conditions d'un rassemblement pour 2027 ou pas, j'en sais rien. Mais ça permet un cadre.»

Antoine Peillon : «Nous sommes vraiment convertis à l'Union. De plus en plus de militants LFI parlent de NUPES. La NUPES est en train d'ensevelir ce qu'était historiquement LFI.»

«Des esprits modérés disent que le capitalisme est fauteur de la catastrophe écologique»


Quelle orientation idéologique allez-vous impulser : anticapitaliste, socialiste, écologiste, social-démocrate, progressiste, différentialiste, post-marxiste ?

Antoine Peillon : «Plutôt que d'idéologie – c'est un mot qui est devenu péjoratif –, je préfère parler d'idéal. (…) Il se résume à une phrase très simple qui est en exergue quasiment du programme partagé, c'est l'harmonie entre les êtres humains et avec la nature.»

«Cette exigence doit énormément à de très anciennes traditions : républicaines, démocratiques, progressistes, socialistes, écologistes et même, de plus en plus, anticapitalistes parce que je vois bien que l'anticapitalisme déborde largement du NPA aujourd'hui. Des esprits qui sont considérés comme modérés disent que le capitalisme est fauteur de la catastrophe écologique, est fauteur de la catastrophe sociale.»

«Maintenir cette triple exigence climat-démocratie-solidarité»


Catherine Hervieu : «On va être dans ce cadre de travail en commun pour faire adhérer le plus de gens possible sur des priorités d'urgence climatique et d'urgence sociale. (…) Pour les écologistes, c'est le primat du climat et les conséquences parce qu'on va avoir un enjeu démocratique.»

«Pour faire la mutation écologique, si on attend vraiment que tout le monde soit prêt en faisant rien pour accompagner les gens, on y arrivera pas. Donc, il y a le risque d'une 'dictature verte'. (…) Ce n'est évidemment pas l'idéal de société vers lequel on veut tendre. Même si la fenêtre de tir est très courte, ça vaut le coup de maintenir cette triple exigence climat-démocratie-solidarité.»

«Sur l'acceptabilité sociale, on va avoir un enjeu énorme par rapport à la consommation et la surconsommation parce que même ceux qui ont des fins de mois un peu compliquées sont dans une forme de surconsommation. Il y a un impensé, on ne le dit pas suffisamment. Évidemment, la question des riches, c'est quatre-cinq planètes si on avait tous le modèle de vie qu'ils ont. Cela veut dire que l'effort que l'on doit tous faire doit être au prorata de notre impact carbone et environnemental avec la double exigence des solidarités et de justice sociale. C'est comme ça qu'on s'en sortira par le haut, en évitant un maximum le conflit.»

«La guerre en Ukraine, les guerres au Moyen-Orient, c'est des guerres que l'on va habiller de trucs politiques, ethnoreligieux dans certaines parties du globe, mais, fondamentalement, ça a démarré dans les années 50-60, c'est l'accès aux ressources, c'est la désertification.»

Antoine Peillon : «Tout ce que vient de dire Catherine, j'y adhère à 100%. (…) Aujourd'hui, des partis qui étaient productivistes, qui étaient totalement indifférents à la question de la nature, de l'environnement, du climat, ont pris conscience que c'était un problème fondamental. Aucun d'entre nous sépare cette question de la question sociale, économique et démocratique.»

Catherine Hervieu : «On a surpris tout le monde en arrivant à faire un accord électoral rapidement au printemps. (…) Le programme a vocation à évoluer. (…) On partage la nécessité, à confort de vie égal, de vivre dans une forme de sobriété par rapport aux besoins essentiels : logement, éducation, culture, mobilités. Vivre heureux, ce n'est pas forcément dans une fuite en avant complètement effrénée d'objets complètement inutiles.»

«Je vois de plus en plus de sympathisants socialistes venir à notre rencontre»


Quid de la fédération de Côte-d'Or du Parti socialiste et de la section de Dijon ?

Antoine Peillon : «Je dis que la fédération dite socialiste de Côte-d'Or et la section dite socialiste de Dijon, les dirigeants de cette fédération ne sont pas socialistes. Ils sont en opposition avec un parti qui s'appelle le Parti socialiste.»

«Ils ont soutenu des candidats aux législatives contre les candidats qui étaient validés et mandatés par le Parti socialiste. Leur idéologie n'a rien à avoir avec le Parti socialiste. Personnellement, j'ignore et je méprise les diffamations et les polémiques indignes que certains de leurs dirigeants lancent régulièrement contre nous, LFI et NUPES.»

«Ces gens-là s'excluent de toute possibilité de discussion et finalement de participation à la seule union de la gauche existant réellement à Dijon et en Côte-d'Or, c'est à dire cette union que nous avons construite avec la NUPES.»

«En revanche, ayant été explicitement mandaté par une lettre du Parti socialiste en soutien à ma désignation par LFI comme candidat NUPES sur la première circonscription, je suis très heureux de voir de plus en plus de militantes et militants, sympathisantes et sympathisants socialistes venir à notre rencontre.»

«Il y aura après le congrès du Parti socialiste de janvier une nouvelle donne politique à Dijon et en Côte-d'Or qui versera les comportements délétères de certains caciques aux oubliettes de l'histoire.»

Catherine Hervieu : «Je ne veux pas insulter l'avenir. Les choses sont absolument jamais figées. Il y a les dirigeants du Parti socialiste de Côte-d'Or et de Dijon et il y a surtout les militants et militantes et c'est ceux avec lesquelles nous avons des liens. Les passerelles existent. J'espère que les choses vont pouvoir bouger dans un avenir le plus proche possible. Il y a une notion de responsabilité par rapport à la situation du pays, l'histoire politique. Le cadre de la NUPES, l'ensemble des militants, le Parti socialiste y a toute sa place.»

Antoine Peillon : «Les socialistes sont nos amis. Mon centre de gravité politique, c'est le socialisme.»

«Sans cesse, on me fait l'accusation d'être pro-Rebsamen»


Quid de certains militants historiques LFI qui semblent considérer que les critiques adressées à l'encontre de la politique du maire de Dijon ne sont pas assez sévères ?

Antoine Peillon : «Je ne sais pas de quelle histoire vous parlez. Les personnes auxquelles vous faites allusion, depuis que je suis à Dijon, du fait de leurs mensonges, de leur représentation ridicule au sein du collectif militant LFI, me semblent pas des militants historiques. Ils sont des personnes qui poursuivent des intérêts personnels, ce qui avait pour conséquences de diviser, de séparer et d'injurier les militants des autres mouvements de gauche et de l'écologie.»

«LFI, tel que j'y suis, c'est tout l'inverse. C'est regarder les choses le plus sérieusement possible, y compris la politique municipale. Il y a dans la politique municipale et métropolitaine de Dijon, depuis deux décennies, un progrès considérables, des choses qui sont enviables et enviés par beaucoup d'autres villes ou citoyens habitants dans d'autres villes de France. Pourquoi regarder ces choses-là de façon manichéennes et émettre des jugements à l'emporte-pièce ? Ce qui n'exonère pas de l'esprit critique.»

«Sans cesse, on me fait l'accusation d'être pro-Rebsamen ou de le soutenir. Ce que je soutiens, c'est tout ce qui, dans la politique municipale et métropolitaine, va dans le bon sens. Ce qui ne m'interdit pas de regarder certaines choses avec des questionnements, voire avec des positions déjà un peu critiques.»

«C'est la nouvelle LFI qui est à Dijon depuis quelques mois. Cette nouvelle LFI est plus nombreuses que jamais, plus active que jamais, sur le terrain, à la rencontre des vrais citoyens. Elle ne fait pas que passer à la télévision. Elle s'est alliée avec ses amis écologistes, communistes, socialistes, Génération.s alors que c'était impossible auparavant.»

«Oui, j'assume personnellement de regarder avec au moins bienveillance tout ce que fait la municipalité et la Métropole de Dijon, il ne s'agit pas du maire de Dijon., dans laquelle des amis qui sont avec moi à la NUPES 21 siègent en tant qu'élus. Jamais d'injure, jamais de critique qui ne soient pas fondées, jamais d'a priori.»

Catherine Hervieu : «On parlait de Jean-Luc Mélenchon au tout début. C'est vrai que le côté tonitruant et très descendant de ce qui peut se passer chez LFI heurte quand même la culture démocratique chez les écologistes.»

«Quand Antoine parle de l'évolution de LFI sur Dijon et le département, il faut reconnaître qu'on voit un avant et un après. Je peux témoigner de moments vraiment pas agréables avec certains [de LFI]. (…) Il y a des choses qui sont en train de bouger, il faut plutôt s'en réjouir.»

«Dans le cadre de la NUPES, il y a des formations politiques qui ont aussi leur vie propre, qui vont rénover leur programme et leurs priorités. Cela va nourrir cette coalition.»

Ce dimanche 16 octobre 2022, Antoine Peillon participera à la Marche contre la vie chère et l'inaction climatique (lire le communiqué). La NUPES 21 estime que près de 150 personnes feront le déplacement depuis la Côte-d'Or.

Jean-Christophe Tardivon


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