
Menant campagne pour la présidence des Républicains, ce mercredi 12 mars, à Is-sur-Tille, Laurent Wauquiez a préféré cibler Jean-Luc Mélenchon et François Bayrou plutôt que son concurrent Bruno Retailleau. Avec des accents très «canal historique du RPR», le candidat a mis en avant deux priorités : «la sécurité» et «l'immigration».

En cette année sans élection, les militants des Républicains sont toutefois appelés aux urnes pour choisir le nouveau président du parti et tourner la page de la crise suscitée par Éric Ciotti lors des élections législatives anticipées.
Les 17 et 24 mai prochains, les adhérents à jour de cotisation au 17 avril départageront Bruno Retailleau et Laurent Wauquiez par un vote électronique.
Laurent Wauquiez fait étape à Is-sur-Tille
Ce mercredi 12 mars 2025, à Is-sur-Tille, Laurent Wauquiez a tenu une des 120 réunions publiques prévues en deux mois pour mener campagne dans toute la France.
Durant cette étape, le député de la Haute-Loire et président du groupe parlementaire de La Droite républicaine s'est consacré à ses thèmes chers – la sécurité, le travail et la lutte contre l'islamisme – avec un objectif : rassembler les citoyens attachés «aux valeurs de la droite» en vue des prochaines échéances électorales.
De nombreux soutiens côte-d'oriens
La réunion publique s'est déroulée dans la salle de l'Orangerie en présence de près de cent personnes. Le candidat a été accueilli notamment par Thierry Darphin, maire d'Is-sur-Tille, Alain Houpert, sénateur de la Côte-d'Or, Hubert Brigand, député de la Côte-d'Or, François-Xavier Dugourd, vice-président délégué du conseil départemental de la Côte-d'Or et président de la fédération départementale des Républicains, et Axel Sibert, conseiller municipal de Dijon et référent du candidat dans le département.
Alain Lamy, maire de Blaisy-Bas, et Fabian Ruinet, maire de Talant, avaient fait le déplacement, tandis que Guillaume Ruet, maire de Chevigny-Saint-Sauveur et secrétaire départemental de la fédération, était représenté par Samuel Lonchampt. Même Nicolas Lacroix, président du conseil départemental de la Haute-Marne, est venu en voisin.
«Les Français nous attendent»
D'emblée, Thierry Darphin reconnaît le contexte «hyper difficile» pour les Républicains. Après la présidence de Nicolas Sarkozy, les effectifs du parti héritier du gaullisme ont fondu, passant de 238.000 à moins de 100.000 avant de commencer à regrimper. Les deux candidats font feu de tout bois pour amener d'anciens adhérents à renouveler leur carte avant le 17 avril.
«Les Français nous attendent», assure Thierry Darphin qui met en garde sur les «querelles» et les «rancœurs» liées aux campagnes internes : «il faut que quand on a choisit un candidat, on le soutiennent à fond». L'élu des Républicains attend, lui, que le nouveau président du parti fixe «un cap».
François-Xavier Dugourd soutient Laurent Wauquiez
«Il y a des communes qui sont particulièrement bien gérées en Côte-d'Or et, la plupart du temps, elles sont tenues par les Républicains», enchaîne François-Xavier Dugourd.
«Notre pays ne va pas bien», poursuit le président de fédération en revenant sur les sujets nationaux comme «la dégradation des services publics» ou «la problématique de trafic de drogue» sans oublier «les problèmes économiques et sociaux».
«Notre parti prend ses responsabilités», commente-t-il au sujet de la participation aux gouvernements de Michel Barnier puis de François Bayrou. «Il est essentiel de ne pas laisser le pays dans le chaos, (…) sinon c'est la porte ouverte aux extrêmes».
En vue des prochaines échéances électorales, François-Xavier Dugourd appelle à «parti en ordre de marche, un parti opérationnel avec un chef». Lequel ? Si les deux candidats ont «une stature d'homme d’État», à «titre personnel», le Côte-d'Orien soutient Laurent Wauquiez.
Toutefois, le président de fédération indique être prêt à «accueillir bien volontiers Bruno Retailleau si une date est trouvée».
Hubert Brigand raille les «faux-culs»
Très inspiré, Hubert Brigand considère que Bruno Retailleau «n'est pas réglo» en candidatant à la présidence des Républicains, il se sent même «trahit» : «certains disent ''il cause depuis le mois de septembre, il va peut-être falloir qu'il agisse'', ce n'est pas faux quand même».
L'élu du Châtillonnais raille les «poids-lourds» soutenant l'actuel ministre de l'Intérieur, des «faux-culs» selon lui. «Les poids-lourds c'est bien, mais ceux qui vont voter sont les adhérents ; votre voix a le même poids que celle de David Lisnard ou Xavier Bertrand.»
«Je soutiens Laurent Wauquiez, il est devenu notre chef de groupe à la Droite républicaine», indique le député, «on est mieux organisé, plus informé, plus efficace». «Il a une connaissance parfaite de tous les dossiers, des problématiques nationales et internationales. Il a toutes les compétences nécessaires pour être président au niveau national.»
«Au canal historique du RPR, on est là pour faire les choses»
Avec un ton plus mesuré, Alain Houpert refait la biographie de Laurent Wauquiez et rappelle que son père a vécu dans le Châtillonnais et sa sœur à Dijon.
«Quand tu étais président des Républicains, ça marchait», poursuit le sénateur, «il y a eu ces européennes, tu n'aurais pas dû démissionner (…) mais tu l'as fait par honneur».
«Il faut un homme de confiance pour gagner les futures élections de 2027», martèle-t-il, «je choisis Laurent Wauquiez». «Au canal historique du RPR, on est là pour faire les choses.»
Se présentant comme un «soutien serein, fervent», Alain Houpert défend «les valeurs judéo-chrétiennes» car «c'est important de savoir d'où on vient» : «le combat, ce n'est pas la Russie, ce n'est pas l'Ukraine, c'est l'islamisme rampant, c'est combattre nos renoncements, ça fait des décennies qu'on renonce à dire ''non'' !»
Descendant d'une famille de compagnons du général de Gaulle
Héritant du micro, Laurent Wauquiez commence par remercier les orateurs précédents : notamment Hubert Brigand – «il vous défend ; quand il prend la parole, il est écouté» – et François-Xavier Dugourd – «on parle de Dijon parce qu'il y a des affrontements à la kalachnikov entre gangs, il est temps qu'on mette à la tête de Dijon quelqu'un qui reprenne tout ça en mains».
Prolongeant le propos biographique d'Alain Houpert, Laurent Wauquiez indique qu'un de ses grands-oncles était un compagnon du général de Gaulle et un autre a été désigné pour succéder à Jean Moulin à la tête du Conseil national de la résistance. «Mon père a toujours été gaulliste», synthétise l'orateur, «ma famille politique, je n'en ai qu'une».
«Jean-Luc Mélenchon est le premier danger pour la République française»
«On a été ceux qui se sont mis en travers de La France insoumise», signale Laurent Wauquiez en évoquant son retour à l'Assemblée nationale à la faveur des élections législatives de juin 2024 et faisant ainsi du parti de Jean-Luc Mélenchon un repoussoir pour les sympathisants des Républicains.
«Le premier travail des Républicains, c'est d'être le premier barrage face à La France insoumise parce que [Jean-Luc] Mélenchon est le premier danger pour la République française. Le premier adversaire politique des Républicains, c'est La France insoumise», insiste-t-il.
Haro sur «la bureaucratie»
«Je n'ai jamais renoncé aux idées que je défendais», reprend Laurent Wauquiez, «aujourd'hui, il y a de plus en plus de monde qui ont ouvert les yeux». «Le problème, c'est qu'il n'y a pas de résultat.»
Parmi les phénomènes qui «bloquent le pays», le candidat cite : «les juges des cours suprêmes qui décident à notre place», «la bureaucratie administrative» – dont les «mille agences» aux «deux tiers inutiles» – ainsi que «les associations d'extrême-gauche financées par notre argent et qui servent à mettre des bâtons dans les roues sur tout ce que les Français veulent».
Deux priorités : «la sécurité» et «l'immigration»
Le candidat à la présidence des Républicains se fixe «deux priorités» : «la sécurité» et «l'immigration».
Pour «remettre de l'ordre», Laurent Wauquiez propose des peines d'intérêt général «imposées» par le maire pour les incivilités, de «taper au portefeuille» et de «construire plus de places de prison» grâce à une «loi spéciale» sur le modèle des Jeux olympiques de Paris 2024.
En matière d'immigration, Laurent Wauquiez suggère de «dénoncer les accords» avec Algérie par le biais d'un référendum.
L'ensemble de ces propositions suscitent les applaudissements de l'assistance.
«Fusionner toutes les aides sociales pour qu'il n'y en ait plus qu'une»
«On avait un bon système social qui valorisait le travail, puis on est passé au social, puis du social à l'assistanat puis de l'assistanat aux abus», analyse Laurent Wauquiez qui chiffre les prestations sociales non contributives à 140 milliards d'euros.
Considérant qu'il s'agit du «premier problème d'injustice dans notre pays», le candidat appelle à «fusionner toutes les aides sociales pour qu'il n'y en ait plus qu'une, plafonnée à 70% du SMIC». «L'argent qu'on économisera, on le met pour baisser les charges et les impôts.»
«La bataille que doit porter la droite républicaine, c'est on revalorise le travail, l'effort et le mérite», martèle-il, «on contrôle mieux l'assistanat et les abus».
«On n'a pas le droit de laisser à la génération suivante un pays en délabrement»
Dans le champ de l'éducation, «on a laissé l'idéologie de gauche nous expliquer que c'était en nivellement tout le monde vers le bas que ça allait fonctionner», lance Laurent Wauquiez, «résultat : 40% des enfants en sixième ne savent pas lire à voix haute».
«On n'a pas le droit de continuer comme ça», estime le candidat en regardant par la fenêtre la cour de l'école voisine, «on n'a pas le droit de leur laisser un pays en délabrement».
«En ce moment, la France est à terre et on a le devoir de la relever», poursuit-il, «on n'a pas le droit de laisser à la génération qui vient un pays qui est gangrené par le communautarisme, de laisser notre pays se faire changer par l'islamisme petit à petit, d'être un pays où on importe tout ce qu'on veut consommer, d'accepter de se faire humilier par les États-Unis ou les puissances qui sont tout autour de nous».
«Ce qui se passe en Ukraine, en Syrie, sur la rive sud de la Méditerranée doit nous amener à ouvrir les yeux», conclut-il sur les sujets nationaux et internationaux, «il faut qu'on retrouve la souveraineté alimentaire de l'agriculture». «On a besoin d'une France forte. Pour ça, il faut qu'on le fasse avec un parti en ordre de marche.»
«Il faut que la parole de notre famille politique soit forte et libre»
«Quand on est adhérent des Républicains, il faut pouvoir donner son avis», glisse alors Laurent Wauquiez, revenant à la mécanique interne. «L'objectif, c'est que, tous les trimestres, vous puissiez me donner votre avis [sur] les lignes directrices.»
«Il faut que la parole de notre famille politique soit forte et libre. On n'est pas là pour reconstituer une famille politique de la droite qui soit sous la tutelle d'Emmanuel Macron ou de François Bayrou», raille le candidat qui n'a pas oublié les appels de François Bayrou à voter pour Ségolène Royal puis pour François Hollande.
«Additionner» le travail des ministres et le projet du parti
«Je ne dois rien à François Bayrou, je ne suis pas pris par la solidarité gouvernementale», remarque-t-il, «au lieu de diviser, il faut additionner». «D'un côté, le travail de nos ministres au gouvernement ; de l'autre, au parti, une parole qui est capable de proposer un projet de rupture pour le pays».
«La primaire, c'est le pire des poisons», estime-t-il alors que Bruno Retailleau est favorable à une primaire de la droite et du centre, «on prendra celui qui sera le mieux placé, celui qui sera le meilleur». «Il faut que l'on soit ensemble : un seul candidat pour défendre les valeurs de la droite en s'adressant à tous les électeurs qui partagent les valeurs de la droite. (…) Je veux qu'on arrive à refonder la droite pour reconstruire la France.»
Après une Marseillaise et un ban bourguignon, la réunion s'est terminée par un mâchon durant lequel se sont prolongés les échanges de vues politiques.
Jean-Christophe Tardivon
























