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20/02/2022 19:39

PRÉSIDENTIELLE : Les soutiens de Marine Le Pen sillonnent les campagnes en car

Ce dimanche 20 février, le car du Rassemblement National faisait étape à Is-sur-Tille. Un tel dispositif de campagne est une première pour le RN en Bourgogne-Franche-Comté. «L'idée est de venir militer au plus proche des électeurs potentiels», a indiqué René Lioret, délégué départemental de Côte-d'Or.
Candidate pour la troisième fois à l'élection présidentielle, Marine Le Pen prévoit tout un ensemble de cars pour l'aider à conquérir l’Élysée. Un maillage plutôt qu'un convoi.

Pour cette campagne, chaque région administrative s'est vu doter d'au moins un car floqué à l'effigie de la candidate populiste afin d'aller à la rencontre des électeurs. Basé à Auxerre, le véhicule de Bourgogne-Franche-Comté est mis à profit pour se rendre principalement dans les petites centralités des zones rurales.

Ainsi, en Côte-d'Or, ce dimanche 20 février 2022, le car orné du slogan «La France qu'on M ! Marine présidente» stationnait à Is-sur-Tille – 4.500 habitants – après avoir fait étape à Montbard, Venarey-Les Laumes ou encore Semur-en-Auxois.

Un véhicule de campagne qui valorise les militants


En Bourgogne-Franche-Comté tout du moins, il s'agirait d'une première pour le Rassemblement National. À l'origine pensé pour remplacer la tenue de meetings rendue difficile alors qu'un confinement pouvait être décrété, le véhicule se révèle être un outil de communication efficace par sa taille et sa visibilité.

Garé place de la République ce dimanche, le car attire l'attention et suscite maints coups de klaxon de la part d'automobilistes a priori favorables à Marine Le Pen.

Proposant un abri pour échanger confortablement en cas de mauvais temps, constituant une réserve de tracts, le dispositif est très apprécié des militants qui se sentent ainsi valorisés dans leur engagement.

Un chauffeur est dédié à la conduite du véhicule. Le tout sans ponctionner le budget des fédérations puisque le coût entre dans les frais de campagne d'une candidate assurée de dépasser les 5%.

En revanche, les sondages ne départagent pas encore la populiste de ses deux principaux concurrents nourrissant des vues sur le second tour. Marine Le Pen, Valérie Pécresse et Éric Zemmour oscillent toujours autour de 15 à 17% des intentions de vote au premier tour et apparaissent tous les trois dans la marge d'erreur des sondages.

«C'est un panneau publicitaire ambulant»


L'équipe côte-d'orienne de campagne est animée par René Lioret, délégué départemental du RN. Autour de lui, d'anciens candidats aux élections départementales de 2021, dont certains figuraient aussi sur la liste des régionales : Caroline Faltot et David Treca (Longvic) ainsi que Frédéric Degrave (Chevigny-Saint-Sauveur), Myriam Peronne (Talant), Shafic El Sibai (Chenôve) et Martial Strauss (Is-sur-Tille).

«C'est un panneau publicitaire ambulant», s'exclame René Lioret en désignant le véhicule, «je vois des gens qui le prennent en photo». «L'idée est de venir militer au plus proche des électeurs potentiels. À Montbard, on était garé en plein centre-ville, il y a beaucoup de gens qui sont venus nous voir.»

«Les gens qui viennent disent qu'ils en ont marre»


Pour autant, à un mois et demi du premier tour de l'élection présidentielle, le délégué du RN trouve «les gens très attentistes». «Ils ne sont pas encore dans la campagne», constate-t-il, «on les trouve très distants, un peu désabusés».

«En 2017, quand on a commencé la campagne, on était vraiment dedans, les gens nous interrogeait sur nos thèmes», se souvient-il. «Là, il n'y a pas de question sur les thèmes.»

«Les gens qui viennent disent qu'ils en ont marre et qu'ils pensent voter pour Marine Le Pen», rebondit Shafic El Sibai, «on engage alors la conversation sur les thèmes».

«Orvitis, ça ne fait pas le plein»


Pour leur part, Caroline Faltot et David Treca signalent que, parmi les rares thématiques de campagne abordées spontanément par les citoyens, le sujets des services publics en zone rurale est néanmoins apparu. «En ruralité, les gens sont plus sensibles à ça qu'à l'immigration», signale David Treca.

«C'est pour ça que l'on vient dans ces petits villages, ce que Marine Le Pen appelle la France des oubliés», justifie René Lioret qui égrène la fermeture des bureaux de poste et des gendarmeries ou encore la suppression des classes d'école. Aux commerces aux grilles baissés, aux maisons aux volets clos, il ajoute les appartements du parc locatif social : «Orvitis, ça ne fait pas le plein» [NDLR: Orvitis est le bailleur social du Département].

Au passage, René Lioret se félicite des abandons de la sortie de l'euro – une thématique chère alors à Florian Philippot – et de la retraite à soixante ans pour tous. Des propositions qui avaient «pollué» la campagne en 2017 : «on ne nous en parle plus».

«Zemmour fait peur par rapport à Marine Le Pen»


L'autre sujet qui alimente les conversations, c'est la candidature d’Éric Zemmour avec un position qui «recentre» Marine Le Pen comme l'a analysé le député Sébastien Chenu (lire notre article).

«Zemmour fait peur par rapport à Marine Le Pen», embraye René Lioret, faisant la comparaison avec le positionnement de Jean-Marie Le Pen dans l'espace politique de 1986.

Dans ce contexte, les membres de l'équipe de campagne constatent que des citoyens de confession musulmane viennent volontiers leur parler en évoquant un potentiel soutien pour «contrer Monsieur Zemmour». «Il y a des gens très bien chez les musulmans, il y a des gens très respectueux», insiste Shafic El Sibai qui note une évolution de l'image de Marine Le Pen.

«L'ennemie, c'est l'abstention»


«Lutter aussi est d'aller vers les gens pour lutter contre cette abstention que l'on sent poindre», déclare René Lioret, «on a un adversaire qui est Emmanuel Macron, on a deux concurrents que sont Pécresse et Zemmour mais l'ennemie, c'est l'abstention». Cela fait écho aux propos de Julien Odoul qui, lors des régionales de 2021, alertait sur ce risque qui s'est concrétisé pour le RN (lire notre article).

«Imaginons 50% d'abstention, le pays sera ingouvernable parce que le président qui sortira sera complètement illégitime», développe le délégué départemental.

Des «pré-investitures» pour les législatives


Avec cette prospective à l'esprit, le parti se prépare déjà aux élections législatives prévues en juin prochain, d'autant plus que, en cas de victoire en avril, Marine Le Pen envisagerait une dissolution de l'Assemblée nationale pour avancer la date des législatives.

Dans ce contexte, René Lioret est «pré-investi» sur la cinquième circonscription de la Côte-d'Or et Myriam Peronne sur la quatrième circonscription. Des conseillers régionaux pourraient prochainement annoncer être également en lice. On pense notamment à Mélanie Fortier ou encore à Dominique-Alexandre Bourgois qui entouraient de près René Lioret lors de la présentation des mesures de Marine Le Pen pour l'hôpital public (lire notre article). «On se tient prêt», résume le délégué départemental.

Tractage à la sortie de la messe


Tandis que les cloches de l'église sonnent la fin de la messe, l'équipe de campagne reprend la direction de la place de la mairie où se tient également le marché du dimanche.

Vêtus de blouson bleu clair bien repérables – arborant un «M la France» côté face et «Marine présidente» en majuscules côté pile – les militants distribuent les tracts aux fidèles et aux consommateurs pouvant être éventuellement des électeurs.

Prochainement, le car fera étape à Châtillon-sur-Seine et à Nuits-Saint-Georges avant de faire une pause de deux semaines puis de reprendre à un rythme bihebdomadaire jusqu'au premier tour de la présidentielle.

Jean-Christophe Tardivon