Le 1er mars dernier, le tout premier rendez-vous du président du Département de la Côte-d'Or au Salon de l'Agriculture a été consacré à la valorisation de la production de lait. «La filière lait, c'est une filière extrêmement importante pour l'image même de la Côte-d'Or et de sa gastronomie», a déclaré François Sauvadet.
La présentation de la nouvelle brique de lait commercialisée par la Fromagerie Delin s'est déroulée au Salon international de l'Agriculture, le mardi 1er mars 2022, sur le stand de l'interprofession laitière arborant le slogan «France terre de lait».
La délégation a été accueillie par Nathalie Mairet, présidente de la commission bovins-lait du syndicat agricole FDSEA de la Côte-d'Or. Autour de François Sauvadet (LCOP), président du conseil départemental de la Côte-d'Or, figuraient de nombreux élus de sa majorité – dont Marc Frot (LCOP), vice-président en charge de l'agriculture – ainsi que Christian Morel (sans étiquette), vice-président du conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en charge de l'agriculture, sans oublier des représentants du monde agricole.
«Les producteurs de lait sont souvent oubliés»
Cheville ouvrière du projet du fait de son outil industriel, Philippe Delin, gérant de la fromagerie familiale éponyme basée à Gilly-les-Cîteaux, prend le premier la parole pour signaler tout d'abord le succès du fromage le côte-d'or. Lancé, lui aussi, lors d'un Salon de l'Agriculture, en 2020, sa production atteint désormais près de 3.000 pièces par semaine.
Concernant le lait, en 2019, l'entrepreneur a lancé une brique «Notre lait de Bourgogne-Franche-Comté» qui s'est faite remarquer pour afficher les portraits des différents éleveurs laitiers régionaux fournissant la matière première. Il s'agit d'un lait demi-écrémé qui permet de valoriser localement ce qui n'est pas utilisé pour la fabrication des fromages au lieu de le revendre.
«Notre fromagerie essaie vraiment de mettre en avant les producteurs de lait parce que si, nous, on est là aujourd'hui, c'est grâce à eux», déclare Philippe Delin au micro. «Dans les fromages, l'agriculture, les producteurs de lait sont souvent oubliés.»
«Notre lait de Côte-d'Or»
Ce mardi 1er mars, la Fromagerie Delin précise donc sa démarche en lançant officiellement la brique «Notre lait de Côte-d'Or» qui affiche toujours un portrait de producteur, la garantie de «0,40 € par litre pour l'éleveur» et la marque départementale «Savoir-faire 100% Côte-d'Or».
Selon Philippe Delin, en 2021, les mille litres de lait étaient achetés 426 euros aux éleveurs en 2021 et ils atteindront 441 euros en 2022. «C'est vraiment ça notre boulot, c'est de valoriser plus leur lait pour qu'ils gagnent leur vie avec leur travail».
«Ça permet de valoriser nos coûts de production»
Nathalie Mairet estime la production totale de lait en Côte-d'Or à 90 millions de litres par an. En 2021, le lait conventionnel était acheté 330 euros les mille litres par les grandes structures ; le lait bio 460 euros, avant de subir une crise de production à la fin de l'année.
Le lait acheté par la Fromagerie Delin se trouve donc plus proche du niveau de prix du bio que du conventionnel. «Ça permet de valoriser nos coûts de production», explique Nathalie Mairet, «on sait où va notre lait, où il est transformé, on peut en acheter».
Six éleveurs laitiers fournissent actuellement la Fromagerie Delin pour réaliser ce nouvelle brique. L'objectif est d'atteindre 6 millions de litres de «Notre lait de Côte-d'Or» en 2022. La fromagerie croule à présent sous les appels mais se doit de gérer les approvisionnements en fonction de la demande. Un projet d'agrandissement à Gilly-les-Cîteaux est dans les cartons.
Un emballage «zéro carbone»
L'emballage fait également l'objet d'une réflexion avec une brique «plus recyclable» et «zéro carbone» et un nouveau suremballage cartonné pour le pack de six litres.
Le lait côte-d'orien devrait arriver dans les rayons en avril au prix de 0,90 euro le litre pour que «les producteurs soient au plus proche des consommateurs».
«Une production qui demande de gros investissements humains»
Dans la foulée, Vincent Lavier embraye sur le sujet de la rémunération des agriculteurs en l'associant au renouvellement des génération et à la souveraineté alimentaire.
«Le lait fait partie des productions auxquelles on doit attacher beaucoup plus d'intérêt. (…) C'est une production qui demande de gros investissements humains qui, aujourd'hui, est en mal de producteurs. À partir de là, il faut que, tous ensemble, on soit capable d'assurer une rémunération décente aux producteurs de lait», déclare le président de la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or.
«L'agriculture, à la source de l'alimentation»
En prenant la parole, François Sauvadet salue le «salon des retrouvailles» qui permet «la rencontre entre les consommateurs, les Parisiens, et ce monde qu'on aime tant, le monde agricole». «L'agriculture est une chance, elle est à la source de l'alimentation.»
«Dans le département, on a vu le nombre de producteurs se réduire. (…) La filière lait, c'est une filière extrêmement importante au niveau économique mais aussi pour l'image même de la Côte-d'Or et de sa gastronomie», analyse-t-il en évoquant notamment les époisses et cîteaux.
Savoir-faire 100% Côte-d'Or, «une marque citoyenne»
Depuis la fin 2020, six comités d'agrément se sont réunis pour accorder la marque à environ deux cents producteurs, dans le secteur de l'alimentation ainsi que dans l'artisanat.
«C'est une marque à destination du public, c'est une marque citoyenne. C'est une marque qui vise à dire aux consommateurs, quand vous achetez Côte-d'Or, quelque part, vous investissez aussi dans votre département, vous investissez dans les filières agricoles, vous garantissez de la valeur ajoutée», assure François Sauvadet.
«Un projet de développement local»
Tout en constatant «des désaccords sur le fait métropolitain» devant le vice-président de la Région, le président du Département souligne le souhait qu'«un maximum de valeur ajoutée se fasse au plus près des lieux de production». «Tous les exemples de producteurs qui sont là montrent que, quand on fait de la valeur ajoutée à proximité, c'est aussi 1-2-3-4-5 emplois qui sont non délocalisables. C'est un projet de développement local auquel nous voulons participer en mettant à disposition de l'ensemble des producteurs ce magnifique nom de Côte-d'Or que nous avons en partage.»
Des «événements Côte-d'Or» seront prochainement organisés à Paris par le Département pour «faire rayonner [les] productions».
L'arrivée sur le stand d'une centaine de Côte-d'Oriens – venus au Salon en bus affrétés par le Département à la suite d'un jeu-concours – marque la fin du lancement officiel de la nouvelle brique de lait. Le président du Département échange alors avec des éleveurs laitiers et des gagnants du concours avant d'entamer sa déambulation d'une journée au sein du Salon de l'Agriculture.
Jean-Christophe Tardivon
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