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03/11/2022 20:05

SÉCURITÉ ROUTIÈRE : «Au feu rouge clignotant, on s'arrête»

«Tout passage à niveau est considéré comme un élément de risque», analyse-t-on chez SNCF Réseau. L'opérateur ferroviaire a organisé une opération de sensibilisation, ce jeudi 3 novembre, à Aiserey, près d'un des 938 passages à niveau de Bourgogne-Franche-Comté.
Au bord de la RD34, en Côte-d'Or, entre Aubigny-en-Plaine et Aiserey, un panneau avertissant l'approche d'un passage à niveau avec barrière. Comme partout en France, ce panneau est illustré d'une barrière à claies tandis que, dans d'autres cas, un panneau avec un train à vapeur indique l'absence de barrière.

Aujourd'hui, il n'y a plus ni tacot, ni barrière en bois ni même de garde-barrière. Pourtant, bon nombre de conducteurs – voire de cyclistes – oublient que le danger est encore plus grand qu'à l'époque où ces panneaux de sécurité routière ont été inventés.

Opération de sensibilisation à la sécurité routière


Ce jeudi 3 novembre 2022, les autorités se sont mobilisés pour sensibiliser les usagers de la route au respect des consignes de sécurité au moment de franchir un passage à niveau dont le fameux «feu rouge clignotant» signifiant l'arrêt complet.

Seule exception : être déjà trop engagé et se retrouver sur les voies, alors il est même possible de casser les barrières pour dégager le véhicule avant l'arrivée d'un train. Dans cette situation, il ne faut surtout pas reculer.

Des consignes rappelées par Olivier Gerstlé, sous-préfet de la Côte-d'Or, Dominique Janin, maire d'Aiserey, le capitaine David Berthaire, commandant en second de la compagnie de gendarmerie de Dijon, et Jérôme Grand, directeur territorial de SNCF Réseau en Bourgogne-Franche-Comté.

«Ne pas risquer sa vie pour deux-trois minutes arrêté à un passage à niveau»


«On mène une opération de prévention pour que les automobilistes, les cyclistes, les piétons respectent le code de la route avec un principe simple : au feu route clignotant, on s'arrête», déclare avec une certaine gravité le représentant de l'opérateur ferroviaire. «Tout passage à niveau est considéré comme un élément de risque», alerte-t-il.

«Il faut vraiment que l'on arrive à persuader les automobilistes à ne pas risquer sa vie pour deux-trois minutes arrêté à un passage à niveau», poursuit Jérôme Grand alors que les équipes de SNCF Réseau interviennent pour distribuer aux usagers de la documentation sur les règles de bonne conduite et des brassards fluorescents, cela sous l’œil de deux gendarmes qui sécurisent la zone.

Sanction d'une amende de 135 euros et de 4 points


«La plupart des accidents sont liés non pas aux aménagements mais au non-respect par les automobilistes des règles de sécurité routière», analyse Olivier Gerstlé (retrouver la campagne de la sécurité routière).

Le capitaine David Berthaire liste des infractions correspondant toutes à des contraventions de quatrième classe assorties d'une amende de 135 euros et d'un retrait de quatre points : franchir le passage alors que le feu est rouge ou encore se maintenir sur un passage à niveau alors que les barrières s'abaissent. Sans compter les éventuels excès de vitesse associés.

Plus d'un kilomètre pour arrêter un train


«On note que les accidents sur les passages à niveaux ne sont pas fréquents mais toujours avec des conséquences corporelles assez graves et assez importantes», indique le capitaine David Berthaire, du fait de la cinétique des trains.

À 100 km/h, une locomotive a besoin de plus d'un kilomètre pour arrêter son train. «Le conducteur n'a malheureusement pas le temps de s'arrêter si une voiture est coincée dans le passage à niveau», alerte Jérôme Grand.

Des aménagements pour améliorer la sécurité


«Les passages à niveau sont des carrefours à risque pour les automobilistes», insiste Olivier Gerstlé. Depuis 2019, un plan gouvernemental a été engagé pour sécuriser les passages à niveaux.

Avec l’État et les gestionnaires de voirie, SNCF Réseau travaille a améliorer la sécurité du franchissement de ces infrastructures en équipant les feux d'ampoules à LED et en rendant les barrières cassables.

La «solution ultime» étant la suppression du passage à niveau et son remplacement par un tunnel ou un pont comme c'est le cas pour la route voisine reliant Aiserey à Bessey-lès-Cîteaux.

«Ce sont des projets de voirie coûteux», signale Jérôme Grand, «c'est quand même de l'argent public, tout ce que l'on peut faire en amont, on essaie de le faire».

La configuration et la fréquentation de la route sont alors prises en compte ainsi que l'accidentalité, le nombre de trains et les établissements recevant du public aux alentours.

La Bourgogne-Franche-Comté compte 938 passages à niveaux dont quatre sont considérés comme particulièrement sensibles : Jonches (Yonne), Coulanges-sur-Yonne (Yonne), Brétigny (Côte-d'Or) et Tracy-sur-Loire (Nièvre).

Les aménagements sont complétés par des actions de sensibilisation auprès de la communauté éducative d'établissements scolaire situés à proximité de passages à niveau.

«Une inquiétude» pour les maires


Aiserey a connu deux accidents graves en dix ans. «On attache beaucoup d'importance à la sécurité», souligne le maire. «C'est une inquiétude car le jour où il y a un accident, on est le premier appelé», confie celui qui a perdu un proche dans un accident au franchissement d'un passage à niveau de la commune.

Quotidiennement, environ 1.500 véhicules empruntent la RD34 et franchissent le passage à niveau n°20 tandis que 50 trains de voyageurs et de fret circulent sur la ligne Dijon-Saint-Amour.

La vitesse en question


L’État et SNCF Réseau ont lancé des expérimentations de la réduction de la vitesse aux abords des passages à niveau pour alerter sur le risque d'une vitesse inadaptée à ces endroits.

Si la RD 968 est limitée à 90 km/h, la RD 34 l'est à 80 km/h. Dans le bourg d'Aiserey même, la municipalité a choisi récemment de limiter la circulation à 30 km/h et a opté pour un régime de priorité à droite pour relever le niveau de sécurité routière alors que de nouveaux habitants en particulier roulaient un peu trop vite dans ce secteur rural.

En fin d'opération, qui a duré de 9h30 à 12h30, ce jeudi, les équipes de SNCF Réseau ont dénombré 200 personnes sensibilisées.

Jean-Christophe Tardivon

Communiqué de SNCF Réseau :

SNCF Réseau, gestionnaire du Réseau ferré national, fait de la sécurité aux passages à niveau l’une de ses priorités, et renforce chaque année sa politique de sécurisation et de prévention.

Une opération de sensibilisation aux règles de sécurité à respecter aux abords d’un passage à niveau a été organisée par SNCF Réseau, la Préfecture de Côte-d’Or et les Intervenants Départementaux de Sécurité Routière (IDSR), en présence notamment d’Olivier GERSTLÉ, Directeur de Cabinet du Préfet de la Région Bourgogne-Franche-Comté, Dominique JANIN, Maire d’Aiserey et Jérôme GRAND, Directeur territorial SNCF Réseau Bourgogne-Franche-Comté.

RAPPELER LES RÈGLES DE BONNE CONDUITE AUX PASSAGES À NIVEAU

L’objectif de cette opération : faire évoluer les comportements des usagers de la route (automobilistes, chauffeurs routiers, piétons, cyclistes…) pour réduire les accidents.

Les passages à niveau en France sont traversés chaque jour par 16 millions de véhicules.

Un passage à niveau n’est pas un carrefour ordinaire. C’est un croisement entre la route et le fer. Il n’est pas dangereux si l’on respecte la signalisation et les règles du Code de la route :
- Un train roule vite, jusqu’à 160 km/h sur les voies avec des passages à niveau, même en ville.
- Le conducteur d’un train ne peut pas arrêter à temps son train lorsqu’il voit un obstacle. Un train est très lourd, 1 500 tonnes, voire plus. Ainsi, un train lancé à 100 km/h met environ 1 km pour s’arrêter, soit 10 fois plus qu’une voiture.
Par conséquent, ne pas respecter ces règles de sécurité, c’est mettre sa vie en danger.

A l’approche d’un passage à niveau, les consignes de sécurité sont les suivantes :
- Ralentissez.
- Arrêtez-vous avant le feu dès qu’il clignote au rouge, sous peine d’être en infraction.
- Ne vous arrêtez jamais sur la voie ferrée.
- Avant de vous engager sur le passage à niveau, assurez-vous de pouvoir vous dégager rapidement du passage à niveau, en particulier si la route est encombrée.

UN OBJECTIF : FAIRE ÉVOLUER LES COMPORTEMENTS POUR RÉDUIRE LES ACCIDENTS

En effet, en France, 98% des accidents qui surviennent lors du franchissement d’un passage à niveau sont liés au non-respect du Code de la route, à une vitesse d’approche excessive ou à des comportements à risque, tels que le franchissement alors que le feu rouge clignote ou à des passages en chicane alors que les barrières sont déjà baissées.

Sur les 2% restants, les accidents sont principalement des bris de barrières dus à des actes de malveillance ou à la perte de chargements (remorques, poids lourds).

SNCF Réseau consacre près d’1 M€ tous les ans pour la mise en œuvre d’actions de sensibilisation auprès du grand public.

Chaque année, 120 M€ sont dédiés à la maintenance des 15 000 passages à niveau du réseau ferré national et SNCF Réseau recherche en permanence des dispositifs innovants : vidéo protection, barrières à leds, détecteurs d’obstacles, filets sous barrières…

SNCF Réseau a investi 31 M€ en 2021 pour l’amélioration de la sécurité aux passages à niveau, les gestionnaires de voirie réalisant également des investissements de sécurisation.

L’accidentologie aux passages à niveau est en baisse avec une diminution de 50% des décès.

Le non-respect des règles de sécurité est sanctionné par :
- en cas de franchissement d’un passage à niveau : à partir de 135 € d’amende et retrait de 4 points sur le permis de conduire ;
- en cas d’excès de vitesse : les mêmes sanctions que celles encourues sur les routes, à savoir, pour les infractions les plus graves :
o une amende forfaitaire jusqu'à 3 750 € ;
o un retrait jusqu'à 6 points sur le permis de conduire ;
o une suspension de 3 ans du permis de conduire, à partir de 30 km/h au-dessus de la limitation de vitesse ;
o une immobilisation et/ou confiscation du véhicule, à partir de 40 km/h au-dessus de la limitation de vitesse ;
o une peine de 3 ans de prison, en cas de récidive d’excès de vitesse supérieure ou égale à 50 km/h.

LE PASSAGE À NIVEAU N°20 D’AISEREY

Chaque jour, ce sont plus de 1 500 véhicules en moyenne et 50 trains qui franchissent le passage à niveau n° 20 d’Aiserey, situé sur la ligne ferroviaire reliant Dijon à Saint-Amour.

Ce passage à niveau est équipé de 2 demi-barrières et d’un téléphone de secours de type autoroute de part et d’autre de la voie ferrée pour prévenir en cas d’incident.

Afin d’améliorer la visibilité et la sécurité des usagers, 4 feux à diodes complètent le dispositif.

Cinq bris de barrières et trois collisions avec un train ont été déplorés sur le passage à niveau n°20 d’Aiserey depuis 2000 dont le dernier accident le 22 mars 2019 avec une collision entre une voiture et un TER, faisant un blessé léger.

LES PASSAGES À NIVEAU EN BOURGOGNE-FRANCHE-COMTÉ

Actuellement, en Bourgogne-Franche-Comté, on compte 938 passages à niveau, dont 328 dans le département de la Côte-d’Or.

Parmi ces 938 passages à niveau, 4 d’entre eux font l’objet d’un classement au registre du Programme de Sécurisation National (PSN) :
- Le PN19 Auxerre « Jonches » (89), qui a fait l’objet d’une enquête publique. A l’issue de cette enquête, le Commissaire enquêteur a émis un avis défavorable quant au remplacement de ce PN par un ouvrage dénivelé (attente d’une décision de l’Etat) ;
- le PN87 Tracy-sur-Loire (58), dont le diagnostic a été réalisé en 2018 ;
- le PN15 Brétigny (21), dont le diagnostic a été réalisé. Une étude est en cours pour sortir ce passage à niveau du PSN ;
- le PN51 Coulanges-sur-Yonne (89) : un diagnostic approfondi a été réalisé en 2019. Le CEREMA a conclu que ce passage à niveau pouvait sortir de la liste du Programme de Sécurisation National (attente d’une décision de l’Etat).

L’INNOVATION AU SERVICE DE LA SÉCURITÉ

SNCF Réseau investit 3,8 millions d’euros en 2022 sur la région Bourgogne-Franche-Comté pour améliorer la sécurité aux passages à niveau, et mène de nombreuses expérimentations sur ce thème.

Chaque année, plusieurs passages à niveau sont équipés de feux à diodes. Cette signalisation automatique lumineuse et sonore (feux rouge clignotants et sonnerie à la fermeture des barrières), ainsi qu’une signalétique d’annonce du passage à niveau avec panneaux et balises permettent d’améliorer la visibilité et la sécurité.

Des détecteurs d'obstacles et des stickers réfléchissants « barrière cassable » ont été installés sur les barrières intérieures des passages à niveau pour inciter les automobilistes coincés entre les barrières à forcer la barrière afin de ne pas rester bloqués sur la voie et d’éviter une collision.

La vidéoprotection est également en cours de déploiement sur la région Bourgogne-Franche-Comté. Ce dispositif, déclaré à la Préfecture, filme et enregistre les images du passage à niveau dans un but de prévention. La vidéoprotection, composée d'une caméra et d'un panneau, permet de tracer et d’analyser les incidents éventuels de circulation sur le passage à niveau, et d’inciter les usagers à modifier leur comportement, sans verbalisation. Les prises de vue sont détruites après 30 jours. Un panneau à l'abord du passage à niveau informe les usagers de cette présence.

Afin de renforcer la sécurité des usagers, ce dispositif de vidéoprotection a été installé au passage à niveau de Jonches (89) et sur la ligne Belfort-Delle (90) sur 6 passages à niveau à Danjoutin, Bourogne, Morvillars, Grandvillars, Joncherey et Delle.