Après deux années de crise sanitaire, le bilan 2022 en matière de sécurité routière est de nouveau dramatique. La Côte-d'Or a connu 32 accidents mortels, soit 5 de plus qu'en 2019.

Ce jeudi 9 février 2023, une réunion de présentation de ce bilan et des actions de prévention qui en découlent s'est tenue à la préfecture de la Côte-d'Or, à Dijon.

Les différents acteurs de la sécurité routière ont insisté sur la responsabilisation des usagers de la route et alerté sur la part grandissante des personnes de plus de 65 ans parmi les victimes des accidents de la route.

La Côte-d'Or se démarque négativement

Au niveau national, le bilan 2022 se rapproche de celui de 2019 avec des inflexions liées aux évolutions de mobilité. Ainsi, les accidents impliquant des cyclistes ou des usagers de trottinettes électriques – rangées dans la catégorie des engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) – ont connu de très fortes hausses.

La Côte-d'Or se démarque du bilan national avec 33 personnes décédées en 2022 soit 3 de plus qu'en 2019 (quand le nombre de tués augmente de 0,5% France entière), 287 accidents corporels soit +15,60% (-6,30% France entière) et 294 blessés soit +0,20% (-6,80% France entière).

En 2022, les comportements apparaissent donc plus accidentogènes que dans le reste du pays. Selon la préfecture de la Côte-d'Or, «sur les dix dernières années, l'année 2022 est la troisième plus mauvaise en nombre d'accidents et la quatrième plus mauvaise pour les victimes (tués et blessés)».

Les principales causes d'accidents sont, par ordre décroissant : les malaises et l'hypovigilance, la vitesse excessive ou inadaptée ainsi que les conduites addictives (alcool ou stupéfiants voire multiproduits).

En Côte-d'Or, si «on ne retrouve pas la hausse de mortalité des cyclistes ni la hausse du risque routier pour les 18-24 ans» du niveau national, «on retrouve la hausse de la mortalité des deux-roues motorisés et la surreprésentation des hommes» ainsi qu'«une hausse continue depuis trois ans de la mortalité des plus de 65 ans», analyse Olivier Gerstlé.

En 2022, 14 victimes décédées avaient plus de 65 ans contre 12 en 2021 et 8 en 2019.

«Une hausse des comportements à risque»

Le directeur du cabinet du préfet de la Côte-d'Or constate que «la quasi totalité des types d'infractions sont en hausse par rapport à 2019». Les infractions concernant la consommation de produits stupéfiants augmentent de  14%, celles concernant la consommation excessive d'alcool de 8,20%.

Les franchissements de feu rouge bondissent de 56%, de ligne continue de 41% et de stop de 20,20%. Seules les infractions concernant la vitesse excessive sont en hausse modérée de 4%. Dans ce contexte, les suspensions de permis augmentent de 4,60% par rapport à 2019.

«On est bien sur une hausse des comportements à risque», résume Olivier Gerstlé. «C'est un bilan préoccupant qui appelle à un renforcement de la mobilisation de tous, à commencer par les usagers de la route. En matière de sécurité routière, il n'y a pas de fatalité, c'est avant tout une question de conscience et de responsabilité», insiste le représentant du préfet.

Proportionnellement plus d'accidents mortels hors agglomération

À l'intérieur de la Côte-d'Or, le bilan est nuancé. «Il y a une différence entre l'urbain et le rural», analyse Olivier Gerstlé au regard de la répartition des accidents mortels : 18 accidents hors agglomération, 9 accidents en agglomération et, par ailleurs, 5 accidents sur autoroutes.

En zone police (Beaune, Chenôve et Dijon), Bruno Gallot, directeur départemental de la sécurité publique constate «une baisse générale des faits constatés» en termes d'accident mais «une hausse non négligeable des infractions commises».

Le représentant de la Police nationale se dit «choqué» par «les comportements individuels qui mettent en danger les autres» comme l'absence d'assurance, l'usage de téléphone au volant, le non respect des feux rouges fixes, le défaut de permis de conduite ou encore le non port de la ceinture de sécurité. «Il y a un certain égoïsme sur la route de certains de nos concitoyens», regrette-t-il.

Qui plus est, le directeur départemental de la sécurité publique déplore déjà «deux accidents mortels de motards» en 2023.

Le phénomène des trottinettes électriques

Quasiment absent en milieu rural, le phénomène de l'usage de la trottinette électrique se répand dans les centres-villes. Ainsi, à Dijon, les policiers signalent avoir relevé 35 infractions lors d'une opération de contrôle de 90 minutes (port de casque audio ou d'oreillettes, circulation en sens interdit, etc.).

Le colonel Bruno Bolze, sous-directeur des opérations du Service départemental d'incendie et de secours de la Côte-d'Or (SDIS 21), alerte sur les usagers qui sont «quasi invisibles» dans le déplacement urbain.

Les gendarmes sensibilisent au «comportement individuel»

Pour sa part, le capitaine Ludovic Morel, commandant en second de l'escadron départemental de sécurité routière de la Gendarmerie nationale, constate que 57% des tués impliquent un seul véhicule : «il s'agit bel et bien d'un comportement individuel».

Et de pointer les conduites addictives, la vitesse excessive ainsi que le non respect des règles de priorités ou encore l'hypovigilance.

Un document stratégique intégrant le risque routier des seniors

Le document stratégique qui fixe les grandes orientations en matière de sécurité routière, élaboré en Côte-d'Or par tous les acteurs , est en cours de révision pour la période 2023-2027.

Ce document général d'orientation (DGO) effectue un diagnostic de l'accidentalité routière à partir des données fournies par le CEREMA.

Pour la période à venir, un travail particulier sera réalisé concernant le risque routier professionnel – les déplacements domicile-travail ou les trajets effectués dans un cadre professionnel –, les deux-roues motorisés, les mobilités douces et engins de déplacement personnel motorisés.

De surcroît, les acteurs départementaux seront attentifs aux enjeux impliquant les seniors. Les personnes de plus de 65 ans représentant 32,8% des tués alors qu'elles composent 22% de la population de la Côte-d'Or.

Des actions de communication et de prévention

Alors que sur les 33 victimes décédées, 26 sont des hommes (contre 21 en 2019), une campagne de communication est prévue pour s'adresser spécifiquement aux usagers masculins.

Concernant les usagers de plus de 65 ans, sont envisagées des actions de recyclage de code de la route ou des audits de conduite.



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