À l'occasion de la Journée
internationale contre les LGBT-phobies, Infos Dijon donne la parole à des victimes de discrimination à Dijon et en Côte-d'Or.
La Journée internationale contre les LGBT-phobies du 17 mai est l’occasion
de rappeler que la France reste mobilisée dans la lutte contre la
stigmatisation dont sont victimes les personnes lesbiennes, gay,
bisexuelles, transgenres (LGBT+). Depuis 2005, le 17 mai marque la célébration de la journée internationale contre les LGBT-phobies. Célébrée dans plus de 130 pays, il faut aussi rappeler que près
de 70 pays érigent toujours en délit les relations homosexuelles.
En France, selon les chiffres la fondation Jean Jaurès, en
2019, près de 53% des LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et
autres orientations sexuelles et identité de genre) ont déjà été confrontés à
au moins une forme d'agression à caractère homophobe.
L’année 2020, l’année des actes LGBTIphobes
Dans son rapport paru en 2021,
(Lire ici) SOS Homophobie précise que l’année
2020 a été fortement marqué par la crise sanitaire. Les mesures de confinement,
de couvre-feu, la fermeture de lieux de convivialité ont eu une incidence
importante sur les actes LGBTI-phobies, laissant peu d’échappatoires aux
victimes de violences. Les
personnes LGBTI ont même été accusées de répandre le coronavirus ou d’en être
la cause.
Un problème ancré dans
la société
En 2020, SOS
homophobie a encore reçu, toujours selon le rapport de 2021, 1.815 témoignages
de violences LBGTI-phobes, contre 2.396 en 2019, malgré une baisse
drastique de la circulation des personnes et des activités. Ce chiffre reste très
élevé et montre que le problème est profondément ancré dans notre société. Le
nombre de cas de LGBTI-phobies dans le contexte de voisinage est en hausse avec
184 cas contre 155 en 2019, croissance qui s’explique du fait des confinements.
L’entourage et la
famille, le berceau des LGBTI-phobies ?
Retour forcé au
domicile familial, cohabitation prolongée, etc. Les confinements successifs et
l’enfermement de la famille sur elle-même ont parfois généré une escalade de la
violence. SOS homophobie recense au cours de l'année 2020, du harcèlement, des menaces et même, dans plus
d’un signalement sur cinq, des agressions physiques ou sexuelles. Ces faits
sont majoritairement commis par les parents.
La Ville de Dijon se mobilise contre les discriminations
La Ville de Dijon reste mobilisée depuis
de nombreuses années dans cette lutte des discriminations. En 2019 elle avait d’ailleurs
lancé une campagne d’affichage pour sensibiliser et faire évoluer les mentalités des citoyens avec le slogan :
«Ils/Elles s’aiment…Et alors ? ». En 2021, dans le cadre de la
Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie,
le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer était venu à Dijon
pour échanger avec des élèves du club LGBTQ+ du lycée Charles de Gaulle.
(Lire ICI notre reportage)
Autre soutien, lorsque la Ville de Dijon se mobilise, comme
le 25 septembre 2021, pour accueillir la Marche des Fiertés. Un rendez-vous
festif dans les rues de la ville qui permet de réaffirmer les revendications
des associations de lutte contre l’homophobie au sens large du terme.
Et pourtant
«Pour moi, il est hors de question qu’on se tienne par la main
dans les rues de Dijon» nous confie Pierre* 43 ans, en couple avec Louis 34 ans,
et d’ajouter «pour vivre heureux vivons cachés». Un avis que ne partage pas
Clémence, native de Dijon : «agir de cette façon c’est se sentir coupable. D’où
serai-je en faute d’aimer une fille » ?
Pour Mourad manutentionnaire
sur la métropole dijonnaise, «il n’est pas question de m’afficher avec mon
copain sur la plage l’été à Dijon. Je préfère rejoindre des espaces ou les gay
ne sont pas montrés du doigt». «Il y a quelques années il existait à Dijon une
discothèque gay-friendly dans le quartier de la gare», explique Fred. Et d’ajouter :
«Je me suis fais souvent traiter de tarlouze et autres noms quand je sortais rejoindre
ma voiture. Mais vous savez se faire traiter de PD c’est monnaie courante». Ce genre d’insultes homophobes est pourtant puni par la loi
(Lire ICI sur le site du Ministère de l'Intérieur).Des lieux stigmatisés en Côte-d'Or
À Dijon, comme dans toutes les grandes villes, il existe des
lieux de rencontres en extérieur. Discrets, connus ou pas, ils sont parfois le
théâtre d’actes de violences, d’actes homophobes. Si le nombre de ces actes n’est
pas officiellement connus en Côte-d’Or, certains lieux sont clairement stigmatisés comme dans le secteur de Norges-la-Ville. Un tag a été tracé sur un lieu présumé où les hommes se rencontrent
(nos photos). Un petit
coup de nettoyage serait peut-être le bienvenu pour apaiser certaines tensions.
Pour en parler
Ne plus se taire, parler et dénoncer les actes homophobes est
le leitmotiv des associations comme Aides à Dijon, située place Émile-Zola et
présente sur tous les réseaux sociaux. De son côté, SOS Homophobie propose une
ligne d’écoute anonyme 01 48 06 42
41 et un Chat’écoute privé
(Le site).
La Journée internationale en Bourgogne-Franche-Comté
A Dijon, l’association Contact Côte-d’Or, en partenariat avec
la Maison Maladière, propose une projection-débat autour d’un documentait de
Pascal Petit : «Mon enfant est homo». Rendez-vous le mardi 17 mai à 20h30 à la Maison
Maladière, rue Balzac. Inscriptions au 03 73 73 70 20. De plus, une marche militante contre l’homophobie et la transphobie
est prévue le samedi 21 mai à 14h au départ du parc Micaud à Besançon.
Norbert Banchet
*Tous les prénoms sont des prénoms d’emprunt.