Recherche
Pour nous joindre
redaction.infosdijon@gmail.com
SMS au 07.86.17.77.12
> Côte d'Or > Côte d'Or
15/05/2022 19:56

SOCIÉTÉ : Quand l’homophobie s’affiche en Côte-d'Or

À l'occasion de la Journée internationale contre les LGBT-phobies, Infos Dijon donne la parole à des victimes de discrimination à Dijon et en Côte-d'Or. 
La Journée internationale contre les LGBT-phobies du 17 mai est l’occasion de rappeler que la France reste mobilisée dans la lutte contre la stigmatisation dont sont victimes les personnes lesbiennes, gay, bisexuelles, transgenres (LGBT+). Depuis 2005, le 17 mai marque la célébration de la journée internationale contre les LGBT-phobies. Célébrée dans plus de 130 pays, il faut aussi rappeler que près de 70 pays érigent toujours en délit les relations homosexuelles.

En France, selon les chiffres la fondation Jean Jaurès, en 2019, près de 53% des LGBT+ (lesbiennes, gays, bisexuels, transsexuels et autres orientations sexuelles et identité de genre) ont déjà été confrontés à au moins une forme d'agression à caractère homophobe. 


L’année 2020, l’année des actes LGBTIphobes


Dans son rapport paru en 2021, (Lire ici)  SOS Homophobie précise que l’année 2020 a été fortement marqué par la crise sanitaire. Les mesures de confinement, de couvre-feu, la fermeture de lieux de convivialité ont eu une incidence importante sur les actes LGBTI-phobies, laissant peu d’échappatoires aux victimes de violences. Les personnes LGBTI ont même été accusées de répandre le coronavirus ou d’en être la cause.

Un problème ancré dans la société


En 2020, SOS homophobie a encore reçu, toujours selon le rapport de 2021, 1.815 témoignages de violences LBGTI-phobes, contre 2.396 en 2019, malgré une baisse drastique de la circulation des personnes et des activités. Ce chiffre reste très élevé et montre que le problème est profondément ancré dans notre société. Le nombre de cas de LGBTI-phobies dans le contexte de voisinage est en hausse avec 184 cas contre 155 en 2019, croissance qui s’explique du fait des confinements.

L’entourage et la famille, le berceau des LGBTI-phobies ?


Retour forcé au domicile familial, cohabitation prolongée, etc. Les confinements successifs et l’enfermement de la famille sur elle-même ont parfois généré une escalade de la violence. SOS homophobie recense au cours de l'année 2020, du harcèlement, des menaces et même, dans plus d’un signalement sur cinq, des agressions physiques ou sexuelles. Ces faits sont majoritairement commis par les parents.

La Ville de Dijon se mobilise contre les discriminations


La Ville de Dijon reste mobilisée depuis de nombreuses années dans cette lutte des discriminations. En 2019 elle avait d’ailleurs lancé une campagne d’affichage pour sensibiliser et faire évoluer les mentalités des citoyens avec le slogan :  «Ils/Elles s’aiment…Et alors ? ».

En 2021, dans le cadre de la Journée mondiale de lutte contre l'homophobie, la transphobie et la biphobie, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer était venu à Dijon pour échanger avec des élèves du club LGBTQ+ du lycée Charles de Gaulle. (Lire ICI notre reportage)

Autre soutien, lorsque la Ville de Dijon se mobilise, comme le 25 septembre 2021, pour accueillir la Marche des Fiertés. Un rendez-vous festif dans les rues de la ville qui permet de réaffirmer les revendications des associations de lutte contre l’homophobie au sens large du terme.

Et pourtant


«Pour moi, il est hors de question qu’on se tienne par la main dans les rues de Dijon» nous confie Pierre* 43 ans, en couple avec Louis 34 ans, et d’ajouter «pour vivre heureux vivons cachés». Un avis que ne partage pas Clémence, native de Dijon : «agir de cette façon c’est se sentir coupable. D’où serai-je en faute d’aimer une fille » ?

Pour Mourad manutentionnaire sur la métropole dijonnaise, «il n’est pas question de m’afficher avec mon copain sur la plage l’été à Dijon. Je préfère rejoindre des espaces ou les gay ne sont pas montrés du doigt». «Il y a quelques années il existait à Dijon une discothèque gay-friendly dans le quartier de la gare», explique Fred. Et d’ajouter : «Je me suis fais souvent traiter de tarlouze et autres noms quand je sortais rejoindre ma voiture. Mais vous savez se faire traiter de PD c’est monnaie courante». Ce genre d’insultes homophobes est pourtant puni par la loi (Lire ICI sur le site du Ministère de l'Intérieur).

Des lieux stigmatisés en Côte-d'Or


À Dijon, comme dans toutes les grandes villes, il existe des lieux de rencontres en extérieur. Discrets, connus ou pas, ils sont parfois le théâtre d’actes de violences, d’actes homophobes. Si le nombre de ces actes n’est pas officiellement connus en Côte-d’Or, certains lieux sont clairement stigmatisés comme dans le secteur de Norges-la-Ville. Un tag a été tracé sur un lieu présumé où les hommes se rencontrent (nos photos). Un petit coup de nettoyage serait peut-être le bienvenu pour apaiser certaines tensions.
 

Pour en parler


Ne plus se taire, parler et dénoncer les actes homophobes est le leitmotiv des associations comme Aides à Dijon, située place Émile-Zola et présente sur tous les réseaux sociaux. De son côté, SOS Homophobie propose une ligne d’écoute anonyme 01 48 06  42 41  et un Chat’écoute privé (Le site).
 

La Journée internationale en Bourgogne-Franche-Comté


A Dijon, l’association Contact Côte-d’Or, en partenariat avec la Maison Maladière, propose une projection-débat autour d’un documentait de Pascal Petit : «Mon enfant est homo». Rendez-vous le mardi 17 mai à 20h30 à la Maison Maladière, rue Balzac. Inscriptions au 03 73 73 70 20. De plus, une marche militante contre l’homophobie et la transphobie est prévue le samedi 21 mai à 14h au départ du parc Micaud à Besançon.

                                                                                                                                                                                   Norbert Banchet
 
*Tous les prénoms sont des prénoms d’emprunt.  






Infos-dijon.com - Mentions légales