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07/09/2022 12:57

SOLIDARITÉ : Mille personnes déplacées venant d'Ukraine sont hébergées en Côte-d'Or

La préfecture de la Côte-d'Or a établi un bilan au 6 septembre sur l'accueil des personnes ayant fui l'Ukraine suite à l'invasion par la Russie. «La Côte-d'Or a été au rendez-vous de cette exigence de solidarité à l'égard de nos amis Ukrainiens», a déclaré le préfet Fabien Sudry.
Le 24 février dernier, la Fédération de Russie lançait une opération militaire d'envergure en Ukraine. Depuis, le flux de déplacés ukrainiens s’élève à plus de 7,1 millions de personnes, dont plus de 2,5 millions d’enfants, selon les chiffres de l'ONU et de l’UNICEF.

Les déplacés se sont principalement dirigés vers les pays frontaliers mais aussi vers d'autres pays européens. En France, selon l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), 105.000 entrées ont été enregistrées. Les arrivées concernent majoritairement les régions Sud, Grand Est, île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes.

En Bourgogne-Franche-Comté, du fait de l'instauration d'une plateforme régionale d'accueil à Dijon, la Côte-d'Or recense un tiers des arrivées ainsi que le préfet de la Côte-d'Or Fabien Sudry l'a indiqué lors d'un point de situation ce mardi 6 septembre 2022 à Dijon.

«Notre territoire a été au rendez-vous de l'histoire»


En prenant la parole, le préfet déplore «185 jours d'une guerre terrible qui se déroule quasiment sous nos yeux en Europe». Un conflit qui a entraîné «une résistance très forte du courageux peuple ukrainien envahi par la Russie, le peuple fuit la guerre dans d'autres pays d'Europe».

«Notre territoire a été au rendez-vous», souligne-t-il en évoquant la mobilisation en Côte-d'Or des acteurs institutionnels, «il fallait être au rendez-vous de l'histoire». «Nous avons pu offrir aux Ukrainiens un accueil digne et organisé efficacement pour répondre à leurs besoins.»

«Le conflit s'installe dans la durée»


Depuis le 24 février, en tout, 1.200 personnes déplacées ont été accueillies, au moins temporairement, en Côte-d'Or. 1.000 sont actuellement hébergées, les autres sont parties vers d'autres destination, en France ou en Europe, mais il n'y a quasiment aucun retour vers l'Ukraine.

«Les populations ukrainiennes se stabilisent sur le territoire national et restent vivre ici pour une certaine durée, le conflit s'installe dans la durée», indique le préfet.

Une plateforme régionale d'accueil à Dijon


La majorité des personnes sont arrivées par leurs propres moyens ou par des réseaux directs, des organisations privées ou associatives. Des arrivées collectives ont été organisées à la plateforme installée au gymnase Chambellan puis à l'Atrium à Dijon pour accueillir des groupes arrivant en bus d'Allemagne ou à la suite d'opérations nationales de desserrement. Cela concerne 254 personnes. Environ 20 personnes arrivent encore chaque semaine.

Le SAMU, la Croix-Rouge française et de la Protection civile contribue au premier accueil sanitaire des arrivants. Par ailleurs, quarante interprètes bénévoles ont été mobilisés.

Le guichet unique de la SPADU


L'organisation de l'accueil a débuté par la mise en place d'un guichet unique d'accueil : la structure de premier accueil des Ukrainiens (la SPADU, sur le modèle de la SPADA) qui accompagne sur les sujets de l'hébergement et de l'accès au travail. La gestion a été assurée par Coallia pour le compte de l’État.

Ensuite, la préfecture a procédé à la délivrance des autorisations provisoires de séjour de six mois renouvelables qui donnent accès au travail, aux droits sociaux, à la santé et aux soins. À partir de là, les personnes peuvent recevoir l'allocation de demandeurs d'asile (ADA).

Le bénéfice de la protection temporaire de l'Union européenne


Les acteurs institutionnels distinguent les «réfugiés» des «personnes protégées», chaque vocable correspondant à une situation administrative spécifique. En particulier, les réfugiés ne peuvent pas retourner dans leur pays à moindre de rompre l'engagement passé avec le pays d'accueil.

Statutairement, les Ukrainiens peuvent à tout moment retourner en Ukraine et ils bénéficient des mêmes droits que les réfugiés grâce à la protection temporaire. Ce dispositif instauré au niveau européen en 2022, à la suite de la guerre en ex-Yougoslavie, a été mis en œuvre pour la première fois à la suite de l'invasion de l'Ukraine.

Jusque-là, la préfecture a accordé 750 protections temporaires et les premiers renouvellement vont bientôt être effectifs dès le début de l'automne. Pour ce faire, les protégés doivent se rendre au SPADU, faire un point d'étape et prendre rendez-vous à la Cité Dampierre.

À l'approche de leurs 18 ans, les futurs majeurs doivent eux aussi déposer une demande d'autorisation de séjour.

Le logement individuel est privilégié


En Côte-d'Or, plus de la moitié des déplacés sont hébergés chez des particuliers (530 personne) et près de la moitié pris en charge par des institutions publiques (475 personnes), comme la résidence Abrioux, des bailleurs sociaux ou encore des appart'hôtels.

«La première mobilisation, à saluer, a été celle de nos concitoyens», signale le préfet qui indique que la Première ministre a acté le principe d'instaurer une aide aux particuliers qui accueillent des Ukrainiens.

«De nombreux départements ont mis en place des hébergements d'urgence collectifs, ce qui n'a pas été fait en Côte-d'Or pour privilégier le logement individuel y compris en résidence sociale», indique Nicolas Nibourel, directeur départemental de l'emploi, du travail et des solidarités.

Le rôle des bailleurs sociaux


La stratégie des acteurs publics repose dorénavant sur la montée en charge progressive des logements pérennes dont certains sont localisés dans le nord et le sud du département.

Si Orvitis a réagi rapidement en proposant des logements structurellement vacants dans le nord Côte-d'Or, tous les bailleurs sociaux sont concernés, que ce soit Grand Dijon Habitat, Habellis ou encore ICF.

À la suite de conventions avec le Département et la Région, certains déplacés occupent des logements de fonction dans les collèges et lycées.

Nicolas Nibourel salue aussi les partenaires que sont Coallia, Adoma, Adefo, les Hospices civils de Beaune ou encore l'abbaye de Cîteaux.

Des élèves en classes allophones ou ordinaires


Lors de la rentrée scolaire, les services du rectorat de l'académie de Dijon ont recensé le nombre d'élèves ukrainiens accueillis : ils sont 112 dans les écoles et 70 dans les collèges et lycées.

Chaque élève ukrainien peut être accueilli dans les établissements scolaires. Il commence par tests de français. En fonction de quoi, il rejoint alors des classes allophones ou des classes ordinaires où les enseignants sont spécifiquement formés.

Les élèves ont accès à des postes informatiques pour utiliser leur espace numérique de travail où ils peuvent continuer d'échanger avec leurs enseignants ukrainiens.

Les classes allophones (UPAA) sont fréquentées par 9 Ukrainiens dans le premier degré et 12 dans le second degré dont quelques-uns à Châtillon-sur-Seine et à Semur-en-Auxois. L’Éducation nationale a publié des ressources pédagogiques traduites en ukrainien.

«Les Ukrainiens ne connaissent pas la notion d'aide de l’État»


Le champ de l'emploi est le secteur où la préfecture a le moins de visibilité puisque les demandeurs d'emploi peuvent traiter directement avec les entreprises.

Les services de l'Etat constate un écueil propre à la culture institutionnelle en Ukraine : «les Ukrainiens ne connaissent pas la notion d'aide de l’État», signale Nicolas Nibourel pour expliquer que certaines personnes ne sollicitent même pas les dispositifs publics qui pourraient les aider.

«Ceux qui sont en capacité de travailler souhaitent travailler au plus vite pour être le plus autonomes possible et pouvoir assumer leur vie quotidienne dans les meilleurs conditions», ajoute le préfet.

80% de femmes et 20% de seniors parmi les demandeurs d'emploi


Pôle Emploi s'est mobilisé pour accompagner les personnes cherchant du travail notamment dans les secteurs de l'hôtellerie-restauration, la petite enfance et le bâtiment.

Parmi les personnes inscrites, 80% sont des femmes et 20% des seniors. Cela correspond au profil type des personnes déplacées accueillies en Côte-d'Or : des jeunes femmes avec enfants qui font par la suite venir leurs parents.

Directrice de la stratégie et des relations extérieures de Pôle Emploi Bourgogne-Franche-Comté, Mylène Piroddi signale particulièrement une «belle histoire» où huit femmes ont été recrutées en CDD à la maroquinerie Thomas, sous-traitant de l'industrie du luxe basé à Semur-en-Auxois. Elles sont hébergées par Orvitis dans les logements meublés par Ikea et elles ont été formées par un salarié parlant l'ukrainien.

«La Côte-d'Or a été au rendez-vous de cette exigence de solidarité à l'égard de nos amis Ukrainiens», appuie finalement le préfet en soulignant un «bel exemple de mobilisation collective» résultant du travail des services de l’État.

Jean-Christophe Tardivon

Les informations pratiques de la préfecture de Côte-d'Or sur l'accueil de personnes déplacées venant d'Ukraine