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13/03/2021 05:49

TOURISME : «Construire une Cité des vins à Beaune, c'est la reconnaissance du travail des vignerons», déclare Alain Suguenot

Le groupe Rougeot a démarré la construction de la Cité des vins et des climats de Bourgogne, située à Beaune. La cérémonie de la pose de la première pierre s'est déroulée ce vendredi 12 mars en présence notamment de Patrick Ayache pour la Région, de François Sauvadet pour le Département et de l'acteur Christophe Lambert.
Pour représenter toutes les facettes des vignobles bourguignons, la Cité des vins et des climats de Bourgogne se décline sur trois sites fonctionnant en réseau : Beaune (Côte-d'Or), Mâcon (Saône-et-Loire) et Chablis (Yonne). Ce vendredi 12 mars 2021, s'est déroulée la cérémonie de la pose de la première de la Cité des vins de Beaune.

Initié par le Bureau Interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), il s'agit d'un centre d'interprétation des climats du vignobles de Bourgogne, inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2015.

Ce projet culturel et touristique est dédié à la découverte de la Bourgogne, de ses vins et de son patrimoine. Chaque site proposera des parcours de visite pour explorer la mosaïque des paysages et des terroirs, les climats, le travail de la vigne, la vinification, les arômes et la diversité des vins de Bourgogne.

«La Cité des vins, c'est le miroir du monde viticole»


Au pied d'une grue de 31 mètres de haut portant une flèche de 65 mètres de long, Christophe Rougeot, dirigeant de l'entreprise Rougeot, grille le protocole au maire de Beaune et souhaite la bienvenue aux quelques personnes présentes pour «la première pierre et la première pièce» de la Cité des vins de Beaune.

En effet, celui qui vantait déjà les vins de Meursault lors de la plantation du premier arbre, en novembre dernier, met cette fois à l'honneur les vins de Corpeau et Puligny-Montrachet, privés de Saint-Vincent tournante en janvier 2021, reportée à 2022.

En solidarité, un fut est posé sur le muret de la cérémonie de la première pierre et Christophe Rougeot transporte à l'envie un puligny-montrachet 2018, cuvée de la Saint-Vincent tournante. «La Cité des vins, c'est le miroir du monde viticole, le miroir de l'humanité», lance le bâtisseur.

«Un acte fondateur»


«C'est un moment important», déclare Alain Suguenot (LR) en prenant la parole, «construire une Cité des vins ici à Beaune, c'est probablement un acte fondateur pour notre cité, c'est la reconnaissance du travail des vigneronnes, des vignerons, de toutes celles et tous ceux qui depuis des siècles ont réussi à faire que nos vins soient reconnus comme les meilleurs du monde». Le maire fait volontiers le parallèle avec la fondation de la basilique collégiale Notre-Dame de Beaune, datant du XIIème siècle.

Le pari du «zéro carbone» est souligné par le maire : à la suite du premier arbre de novembre 2020, 400 arbres seront plantés autour de la Cité. Les véhicules à moteur thermique seront bannis du site de huit hectares, labellisé Biodivercity. Des navettes électriques feront la jonction avec les parkings.

«Il n'y a pas de projet public s'il n'y a pas de partenaires privés», déclare Alain Suguenot en annonçant que la Ville vient de signer avec Christophe Lambert qui porte un projet d'hôtel sur un terrain voisin avec son associé Michel Halimi. «Nous sommes propriétaires du terrain !», s'enthousiasmera l'acteur-investisseur un peu plus tard.

«Être au rendez-vous de la préservation de ce patrimoine»


«C'est un moment historique», renchérit à son tour François Sauvadet (UDI) qui se projette dans l'après-pandémie. Le président du conseil départemental de la Côte-d'Or place l'événement du jour dans la continuité des moines de Cîteaux et des ducs de Bourgogne. «Nous devons être au rendez-vous de la préservation de ce patrimoine pour le projeter dans le XXIème siècle», déclare le président.

Un patrimoine qui, au passé, dépasse «l'épreuve des temps» et, au présent, dépassera «l'épreuve de Trump» en référence aux taxes sur les vins français instaurées par l'ex-président des États-Unis. Plus localement, l'élu départemental appelle tous les acteurs du monde du vin et tous les citoyens à «s'approprier» la Cité des vins : «c'est d'abord le lieu de la vigne et de la viticulture». «Plus les temps sont troublés, expliquer d'où nous venons, c'est aussi éclairer où nous allons», signale le centriste.

Lieu de promotion de la Bourgogne et de la Côte-d'Or, la Cité de vins de Beaune contribuera à expliquer des savoir-faire des métiers viti-vinicoles et conditions de production des vins. François Sauvadet ne manquant pas de faire le lien avec la marque de la collectivité, Savoir-faire 100% Côte-d'Or, qui disposera d'un espace spécifique au cœur de la cité des vins. Sur les 13,5 millions d'euros du projet, le Département apporte 2,5 millions d'euros dans le cadre d'un contrat Cap 100% Côte-d'Or (ainsi que 110.000 euros pour le parking paysager).

«Dijon doit devenir la cité de la gastronomie, Beaune la cité du vin»


Insistant sur l'ancrage territorial du projet, le propos de François Sauvadet se fait plus politique : «Dijon doit devenir la cité de la gastronomie, Beaune la cité du vin, chacun assumant son plein et entier engagement, c'est comme ça que les choses vont bien».

La Cité internationale de la gastronomie et du vin, actuellement en construction à Dijon, prévoit, dans sa partie culturelle, de proposer une médiation sur le monde du vin ; l'ouverture des premiers bâtiments destinés au public est prévue pour décembre 2021.

«Un projet d'oenotourisme de grande qualité»


Très à l'aise, Patrick Ayache intervient ensuite pour évoquer «un territoire très moderne et très poussé vers le progrès technique et, en même temps, (…) une région entièrement imbibée de sa culture et extrêmement attachée à développer dans la modernité une tradition qui est vraiment très forte chez nous, qui est la tradition autour du vin».

Le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté apporte 2,5 millions d'euros au projet. Le vice-président en charge notamment du tourisme imagine déjà les «quatre cités des vins» - donc de Chablis, Dijon, Beaune et Mâcon – faisant «rayonner notre région» autour d'un «projet d'oenotourisme de grande qualité».

En marge de la cérémonie, Patrick Ayache rappellera que le Jura souhaiterait également voir s'élever une cité des vins, un projet en réflexion depuis 2018 et qui pourrait aboutir en 2024. La réalisation serait plus modeste que le bâtiment beaunois, à l'échelle d'un vignoble dix fois plus petit que celui de la Bourgogne, avec «deux ou trois» bâtiments pour créer un parcours touristique au sein des vignes jurassiennes. «Cela va irriguer vraiment la région», selon Patrick Ayache.

«Nous allons faire un hôtel qui soit ludique»


À la veille du printemps, François Labet se «félicite de la pose de cette première pierre qui marque une étape dans un projet très engageant pour le vignoble bourguignon». Le président du Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (BIVB) remercie les partenaires en passe de faire «d'un superbe concept architectural, un projet opérationnel qui permettra un accueil exceptionnel du public».

«Quand Alain m'a proposé de faire l'hôtel de la Cité des vins, je n'ai pas hésité une seconde et je lui ai dit 'banco'», se souvient Christophe Lambert. L'acteur était présent à la 159ème édition de la vente des vins, en novembre 2019, à la veille de la crise sanitaire.

«Nous allons faire un hôtel qui soit ludique, qui soit un plaisir pour le client, c'est à dire qu'on n'ait pas l'impression de rentrer dans un hôtel. (…) Il faut aujourd'hui une hôtellerie qui change et qui s'adapte à la demande d'un nouveau client», envisage avec émotion Christophe Lambert qui «espère être adopté par les Beaunois». La construction de l'hôtel quatre étoiles débutera en juin prochain. Sous la marque Voco, il s'agira d'un bâtiment en bois de 65 chambres.

«En tant qu'épicurien et amateur de vins et de grands vins, (…) j'ai trouvé qu'il y avait un sens à ce projet», déclare ensuite Pierre Nallet, «très rapidement, on a eu l'envie de partager cette aventure». Anahome Immobilier réalisera donc une halle événementielle pluridisciplinaire de 2.500 m² (1.200 places) pouvant accueillir des concerts ou même des repas ainsi qu'un espace dédié au monde du vin et à l'art de la table.

«Un bâtiment-paysage répondant aux grandes ambitions environnementales»


Architecte s'étant inspirée de la vrille de la vigne pour dessiner le futur bâtiment et fondatrice de l'agence Siz'-ix, Emmanuelle Andreani  rappelle que la commande était d'offrir «un monument» à la Ville de Beaune. «C'est avant tout un bâtiment-paysage, (…) répondant aux grandes ambitions environnementales que l'on connaît aujourd'hui», poursuit-elle.

Des matériaux biosourcés et géosourcés seront utilisés comme du chaux-chanvre dans une ossature bois pour les façades et comme la pierre en socle. La structure accueillera 1.100 m² d'exposition scénographiée par l'agence Alice dans les villes et sera surmonté d'une toiture où sera plantée 80 pieds de vigne, à 21 mètres de haut. L'entreprise Rougeot a maintenant dix-huit mois pour réaliser le bâtiment.

Visites de chantier pour les scolaires


En marge de la cérémonie, Charlotte Fougère, adjointe au maire de Beaune déléguée à la culture, signale que des animations seront prochainement proposées aux établissements scolaires sur la base de visites de chantier.

Par ailleurs, Beaune a établi le contact avec le fondateur du Village international du vin, développé dans le district de Fangshan, à 40 km au sud-ouest de Pékin, et devant ouvrir en octobre 2021. Post-Covid-19, un jumelage pourrait conduire de nombreux touristes chinois à faire le déplacement chaque année à Beaune.

Pour revenir en Côte-d'Or, la Ville de Beaune table sur une inauguration au moment de la vente des vins des Hospices civils de Beaune en novembre 2022 tandis que l'interprofession souhaiterait ouvrir avant les vendanges 2022. Avant la crise sanitaire, le BIVB tablait sur 120.000 visiteurs annuels.

La Cité des vins est un projet porté par la Ville de Beaune, cofinancé par le Département et la Région. Le BIVB assure la maîtrise d'ouvrage. Lors de la cérémonie, François Labet a annoncé qu'avait été lancée, la consultation pour le contenu multimédia et audiovisuel, «indispensable pour donner vie à ce beau bâtiment». Ancien président de la CCI régionale et ancien directeur des Domaines Albert Bichot, Benoît de Charette a été élu président de l'association de la Cité des vins et des climats qui assurera la gestion et l'animation du centre d'interprétation.

Jean-Christophe Tardivon