L'inauguration qui s'est déroulée ce lundi 6 décembre 2021 est tout à la fois un «aboutissement» et un «début» pour Philippe Puydarrieux, directeur du parc national de forêts. En actant la création de la réserve intégrale forestière du parc, les deux membres du gouvernement, Julien Denormandie et Bérangère Abba, ont lancé «le début de l'histoire».

«En créant cette réserve intégrale, on crée un laboratoire scientifique», explique Philippe Puydarrieux, «il vise à étudier sur le long terme les dynamiques de peuplement forestier dans le contexte des changements climatiques et également à étudier les relations entre la forêt et la grande faune sauvage».

«L'objectif est de laisser ces peuplements forestiers évoluer tout naturellement», ajoute le directeur du parc. Un suivi sera mis en place et les premiers résultats devraient apparaître dans au moins dix ans. Les principales essences sont le hêtre et le chêne. Certains chênes ont plus de deux siècles.

Une réserve intégrale de 3.100 hectares

Le critère de sélection a été de trouver un secteur de 3.100 hectares d'un seul tenant et disposant en partie de forêts anciennes. Un périmètre a finalement été retenu au sein de la forêt domaniale d'Arc-Châteauvillain, près du siège du parc situé à Arc-en-Barrois, au sud-ouest de Chaumont (Haute-Marne). Le parc, dans son ensemble, est à cheval sur la Haute-Marne et la Côte-d'Or. La nouvelle réserve intégrale forestière est totalement située en Haute-Marne.

Le périmètre est longé par endroits par la RD10 et, même si celle-ci ne traverse pas la réserve, cela impliquera une sécurisation particulière avec un suivi spécifique des arbres situés en bord de route.

La secrétaire d’État chargée de la Biodiversité Bérangère Abba l'a souligné, la réserve n'est pas «mise sous cloche», quelques usages seront possibles. Les routes forestières actuelles seront donc entretenues pour permettre l'accès ne serait-ce qu'aux véhicules de secours ainsi qu'aux scientifiques travaillant au suivi de la forêt.

Agrainage interdit dans la réserve

La pratique de la chasse sera strictement encadrée pour envisager une éventuelle régulation des populations de grands ongulés, comme le cerf. «Les populations sont déjà très importantes et peuvent mettre en péril la dynamique forestière en mangeant les petits plants ou les graines», justifie Philippe Puydarrieux.

De la même façon, les sangliers sont nombreux sur le territoire. Une période de transition va maintenir la possibilité de chasser jusqu'en mars prochain. La pratique de l'agrainage pour fixer des animaux en les alimentant a été réglementée au sein du cœur du parc national de forêts avec la difficulté de conjuguer deux approches différentes entre les fédérations de chasseurs de Haute-Marne, qui bénéficie d'un régime dérogatoire, et de Côte-d'Or, qui opte pour l'interdiction.

Une expérimentation de «zéro agrainage» sera lancée sur certains lots de chasse dans la partie haut-marnaise du parc avant une évaluation. Dans la réserve intégrale, «les pratiques artificielles seront interdites», précise le directeur.

«Valoriser les patrimoines par la diffusions des connaissances»

Au niveau du siège à Arc-en-Barrois, le bâtiment est en cours de rénovation. La fin des travaux, plusieurs fois annoncée et reportée, est désormais prévue pour mars 2022. Un siège finalisé et une équipe renforcée – par dix postes en 2022 – devrait permettre de préparer sereinement la prochaine saison estivale.

«Tout investissement dans la nature constitue en soi un intérêt pour le public. C'est tout l'intérêt d'un parc national de découvrir les richesses naturelles, paysagères, de l'ensemble du territoire. C'est une des vocations d'un parc national : contribuer à la fois à la connaissance scientifique mais également valoriser ces patrimoines par la diffusions de ces connaissances», développe Philippe Puydarrieux.

Il s'agira notamment de positionner des équipements d'accueil du public dont les principales portes de cœur du parc, une dans la forêt domaniale d'Arc-Châteauvillain, une dans la forêt communale de Châtillon-sur-Seine. Une installation financée par le plan France Relance.

De plus, une grande boucle devrait faire le tour du parc. Elle sera dédiée à la randonnée, pédestre ou équestre, et au VTT. Ce chemin longera par endroits la nouvelle réserve intégrale forestière. Selon le directeur, «l'idée est de canaliser le public de manière à éviter la réserve et de trouver malgré tout des parcours en bordure qui restent intéressants».

Bande-annonce vidéo du parc national de forêts

Deux ministres pour inaugurer la réserve intégrale du parc national de forêts