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25/04/2021 03:23

VITICULTURE : François Sauvadet annonce une subvention spéciale pour lutter contre les fléaux climatiques

Le président du conseil départemental de la Côte-d'Or s'est rendu ce jeudi 22 avril dans les vignes de Meursault avant d'échanger avec des représentants de la filière viticole. La vigneronne Elsa Matrot a indiqué que certaines parcelles pourraient ne pas être vendangées tellement les dégâts sont importants.
«C'est un désastre économique», se désole Elsa Matrot, vigneronne guidant François Sauvadet (UDI), venu ce jeudi 22 avril 2021 dans les vignes de Meursault à l'invitation de la Confédération des Appellations et Vignerons de Bourgogne.

Le président du conseil départemental de la Côte-d'Or se rendait dans le vignoble pour un point de situation sur les conséquences des nuits gélives de début avril et pour envisager l'accompagnement de la filière. Avec le conseiller départemental Denis Thomas (LR), il a été accueilli par Thiébaut Huber, président de la CAVB.

«C'est tout un schéma cultural qui faut revoir de A à Z»


«En 2016, [autre année de gel intense] dans des meursaults villages, j'ai fait 13 pièces au lieu de 120», indique Elsa Matrot qui ajoute : «je ne sais même pas si je vais vendanger les Perrières parce que je vais perdre de l'argent».

Dans la commune, les onze heures de gel de la nuit du 7 avril dernier ont détruits entre 60% et 100% des bourgeons en fonction des parcelles. «Ce n'était pas un gelée de printemps, c'était clairement une gelée d'hiver», selon la vigneronne.

«C'est tout un schéma cultural qui faut revoir de A à Z», explique Elsa Matrot. «Il faut penser aussi aux propriétaires de bourgognes ou d'aligotés. On n'est pas tous propriétaires de villages, de crus, de grands crus», ajoute celle qui fut présidente de l'ODG Meursault.

«C'est une tragédie», reconnaît François Sauvadet au bord d'une parcelle des Bressoles, devant une jeune vigne plantée en 2017 qui aurait dû produire pour la première fois un meursault village.

Les représentants de la filière craignent que les exploitants de domaine de taille familiale cèdent aux sirènes de grands investisseurs de taille mondiale. Récemment un domaine de 6 hectares en côte de Nuits s'est vendu 37 millions d'euros. «Ce n'est pas le modèle que l'on souhaite», réagit le président du Département.
 

«Le partenariat avec le Département est primordial»


«Nous avons accompagné la viticulture même si nous n'avons plus la compétence économie stricto sensu», rappelle François Sauvadet lors d'une réunion avec le président de la CAVB et quelques vignerons des côtes de Beaune et de Nuits. Chaque année, le conseil départemental de la Côte-d'Or subventionne la CAVB à hauteur de 20.000 euros environ.

Sur l'enjeu des fléaux climatiques, le Département a financé en 2015 et 2016 l'acquisition de 52 générateurs de lutte contre la grêle. D'autres mesures de soutien ont concerné le remplacement de ceps en dépérissement ou la lutte contre la flavescence dorée. «Le partenariat avec le Département est primordial», souligne Thiébault Huber.

François Sauvadet se dit «attaché au modèle d'exploitation familiale que l'on a dans les climats», ajoutant «qu'il faut qu'il y ait une solidarité qui s'exprime à l'égard de la profession viticole». «Ça coûte cher d'exploiter la vigne, notamment quand on est en situation de reprise, de transmission, d'investissement», ajoute-t-il. Devant la CAVB, le président du Département se dit attentif aux conséquences économiques qui apparaîtront dans les prochaines semaines.

«Les aléas climatiques mettent à mal notre modèle économique»


La vigne expérimentale du conseil départemental à Pommard à vocation à servir la profession car «les jeunes qui sont installés n'ont pas forcément les moyens d'expérimenter eux-mêmes» (lire le communiqué). À partir de là, le président élargit le champ : «je suis prêt à accompagner financièrement la recherche d'expérimentation qui pourraient être mises à profit pour que l'on fasse face ensemble à ces épisodes qui vont se répéter face au changement climatique».

Le président de la CAVB compte lui aussi sur l'expérimentation : «il y a des choses qui se font dans le monde qu'on a peut-être pas encore ici et après à essayer. (…) Les aléas climatiques mettent à mal notre modèle économique. Il faut que l'on se réinvente. Il faut tester.». Chaque expérimentation pouvant nécessiter un investissement de 30.000 euros pour être abordée collectivement, au moins au niveau d'un village, sur 30 hectares.

Devant ses hôtes, François Sauvadet annonce qu'il soumettra au vote de la session de l'assemblée départementale du 31 mai prochain un financement de 15.000 euros permettant de recruter un chargé de mission pour faire le point à la fin de l'année sur l'efficacité de ce qui a déjà été expérimenté en Côte-d'Or.

«L'eau, c'est le combat de la deuxième partie du XXIème siècle»


Rappelant qu'il préside le comité de bassin de Seine-Normandie, François Sauvadet met l'accent sur l'eau pour anticiper d'éventuelles sécheresses : «on aura devant nous le problème de l'adaptation au changement climatique (…) Il faut qu'on récupère de l'eau quand on a en trop pour qu'on la restitue quand on a des besoins».

«L'eau, c'est le combat de la deuxième partie du XXIème siècle», envisage le président du Département, «c'est pour ça que j'ai un débat aussi violent avec la Métropole. Le modèle en ce moment : on va chercher l'eau à la campagne, on la ramène en ville où vous avez une population pour distribuer l'eau, vous n'avez pas besoin d'investissements massifs, tandis qu'à la campagne, pour distribuer de l'eau, vous avez besoin d'investissements massifs. (…) Le prix de l'eau baisse en métropole et le prix de l'eau augmente pour assurer même l'approvisionnement en eau pour les agriculteurs, pour les éleveurs».

Alors que le sénateur LREM de la Côte-d'Or François Patriat s'est engagé à proposer un amendement sur l'eau à la loi 4D (lire notre article), François Sauvadet «salue son initiative» tout en restant prudent : «j'attends la fin du débat parlementaire». «Il faut que le Département puisse continuer d'intervenir parce qu'on investit beaucoup d'argent dans les interconnexions parce que c'est l'enjeu de demain», insiste-t-il.

En fin de réunion, François Sauvadet précise qu'un travail sera également conduit avec la chambre d'agriculture de la Côte-d'Or pour accompagner les arboriculteurs et les producteurs de petits fruits du département touchés par cet épisode de gel.

Jean-Christophe Tardivon

«Il y a un gros problème d'adaptation du vignoble par rapport au changement climatique», selon Thiébault Huber