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25/05/2022 11:56

GENLIS : Un jeune homme est mort après avoir été séquestré

Une femme et un homme ont été arrêtés après qu'un homme a été retrouvé gravement blessé au pied de son immeuble ce dimanche. Il n'a pas survécu à ses blessures. Selon le procureur de Dijon ce mardi 24 mai, la victime aurait été séquestrée toute une nuit à son domicile.
Actualisé : les deux protagonistes ont été placés en détention provisoire.
Le dimanche 22 mai dernier au matin, un homme a été retrouvé gravement blessé au pied de son immeuble à Genlis. Il est décédé à l'hôpital peu après. Les voisins ont eu le réflexe de prendre des photographies de ce qui devient une «scène de crime».

Les premiers témoignages font penser à une séquestration de la victime dans son propre appartement. Deux personnes ont été rapidement placées en garde à vue. L'enquête se focalise sur les circonstances de la chute.

Ce mardi 24 mai 2022, Olivier Caracotch, procureur de la République de Dijon, a exposé les premiers éléments concernant ce drame, étant entendu que les personnes interpellées bénéficient de la présomption d'innocence, «notion qui semble relativement contestée ces derniers temps».

Une femme et un homme placés en garde à vue


Dimanche matin vers 11 heures, le corps d'un homme est donc retrouvé au pied de l'immeuble où se trouve son appartement, au deuxième étage. Gravement blessé, il est transporté à l'hôpital où il décède peu de temps après. La victime était âgée de 25 ans.

Suite aux témoignages du voisinage, deux personnes, qui ne résident habituellement pas en Côte-d'Or, sont rapidement appréhendées sur place puis placées en garde à vue. Une femme de 28 ans qui avait entretenu une relation de quelques mois avec la victime, les deux étant séparés depuis quelques semaines, et un homme de 23 ans, que la femme présente comme un ami.

L'autopsie indique que la mort de la victime est due à «une cause polytraumatique» mais «des analyses complémentaires sont en cours» pour identifier la raison exacte du décès.

L'infraction de «séquestration suivie de mort» fait encourir la réclusion criminelle à perpétuité


Les premiers éléments de l'enquête dessinent une chronologie des faits. La femme se serait présentée le samedi au domicile de la victime en compagnie de cet ami pour «organiser un déménagement». Ils seraient entrés dans le logement par effraction et auraient attendu l'occupant des lieux.

«À son arrivée, une échauffourée physique s'est produite», relate le procureur. «La victime aurait subi des violences et aurait été séquestrée à l'intérieur de son appartement à l'aide de liens», s'ensuit des épisodes de «vol» et de «soustraction frauduleuse» notamment avec la carte bleue de la victime.

La victime aurait donc passé la nuit séquestrée. La chute survient le dimanche matin. «L'information judiciaire devra déterminer avec plus de précision les circonstances», signale le procureur car «il semble avéré qu'à l'issue de cette chute la scène de crime ait pu être modifiée par les personnes qui était placées en garde à vue».

À l'issue de la garde à vue, le parquet a été décidé d'ouvrir une information judiciaire. Le principal chef en est l'infraction de «séquestration suivie de mort» qui fait encourir la réclusion criminelle à perpétuité. Les autres chefs sont «vol en état de récidive légal», «violence en état de récidive légale», «violation de domicile» et «modification d'une scène de crime».

La notion de récidive est due au fait que les deux protagonistes sont connus pour des infractions liées «aux stupéfiants». Les circonstances aggravantes de guet-apens, de préméditation ou d'actes de barbarie n'ont pas été retenues à ce stade.

Les protagonistes nient être responsables de la chute


Selon le procureur, les deux personnes présentées au juge d'instruction saisi reconnaissent leur présence sur les lieux, la pénétration dans l'appartement et les échauffourées. Une personne reconnaît des violences sur la victime et la séquestration mais «précise ne pas être à l'origine de la chute mortelle de la victime».

La victime a-t-elle cherché à s'enfuir ? Une nouvelle échauffourée s'est-elle produite suivie d'un accident ? Les deux protagonistes ont-ils poussé la victime dans le vide ? L'enquête aura la difficile tâche d'apporter des éléments de réponse. Toujours est-il que l'intentionnalité de donner la mort n'est pas requise pour caractériser l'infraction de «séquestration suivie de mort».

Les photographies des témoins sont devenus des «preuves de procédure»


Olivier Caracotch insiste sur le fait que, en 48 heures, la compagnie de gendarmerie de Dijon assistée de la section de recherches de Dijon ont conduit de nombreuses investigations. Les photographies des témoins sont devenus des «preuves de procédure». Cependant, «il reste beaucoup d'actes à réaliser d'où la saisie d'un jugement d'instruction».

Ainsi, des témoins ont vu un couteau sur la scène de crime ; il aurait disparu. Si des couteaux ont été retrouvés, il reste à vérifier celui qui a pu être utilisé et de quelle manière. De la même façon, les enquêteurs se demandent si le corps n'a pas été déplacé.

Le cheminement et éventuels contacts des protagonistes dans la nuit de samedi à dimanche sont également à établir afin de vérifier si d'autres personnes pourraient être impliquées.

Placement en détention provisoire requis


À propos des deux personnes en garde à vue, le procureur évoque «un manque assez patent de prise de conscience de la gravité juridique et la gravité des conséquences de ce drame». Le parquet a demandé le placement en détention provisoire sur lequel le juge des libertés et de la détention devrait statuer ce mardi.

Parallèlement, la famille de la victime s'est vue proposer une prise en charge par l'association France Victimes 21.

Jean-Christophe Tardivon

Actualisé le 25 mai 2022 :

Conformément à la réquisition du parquet, le juge des libertés a décidé d'un placement en détention provisoire pour la femme et l'homme précédemment entendus par le juge d'instruction.