
Le chantier est prévu pour durer jusqu'en 2028, avec ensuite, pour la
première fois, l'ouverture au public du fort parmi les plus célèbres au
monde.
Avec un investissement de 36,6 millions d’euros, le Département de la
Charente-Maritime engage, jusqu’en 2028, un projet d’envergure pour
sauvegarder le fort Boyard et ainsi permettre pour la première fois son
ouverture au public.
Monument emblématique du patrimoine français,
situé dans le Pertuis d’Antioche (17), le fort Boyard présente
aujourd’hui des signes de fragilisation préoccupants, conséquences de
plusieurs décennies d’exposition aux assauts marins.
Pour garantir sa
pérennité tout en lui redonnant son apparence d’origine, d’importants
travaux débuteront à l’été 2025 afin de reconstruire ses ouvrages de
protection originels : l’éperon au Nord, le havre d’accostage au Sud, la
risberme et les blocs de protection.
Piloté par l’architecte du
patrimoine Delphine Gramaglia, le bureau d’études BRLi et l’entre-prise
ETPO, ce projet d’exception a mobilisé, dès les phases amont, des
expertises maritimes pointues, notamment celle de Groupe Géotec.
Pour
caractériser les sols et orienter les choix techniques de
consolidation, Groupe Géotec a mené des investigations géotechniques
nautiques complexes, dans un environnement contraint par les conditions
météorologiques et les mouvements de l’eau.
«
En agissant pour la sauvegarde du fort Boyard, c’est un geste
historique pour les 100 prochaines années que nous réalisons à la fois
pour les Charentais-Maritimes et nos visiteurs si attachés à cet édifice
».
Sylvie MARCILLY, Présidente du Département de la Charente-Maritime
Un projet conçu pour durer un siècle
Depuis
de nombreuses années, le fort Boyard subit les assauts conjugués de la
mer et du temps, compromettant progressivement sa pérennité.
Initialement protégé par un éperon au Nord-Ouest et des jetées latérales
formant un havre d’accostage au Sud-Est, le fort se retrouve
aujourd’hui directement exposé à la houle, ses ouvrages de protection
ayant été détruits au fil du temps.
Cette exposition accrue se
traduit par une dégradation progressive de l’ouvrage, dont plusieurs
fissures sont désormais visibles à l’œil nu depuis l’extérieur. Si
celles-ci ne compromettent pas la stabilité globale de l’édifice, la
disparition de l’éperon, du havre d’accostage et la dégradation
progressive de la risberme constituent quant à eux des facteurs de
fragilisation majeurs. Sans une reconstruction des ouvrages de
protection destinés à atténuer les effets des courants et de la houle,
la ruine du fort Boyard est inéluctable.
Face à ce constat alarmant
et en qualité de propriétaire, en 2020, le Département de la
Charente-Maritime confie à Artelia une mission d’étude de faisabilité
détaillée sur la protection du fort contre la houle et sur la mise en
place d’une solution sécurisée d’accès à la plateforme située à
proximité. Faisant suite à la réalisation de cette étude, en 2022, le
Département lance le projet de protection de fort Boyard contre la
houle.
Conçu pour garantir la pérennité de l’ouvrage sur les cent
prochaines années, ce programme de sauvegarde ambitieux prévoit la
reconstruction des structures de protection historiques, en s’appuyant
sur des technologies et des matériaux contemporains, tout en respectant
l’architecture d’origine du fort :
LA RECONSTRUCTION DE L’ÉPERON AU NORDa
pour objectif de protéger le fort de la houle et des courants marins,
tout en évitant toute transmission d’efforts mécaniques vers la
structure elle-même.
LA RECONSTRUCTION DU HAVRE D’ACCOSTAGEau
sud vise à préserver l’arrière du fort et son assise contre l’action de
la houle, tout en permettant, lorsque les conditions nautiques le
permettent, un accès direct au fort.
LA REPRISE DE LA RISBERMEa
pour but de limiter les effets d’érosion et d’affouillement générés par
les courants et la houle. La protection de l’ensemble du pourtour du
fort est essentielle pour préserver la stabilité de son assise.
LA REMISE EN PLACE DE BLOCS DE PROTECTIONpermet
de dissiper une partie de l’énergie de la houle en amont des ouvrages,
jouant ainsi un rôle de première barrière avant que les vagues
n’atteignent les structures reconstruites, puis le fort.
Pour
répondre aux enjeux techniques majeurs de ce chantier en milieu
maritime, Groupe Géotec est mobilisé en 2023 pour intervenir sur les
études de conception.
En septembre, les équipes réalisent une mission
G1, consistant à définir et analyser le modèle géotechnique le long des
ouvrages existants – une étape clé pour comprendre le comportement du
sous-sol dans un environnement aussi exigeant. Les équipes structure
mettent également en place un dispositif de suivi automatisé des
fissures internes du fort, afin d’en analyser l’évolution et de prévenir
tout risque en amont des travaux.
En parallèle, une mission G2 AVP
est menée pendant la phase de négociation en conception-réalisation.
Elle porte sur l’étude des fondations des futurs ouvrages : typologie,
profondeur d’ancrage, estimation des tassements induits. Ces
investigations de terrain, conduites dans des conditions maritimes
complexes, apportent des données décisives pour orienter les choix
techniques et garantir la fiabilité des solutions de reconstruction.
«
Un projet dans les traces des ouvrages anciens avec la restitution la
plus fidèle possible des formes de l’ancien havre et de l’ancien éperon
aujourd’hui disparus mais avec des matériaux modernes, afin de proposer «
le juste compromis » entre l’indispensable construction d’ouvrages de
protection performants, adaptés aux contraintes actuelles et la
nécessaire prise en compte de contraintes issues de l’analyse
historique. Le projet de reconstruction de ces ouvrages audelà d’assurer
la protection et la pérennité du fort et sa transmission aux
générations futures, est l’opportunité de restituer ce monument
historique dans son intégrité originelle »
Delphine GRAMAGLIA, Architecte du patrimoine, cotraitante groupement ETPO/BRLi
Les
travaux du fort débuteront à l’été 2025 pour s’achever en 2028. À
l’issue de ce chantier, pour la première fois, le fort Boyard ouvrira
ses portes au public. Des visites seront proposées dès 2028, marquant
une nouvelle étape dans l’histoire de ce monument emblématique. En
parallèle, afin de contribuer au financement des travaux, une opération
de mécénat intitulée « Sauvons le fort Boyard » est menée en partenariat
avec la Fondation du patrimoine :
https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/...Investigations géotechniques en milieu maritime : Groupe Géotec face aux défis de fort Boyard
Dans
le prolongement des missions G1 et G2 AVP engagées en 2023 pour établir
le modèle géotechnique du site et étudier les fondations des futurs
ouvrages de protection, Groupe Géotec a mené une première campagne
d’investigations in situ autour du fort Boyard. Cette phase
opérationnelle, essentielle pour valider les hypothèses de conception,
s’est déroulée à l’automne 2023 puis à l’été 2024, depuis la plateforme
autoélévatrice OMER. Six points de sondage étaient initialement
programmés, répartis autour de l’ouvrage. Cependant, les conditions
météorologiques particulièrement défavorables à cette période – forte
houle, vents soutenus, marées contraignantes et journées raccourcies –
n’ont permis de réaliser que quatre mises en station sur ces 2 années,
deux au nord et deux autres au sud du fort.
Malgré ces contraintes,
les premières investigations ont permis de caractériser avec précision
les différentes couches géologiques présentes : remblai historique, banc
de sable, et substratum marno-calcaire. Ces données, issues de sondages
carottés et destructifs avec essais pressiométriques et essais au
pénétromètre statique, complétés par des analyses en laboratoire, sont
venues consolider le modèle géotechnique et affiner les solutions de
fondation envisagées pour les ouvrages à reconstruire.
Au-delà des
aléas météorologiques, la configuration même du site a représenté un
défi logistique majeur. La proximité immédiate du fort, la présence
d’enrochements affleurants à marée basse et la faible manœuvrabilité des
moyens nautiques ont complexifié les opérations de positionnement de la
plateforme. À cela s’ajoute l’impossibilité de réaliser des transferts
de personnel de nuit en toute sécurité.
Cette première phase
d’intervention, menée dans un environnement à la fois technique et
naturel particulièrement contraignant, illustre la capacité de Groupe
Géotec à adapter ses méthodes et son organisation aux exigences d’un
site insulaire emblématique, tout en assurant la qualité et la fiabilité
des données recueillies.
« Fort
Boyard c’est un site emblématique que l’on associe spontanément à
l’enfance - a nôtre, et celle de nos enfants. Un lieu historique, que
l’on contemple habituellement de loin et pour lequel nous avons cette
fois travaillé, au plus près, en nous adaptant aux rythmes imposés par
la mer. Ce chantier nous a aussi offert une belle symbolique : celle de
déployer notre plateforme autoélévatrice OMER, pour ses 10 ans, à
seulement quelques encablures de son lieu de naissance, à Marennes. »
Thomas PORTENART, Responsable service maritime Groupe Géotec
Client : CD17
AMO : ARTELIA
MOE : Groupement de Conception Réalisation ETPO / BRLI / Architecture Patrimoine
Période de prestation Groupe Géotec : septembre – octobre 2023
Date de livraison du projet : 2028
Montant de la prestation Groupe Géotec : 400 K€