«Un Opinel et l'on fabrique un panier !» Installé à Étalante, dans le Parc national de forêts, Gérard Bisiaux produit des objets utilitaires ou décoratifs à partir de brindilles cueillies dans les bois «en respectant l'environnement». Récemment, il a été agréé par la marque territoriale Esprit parc national.
«On a toujours eu besoin de contenants, de paniers, de corbeilles, pour transporter soit la cueillette, soit les récoltes», constate Gérard Bisiaux, «ce que l'on a trouvé de mieux, c'était la vannerie avec les ressources locales».
Installé à Étalante, en Côte-d'Or, commune du Parc national de forêts, ce retraité de l’Éducation nationale a développé une passion pour la vannerie paysanne et œuvre désormais pour en perpétuer la tradition.
La charpaigne, corbeille traditionnel du Châtillonnais
«Il y a une soixantaine d'années, la vannerie sauvage se pratiquait encore dans nos campagnes», explique Gérard Bisiaux, «elle s'apprenait sur le tas». «C'étaient plutôt les personnes âgées qui faisait ça et elles transmettaient aux plus jeunes.»
Dans le Châtillonnais, durant l'hiver principalement, étaient fabriquées notamment les charpaignes, de grandes corbeilles pour distribuer l'alimentation des animaux.
«La charpaigne s'usait à cause d'un usage intensif ; elle était utilisée au quotidien pour transporter les pommes de terre mouillées, des charges lourdes», souligne-t-il, «beaucoup de vanneries ne duraient que quelques mois par les conditions de travail». «Une vannerie telle qu'une corbeille qu'on laisse sur une table, ça a une durée de vie très grande.»
Avec la révolution industrielle, est apparu un important besoin en produits de la vannerie pour le transport. La fabrication s'est professionnalisée en optant pour l'osier comme matière première. En 1905, a été créée l’École nationale de vannerie et d'osiériculture à Fayl-Billot, en Haute-Marne.
«On récolte en respectant l'environnement»
«Un Opinel et l'on fabrique un panier», glisse Gérard Bisiaux qui a, comme les anciens, appris «sur le tas».
Le vannier cueille la matière première dans les bois autour d'Étalante : Noisetier, Viorne, Cournouiller sanguin, Bourdaine... «On récolte en respectant l'environnement, on ne va prélever que ce dont on a besoin avec un sécateur dans une haie ou en lisière de bois», précise-t-il.
La sensualité de la vannerie
Les brindilles servent à réaliser des éclisses, des lanières de bois, d'où le nom de la petite entreprise de Gérard Bisiaux : Éclisse et Brindille. «Les lanières de bois permettent de remplir l'armature d'un panier ou d'une corbeille», indique-t-il, «je conservé l'écorce car l'écorce est souvent très colorée, très décorative par ses textures et ses motifs, ça donne une variété de couleurs à mes vanneries».
«J'utilise plusieurs matières pour varier les sensations au bout des doigts», précise Gérard Bisiaux, «c'est une activité qui fait intervenir presque tous les sens». «Il y a les couleurs, les textures, les odeurs... Quand c'est frais, la viorne a une odeur caractéristique qui disparaît au séchage.»
Une clientèle majoritairement citadine
À Étalante, village de quelques 120 habitants connu pour son Cirque de la Coquille – une zone protégée ouverte au public –, Gérard Bisiaux a restauré un bâtiment en ruine au centre-bourg pour installer un atelier lui permettant désormais de travailler été comme hiver.
Sur l'établi, Opinel, sécateur et fendoir sont les principaux outils du vannier. Tout son stock est accroché autour de lui, dans l'atelier même. Il produit au gré de ses envies et vend sur les marché. Il organise également des stages individuels.
Gérard Bisiaux produit des paniers, des corbeilles, des volettes, des mangeoires pour oiseaux... des objets utilitaires ou décoratifs vendus sur les marchés entre 15 et 50 euros. La clientèle est majoritairement citadine, dont de nombreux jeunes, sensible à «l'environnement» et au «retour à une vie plus simple».
Le goût de la transmission
Durant sa carrière professionnelle, Gérard Bisiaux était enseignant en technologie au collège Marcelle Pardé, à Dijon, jusqu'à son départ à la retraite, en 2015.
«J'ai été formé à la fin des années 1970», explique-t-il, «à l'époque, c'était encore une formation très artisanale avec de la poterie, de la vannerie, de la forge, de la menuiserie». «L'activité professionnelle a considérablement évolué, j'ai fini en faisant essentiellement de l'informatique.»
En 2015, Gérard Bisiaux a créé une auto-entreprise pour donner un cadre à sa passion pour la vannerie en prenant donc le nom commercial d'Éclisse & Brindille. Il a alors suivi un stage de préparation à l'installation durant une semaine.
Chemin faisant, Gérard Bisiaux a souhaité se confronter à des vanniers confirmés en proposant ses réalisations lors de la Fête des Paniers, à Montsalvy, dans le Cantal, un événement annuel dédié à la vannerie.
Sollicité pour des formations informelles au gré des rencontres lors de marchés, l'ancien professeur a pris goût à la transmission de sa passion pour la vannerie.
Une «reconnaissance» au travers des agréments 100% Côte-d'Or et Esprit parc national
En 2022, Éclisse & Brindille a obtenu l'agrément de la marque territoriale Savoir-faire 100% Côte-d'Or puis, au printemps dernier, l'agrément d'Esprit parc national, la marque collective des parcs nationaux français.
«L'activité que je pratique est en parfaite liaison avec le Parc national de forêts», s'enthousiasme Gérard Bisiaux, «c'est le même esprit : la protection de la nature, le respect de l'environnement et la pérennité des biens communs qui sont à notre disposition».
«Il y a une certaine reconnaissance pour l'activité», se félicite le vannier qui note aussi que ces deux démarches facilitent les échanges avec d'autres producteurs : «il y a une synergie qui est créée par les deux agréments dont je bénéficie».
Les prochains rendez-vous d'Éclisse et Brindille
À 70 ans, Gérard Bisiaux souhaite simplement «continuer à prendre du plaisir en faisant des vanneries» : «j'ai fait des centaines de mangeoires mais j'ai toujours autant de plaisir à prendre les morceaux de bois, les mettre dans tous les sens et me dire que ça va être une belle mangeoire».
Prochainement, Éclisse et Brindille participera à la fête médiévale À fleurs d'écorces, le 7 septembre, à Arrans ; à la Fête de l'automne, le 29 septembre, à la Maison de la forêt, à Leuglay ; à la célébration des cinq ans du Parc national de forêts, du 6 au 9 novembre ; et au Marché d'hiver 100% Côte-d'Or, les 14 et 15 décembre, à Dijon.
Pour découvrir l'atelier, acheter des vanneries ou se former à cet artisanat, Gérard Bisiaux incite à prendre rendez-vous via notamment
le site web d'Éclisse et Brindille.
Jean-Christophe Tardivon