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15/03/2023 20:12

CINÉMA : L'empreinte de Jean Dujardin «sur les chemins noirs»

En compagnie du réalisateur Denis Imbert, l'acteur a rencontré le public du Pathé Dijon pour une avant-première, ce mardi 14 mars. «J'avais envie de déshabiller un peu plus mon jeu», a confié Jean Dujardin.
Dans sa tournée promotionnelle du film «Sur les chemins noirs», Jean Dujardin, acteur principal et producteur, se souviendra longtemps de l'étape dijonnaise, ce mardi 14 mars 2023. Atteint par un torticolis, le comédien est passé par une pharmacie avant de finalement consulter un médecin afin d'honorer les rendez-vous.

Avec le réalisateur Denis Imbert, une conférence de presse, deux lancements du film et deux échanges avec le public étaient au programme de cette avant-première organisée conjointement avec les cinémas Darcy (société Darcy Palace) et Pathé Dijon (groupe Pathé).

Aux environs de 22 heures 30, Jean Dujardin et Denis Imbert sont arrivés au cinéma Pathé Dijon pour assister aux dernières images du film et à la projection d'une interview de Sylvain Tesson lors du dernier jour de tournage. L'écrivain est l'auteur du récit autobiographique éponyme publié par Gallimard en 2016. Le film en est l'adaptation. Sortie nationale le 22 mars.

«Le rapport à la nature» versus «le progrès»


Répartis en deux salles, près de 500 personnes ont assisté à l'avant-première dans le cinéma de la Cité de la Gastronomie. Dans la salle 1, après des débuts timides, les spectateurs osent les premières questions et l'on ne pourra plus les arrêter ensuite, les échanges durant plus d'une demi-heure avec un Jean Dujardin jouant le jeu, stoïque.

La première question concerne «le rapport à la nature» et «le progrès». Si le progrès permet d'être «dans un belle salle de cinéma», «ça fait du bien de s'éloigner de la société» pour «retrouver le calme» et «garder le contact avec la nature», selon ce spectateur.

En réponse, Jean Dujardin vante «la solidarité» et «le système D» des habitants de la diagonale du vide suivie pendant le film, entre les Alpes-Maritimes et le Cotentin.

L'acteur embraye aussitôt dans une remarque politique, renvoyant au pouvoir des «présidents de Régions» qui ont effectivement les compétences décentralisées du soutien à l'économie et de l'aménagement du territoire.

«Des ''recherche médecin'' sur les ronds-points, il y en a partout, partout, partout et ça ne fait qu'empirer», relate-t-il, un rien désabusé.

«Vous pouvez vous accaparer cette échappée sur ces chemins»


Toutefois, l'acteur préfère envisager une approche «universelle» : «chacun peut partir sur ses chemins noirs à lui (…) et arriver au nez de Jobourg». Se défendant de «singer Sylvain Tesson» et préférant saisir «l'essence du bouquin», Jean Dujardin revendique d'«ouvrir au plus grand nombre» ces chemins noirs.

«C'est une démonstration que ces chemins existent, qu'ils sont accessibles», enchaîne Denis Imbert., «cela fait partie de notre patrimoine». «On est Français, on aime ce pays, on a besoin de nos campagnes. (...) Il y a 180.000 kilomètres de chemins en France, 55.000 kilomètres de GR balisés, vous pouvez vous accaparer cette échappée sur ces chemins. Il y a une auberge tous les 20 km. (…) L’exotisme est là.»

Une chute comme point de départ


Une spectatrice joue «les curieuses», demandant ses raisons au réalisateur pour entreprendre une telle adaptation. Lecteur de ses articles dans «Le Figaro», Denis Imbert a été «touché» par l'accident de Sylvain Tesson, blessé lors d'une chute à Chamonix, en 2014. Il voit alors l'écrivain en «héros rimbaldien» qui «va se relever».

Dans un second temps, Jean Dujardin, a partagé sur les médias sociaux son émotion à la lecture du livre, ce qui a incité Denis Imbert à entrer en contact avec lui pour commencer à travailler sur un projet d'adaptation cinématographique avec Diastème comme co-scénariste.

«J'avais envie de déshabiller un peu plus mon jeu»


Un spectateur remercie tout particulièrement l'équipe du film d'être venue «jusqu'à Dijon, beaucoup ne l'auraient pas fait» et interroge Jean Dujardin sur «ses moteurs internes» pour incarner le personnage de Pierre.

«Je fantasmais un projet comme ça», réagit Jean Dujardin, «j'avais envie de travailler autre chose, de déshabiller un peu plus mon jeu, d'effeuiller certaines choses». «C'est ce que je cherche aussi en tant qu'acteur, de ressentir autrement. Il y a les figures imposées comme la comédie, comme les OSS, il y a des films historiques, qui sont cadrés, et il y en a d'autres où je pressentais que je pouvais m'amuser et inventer tous les jours. (…) Je savais qu'il fallait être disponible et que j'aurais un film peut-être un peu plus étrange dans sa fabrication.»

Un film plein de «poésie» et de «pudeur»


Un spectateur «remercie» l'équipe pour avoir proposé un film plein de «poésie» et de «pudeur» avec «des choses qui sont dites – sans qu'elles soient exprimées – par le jeu de l'acteur, par le tournage».

En réponse, Denis Imbert confie être sorti «changé» du film, écrit pendant le premier confinement, repéré pendant le deuxième confinement et tourné avec une petite équipe entre septembre et novembre 2021, quelques mois seulement après le dernier confinement de la crise sanitaire.

«Quand vous êtes avec Jean Dujardin, que vous faites un film et que vous traversez la France de la ruralité, ça aide à la rencontre. Il y a une générosité du contact», relate le réalisateur. «Même pendant le repérage, j'ai rencontré des gens extraordinaires, des bergers, des bergères, des agriculteurs, des maires de village, des gens que l'on n'avait pas beaucoup vus pendant toutes ces périodes. (…) Je me suis nourris de ces rencontres avec eux (…) Des gens qui vivent dans nos campagnes françaises, on a une responsabilité vis à vis d'eux.»

Quelques remerciements fusent encore au gré des interventions puis les deux célébrités accueillent les fans les plus réactifs pour signer des autographes et réaliser des selfies.

Jean-Christophe Tardivon

«Sur les chemins noirs», ou le «voyage intérieur» du spectateur selon Denis Imbert