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15/03/2023 20:11

CINÉMA : «Sur les chemins noirs», ou le «voyage intérieur» du spectateur

En avant-première à Dijon, ce mardi 14 mars, le réalisateur Denis Imbert a présenté l'adaptation du récit de Sylvain Tesson dans laquelle Jean Dujardin et chaque spectateur parcourent pas après pas la France de la diagonale du vide.
Il y a  le road trip à la Jack Kerouac – «Sur la route», publié en 1957 – et le path trip à la Sylvain Tesson. Avec Diastème comme co-scénariste, Denis Imbert signe une adaptation cinématographique de «Sur les chemins noirs», récit publié par Gallimard en 2016. Sortie nationale le 22 mars prochain.

Ce mardi 14 mars 2023, en amont des séances en avant-première aux cinémas Darcy et Pathé Dijon, Denis Imbert – brièvement accompagné de Jean Dujardin qui a dû s'éclipser pour cause de torticolis – s'est confié sur son approche du projet.

Synopsis



Le titre : les «chemins noirs» correspondent aux plus petits tracés des fameuses cartes IGN bleues, au 25.000ème. Des chemins qui se confondent parfois avec un simple sentier d'animaux. Le long métrage a d'ailleurs reçu le soutien de l'Institut national de l'information géographique et forestière (IGN).

Le synopsis : un soir d'ivresse, Pierre, écrivain-explorateur, fait une chute de plusieurs étages. Cet accident le plonge dans un coma profond. Sur son lit d'hôpital, revenu à la vie, il se fait la promesse de traverser la France à pied, du Mercantour au Cotentin. Un voyage unique et hors du temps à la rencontre de l'hyper-ruralité, de la beauté de la France et de la renaissance de soi.

Les acteurs : Jean Dujardin campe Pierre. On retrouve également Joséphine Japy («Eugénie Grandet», «Neuilly sa mère !», «Respire»...), Izïa Higelin («Loin du Périph'», «Rodin», «Samba»...), Jonathan Zaccaï (Belle Fille», «Le Grand Bain», «Je te survivrai»...), Dylan Robert («Mastemah», «ADN», «Shéhérazade»...) et Anny Duperey qu'on ne présente plus.

«C'est un film qui va vers la lumière»


«En variation du récit de Sylvain Tesson» et non en décalque exact du texte, Jean Dujardin voit son personnage comme «un homme qui s'est senti un peu surdoué, qui s'est vu un peu beau, qui était un peu en confiance».

Après sa chute, Pierre choisit la marche le long de la diagonale du vide pour «se réparer». «C'est un film qui va vers la lumière», assure Denis Imbert. «Le héros est à terre et on le voit se relever.»

Dans le massif du Mercantour, sur le chemin de la rédemption, les premiers pas sont douloureux mais les paysages superbes. Si Pierre a ses cartes bleues pour se guider, le réalisateur a glissé quelques incrustations pour orienter les spectateurs.

Tout oppose l'univers cloîtré de la chambre d'hôpital qu'il vient de quitter aux grands espaces de la randonnée dans lesquels l'explorateur compte retrouver un nouveau souffle.

«Certains hommes cherchent à entrer dans l'histoire, quelques-uns préfèrent disparaître dans la géographie», cite le personnage en écho à son état d'esprit en traversant des territoires où les humains, le progrès et les services publics sont rares.

«Je ne suis pas du tout passéiste»


«Il y a une volonté de dire que ces zones étatiques grises ne sont pas forcément des zones de désolation. Si, nous, urbains nous quittons les villes pour aller un peu découvrir ces régions, on va sûrement s'y sentir très bien, rencontrer des gens formidables et passer de très bons moments», assure Denis Imbert face à ce qui semble au premier abord un éloge de la fuite.

«J'ai un regarde de réalisateur, de scénariste, j'ai la possibilité de prendre ce que je veux, en quelque sorte», réagit Denis Imbert, interrogé sur l'image un peu réac' qui colle aux pages de Sylvain Tesson.

«Le conservatisme qu'on prête à Sylvain Tesson, je ne pense pas que ce soit quelque chose où il serait mal intentionné», estime le réalisateur. «C'est quelqu'un qui est dans la nostalgie d'une certaine France.»

«Sincèrement, j'ai cinquante ans, je suis du Limousin, j'ai gardé un lien avec ma région d'origine», poursuit le cinéaste. «Je retourne dans les villages de mon enfance, je vois ces villages de papier mâché, ce qu'on appelle les pavillons. (…) Je vois que le cœur des villages meurt, que les maisons sont en décrépitude mais que le foncier fait que l'on construit plutôt dans la périphérie. (…) Je ne suis pas du tout passéiste.»

«Le visage a éprouvé le paysage»


Même si Pierre parle peu, les sons de la nature sont omniprésents. «Sur les chemins noirs» est un film à écouter autant qu'à voir. «J'avais vraiment envie que le spectateur vive une espèce de voyage intérieur et ça passe par les silences», revendique Denis Imbert.

Toutefois, le film alterne voix off et lectures faites par le personnage. Denis Imbert explique avoir retenu des extraits du livre «très cinématographiques». Au retour du tournage, «le visage avait éprouvé le paysage et était à même de retranscrire la littérature», d'où un enregistrement en post-production assorti d'une réécriture de Sylvain Tesson de certains passages. «J'ai un langage d'images, il a un langage de mots», résume le réalisateur.

En terme d'images, le cinéaste a évité le faux pas d'une «chronologie un peu classique» en rythmant l'histoire à coups de flashbacks dévoilant progressivement les véritables motivations de l'aventure.

Un prochain film sur «la ruralité»


Les chemins noirs parcourus, Denis Imbert rêve à présent d'un documentaire sur la vie de Sylvain Tesson, «mémoire vivante d'une agriculture qui n'existe plus».

«Mon prochain film, c'est un film sur la ruralité, c'est sûr», annonce le cinéaste, «j'ai besoin du temps et de la nature pour raconter une histoire».

Jean-Christophe Tardivon

L'empreinte de Jean Dujardin «sur les chemins noirs»




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