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08/03/2022 03:27

CULTURE : «L'art, c'est au service des citoyens donc venez nous voir», lance la directrice de l'ENSA Dijon

L'école nationale supérieure forme à bac+5 des professionnels qui s'inséreront dans le champ de l'art contemporain. Lors des journées portes ouvertes ce samedi 5 mars, la directrice Sophie Claudel a revendiqué l'usage de l'écriture inclusive comme une «désobéissance» au gouvernement et une réponse aux étudiants «attentifs aux questions de genre».
L'École Nationale Supérieure d'Art de Dijon est revenue à un mode présentiel pour organiser des journées de portes ouvertes les 4 et 5 mars 2022. Le vendredi sur rendez-vous, dédié aux lycéens et aux étudiants en prépas, le samedi en accès libre.

Ces portes ouvertes prennent place à la fin d'une semaine de dix ateliers avec des partenaires pédagogiques ; les visiteurs pouvant découvrir les résultats.

«Ce sont en général des thèmes très pluridisciplinaires, on invite des professionnels extérieurs», explique la directrice Sophie Claudel au sortir d'une réunion d'information avec des familles. En temps normal, environ 1.200 personnes participaient aux portes ouvertes dont de nombreux extra-Dijonnais.


La plus ancienne école d'art en région


La France compte sept ENSA en régions. L'ENSA de Dijon est issue de l'école de dessin fondée en 1765 par le peintre dijonnais François Devosge. Elle devint par la suite l'école des beaux-arts de Dijon puis l'ENSA, placée sous la tutelle du ministère de la Culture.

Située dans un ancien palais abbatial de la cathédrale Saint-Bénigne, les locaux sont classés au titre des monuments historiques. La cour de l'entrée est actuellement en partie occupée par le chantier de restauration de la rotonde de l'an Mil (lire notre article).

«Après les Beaux-arts de Paris, on est la plus ancienne école ; ce qui explique qu'on est dans des locaux absolument fabuleux. (…) En plus, en centre-ville. Pour une école d'art, c'est absolument déterminant de ne pas se retrouver comme la plupart des universités, c'est à dire en périphérie. (…) Il y a quand même cette dimension d'interaction avec l'autre absolument essentielle, sinon vous ne produisez pas d'art», développe la directrice, en poste depuis 2014.

80% de taux d'insertion professionnelle


L'ENSA est accessible au niveau bac – même si de plus en plus d'étudiants s'inscrivent dans une prépa art auparavant – et forme à des mastères avec trois spécialités : peinture, mutations urbaines et art et société (en lien avec le programme des Nouveaux commanditaires de la Fondation de France).

Environ 200 étudiants suivent les cours dispensés par une trentaine d'enseignants. Les frais d'inscription sont inférieurs à 500 euros. Les étudiants viennent de toute la France et chaque promotion accueille 10% d'étrangers. Le taux d'insertion dans la vie professionnelle à cinq ans atteint 80% des diplômés.

«Ce sont des jeunes qui sont dans le milieu de l'art contemporain, pas forcément comme artistes. Ils montent des galeries, ils montent des collectifs d'artistes, ils organisent des résidences, ils deviennent médiateurs dans les musées, ils font du design graphique, ils organisent des festivals», indique la directrice.

«On a énormément de partenariats à tous les niveaux»


Hors ressources humaines dépendant du ministère de la Culture, le budget de l'ENSA Dijon est de 1,4 million d'euros. Chaque année, certaines collectivités subventionnent des projets spécifiques. C'est le cas notamment de la Ville de Dijon pour le visuel de la carte Culture avec 800 euros attribué à un étudiant après un concours. Dijon Métropole apporte 10.000 euros à l'ENSA pour financer l'axe de recherche «art et société». Le conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté subventionne un partenariat avec Wuhan (Chine) à hauteur de 25.000 euros.

«On a énormément de partenariats à tous les niveaux», s'enthousiasme la directrice. L'ENSA tisse des liens avec les acteurs locaux : Consortium, Fonds régional d'art contemporain, Ateliers Vortex, collectifs d'artistes, Why Note... «On est déjà entré en contact avec la direction de l'école spéciale d'architecture», signale également Sophie Claudel.

«Une attractivité forte» pour Dijon


D'autres partenariats débordent du champ de l'art : université de Bourgogne, Agrosup Dijon, lycée de la céramique à Longchamp... «On s'intéresse beaucoup aux questions d'écologie, on a beaucoup d'étudiants qui, dans leur travail de recherche artistique, s'intéressent à ces questions donc on organise des séminaires», précise la directrice.

«On est très très inséré dans le tissu dijonnais. Depuis que je suis arrivée à la tête de cette école, ça a été vraiment mon but : d'ouvrir grand les portes ne serait-ce qu'au sens figuré. (…) L'art, c'est au service des citoyens donc venez nous voir, on a envie d'être avec vous, on a envie de faire en sorte que votre vie soit meilleure», déclare Sophie Claudel qui revendique cette école comme «une attractivité forte» pour Dijon.

L'écriture inclusive comme «une désobéissance»


L'école diversifie ses actions de communication pour attirer des profils d'étudiants variés : portes ouvertes donc ; projets prenant place dans l'espace public et peut-être une toute première cérémonie de remise de diplômes.

En matière de communication, Sophie Claudel revendique le recours à l'écriture inclusive comme «une désobéissance». Dans un autre ministère, celui de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer a proscrit l'usage de l'écriture inclusive par une circulaire adressée en 2021 aux enseignants des premier et second degrés.

«On n'échappe pas aux rapports de domination»


«On est très sensible à ces questions-là», argumente la directrice, «on a un certain nombre d'étudiants qui sont très attentifs aux questions de genre et qui demande que l'on aille plus loin. (…) Ils veulent totalement un monde non-genré. Je trouve ça fascinant, je les écoute avec beaucoup d'attention parce que je pense qu'on tient là quelque chose de révolutionnaire qui va complètement modifier, je l'espère en tous cas, nos rapports humains».

«On n'échappe pas, même en école d'art, aux rapports de domination», déplore Sophie Claudel, «c'est la moyenne, on est élevé comme ça, il y a un fort patriarcat. Si on n'essaie pas en école d'art de vraiment bouleverser tout ça, où va-t-on le faire ? On peut se permettre des choses un peu particulières sur ce sujet-là. (…) C'est vraiment un acte volontaire d'utiliser l'écriture inclusive alors qu'on sait bien que le gouvernement préconise plutôt de ne pas le faire».

Atelier «Fuck patriarcat», charte sur la parité hommes-femmes, référents anti-discrimination ou encore sensibilisation des étudiants font partie des outils mis en place pour développer l'égalité femmes-hommes.

Les enseignants sont au deux-tiers masculins. En revanche, avant 2014, certains jurys d'examen n'étaient composés que d'hommes. «Ce n'est plus possible, il faut qu'il y ait au minimum une femme», lance la directrice, «on part de loin».

Yan Pei-Ming, ancien étudiant de l'ENSA Dijon


Pour son rayonnement, l'ENSA Dijon compte également sur d'anciens étudiants faisant carrière dans le champ de l'art. Le plus connu est le peintre français originaire de Chine Yan Pei-Ming qui a étudié à Dijon entre 1980 et 1985 puis a maintenu un atelier dans la capitale régionale.

«Il est un des artistes français les plus regardés, il aura fait tout sa carrière basé à Dijon», souligne Sophie Claudel, «le monde est son terrain de jeu».

Le couple Ida Tursic et Wilfried Mille ainsi que le jeune diplômé Hugo Capron font également partie des artistes qui portent la notoriété de l'ENSA Dijon.

Prochain concours d'entrée en mai


À l'agenda des prochains rendez-vous figure Storefront dont la sélection aura lieu dans les prochains jours. Il s'agit d'un dispositif d'insertion professionnelle pour des artistes en début de carrière avec une résidence de production et d’exposition dans la Boutique des Bains du Nord.

Plus généralement, pour les candidats, le prochain concours d'entrée à l'ENSA Dijon se déroulera du 2 au 6 mai prochains.

Jean-Christophe Tardivon









































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