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25/07/2021 20:07

CULTURE : «Le MuséoParc Alésia rentre dans la cour des grands avec cette nouvelle scénographie»

Encore plus «musée archéo», encore plus «parc ludique», le centre d'interprétation de la bataille d'Alésia élargit le propos pour explorer le temps du Néolithique à nos jours. Des jeux d'assemblage aux jeux vidéos, les dispositifs ont été revus pour servir le contenu afin de redécouvrir la vie des Gaulois et des Romains dans l'Auxois.
Au pied de la colline d'Alise-Sainte-Reine, une nouvelle étape commence pour le MuséoParc Alésia avec un plateau d'exposition complètement revu. Centre d'interprétation de la bataille d'Alésia – en 52 avant notre ère, quand l'armée romaine de Jules César assiège la coalition de peuple gaulois conduite par Vercingétorix – le MuséoParc fêtera ses dix ans en 2022.

À la demande du conseil départemental de la Côte-d'Or, la présentation initiale laisse la place à une scénographie «en phase avec son époque» signée par l'agence Clémence Farrell. L'équipe du MuséoParc Alésia revendique ainsi une exposition permanente «plus accessible, plus interactive, plus ludique et plus proche des visiteurs».

«Une véritable immersion au cœur du siège d’Alésia»


«Cette décision fait suite aux changements des attentes du public, à l’évolution de la médiation culturelle de ces dix dernières années, et à la volonté de présenter les collections trouvées sur le site d’Alésia. Le nouveau parcours permanent propose une véritable immersion à la fois au cœur du siège d’Alésia mais aussi dans la ville gallo-romaine. Pour ce faire, la nouvelle exposition fait la part belle aux collections (plus de 600 pièces) trouvées sur le site, pour partie jamais exposées jusqu’ici !», développe-t-on du côté du centre d'interprétation.

Gaulois Mandubiens, Gallo-Romains, débuts du christianisme avec sainte Reine... les découvertes archéologiques réalisées sur le site prennent ainsi place dans un parcours allant de la Préhistoire à nos jours.

«Gardant une part importante pour la période du siège, cette nouvelle présentation permettra de comprendre pourquoi Vercingétorix se réfugie à Alésia, quel peuple gaulois est installé sur le Mont Auxois à son arrivée, que devient Alésia après le siège de César… Cette scénographie permet en particulier de valoriser les collections et de présenter un florilège d’objets gallo-romains de l’agglomération qui se développera du Ier au IIIe siècle, permettant de faire un pont avec les vestiges visibles sur le site», explique Patricia Janeux, attachée de conservation au conseil départemental de la Côte-d'Or en charge de la muséographie.

Un contenu numérique pour enrichir le propos


La nouvelle scénographie s'appuie sur l'architecture circulaire du bâtiment signé par l'architecte suisse Bernard Tschumi : elle symbolise l'encerclement des Gaulois par les Romains lors du siège d'Alésia. Le regard sur l'extérieur a été dégagé pour favoriser la vue sur la plaine et sur l'oppidum.

La coursive extérieur prend la forme d'un «couloir du temps» desservant huit espaces contextualisés alors qu'une «frise du temps» interactive accompagne le visiteur dans sa déambulation. Bustes animés en mapping, objets sonores, bac à fouilles archéologiques numérique, quiz... ont été mobilisés par l'agence Muséomaniac pour enrichir le propos.

Des têtes connues pour chasser les idées reçues. Le premier espace du parcours de visite met en scène sept comédiens qui se sont prêtés au jeu des questions-réponses sur les Gaulois et Alésia. Avec humour, Pierre Benezit, Amelle Chahbi, Léa Drucker, Rachel Khan, Philippe Rebbot, Hélène Vincent et Jean-Pascal Zadi jonglent avec les clichés que l’on a tous en tête et dont on pourra se débarrasser au cours de la visite.

Michel Rouger, directeur général du MuséoParc Alésia

Retrouver les collections archéologiques du musée d'Alise-Sainte-Reine


Post-confinement, le MuséoParc Alésia a rouvert au public le 19 mai dernier. Un public qui est au rendez-vous : plus de 800 visiteurs ont suivi le week-end de reconstitution historique «De bello gallico», les 10 et 11 juillet dernier.

La nouvelle exposition permanente est accessible depuis le 3 juillet dernier. D'emblée, elle a suscité des retours «enthousiastes», comme l'explique Michel Rouger, directeur général du MuséoParc Alésia, à Infos Dijon ce mercredi 21 juillet 2021.

«Il y a le plaisir de retrouver les collections archéologiques qui étaient visibles dans le musée Alésia qui a fermé il y a plus de vingt ans. On rejustifie le site archéologique qu'est Alésia à travers cette très belle présentation des collections. On a réussi à être plus 'musée archéo' et être encore un peu plus ludique dans la manière d'amener la découverte. On est un peu plus 'muséo' et un peu plus 'parc'», indique-t-il.

«Un grand saut dans le XXIème siècle»


Espaces plus lumineux, paysage plus visible, parcours plus fluide, plus de médiation accessible : «le MuséoParc a fait un grand saut dans le XXIème siècle avec ce nouveau parcours par rapport à toutes les pistes de médiation : numérique, accessibilité, humour, rigueur scientifique...»

Des résultats de fouilles de l'année menées en 2020 par le laboratoire ArTeHis de l'université de Bourgogne sont présentées pour évoquer l'actualité de la recherche sur le site. «On parle beaucoup plus d'archéologie, une science intimement liée à la redécouverte d'Alésia depuis le XIXème siècle», souligne Michel Rouger.

«On a des copies de céramique qui sont en morceaux et il faut s'amuser à reconstituer la céramique. C'est un jeu mais, finalement, il permet d'expliquer quel est le rôle d'un restaurateur, on trouve en archéologie des pièces en plusieurs dizaines de morceaux et il y a tout ce travail en laboratoire», signale le directeur pour qui «c'est comme les ateliers 'Légionnaires en herbe' où les enfants s'amusent et apprennent des choses sur l'Antiquité».

Du gel hydroalcoolique est à disposition près de chaque dispositif tactile, des nettoyages sont effectués régulièrement par les équipes d'entretien.

«Une culture toujours joyeuse, positive aussi»


Le centre d'interprétation a fait le choix de se passer d'audioguide afin de favoriser «l'immersion» dans le parcours. Tout est également traduit en anglais et en allemand. «On est libéré de notre écran du quotidien pour être face à de très grands écrans qui donnent une information de manière différente pour proposer ce voyage dans le temps», s'enthousiasme Michel Rouger.

«On voulait que les visiteurs soient acteurs de leur visite. Je crois beaucoup aux musées comme lieux de rencontres. Un groupe de troisième âge peut rencontrer des ados et discuter. Je crois beaucoup à la vie du musée ancré dans la société», poursuit-il. D'où des quiz avec plusieurs bumpers, des dispositifs côte-à-côte de jeux vidéos de type Kinect, propice à des défis avec des supporters autour.

«On se construit des souvenirs dans le cadre de cette nouvelle visite», anticipe Michel Rouger, un préalable à un «bouche-à-oreille positif».

«Ça fait partie de la démarche globale d'être dans une culture toujours joyeuse, positive aussi. Le musée, ce n'est pas ennuyeux, ce n'est pas toujours poussiéreux. On renouvelle complètement le genre. Le MuséoParc Alésia rentre dans la cour des grands avec cette nouvelle scénographie», s'enthousiasme le directeur

Pour les plus attentifs, la visite peut durer plus de deux heures même si chacun peut évidemment avoir un rythme plus rapide.

Le MuséoParc Alésia est accessible sur présentation du passe sanitaire. Deux agents sont mobilisés pour valider cette étape avant la billetterie. Cependant, le masque de protection reste obligatoire. À noter que la pharmacie locale peut réaliser des tests antigéniques le cas échéant.

Jean-Christophe Tardivon

Tarifs et horaires sur le site du MuséoParc Alésia

Accessibilité
Au sein de l'exposition permanente tout est pensé, imaginé et conçu pour s’adresser à tous les publics : au jeune public, à la clientèle internationale aussi bien qu’aux personnes en situation de handicap, aux néophytes comme aux experts.
Le «couloir du temps» propose un lutrin qui accueille des dispositifs qui donnent accès à tous les contenus.
On peut par exemple toucher des tablettes en cire, une hache préhistorique ou une pièce de monnaie agrandie.
Une bande dessinée d’Aurore Petit présente des illustrations simples, colorées et humoristiques.
Des images visio-tactiles sont exposées.
Les textes sont en braille.
Deux dispositifs d’audiodescription sont proposés pour un film sur le siège d’Alésia et un second sur la guerre des Gaules . Tous les dispositifs sont soustitrés pour les malentendants et traduits en anglais et en allemand.

Dans les coulisses du chantier au MuséoParc Alésia