
Accordéoniste professionnel, le Dijonnais dépoussière
l’image vieillotte des thés dansants et propose des soirées sur des airs très actuels
pour le plus grand plaisir d’une génération privée de discothèques.
Rien ne prédestinait
Benjamin Durafour à devenir accordéoniste professionnel. Né en Côte-d’Or en 1985,
le petit Benjamin débute l'apprentissage de l'accordéon et du solfège à 6 ans.
C’est à l’âge de 12 ans, qu’il devient membre de l'orchestre du groupe
franco-polonais Warzsawa à Dijon et participe à tous les galas à travers la France.
En 2003, il obtient son BAC série S puis suit des stages musicaux avec le
pédagogue Frédéric Deschamps et prépare les concours internationaux d'accordéon.
A 20 ans il obtient son Deug Economie et Gestion à l'Université de Dijon
Bourgogne. Il est finaliste en 2006 et 2007 des Coupes du
Monde et Trophées Mondiaux au Portugal et en Norvège.
«Je suis issu d’une
famille ou la musique était très présente» nous explique Benjamin Durafour et d’ajouter
«il y avait tous les styles à la maison, notamment des musiques du Monde. Maman
faisait beaucoup de danse, danse des Balkan, ce qui m’a ouvert l'esprit sur différents styles,
mais l’accordéon restait en fond. Et très tôt, j’ai voulu jouer de cet
instrument. Mais à l’époque il était impensable que j’en fasse mon métier. Pendant
des années ça a été une passion. Une passion qui me prenait beaucoup de temps»
Des rencontres
déterminantes
Benjamin Durafour : «Je
passais des heures à écouter des émissions de jazz, de musique brésilienne à la
radio pour repiquer des idées, choper des tonalités. Mon plan de carrière était
d’avoir un métier comme tout le monde et de jouer de l’accordéon en public, mais sans
plus. Au fil des rencontres, je me suis aperçu que certains accordéonistes
de mon âge vivaient de ce métier. Ils faisaient beaucoup de bals. Seulement si moi
je jouais de l’accordéon, je ne savais pas faire danser les gens. C’est un tout autre métier. Il faut savoir choisir les bons morceaux au bon moment, c’est un
peu comme un Dj qui doit choisir le bon titre pour faire danser la foule. Alors
j’ai appris et je me suis lancé vers mes 19 ans»
Petite Marie de Francis
Cabrel en batchata
«La composition est
venue assez rapidement quand j’ai compris le fonctionnent notamment pour les
rhythmiques. J’ai créé un madison celtique, des titres sur des airs portugais
qui ont d’ailleurs été repris par d’autres accordéonistes. En fait nous sommes
toujours à la recherche de musiques entrainantes. On prend des idées un peu
partout, j’ai d’ailleurs ressorti le titre, Petite Marie de Francis Cabrel, et je l'ai mis en batchata. Une version qui passe très
très bien en soirée. Et puis non seulement je compose la musique mais je suis aussi auteur de certaines chansons»
Adieu les vieilles
rengaines
«Dans les compositions
que je crée, j’essaie de proposer des musiques qui viennent d’ailleurs. J’écoute
aussi beaucoup de musique électro, et bien amenés dans la soirée, ces différents
styles passent bien auprès de mon public, très ouvert aux nouvelles sonorités,
malgré la moyenne d’âge élevée. Je privilégie des chansons en français, de tous
les temps, mais aussi et surtout titres d’artistes actuels comme Kendji Girac, Claudio
Capéo. Mais de toute façon, il faut que l’ensemble s’inscrive dans des
rythmiques sur lesquelles le public a envie de danser. Je fais aussi attention
à ne pas trop proposer des airs d’après-guerre, sauf les incontournables, sinon
je peux avoir des remarques du style,
on sait qu’on est âgé, mais tu ne vas pas
nous mettre que des vielles rengaines. C’est un public exigeant, mais je le
comprends totalement. Aujourd’hui, ils connaissent ma programmation musicale, mes
tendances. Certains me suivent d’ailleurs régulièrement sur différentes dates»
L’évolution de l’accordéon
«En fait quand j’ai commencé
à m’intéresser à cet instrument, il y a une trentaine d’année, l’accordéon n’avait
plus vraiment la côte. Du coup à l’école, quand j’étais en primaire, je ne disais
pas trop que je jouais de l’accordéon. Nos parents, à l’époque, étaient plus
sur des airs disco et rock et rejetaient l’accordéon. Aujourd’hui c’est de
moins en moins le cas grâce notamment à Patrick Bruel, La Rue Kétanou, Trio, ou
encore Claudio Capéo qui ont intégré l’accordéon dans de nombreuses chansons.
Ils ont donné une autre image que celle véhiculée par certaines émissions de
télévision. C’est d’ailleurs ce que mon public demande. Il n’est pas très nostalgique
de la période Pascal Sevran. Même si il a fait les belles heures de la télé
avec ces émissions ou l’accordéon avait une grande place, les gens veulent entendre
des airs actuels et pas uniquement ceux d’André Verchuren ou Yvette Horner»
La fin des thés dansants ?
«Ah oui, non mais ça, c’est
compliqué. On a encore cette image vieillotte du thé dansant. Il y a des
gens qui aiment danser, mais qui ne viennent pas à nos soirées parce que ça s’appelle,
thé dansant. Mais vous savez, il y a une génération qui a connu les feu-discothèques,
et qui ne savent plus où aller danser. Et quand ils se décident, ils s’aperçoivent
que les gens dansent pendant des heures sur des airs actuels, rythmés, sur de
la batchata, du rock, du disco, du twist, il y a aussi des danses
en ligne comme le madison, la tarentelle, la cumbia. Il faut aussi savoir que hormis mon
accordéon, j’ai aussi un clavier. Il me sert plus pour le rock et le disco.
Ceux qui viennent pour la première fois repartent avec le smile et étaient loin
d’imaginer une telle ambiance»
Un style plus punchy
«Nous sommes une génération d'accordéonistes, âgés entre 30 et 45 ans, à
travailler dans le même sens. C’est à dire que nous avons un peu dépoussiéré le
répertoire du bal en apportant un style plus punchy. Ce qui plait. On s’entend
tous bien et bizarrement nous sommes plus nombreux dans l’est de la France. Alors
pourquoi cette région, ça, on ne sait pas. Nous sommes cinq ou six à être très demandé
dans cette région mais aussi un peu partout en France»
Un agenda bien rempli
«Oui j’ai de nombreuses
dates et pas uniquement les week-ends. J’ai des prestations en semaine, parfois pour
des animations privées, l’ouverture d’un mariage ou l’animation
d’un vin d’honneur. Je suis aussi demandé par des associations, des
municipalités, des restaurants et autres lieux dansants comme les discothèques»
Norbert Banchet Photos : N.Banchet
Pour suivre l’actualité
de Benjamin Durafour, découvrir ses six albums et le voir sur sa chaine
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